Le Nouvel Automobiliste
Renault Modus 2004

On ne l’oublie pas : la Renault Modus fête ses 20 ans

Il n’y a pas que la Laguna, dans la vie : il y a aussi la Renault Modus.

Pourquoi la Laguna, précisément ? Parce que celle-ci fête ses 30 ans en 2024. Pour l’occasion, nous lui avons consacré pas moins de cinq articles (, , , et ).

Nous en avions fait encore plus (ici) l’an passé pour la jeune trentenaire qu’est la Renault Twingo. Elle, en revanche, avait eu droit à un anniversaire officiel en bonne et due forme. Pour marquer le coup, la firme au losange avait effectivement exposé plusieurs Twingo sur son stand au salon Rétromobile 2023 (l’édition 2024 s’est quant à elle terminée début février).

Rien ne semble prévu, a priori, pour la Laguna… et encore moins pour la Renault Modus. Vous vous en souvenez ? Mais oui : la Modus n’a pas disparu depuis si longtemps de la gamme !

Ah, on nous dit dans l’oreillette qu’en réalité, sa production s’est arrêtée en 2012 et que son lancement remonte à 2004. Outch : comme dirait l’autre, « cela ne nous rajeunit pas« . Alors, on rembobine !

Renault Modus 2004

Renault Modus : d’abord, une Ellypse

Si vous nous lisez régulièrement, vous connaissez l’habitude qu’a Renault de réutiliser les noms de ses concept-cars pour des modèles de série, sans forcément qu’ils aient un lien, esthétique ou technique, entre eux.

Renault a réitéré il y a quelques jours en annonçant que le « grand-frère » du Captur s’appellerait Symbioz, comme le concept-car éponyme de 2017, qui représentait alors une grande berline autonome. La Laguna elle-même reprenait le patronyme d’un roadster conceptuel deux places de 1990.

Même ritournelle pour la Renault Modus, mais pas de concept-cars de berline ou de roadster cette fois-ci : lors de sa présentation, en 2004, elle utilisait une appellation portée deux fois auparavant par des utilitaires.

Eh oui, le Renault Modus, initialement, c’était « ça » : un concept-car d’utilitaire révélé en 1994, soit dix ans plus tôt.

Des utilitaires, c’est certes moins prestigieux, mais pas moins intéressant : le premier concept-car Modus (code Z05), révélé en 1994, disposait d’une motorisation hybride et, surtout, d’une partie arrière capable de recevoir des modules de chargement amovibles. Le Renault Modus Concept pouvait ainsi soit accueillir des passagers dans une cabine dédiée, soit des containers.

Le style, tout en rondeur, était dans la plus pure tradition des concept-cars Renault de l’époque, qui trouvera une concrétisation en série sur la Renault Clio 2. Cette dernière, commercialisée en 1998, précèdera de deux ans le concept-car… Modus 2, moins connu.

Le premier concept-car Renault Modus a été repeint en gris argent, en 2000, lors de la présentation officielle au salon de Francfort du « Modus 2 ».

L’esthétique est totalement différente du premier concept Modus, mais les rondeurs restent. Mention spéciale à ses grandes surfaces vitrées, en forme de bulle. Nous vous mettons au défi de trouver des informations sur ce concept-car (ainsi que sur son « homologue non vitré », l’Operandi), tant elles se font rares et tant Renault semble avoir peu communiqué sur le concept-car Modus 2.

Nous relèverons toutefois que le Modus 2 ne mesure que 3,60 mètres de long, qu’il a lui aussi une motorisation hybride et des feux arrière très inspirés de ceux du Kangoo !

De ces deux concept-cars, la Renault Modus de série ne gardera rien, à l’exception du nom. Pour voir un prototype de petit monospace Renault, il faudra attendre 2002 et précisément, le Mondial de l’Auto du mois de septembre. La marque française y dévoilait l’Ellypse, un concept-car de « minispace » qui avait – notamment – la particularité d’avoir des sièges « rétractables » électriquement dans le plancher pour former… des couchettes !

Les rondeurs extérieures sont ici mêlées à plus d’angles, comme sur les modèles de série de l’époque (Mégane, Avantime…).

Suivent alors de nombreuses illustrations dans la presse spécialisée de celle qui fut appelée le « minispace Renault » ou même, la « Cliospace » ! Et pourtant… si Renault lancera bien un nouveau monospace plus petit que le Scénic, ni son style, ni son nom n’auront à voir avec l’Ellypse.

Renault Modus : celle qui devait faire un carton

Un segment des « minispaces » largement investi

Le secret aura été bien gardé : ce n’est que début 2004, au salon de Genève, que nous découvrons le design de la Renault Modus (et son nom !), à travers un show-car très proche de la série, sobrement appelé « Modus concept ».

