Et si nous faisions un break ? Un bond en Avant, ou plutôt, un essai en Avant ? Et quoi de mieux qu’une Audi A4 pour cette parenthèse ? Le cœur de gamme d’Audi s’est refait une beauté en 2019, avec une calandre aux arêtes un peu plus marquées, de nouvelles signatures lumineuses, mais aussi une nouvelle sculpture des flancs. Et une fois n’est pas coutume, c’est avec un moteur essence que nous l’essayons. Le bloc 2.0 l se décline en 3 puissances sur cette familiale premium, et nous avons retenu le bloc médian avec 190 ch sous le capot associé à la boîte DSG à 7 rapports nommée S Tronic. Histoire d’ajouter du sel, c’est la version S Line qui équipe la belle du jour. « S » suffisant pour lui donner un peu de piment ? Nous allons voir ça, mais Avant…

Audi A4 Avant : rappel du passé
Avant ? Était-ce mieux avant ? Un retour dans le passé nous le rappelle : Avant n’a pas toujours existé. L’Audi 80 est née en 1972. La version Avant n’est apparue qu’avec la génération B4 en 1990. En effet, la plate-forme de la berline B3 a été revue en profondeur dans sa partie arrière, pour améliorer son habitabilité, et permettre de créer cette version break alors que son style évoluait peu. C’est alors la seule génération d’Audi 80 à être dérivée en version « à hayon », mais quelle génération ! C’est elle qui a lancé la lignée des breaks ultra sportifs avec l’Audi RS2 de 230 ch !
L’Audi A4 Avant a repris le flambeau dès 1995. L’actuelle a été présentée en 2015, avec un style plus classique. Cette génération inaugura des phares avec un décroché repris sur différents modèles depuis, telle la nouvelle Audi A3. C’est donc avec un peu de surprise que se fit la découverte, il y a un an, de la mise à jour de l’Audi A4 avec des phares au dessin simplifié. Dans sa forme du moins car le traitement intérieur est plus complexe, et lui donne finalement plus de personnalité.

Du changement !
Il serait trop simple de réduire le restylage de l’Audi A4 aux changements de phares, voire à sa calandre aplatie. Regardez bien les emboutis, les portes ont perdu leur rainure ! Celle-ci est remplacée par un pli plus discret au niveau des poignées. Cela contraste avec ceux plus marqués au niveau des ailes. L’ensemble permet de dynamiser la ligne de l’Audi A4, qu’elle soit berline ou Avant. Et finalement de la rendre encore un peu plus premium. Ce n’est pas la première fois qu’Audi investit autant dans un restylage à ce niveau de gamme. Rappelez vous en 2004, l’Audi A4 avait obtenu sur ses portes… une rainure, déjà !

Star du segment
L’intérieur n’est pas en reste même si les changement sont plus mineurs. Si l’extérieur a perdu une rainure, l’intérieur perd quant à lui la molette de commande de l’écran central. L’écran tactile le rend en effet moins nécessaire, surtout qu’il est accompagné ici du contrôle par la voix. La connectivité se trouve aussi dans la poche. A condition de posséder un smartphone, vous pourrez y mémoriser vos paramètres de réglages ou le verrouillage de votre Audi A4 Avant. Pour en savoir plus sur le restylage de l’allemande, vous pouvez vous replonger dans notre article de présentation ici.
Alors, pourquoi autant d’investissement ? Tout simplement car le segment D-Premium pèse sur la marché. Et l’Audi A4 Avant domine sa catégorie avec 81 844 ventes en 2019 en Europe. Loin devant ses concurrentes, Mercedes-Benz Classe C, Volvo V60 et BMW Série 3, vendues respectivement à 61 775, 58 749 et 45 765 exemplaires. L’Audi A4 Avant se paie même le luxe d’être en deuxième position sur le marché des breaks du segments D, derrière l’intouchable Volkswagen Passat SW (104 035 unités vendues).
