Le Nouvel Automobiliste
Corée du Nord

Corée du Nord : glorieuse nation automobile du Cher Leader

Pour notre 11e article consacré à la Corée, nous tentons un voyage virtuel côté Nord !

Tout au long de cette année, Guillaume a eu à cœur de vous proposer des rendez-vous automobiles en Corée du Sud (liens en fin d’article). Un pays désormais incontournable et innovant lorsqu’il s’agit de voitures. Mais voilà, la Corée du Sud est à la solde de l’impérialisme Yankee et du Grand Capital. Alors profitons de cet article pour filer au Nord et rendre hommage à la performante industrie automobile du Cher Leader Kim Jong-un : on vous emmène au-delà du 38ème parallèle, direction la Corée du Nord pour célébrer la gloire de nos camarades et louer la grandeur automobile de la seule dynastie communiste du monde.

Corée du Nord : l’automobile, symbole de liberté ?

Le Cher Leader Kim Jong-un et ses aïeux Kim Jong-il et Kim Il-sung avaient-ils vraiment un mauvais fond ? Sans doute pas, puisqu’ils ont tenu à ce que leur pays fabrique des voitures. Bien sûr, vous pourriez objecter que priver son peuple de libertés, tuer ses opposants, ou affamer sa population n’est pas des plus galants, mais ça n’est qu’un détail de l’Histoire, comme on dit. L’essentiel, ce sont les bagnoles, non ? On vous conseille tout de même cette vidéo d’une réfugiée nord-coréenne pour finir notre introduction sur une note sérieuse.

Corée du Nord

Corée du Nord : Ma B*NZ

Bref, Gloire au Cher Leader, en commençant par Kim Il-sung, lequel avait un faible pour les Mercedes. Dès lors pourquoi se contenter d’en acheter ? Le « Président Eternel » a ainsi décrété que son pays allait produire sa propre Mercedes nationale : la Kaengsaeng 88 ou Pyongyang 410 (le 410 correspondant à la date du 10 avril où le Cher Leader a décrété que la voiture changerait de nom).

La recette est assez simple : importez un lot de Mercedes 190E, copiez la voiture et… sortez la vôtre. Dans les faits, il semble que quelques ingrédients de la recette allemande se soient perdus en route et on ose imaginer que la voiture a fortement perdu de son contenu entre temps. Inutile de me demander un quelconque chiffre de production, la glasnost n’étant pas ancrée dans les mœurs du Cher Leader, « Professeur de l’Humanité tout entière ».

Il n’y a pas qu’une Mercedes de contrefaçon en Corée du Nord : en effet, avant cela, en 1974, un pays neutre avait tenté de faire affaire avec le glorieux régime Nord-Coréen. Volvo ne se privait pas de vendre quelques voitures aux dignitaires Est-allemands, alors une commande du Cher Leader ne se refuse pas. C’est un deal portant sur 1 000 Volvo 144 pour la copieuse somme de 37 millions de dollars qui est conclu. Les voitures parviennent à Pyongyang, mais la Corée du Nord ne paye pas, invoquant les accords du Comecon : en effet, les pays frères de l’URSS ne règlent les pays tiers que par le biais d’un échange de produits ou de matières premières.

Troc en toc ? La Corée du Nord promet de livrer du cuivre et du zinc. Mais les promesses n’engagent que ceux qui y croient, la Suède ne verra rien. Soft power, Volvo convainc le gouvernement suédois d’ouvrir une ambassade à Pyongyang en 1975 pour faciliter le paiement. Nous sommes en 2023, la dette court toujours. Volvo n’a plus jamais livré de voitures en Corée du Nord… qu’ils sont vénaux, ces capitalistes !

Fly me to the moon

Mais l’histoire ne s’arrête pas ici. Loin de là. La République Populaire Démocratique de Corée du Nord étant aussi démocratique que Jeff de Bruges est belge (méfiez-vous des noms trop explicites), il n’en fallait pas moins pour que Fiat, la marque championne des régimes totalitaires y produise quelque chose (il manque tout de même Ceaușescu au palmarès de la firme italienne). La world car d’alors est chargée de remplir son office : la Fiat Sienna (dérivée de la Palio tricorps) y est produite au compte-goutte [probablement plus d’affiches que de voitures] sous l’appellation Pyeonghwa Hwiparam, le Doblò suivant peu de temps après (Ppeokpuggi). Dans les deux cas, ce sont des kits CKD en provenance du Viêtnam assemblés pour le Glorieux Régime du Cher Leader, désormais Kim Jong-il.