Renault Modus concept, 2004.

Seules différences majeures avec le modèle définitif qui en découlera : les graphismes des optiques, les jantes, la couleur « Vert d’eau » (qui servira néanmoins d’inspiration à une future teinte de la Renault Modus, le Bleu Menthe) et l’intérieur aux motifs « paysage ».

La présentation de la Renault Modus de série intervient, enfin, au printemps 2004. C’est à peu près au même moment que Fiat lance l’Idea (et Lancia la Musa) et Opel son Meriva, tandis que Peugeot prépare l’arrivée de la 1007 et de ses « célèbres » portes latérales coulissantes. Bref, c’est l’avènement d’une nouvelle catégorie de voitures : les minispaces.

Renault veut assimiler la Modus, à son lancement, à une voiture « fun ». Pour ce faire, de nombreuses couleurs de carrosserie sont proposées, dont le Rouge de Feu, le Bleu Menthe (inédit) et le beige « Naturel » (exclusif aussi). La Renault Modus a également une vocation « chic » : elle sera rapidement proposée, en janvier 2005, en finition haut-de-gamme Initiale Paris (voir plus bas).

Les constructeurs automobiles espèrent alors des ventes aussi florissantes que celles des monospaces compacts (Scénic, Touran et consorts), que l’on voit absolument partout au début des années 2000 (ce sont, en quelques sortes, nos SUV d’aujourd’hui !).

Avant de savoir si ces mêmes constructeurs auront gain de cause ou non (spoiler : les minispaces ne prendront pas), intéressons-nous davantage à la Renault Modus.

Une campagne de communication bien orchestrée

La Modus mesure 3,79 mètres de long, soit grosso-modo la taille d’une Clio II. En revanche, elle est bien plus haute (1,59 mètre) et, surtout, elle écope d’une toute nouvelle plateforme ; la même qui servira à la Clio III.

Le style, quant à lui, s’inspire davantage de la Twingo que de la Clio : avec son capot court et ses formes douces, la Modus affiche un design totalement dénué d’agressivité, laissant au passage tomber les arêtes des autres modèles de la gamme.

Dans sa communication, Renault valorise les aspects pratiques de la Modus. Outre une grande surface vitrée (qui peut aller jusqu’à 3.56 m² en optant pour le toit panoramique), la Renault Modus intègre de nombreuses innovations : banquette arrière coulissante (qui peut se transformer en deux ou trois places), hayon à double ouverture (une ouverture plus petite était effectivement proposée en option, pour accéder au coffre dans des conditions « compliquées » : garage, voiture garée trop près…), porte-vélo télescopique…

Non, le « minispace » au losange ne manque pas d’intérêt sur le papier. Les éléments de langage sont savamment utilisés et la communication, massive. Louis Schweitzer, alors président de Renault, faisait même la promotion de sa dernière-née dans l’émission « Auto Moto », sur TF1.

Le point d’orgue de la campagne de communication arrive en septembre 2004, avec la diffusion du spot TV. Signé Publicis, il met en scène plusieurs Modus rouges et noires (bonjour, Jeanne Mas !) sur le parking d’une entreprise, avec des employés faisant un morpion géant.

Le claim est alors tout trouvé : « grandir ? Pourquoi faire ?« . Objectif : assimiler la Renault Modus à une voiture « fun » et « décomplexée ».

« Grandir ? Pourquoi faire ? » interrogeait le spot TV de l’époque.

Cette publicité (également déclinée sur supports papiers) a « additionné les bons points (75 % de notoriété assistée) associés à la meilleure image de son segment _ 90 % des personnes interrogées évoquent une notion de sympathie, de nouveauté (85 %), de polyvalence (80 %), de praticité (92 %) et de personnalité (76 %) » (source : article Les Echos).

Le losange se voyait alors réitérer le coup de l’Espace, de la Twingo ou du Scénic, en ajoutant à sa gamme un nouveau modèle, précurseur (bien que l’Opel Meriva, entre autres, soit arrivé avant lui sur le segment des minispaces) et à succès. Mais finalement…

Des ventes décevantes

Le lancement commercial de la Renault Modus a donc lieu en septembre 2004. Au-delà d’une communication réussie, la Modus jouit d’une palette de couleurs riche, d’une gamme bien construite (quoique complexe : quatre ambiances (Authentique, Expression, Dynamique et Privilège) pouvant être liées à quatre niveaux de finitions : Pack, Confort, Confort Pack Clim et Luxe) et de nombreuses motorisations essence (1.2 16v 75ch, 1.4 16v 98ch et 1.6 16v 113ch) et diesel (1.5 DCI 65 et 85 ch).

