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Citroen C4 Cactus LNA Dumoulin (15)

Citroën GS vs C4 Cactus : 50 ans de compactes !

Nous enfoncerions des portes ouvertes en disant que Citroën a fait du confort son credo, depuis le « moteur flottant » supprimant les vibrations aux sièges Advanced Comfort rappelant le canap’ de mémé en passant par les batteurs à inertie de la deudeuche. Pour se relancer et affirmer sa raison d’être dans le groupe PSA, la marque de Javel est revenue en force sur le confort, à l’occasion du lancement de la version restylée de l’attachant Citroën C4 Cactus. Devenu berline, ce modèle a signé le retour de l’hydraulique dans les suspensions. Mais attention, via de « simples » amortisseurs à butée hydraulique et non un système sophistiqué à boules vertes et à liquide LHM. Pourtant, en 1970, c’est bien une berline compacte – la première « vraie » de la marque – qui recevait cette curieuse mais efficace solution : la GS. Faisait-elle mieux que le système actuel ? Son originalité technique la rend-elle supérieure à celle dont même le style est devenu consensuel avec sa mise à niveau ?

Design des Citroën GSA et C4 Cactus : du coup de crayon osé au restylage pragmatique

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Si l’on peut faire une analogie entre la Citroën GSA et la Citroën C4 Cactus, c’est bien au niveau du style, ces deux modèles étant des restylages modernisant la ligne d’une « V1 » originelle (et originale)… mais avec un succès mitigé.

Dans le cas de la GSA, c’est avec un regard contemporain et par expérience (le modèle illustrant cet article appartenant à votre serviteur, ndlr) que cette affirmation est faite. Dotée de pare-chocs proéminents en plastique gris et noir, de poignées de portes noires et de gros feux arrière, elle délaisse les chromes et la finesse de la GS. Dans le milieu de la collection, ce manque de raffinement se traduit par un désintérêt flagrant pour ce modèle et les cœurs balancent toujours indéniablement vers la GS. Mais à l’époque, la GSA apportait une vraie modernité et des améliorations sensibles, notamment via un équipement qui faisait défaut à la GS : un hayon autrement plus pratique que la petite malle de coffre !

Au bout de 9 ans de commercialisation, Citroën pensait aider sa compacte grâce à cette modernisation. Pourtant, en 1978, sa dernière année pleine, la GS connaissait son score de vente le plus important, avec quasiment 260 000 exemplaires vendus ! En comparaison, en 1980, première année pleine pour la GSA, « seuls » 183 000 véhicules furent vendus, pour tomber à 61 132 exemplaires et 1983 et 18 504 l’année suivante. De deux choses l’une : soit l’esthétique de la nouvelle mouture n’a pas convaincu, soit les changements étaient trop insignifiants pour empêcher la baisse des ventes d’un modèle qui accusait le poids des ans et allait forcément voir ses ventes s’éroder un jour ou l’autre…

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Du côté du C4 Cactus, la mise à jour s’est faite suite à un constat cruel. la première mouture, aboutissement d’un projet compliqué visant à proposer une voiture « essentielle », avait un style bien à elle, symbolisé à lui seul par les « Airbumps », protections en caoutchouc remplis d’air, répartis tout autour de la voiture. Ni SUV, ni berline, ni citadine, ni compacte, ce modèle a dérouté trop de conducteurs pour les séduire. Résultat, certains l’adorent, d’autres la détestent, et les ventes en-deçà des objectifs du constructeur attestent que les conservateurs sont plus nombreux que les clients ouverts à l’originalité.

Conséquence, au moment de revoir la copie, le mot d’ordre fut « consensualité ». Exit les Airbumps, symboliquement évoqués en bas des portes, face avant dans les stricts codes stylistiques du constructeur, ressemblant à s’y méprendre à celle d’une C3, barres de toit aux oubliettes, feux horizontaux… Citroën présente désormais « sa » C4 Cactus comme une berline, en misant tout sur le confort. Avec ses nouvelles suspensions à butées hydrauliques et ses sièges à mousse haute densité, Citroën retrouve sa marque de fabrique et l’affirme dans son slogan : Comfort is the new cool. Et à l’époque de la GSA ? « Elle refait la route », slogan illustré par la nouvelle berline avançant sur le tapis rouge qui se déroule devant elle. Bref, d’un point de vue esthétique, l’objectif de modernisation a été rempli des deux côtés, mais au niveau commercial, c’est deux salles deux ambiances !