Et on en vient à aborder le cas de Pyeonghwa Motors. Un petit mot sur cette société s’impose : il s’agit donc de Pyeonghwa (paix, en coréen) Motors, une joint-venture entre Pyeonghwa Group (liée à la secte Moon, les grands esprits se rencontrent) et Ryonbong General Corp (entreprise Nord-coréenne… donc contrôlée par le gouvernement, vous vous en doutez). Le révérend Sun Myung Moon, l’ancien dirigeant de la secte, était certes opposé au communisme mais il voyait en cette co-entreprise un moyen réconcilier la Corée du Nord et du Sud. Rappelons que les deux pays sont toujours en guerre depuis 1950, malgré la signature d’un armistice le 17 juillet 1953. En effet, aucun traité de paix n’a à ce jour été signé entre les deux Corées. Pyeonghwa Motors devient une entité exclusivement nord-coréenne à partir de 2013, lorsque l’Église de l’Unification cède ses parts à la Corée du Nord, les ventes anecdotiques et les profits epsilonesques ayant raison de la patience de la secte.  

Combien de véhicules produits ? Bonne question. Selon une information de l’agence de presse sud-coréenne Yonhap, il n’y aurait eu que 1 450 véhicules fabriqués en 2011, d’autres avant des données encore plus faibles. Le chiffre ne comptabilise pas les camions ou les bus qui sont produits par d’autres entreprises comme Sungri ou Chongjin. On ne connaît pas non plus les chiffres de productions de ces sociétés, bien entendu. Avant d’aborder la suite, je vous propose une chaleureuse vidéo informative qui accompagne la Hwiparam : profitez de la bande son pour prolonger l’expérience. Vous y découvrirez toutes les prestations du véhicule et on se demande toutefois si l’installation audio peut capter Radio Free Europe…

Pyeonghwa Motors, une affaire qui roule

En dehors de ces modèles, le Cher Leader a également fait produire via Pyeonghwa Motors des (au moins une, pour être plus exact) Ssangyong Chairman sous l’appellation Zunma, la Brilliance BS4 a également eu droit à sa version (Hwiparam 2) tout comme le Pyeonghwa Samcheonri , un ancien HiAce fabriqué par le groupe Brilliance sous la marque chinoise Jinbei Haice qui s’est retrouvé en Corée du Nord. Les Premio et Premio Max sont quant à eux des répliques de 4×4 chinois (eux-mêmes pas très originaux à la base) : Huanghai Shanguan. Quant aux frères communistes, il semble que la Roumanie de l’époque de Ceaușescu ait justement livré quelques Dacia 1310 à la Corée du Nord, à en juger par une photo qui nous ferait presque penser à Piața Unirii dans le Bucarest de l’ancien temps.

Plus récemment, on trouve en Corée du Nord, via Pyeonghwa Motors semble produire, ou plutôt rebadger d’autres voitures chinoises issues de FAW, comme la Zunma 1606 qui serait une simple FAW-VW Sagitar fabriquée en Chine sur laquelle on grefferait des logos Pyeonghwa en Corée du Nord ainsi que d’autres modèles qui seraient fabriqués ou assemblés localement comme le Ppeokkugi 4WD, copie Nord-coréenne du Huanghai Landscape F1, lui-même copie chinoise d’un ancien Kia Sorento. Difficile de trier le vrai du faux sur ce qui est fabriqué ou importé et il semble que les capacités de productions locales de 10 000 voitures annuelles servent rarement à produire plus de 500 unités par ans. Mais j’imagine que nous ne sommes pas objectifs, lobotomisés que nous sommes par la vile propagande occidentale à la solde du Grand Capital.

Bien entendu, posséder une voiture en Corée du Nord est déjà un privilège mais sachez que le comble de la classe est assuré par une immatriculation commençant par 216 (pas la Rover mais la date de naissance de feu le Cher Leader Kim Jong-Il, soit le 16 février). Mais la Corée du Nord compte-t-elle plus d’affiches que de voitures vendues ? Bonne question. Il est « amusant » de constater que les touristes ayant visité un showroom automobile nord-coréen y ont rencontré des acteurs en guise de clients (voir cette vidéo). Il va sans dire qu’une population qui meurt de faim ne passe pas ses samedi matin à commander sa nouvelle voiture…

Go West

Alors que les soviétiques sont passés de Staline à Stallone, les dirigeants nord-coréens préfèrent toujours Lénine à Lennon. Et pourtant, on notera que si la Glorieuse Nation Nord-Coréenne produit des voitures, le Cher Leader se garde bien de rouler dedans… et son père s’est également bien gardé de se faire enterrer avec : le cercueil de Kim-Jung Il était transporté sur une rutilante Lincoln, symbole parfait de l’ennemi impérialiste.

La mise en scène avec les gardes du corps autour des limousines serait inspirée du film « Dans la Ligne de Mire » avec Clint Eastwood, dont le dictateur serait fan. Fichu ogre capitaliste. Je me sens désormais moins coupable vis-à-vis du Parti en prenant le volant de ma Cadillac !

Je vous laisse avec cet épisode de Ed’s Auto Reviews en guise de conclusion :

Sources : WikipediaAutoweek, Car&Driver, NK NewsChina Car History et Best Selling Cars Blog.

Images : NK News, Roman Harak, KCTV, Jonas Gratzer, Eric Lafforgue, et ce meme.

Rendez-vous deux fois par mois pour suivre notre thématique sur l’automobile en Corée ! Et si jamais vous êtes passés à côté de nos précédents articles, voici nos liens : 

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