La berline est cependant à la peine, elle n’est que 4° des ventes du segment D-Premium (21 418 exemplaires), très loin des Tesla Model 3 (95 013 exemplaires !), BMW Série 3 (67 844) et Mercedes-Benz Classe C (53 841).
Sœurs ennemies
Cependant, l’Audi A4 Avant n’a pas seulement à lutter avec les marques concurrentes. L’attaque se fait aussi de l’intérieur. Sa demi-sœur l’Audi A5 Sportback permet de rouler de façon moins pratique mais toujours avec hayon (31 075 exemplaires vendus en Europe). L’Audi Q5 lui grappille aussi quelques ventes, même si elle reste en retrait de l’Audi A4 Avant (69 977 exemplaires), alors que le Volvo XC60 domine toujours l’Europe avec 83 142 ventes. Soit devant notre Audi A4 Avant du jour.

Plaisir d’avant
Mais le plaisir de rouler en Audi A4 Avant, c’est aussi celui d’allier le plaisir au pratique. Certes, vous n’irez pas vous balader dans des champs, mais vous roulerez à hauteur « normale », avec une certaine facilité d’accès. Et une fois à l’intérieur, vous vous sentirez bien. Et comme toute Audi qui se respecte : le toucher des commodos et des matériaux inspire la confiance dans leur durée de vie. Espérons qu’il en soit ainsi aussi pour la durée de vie des écrans. La finition S Line accueille en série le Virtual Cockpit accompagné de l’interface MMI via l’écran central.
La présentation des compteurs est personnalisable selon vos envies ou vos besoins : des compteurs classiques au full GPS. Leur style et leur lisibilité atteignent des sommets, même si le passage d’un mode à l’autre n’est pas aussi divertissant que sur la Peugeot 508. Autre facilité chez Audi, la position de conduite se trouve aisément, malgré l’absence de réglage électrique complet. Nous posons notre smartphone sous l’accoudoir, qui n’est pas un rangement fermé et accueille la charge à induction. Tout est prêt pour prendre la route.
Histoire d’avant
Il suffit de pousser le magnifique levier de vitesse, et l’accélérateur, pour s’échapper de Paris. La ville, est-ce vraiment raisonnable avec une voiture qui s’étire sur 4,76 m et près de 1,85 m de largeur hors rétroviseurs ? Surtout que le diamètre de braquage s’élève à 11,6 m. Mais grâce à une direction légère, une combinaison boîte/moteur souple, les embouteillages seraient presque agréables ! D’autant plus que le moteur se fait discret. Par contre, si vous êtes mélomanes, vous serez contraints de reconnaître que l’insonorisation aurait pu être meilleure. Nous arrivons enfin Porte de la Chapelle et direction l’A1 (l’autoroute, pas l’Audi !) avec pour objectif Compiègne, pour découvrir l’exposition « Concept Car – Beauté Pure » désormais finie dont vous parlerons prochainement.
Notre Audi A4 Avant se sent comme un poisson dans l’eau sur ce type de route. Et pas seulement parce qu’il pleut ! Le moteur a du répondant, mais toujours en douceur. Les très satisfaisantes 7,5 s pour atteindre les 100 km/h depuis l’arrêt ne se font toutefois pas ressentir par un coup de boost. Et ce n’est pas en sélectionnant les modes de conduites plus sportifs que sa personnalité sera bouleversée. Nous sommes plus sur des nuances que de vrais changements. Quel que soit le mode, le couple de 320 Nm est disponible très tôt, à 1450 tr/min, signe de souplesse.
Pause pavée
Un peu plus d’une heure de route alternant soleil et pluie : à aucun moment le confort ou le sentiment de sécurité n’a fait défaut. Certes, les jantes 19 pouces se font ressentir, mais la suspension à amortissement piloté compense largement. Et ce ne sont pas les pavés de Compiègne qui vont rendre la voiture inconfortable, loin de là. Aucun bruit parasite ne vient perturber le séjour dans cette cité historique.