À bord des compactes Citroën : C4 Cactus dépouillé, GSA surchargée !

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Si de l’extérieur on reconnait immédiatement le lien de parenté entre la GS et la GSA, en s’installant à bord de la seconde le conducteur de GS avait de quoi être dérouté ! Le tableau de bord aux courbes délicates de la GS fit place à un bloc massif de plastique, rectangulaire du côté conducteur et un drôle de cylindre du côté gauche du volant. Connu des collectionneurs comme le « satellite », cet instrument regroupait les commandes de phares, essuie-glace et klaxon, d’où son appellation plus officielle de PRN (Pluie, Route, Nuit). De l’autre côté du traditionnel volant monobranche, une tripotée de boutons poussoirs est également regroupée (essuie-glace arrière, feux de détresse…). Des originalités qui s’ajoutent à celles héritées de la GS, comme les compteurs à rouleau façon pèse personne, le frein à main au centre du tableau de bord et l’emplacement radio entre les deux sièges. Autres spécificités donnant un aspect futuriste à l’ensemble, un schéma du véhicule au-dessus des compteurs, autour duquel s’allument les voyants traditionnels (température d’huile, liquide de frein, etc.).

Dans la C4 Cactus à l’inverse, Citroën a voulu aller à l’essentiel. La planche de bord est inhabituellement basse, plane et vide. On trouve simplement derrière le volant un petit écran tout en largeur indiquant la vitesse et les différents voyants, mais dépourvu de compte-tours. Au milieu, l’écran multimédia tactile et deux aérateurs en partie basse. Devant le passager, la boîte à gants s’ouvre par le dessus. Ce choix d’implantation du couvercle libère un deuxième espace de rangement en dessous mais a imposé l’implantation de l’Airbag frontal dans le montant de pare-brise. Résultat, pas de poignée de maintien !

Malgré ce choix d’épurement, Citroën n’a donc pas renoncé à l’originalité et nous venons de vous en donner un petit aperçu. Mais surtout, le dessin épuré, sans rupture de la porte et du montant arrière (et la recherche d’économies…) a poussé Citroën à ne pas mettre de vitres descendantes à l’arrière. Celles-ci s’entrouvrent grâce à un système à compas, comme sur une vulgaire Citroën C1. En même temps, quand on dispose de la climatisation, ouvrir ses vitres arrière est-il réellement utile ?

50 ans de confort démocratisé !

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Rentrons dans le vif du sujet. Ou plutôt « dans le mou », c’est plus approprié. Au volant de la Citroën C4 Cactus et de sa grand-mère, le maître mot est le confort, objectif commun de nos deux comparses, qui utilisent cependant des méthodes différentes pour y parvenir. Dans la GS, on trouve sous le capot et sur l’essieu arrière les fameuses boules vertes (au nombre de 5) et le bocal de LHM hérités de la DS, réputée pour sa suspension sophistiquée offrant un moelleux et une tenue de route incomparable. Ce système a perduré et a évolué sur les familiales Citroën suivantes, la CX, la XM, la Xantia, la C5, la C6 – couplé à des systèmes électroniques de plus en plus sophistiqués -… et a fait ses adieux sur la C5 de deuxième génération. Imaginez donc l’euphorie chez les amoureux de la marque quand Citroën a annoncé le retour de l’hydraulique sur sa nouvelle C4 Cactus !

