On poursuit le voyage : après l’Australie la semaine passée et Israël il y a deux mois, nous voici à Singapour. Et qu’allons-nous y faire ? Vous parler de voitures, pardi ! En marge du Grand Prix de Singapour, découvrons ensemble les spécificités du marché, les tendances et les meilleures ventes.
Singapour : petit marché et grandes taxes
Singapour est un jeune pays d’Asie du Sud-Est. Un pays ou plus précisément une jeune cité-Etat dont l’indépendance remonte à 1965 après une très brève union avec la Malaisie deux ans plus tôt. Singapour comprend 63 îles sur une petite surface de 735,6 km². Avec une population de 5 917 600 habitants, Singapour est densément peuplée : 8 045 habitants / km², soit à peine moins que le département des Hauts-de-Seine. A titre d’exemple, en Europe, la Slovaquie dispose d’une population un peu moins élevée (5,5 millions) sur une surface de 49 035 km² : 67 fois moins dense. Singapour est tout simplement le troisième pays le plus densément peuplé au monde.
Et le marché automobile dans tout ça ? Il représente dans les bonnes années environ 52 000 voitures par an, et chute autour de 34 000 véhicules les mauvaises années. Une sacrée variabilité qui s’explique par plusieurs facteurs. Tandis que l’économie se porte bien, la fiscalité automobile, elle, est très élevée. D’autre part, Singapour reposant sur une surface limitée et ayant une densité de population très élevée, le pays limite le nombre de véhicules à vendre pour éviter l’engorgement.
Ainsi, en 1990, la cité-Etat a introduit une taxe d’immatriculation d’une validité de 10 ans (COE ou Certificate Of Entitlement) nécessaire à l’achat d’un véhicule. Ces certificats sont mis à la vente toutes les deux semaines en quantité régulée par les autorités… et les tarifs ne sont clairement pas de la roupie de sansonnet : prenons deux exemples bien français pour illustrer. Une Peugeot E-2008 et une Peugeot 408. Tarif français des deux modèles :
- Peugeot E-2008 GT 136 ch : 39 820 €
- Peugeot 408 GT 136 ch : 37 970 €
Regardons maintenant les tarifs à Singapour, COE incluse :
- Peugeot E-2008 GT 136 ch : S$ 192 888 ou 133 800 € !
- Peugeot 408 GT 136 ch : S$ 212 888 ou 148 000 € !
Bref un « petit » écart de 93 980 € pour le E-2008 et de 110 030 € pour la 408 par rapport au tarif français. Vous avez donc une idée du montant de cette fameuse COE… Et gardez à l’esprit que la TVA à Singapour n’est que de 9% contre 20% en France. Le montant réel de cette taxe d’immatriculation est donc encore plus élevé ! Attention toutefois, il s’agit des tarifs de Peugeot de la mi-septembre 2024. En effet, en fonction de la tension sur le marché, le montant de la COE peut fluctuer dans des proportions très variables au fil des semaines. Et vous trouviez que l’automobile était chère en lisant notre article sur Israël ?
Rassurez-vous, Singapour est l’un des endroits qui dispose du plus grand nombre de millionnaires au monde, ils auront ainsi les moyens de se payer une « modeste » Peugeot comme vous. L’autre bonne nouvelle, c’est que les taxis sont à un tarif raisonnable et que les transports en commun, en plus d’être extrêmement propres et surs (comme quoi, c’est possible…), permettent un bon maillage de Singapour. Bref, si jamais vous avez une opportunité d’expatriation par là-bas, sachez que vous pourrez survivre sans avoir à dépenser 150 k€ dans une voiture.
Singapour : les tendances du marché automobile
Singapour, comme bien d’autre pays dont l’Australie où nous vous avons emmené la semaine passée, conduit du « mauvais côté ». Et on l’a vu au début de cet article, Singapour est un petit pays par sa surface, avec un petit marché automobile : entre 52 000 et 34 000 voitures par an selon les années, pour rappel. Une variabilité due à la COE et des volumes faibles qui rendent difficile la lecture des tendances.
Mais rassurez-vous, on a prévu le coup avec un cumul des ventes sur 4 ans afin de lisser un peu les résultats. Le gagnant ? Sans trop de suspense, le numéro 1 mondial Toyota s’impose avec une part de marché de près de 19% sur la période. Suivi, et c’est moins banal, de Mercedes avec 13,5 % et Honda et BMW autour de 10 %. Audi et Lexus complètent le Top 10 côté premiums, tandis que Nissan, Hyundai, Mazda et Kia s’en chargent côté généralistes.
Si Tesla semble peu présent au cumul (1,75 %), la marque d’Elon Musk affiche une progression constante : hors du Top 30 en 2020, elle se place douzième en 2021, dixième en 2022 et neuvième en 2023 pour culminer à 3,6 % de parts de marchés, mais reste encore sous BYD, fort de 4,8 % l’an dernier. Et en parlant de marque chinoise, vous noterez l’arrivée de Shineray au classement 2023. Cette marque, plutôt inconnue par chez nous appartient à Brilliance. Maintenant, vous saurez.
Et les français ? Commençons par DS dont le site Internet indique l’ouverture prochaine des showrooms… en juin 2020. Quelque chose nous dit qu’il y a comme une mise à jour qui manque… On a toutefois vu un DS 7 Crossback dans la rue, ils ont fait au moins une vente ! Bolloré, de son côté, y avait écoulé des Bluecar, désolé pour la photo ultra zoomée, prise en plein petit dej. Citroën vend à Singapour les ë-C4 et ë-C4 X en VP, ainsi que les ë-Berlingo et ë-Jumpy en VU. Peugeot se paye une gamme plus fournie et pas 100% électrique avec E-2008, 408, 5008, E-Partner et E-Expert. De son côté, Renault n’y vend plus que le Kangoo E-Tech. Que s’est-il passé ?
Singapour : monospace mon amour !
On croise très fréquemment des Scenic, Grand Scenic, et Grand C4 Picasso dans les rues de Singapour : on voit manifestement que la fin des monospaces en France a affecté les performances commerciales des marques françaises sur place.
Car oui, Singapour, comme bien des marchés d’Asie, est un pays friand de minivans et de petits monospaces. Ainsi, au cumul de 2020 à 2023, le Toyota Alphard accède à la seconde marche du podium, tandis que les Toyota Sienta (retrouvez notre essai au Japon), Toyota Vellfire (cousin « sportif » du luxueux Alphard), Mercedes Classe B, Honda Odyssey sont dans le top 30 du pays. Sans parler des Nissan Serena, Toyota Wish, Honda Freed, Toyota Noah et son jumeau, le Suzuki Landy sont également très diffusés.
Pour le reste, le roi du marché à Singapour est le Honda CR-V tandis que le top 10 regroupe pas mal de berlines comme les Mercedes Classe E et Classe C ainsi que l’inusable Toyota Camry et la Hyundai Elantra, baptisée Avante à Singapour.
Dernier détail et non des moindres : les grands utilitaires réalisent d’importantes parts de marché. Ainsi, le Toyota Dyna s’arroge la quatrième place au cumul entre 2020 et 2023, suivi du Toyota Hiace en cinquième position ! Le Nissan NV350 est huitième et le gros Toyota Coaster est onzième. Et vous, c’était quand la dernière fois que vous avez vu un bus si haut perché dans un classement ? Singapour est un marché singulier !
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Photos : Le Nouvel Automobiliste