Avant de visiter la château, il faut bien sûr trouver une place. Le créneau sera aisé, même si on est un peu surpris de constater qu’il n’y a qu’une seule caméra de recul, à ce niveau de gamme. Sa qualité de retransmission permet cependant une belle vision et cerise sur le gâteau, l’objectif de la caméra peut être nettoyé. C’est un vrai plus en ces temps de giboulées.
Elle a du coffre cette A4 !
Nous avons réalisé cet essai quelques jours avant le confinement, nous faisons donc une halte au supermarché. L’Audi A4 Avant est loin du break de chargement, mais son coffre de 495 litres a des formes régulières. Sans pour autant offrir de plancher plat une fois les dossiers rabattus. Cependant, la plage arrière à enrouleur s’ôte aisément et un second enrouleur cache un filet de protection qui peut se placer derrière les sièges du premier rang. Mais le coffre présente d’autres astuces, à base de filets, d’élastiques et autres crochets.
Comme vous pouvez le voir sur nos clichés, la plage se lève en même temps que le hayon s’ouvre. La nuit, l’éclairage est très puissant et permet d’y voir clair pour décharger ses achats. Par contre, ne comptez pas sur le double fond sauf pour y cacher votre triangle et quelques outils de dépannage. Attention quand vous vous relevez du coffre, le hayon reste bas. Vous êtes prévenus, dorén-avant !
L’Audi A4 Avant reste un break de style. Surtout dans cette finition S-Line. Les pare-chocs sont assez proéminents. Ils sont surlignés de baguettes teintés gris mat, qui ne jurent pas avec les chromes des vitrages et des barres de toit. La plupart des grilles d’aération n’en sont pas, nous sommes ici dans le style plus que dans la recherche de refroidissement du moteur ou de l’aérodynamique. Tous ces artifices font toutefois leur effet sans tomber dans le baroque de certaines de ses concurrentes.
Un tour en Avant
Nous profitons des routes (un peu) sinueuses autour de Chantilly pour confirmer les qualités de l’Audi A4 Avant. Le confort est toujours présent, les sièges sport maintiennent parfaitement l’ensemble du buste, de la taille aux épaules. Le moteur répond toujours présent, et toujours dans une certaine douceur. Jamais nous ne serons brusqués à son volant. Il en est de même côté passager, où le confort est apprécié, que ce soit à l’avant ou à l’arrière de cet Avant. A condition de se limiter à 2, car même si la banquette est large, le tunnel central est extrêmement imposant. Ce sera une bonne raison d’utiliser l’accoudoir qui accueille des porte-gobelets à la cinématique étonnante.
Un point faible ? Oui, sur certaines routes détrempées et malgré une douceur moteur, la motricité peut parfois être mise en défaut. La nuit tombe, l’éclairage automatique Matrix Led s’avère exceptionnel pour le conducteur. Mais, il n’est apparemment pas toujours du goût de ceux que vous croisez, qui nous ont fait quelques appels de phares. Autre confort appréciable, les rétroviseurs extérieurs sont, comme celui à l’intérieur, électrochromes. Quelle douceur pour les yeux. Un petit bémol les concernant, le rétroviseur passager n’est pas asphérique, c’est une petite mesquinerie à ce niveau de gamme. Il n’y a pas que les phares qui sont puissants, la lumière d’alerte d’angle mort l’est aussi. Elle est d’autant plus gênante que la détection anticipe trop l’arrivée des voitures, nous les voyons largement dans le rétroviseur quand la lumière s’allume.
Avant-dernier tour
Nous avons fait le plein côté coffre, mais le réservoir de 54 l a fait le vide également. Notre voyage en Audi A4 Avant nous a permis de parcourir 367 km qui se décomposent pour 20% de ville, 40% de route et 40% d’autoroute. Nous aurons donc consommé 8,67 l/100 km, alors que l’ordinateur de bord annonçait 7,9 l/100 km. Nous sommes loin des chiffres officiels de 7,4 l/100 km, bien que la norme WLTP minimise l’écart entre la théorie et la réalité. Les émissions de CO2 s’élèvent à 167 g/km. Ce sont 1761 € à ajouter à l’achat de l’Audi A4 Avant.