Le soufflé est toutefois retombé une fois fournis les détails techniques. Pas de circuit haute pression réparti entre les 4 roues, pas de hauteur de caisse réglable… La « berline » C4 Cactus se dote d’amortisseurs classiques dont les butées traditionnellement en plastique ont été remplacées par une chambre de compression hydraulique. Au lieu de crier à la tromperie et au scandale, le mieux est de passer derrière le volant. Comme le veut la tradition, laissons la courtoisie à la plus ancienne !

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D’un tour de clé, le quatre-cylindres à plat de notre GSA se réveille, et la fameuse suspension hydraulique se met en action en levant l’arrière de la voiture, puis l’avant. La direction, non-assistée, est très lourde en manœuvre mais, une fois lancée, s’avère en adéquation avec le reste de l’auto : douce et agréable. Il faut peu de temps pour se rendre compte de la supériorité de la suspension hydraulique Citroën. Les petites déformations de la chaussée sont absorbées sans aucun mouvement de caisse ni bruit. Les dos d’âne qui se présentent ? Même topo, on ne les ressent pas dans le corps, qui reste bien enfoncé dans son siège moelleux. Quand le rythme s’accélère, le moteur de 65 ch nous transporte sans difficulté dans le flot de circulation sans bruit excessif et toujours en isolant les passagers des irrégularités du bitume. Sur les routes de campagne, en virage le roulis est contenu et la voiture accroche sans nous envoyer d’un côté et de l’autre de l’habitacle. Sur les grandes lignes droites et même sur l’autoroute, l’endormissement guette tant l’atmosphère à bord est paisible. Cela a été dit et redit et se vérifie une fois de plus : cette suspension est clairement en avance sur son temps ! Et les originalités du tableau de bord ? On les oublie bien vite, tant l’utilisation du « satellite » devient vite intuitive. L’originalité ne nuit pas à l’ergonomie !

Face à une GS/A qui est encore dans le coup en termes d’agrément de conduite, la modernité de la C4 Cactus devrait avoir du mal à nous impressionner. Et pourtant nous pouvons le dire en préambule : sur le marché automobile actuel et avec les critères contemporains, force est de constater que la Citroën C4 Cactus offre un confort exemplaire. D’abord par ses sièges « Advanced Comfort » réellement plus moelleux que la moyenne et qui, à défaut d’offrir un très bon maintien latéral, limitent les douleurs sur les longs trajets et mettent immédiatement à l’aise. Puis par le confort de roulement qui, malgré le dénominateur commun de « l’hydraulique », n’a pas grand chose à voir avec celui de la GS/A. ça rebondit en effet pas mal, un peu à la manière d’une 2CV ! Côté moteur, le 3-cylindres 1.2 PureTech offre le double de puissance de la GSA X3… pour un poids à peine plus élevé (environ 100 kg). Il en résulte des accélérations franches et une sensation de légèreté agréable, le tout pour une consommation inférieure d’environ 50% à la GSA et un silence à bord mieux maîtrisé. La direction beaucoup trop démultipliée limite grandement le plaisir de conduite mais la C4 Cactus n’en demeure pas moins une voiture agréable à conduire et unique sur le marché.

Le C4 Cactus : la pire berline compacte de Citroën ?

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En vue de la présentation « officielle » de la toute nouvelle Citroën C4, la marque aux chevrons a tenu à nous rappeler son pedigree en matière de berlines compactes. Elle ouvre le bal dans cette vidéo avec la C4 première du nom. À l’époque, le marché n’était pas aussi segmenté que maintenant, difficile alors de parler de berline compacte.

Ensuite, fossé jusque 1961 et le lancement de l’Ami 6, qui sera remplacée par l’Ami 8. Dans les deux cas la recette est la même : il s’agit d’un dérivé de la 2CV, à peine plus logeable mais mieux motorisé, du moins au début de sa carrière, et en particulier avec l’Ami Super à moteur 4-cylindres de GS. Cette dernière reçoit selon nous le mieux la dénomination de première berline compacte Citroën, en s’intercalant parfaitement entre la 2CV et la DS tant en terme de taille que de prestations routières.

