Le Nouvel Automobiliste
RENAULT LAGUNA RN phase 1

30 ans Renault Laguna [1/5] : retour sur la Laguna 1 (1994 – 2000)

Retour sur la Renault Laguna 1, qui fête ses 30 ans en 2024.

Vous voulez qu’on vous donne un coup de vieux ? Figurez-vous que la Renault Laguna fête ses 30 ans cette année. Ne nous remerciez pas. Disparue du catalogue de la marque au losange en 2015, qui fondait alors ses espoirs sur la Talisman, la Laguna a, malgré une carrière commerciale en dents de scie, marqué les esprits… en tout cas les nôtres, au Nouvel Automobiliste ! Si bien que nous avons voulu lui réserver une série d’articles anniversaire. Pour commencer, nous revenons sur celle par laquelle tout a commencé : la Laguna 1, bien-sûr !

RENAULT LAGUNA RN phase 1

Renault Laguna : l’histoire d’un nom

« Laguna », cela signifie « lagune », ou « lagon » en espagnol. Pour les férus d’automobiles, cela peut aussi renvoyer au célèbre circuit de Laguna Seca, aux Etats-Unis. Peut-être était-ce à ce circuit, fondé en 1957, que l’on pensait chez Renault à la toute fin des années 1980.

Environ quatre ans avant le lancement de la berline que nous connaissons tous, le constructeur français imaginait son prochain concept-car, en vue du Mondial de l’Automobile de l’automne 1990. Un concept-car sportif, puisque celui-ci prenait la silhouette d’un roadster 2 places et se voyait baptisé… Laguna.


« Le » Renault Laguna était doté d’un moteur essence de 210 ch et d’un poids-plume : 900 kg. Une fiche technique proche (en tout cas, dans l’idée) de celle du futur Renault Spider de 1995… et évidemment proche, aussi, d’Alpine, qui s’apprêtait en 1991 à lancer l’A610, à la carrière commerciale si décevante que la marque allait disparaitre en 1995 (avant de renaître, vous le savez, à la fin des années 2010).

Vous le savez également, chez Renault, on aime bien reprendre les noms d’anciens concept-cars. Mégane, Scénic, Modus… quel est le point commun entre ces modèles ? Ils ont tous les trois repris le nom d’un concept-car avant d’exister en série. A cette liste, nous pouvons bien-sûr ajouter la Renault Laguna qui, lors de sa commercialisation en janvier 1994, était une sage berline du segment D. Loin, donc, du roadster Laguna évoqué juste au-dessus, mais qu’importe !

Renault Laguna 1 : un pur produit français, pensé pour l’Europe

Après une belle carrière forte de 2 096 000 exemplaires (dont 412 000 breaks Nevada/Savanna), la Renault 21 cède progressivement sa place à une nouvelle venue : la Renault Laguna 1. C’est la première fois depuis plusieurs générations que Renault ne pense pas sa familiale comme un véhicule mondial mais comme un véhicule essentiellement européen.

Ci-dessus, des « spyshots » de la Renault Laguna 1

Finies les multiples productions à travers le monde, finies les déclinaisons nord-américaines, la Laguna 1 est un pur produit de Sandouville (avec toutefois un complément de production à Palencia), clairement destiné au Vieux Continent. En atteste l’absence de déclinaison 4 portes, alors en perte de vitesse en Europe : la Laguna 1, X56 de son petit nom de code, n’existe qu’en berline à hayon ainsi qu’en break.

Un break qui change singulièrement de formule par rapport à son prédécesseur. Avec la montée en puissance du Renault Espace, confortablement installé sur le marché depuis la fin des années 80, Renault n’a plus vraiment besoin d’un grand break 7 places spacieux et utilitaire comme l’était la R21 Nevada.

Le concept-car Renault Evado de 1995, censé représenter fidèlement la future Laguna 1 break.

Exit, donc, l’empattement long et l’optionnelle banquette de troisième rangée est désormais dos à la route. Le break Laguna 1 conserve l’appellation Nevada mais se veut plus « lifestyle » que son aïeul et propose une lunette arrière ouvrante. Renault l’avait clairement annoncé dès le salon de Genève 1995 avec le showcar Evado. Un nom qui a servi par la suite sur le… Trafic, tandis que les jantes ont fortement inspiré celles de la Clio II 16 V. Quant au compartiment à bagages coincé entre les deux banquettes arrière, on l’a retrouvé sur le concept Matra P55.