Même les journalistes sont dithyrambiques et évoquent une voiture bien née, à l’atmosphère intérieure chaleureuse (surtout en beige) et à la conduite agréable.

Pourtant, les ventes ne prennent pas, ou en tout cas bien moins qu’escompté. Entre 2004 et 2007, la Renault Modus s’écoule à un peu plus de 360 000 exemplaires (2005 représentant la meilleure année, avec 165 277 unités vendues). C’est loin d’être mauvais dans l’absolu, mais c’est quand même bien éloigné des objectifs initiaux. En effet, Renault tablait sur 250 000 exemplaires par an et même 300 000 si la demande était là.

La Renault Modus Initiale Paris, introduite en janvier 2005.

Qu’est-ce qui a bloqué, alors ? Parmi les thèses possibles pour répondre à cette question, il y en a notamment deux. La première, c’est qu’en 2004, la Renault Modus était presque 1 000 euros plus chère que la Clio (à finition – moteur équivalents) sans être vraiment plus pratique ou mieux équipée (même si, évidemment, elle était plus sûre et plus moderne).

La deuxième théorie est toujours liée au positionnement tarifaire, finalement assez élitiste (pour la catégorie des minispaces), en décalage avec l’image « fun » et « ludique » que les publicités attribuaient à la Modus.

Renault Modus Alyum 2006

Ci-dessus, la Renault Modus série spéciale « Alyum », reconnaissable à ses masques de phares blancs. Selon nous, la plus belle des Modus !

Lors des premières années de commercialisation de la Modus, Renault réagit rapidement, sans que cela ne fasse évoluer le cour des choses : première série spéciale « Alizée » en mars 2005, nouvelle campagne de communication en avril 2005, premier remaniement de gamme début 2006 (avec l’introduction de la série spéciale « Alyum ») avant un deuxième remaniement début 2007 (qui simplifiera largement la gamme, avec les niveaux de finitions suivants : Authentique, Expression, Alyum 2, Privilège et Initiale Paris).

Renault anticipera finalement le restylage de la Modus, présenté en octobre 2007.

Renault Modus : restylage et arrivée du Grand Modus

Il est des restylages qui se voient (nous en avions d’ailleurs fait un live Twitch, il y a presque trois ans). Celui de la Renault Modus, dévoilé en octobre 2007 donc, en fait partie. La face avant est entièrement remaniée : exit les rondeurs et les phares typés Twingo du premier opus. Place à une certaine agressivité, qui étonne sur une Modus.

L’arrière change moins, mais les modifications n’en demeurent pas moins identifiables, avec notamment de nouveaux feux.

La longueur de la Modus est dorénavant portée à 3,87 mètres et même à… 4,03 mètres dans le cas du Grand Modus. Eh oui, c’est la principale nouveauté de ce facelift : l’ajout au catalogue d’une version longue, baptisée Grand Modus.

Renault Grand Modus 2007

Sur le Grand Modus (lancé en janvier 2008, en même temps que le restylage) la différence majeure réside dans l’empattement. Celui-ci est rallongé (il reprend en fait la longueur de celui de la Clio III). Cette croissance a une incidence positive sur le volume du coffre (410 litres, contre 293 litres sur la Modus « normale »)… et sur les ventes.

En 2008, Modus et Grand Modus s’écoulent en tout à 76 884 exemplaires, contre à peine 60 000 l’année d’avant. Le Grand Modus est même davantage plébiscité par les clients. Puis, les ventes se tassent et ce, jusqu’à fin 2012 – début 2013, période de la fin de la commercialisation de la Modus (et du Grand Modus).

La Renault Modus, c’est donc l’histoire d’ambitions gelées : celle qui était prédestinée à faire un carton connaîtra finalement une carrière en demi-teinte, avec au total 665 339 exemplaires vendus. Loin des estimations de départ et loin des ventes de la Renault Clio ou même, du Scénic.

Pour la défense de Renault, la Peugeot 1007 a fait… bien pire (tout juste 125 000 exemplaires). C’est surtout, globalement, la catégorie des « minispaces » qui n’a pas marché. Elle ne compte d’ailleurs plus aucun représentant en 2024.

Sans surprise, Renault n’a pas remplacé la Modus (ou du moins, pas directement : nous pouvons considéré le Captur, un B-SUV, comme son potentiel remplaçant… et le futur Symbioz, comme un remplaçant du Grand Modus ?). Il est aussi peu probable que son nom soit, un jour, réutilisé.

La Renault Modus reste néanmoins une voiture intéressante, plutôt fiable et relativement disponible sur le marché de l’occasion, à des prix attractifs. Nous pouvions donc bien lui offrir, pour ses 20 ans en 2024, ce (pas si) petit article !

Renault Modus 2004

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