Mais revenons à notre berline Laguna : apparue sur le marché en janvier 1994, elle nous rappelle que le temps file et que l’on prend un coup de vieux à se dire qu’elle fête ses 30 ans. Le style est signé Jean-Pierre Ploué tandis que la face avant est l’œuvre de Thierry Métroz. Comment résumer le look ? Une Safrane, mais en mieux !

Plus fluide, plus dynamique, un peu mieux équilibré, le style de la Laguna 1 fait clairement référence à celui de sa grande sœur tout en s’en distinguant par plus de modernisme et de simplicité. Notez la ligne allant du bec vers le pavillon en passant par le capot autoclave, tandis que la lunette arrière présente une double courbure inédite.

Renault Laguna 1 : une gamme bien fournie… mais sans diesel avant juin 1995 !

La gamme de lancement comprend 4 versions : la RN, pauvrement équipée avec ses vitres à manivelles et sa sellerie tissu/velours/TEP, disponible en 1.8 i 95 ch, la RT, avec ses pare-chocs peints, sa sellerie velours et son pack électrique, ouvrant aussi l’accès au 2.0 i 115 ch BVM5 et BVA4, la RXE, uniquement en 2.0 i, ajoutant des coques de rétros couleur caisse, des antibrouillards, la clim automatique ou les appuie-têtes arrière, tandis que la version V6i coiffe la gamme, avec, vous l’aurez deviné, 2 cylindres de plus venant du PRV. 174 ch, BVA4 ou BVM5, l’équipement ajoutant entre autres à la RXE des jantes en alu issues de la Safrane, l’airbag conducteur, l’ABS ou une direction à assistance variable.

Tout le monde est présent à l’appel ? Non : vous avez remarqué l’absence de diesel au lancement : c’est pour ça que la R21 reste produite à Sandouville jusqu’à fin 1994 en 3 versions et 2 moteurs (2.1 D et 2.1 turbo D) en attendant l’apparition du nouveau bloc 2.2 diesel qu’inaugurera la Laguna. A noter qu’en attendant l’arrivée du break Laguna, la R21 Nevada reste aussi au catalogue, rebaptisée Renault Nevada tout court, dépossédée de ses chromes pour faire plus moderne (1994, 2024, même combat !). Début 1995, nous y sommes : la version… Baccara est lancée ! Eh non, toujours pas de diesel !

La Baccara se distingue par un intérieur en cuir et lin inédit sur le marché. Uniquement disponible en ambiance badiane (i.e. marron) tandis que les versions RT, RXE et V6i proposent en plus le gris et le bleu/vert (sauf option cuir qui n’existe qu’avec l’intérieur gris, comme pour la RN). Les images des différents coloris sont quasi impossibles à trouver, malheureusement. Il va falloir nous croire sur parole.

Juin 1995, près d’un an et demi après le lancement de la Laguna, apparaît enfin le 2.2 d atmo 85 ch sur les RN, RT et RXE. A temps pour que mon père remplace sa lymphatique Safrane diesel pour une lymphatique Laguna diesel en janvier 96. Et le turbo ? Vous êtes priés d’aller voir chez PSA ! C’est en juin 1996 que le 2.2 dT 115 ch arrive enfin sur ces mêmes finitions, associées à des jantes de 15 pouces. Ce moteur a également fait le bonheur de la Safrane restylée la même année, et de mon père l’année suivante sur sa seconde Safrane. Vous savez tout.

Entre temps, est apparu en juillet 95 le moteur Volvo 2.0 S 140 ch disponible sur une inédite finition RTI (une RT enrichie de sièges sports en velours gris foncé, de la clim, de jantes alu 15 pouces et d’un aileron) et sur la RXE. Juillet 95 également pour la Laguna Nevada 5 et 7 places. Pas de version RXE ou V6 en France contrairement à d’autres marchés.

Renault Laguna 1 : disparition de la version Baccara en 1996, au profit de l’Initiale

Premier remaniement de la gamme en octobre 1996 : le monogramme Laguna adopte la nouvelle typographie inaugurée par la Megane, l’essuie-glace arrière se pare d’un carénage, et Renault entame sa campagne de réduction des coûts de fabrication : la gamme de radio est désormais commune avec Megane et Safrane, seule l’ambiance grise survit à l’intérieur, et la gamme Laguna s’articule désormais en RNA/RNE, RTA/RTE, RXT et Initiale (disponible à partir de 1997).

Cette dernière remplace la Baccara et en finit avec le lin pour une sellerie en cuir : il se trouve que la sellerie des Baccara vieillissait très mal, au point qu’il et quasiment impossible d’en trouver une en bon état de nos jours ! 1997, c’est aussi l’arrivée du nouvel accoudoir central avec rangement sur toute la gamme, de l’airbag généralisé et de l’ABS. Le pare-brise athermique débarque en option ainsi qu’une clim manuelle en complément de la clim auto. Une des rares séries spéciales intéressantes de la Laguna 1 apparaît cette année-là : la Laguna Lancel, basée sur une RXT avec une sellerie cuir/tissu réussie et les jantes de la V6 (y compris en 2.2 dT). Une sacoche Lancel était en outre livrée avec la voiture.

Renault Laguna 1 : restylage et fin de carrière

Printemps 1998, alors que PSA a lancé avec succès ses moteurs HDI, Renault riposte avec une Laguna 1 restylée : un lifting léger mais efficace avec des projecteurs à glace lisse au look plus techno, un pare-chocs avant d’aspect plus simple et plus moderne dans la lignée du concept Evado, des feux arrière à glace lisse qui troquent le gris pour l’orange.

Détail inutile mais que l’on relève : la Laguna 1 phase 2 est la seule Renault à avoir indiqué le niveau de finition sur la baguette avant droite et la motorisation à l’avant gauche, le Losange ayant toujours fait l’inverse ! A bord, la planche de bord évolue légèrement afin d’accueillir une petite boîte à gants sous l’airbag passager ainsi qu’un GPS Carminat optionnel.

Sous le capot, le 2.2 d cède sa place au 1.9 dTi à injection directe de 100 ch (BVA et BVM) tandis que la gamme essence accueille les 1.6 16V 110 ch, 1.8 16V 115 ch en remplacement des 1.8 i et 2.0 i (ce dernier subsiste en BVA). Au sommet, le V6 PRV tire sa révérence et la Laguna 1 accueille enfin le nouveau V6 L7X. La gamme est remaniée et l’équipement progresse sur toutes les finitions, désormais baptisées RTE, RXE, RXT et Initiale. L’année suivante voit apparaître une série spéciale baptisée Fairway, reprenant les codes de la Safrane éponyme lancée au même moment et surfant sur le look intérieur de feue la série Lancel.

Courant 1999, la Laguna opère ses ultimes modifications de gamme : l’équipement s’enrichit de nouveau avec la gamme rebaptisée Confort, Pack, Pack Luxe et Initiale, de nouvelles jantes font leur apparition, en 16 pouces sur les deux plus hauts degrés de la gamme (l’Initiale se servant auprès de la Safrane) et les baguettes latérales et bandeaux de pare-chocs sont peint en gris métal sur les hauts de gamme. Sur les derniers mois, le 1.9 dTi devient dCi et gagne 5 chevaux avec son système common rail.

Au total, 1 385 678 exemplaires de la Laguna ont été vendus, un vrai succès malgré un diesel très tardif et une attente interminable pour le turbo diesel ! La Laguna ne dépasse certes pas les scores de la R21, cette première étant désormais prise en tenaille entre la Mégane Scénic et l’Espace mais elle a incarné un énorme progrès qualitatif pour Renault comparée à sa devancière. Notons que la Laguna a également couru en BTCC durant plusieurs saisons, dont une victorieuse en 1997. Et quelques prototypes de Laguna Biturbo (traction 280 ch) ont été préparés par Hartge et immatriculés. Malheureusement, Renault ne donnera pas de suite, en raison de l’insuccès de la Safrane Biturbo. Retrouvez l’essai réalisé par Turbo à l’époque ci-dessous.

La suite ? Rendez-vous au prochain épisode pour la Laguna II.

  • La Renault Laguna II
  • La Renault Laguna III
  • Quand la Laguna devenait Talisman
  • Rafale, un nouveau souffle pour le haut de gamme ?

Photos : Renault Communication

Nos réseaux sociaux

Alimenté avec passion par l’association Le Nouvel Automobiliste

Copyright © 2021