BX, Xsara (mais où est passée la ZX ??), C4 (une série 1 phase 2 représentant les 2 générations du modèle) puis une C4 Cactus complètent le balais historique. De gros raccourcis ont été faits avec l’histoire de la gamme… Mais nous avons, à l’aide du constructeur, corrigé ces oublis en synthétisant les performances commerciales des berlines compactes qui se sont succédé, qui seront notre base de comparaison pour dire si oui ou non, la C4 Cactus est (in)digne de sa grand-mère GS.

ModèleCommercialisation
(années)
Ventes
berline
Ventes
break
Total
GS + GSA
1970-86
161 993 756497 7432 473 499
BX
1982-94
122 150 189186 8272 337 016
ZX
1991-97
62 465 786199 8452 665 631
Xsara
1997-2004
71 343 738260 3991 604 137
C4
2004 – …
162 941 8062 941 806
C4 Cactus
2014-
mai 2020
6443 275443 275

Plusieurs chiffres et déductions sautent immédiatement aux yeux : d’abord, le carton incontestable de la ZX, qui s’est vendue plus que les autres compactes en seulement 6 ans de commercialisation. En rapportant les chiffres au nombre d’années de commercialisation, vient ensuite la C4, première et deuxième génération, dont le compteur des ventes ne s’est pas arrêté – la Chine a encore droit à ce modèle.

La GS est quant à elle au pied du podium grâce à sa longévité exceptionnelle de 16 ans et à sa déclinaison break au succès incontestable. Quant à la C4 Cactus, elle s’est vendue 5 fois moins que la GS/A et, pire, 6 fois mois que la ZX sur le même nombre d’années de commercialisation ! La messe est dite ? Pas si vite… Il ne faut pas oublier que la C4 Cactus phase 1 a côtoyé la C4 traditionnelle dans les showrooms. Il y avait donc une seule vraie compacte dans la gamme, et c’était cette dernière. De plus, la C4 Cactus n’a connu aucun dérivé, notamment break, une carrosserie qui a pourtant régulièrement connu un grand succès comme en témoignent les chiffres ci-dessus. De plus, la carrière internationale de la Cactus a été plus limitée que celle de ses prédécesseurs, même si la version restylée a eu droit à une version spécifique pour l’Amérique latine. Creusons un peu plus en regardant le détail des ventes selon les phases du véhicule, à la lumière des ventes de GS et GSA :

ModèleCommercialisation
(années)
Ventes
berline
Ventes
break
TOTAL
GS (1970 – 1979)91 504 048392 6941 896 742
GSA (1979 – 1986)7489 70887 049576 757
C4 Cactus phase 1
(2014 – 2018)
4274 296274 296
C4 Cactus phase 2
(2018 – mai 2020)
2168 979168 979

Première observation : à niveau de vente étal, si on ajoute virtuellement une année de commercialisation supplémentaire, les C4 Cactus phase 1 et phase 2 se seraient vendues plus que la GSA berline, sur un marché autrement plus concurrentiel. Un fait d’autant plus remarquable que la GSA était perçue comme une des meilleures voitures de son segment par la presse spécialisée, quand la C4 Cactus est toujours montrée comme le vilain petit canard de la gamme Citroën.
Deuxième conclusion : le restylage de la C4 Cactus a réussi à relancer le modèle. En tout cas en rapportant le volume au nombre d’années de commercialisation, cette deuxième mouture s’est vendue à 20% d’unités de plus ! Il ne faut pas oublier que le C4 Cactus devait composer avec le « vrai » SUV urbain C3 Aircross, puis dans une certaine mesure avec le SUV compact C5 Aircross.

Alors en effet, la C4 Cactus s’est vendue à peu près deux fois moins que chaque berline compacte qui lui a précédé. Mais en analysant bien, d’une part elle est au niveau d’une GSA berline commercialement parlant, et d’autre part… on peut le dire, ce n’est pas vraiment une berline compacte. Basée sur un châssis de Peugeot 208, décorée comme un SUV, la C4 Cactus paye l’audace de Citroën d’avoir voulu nous faire passer des vessies pour des lanternes, ou plutôt un crossover pour une berline compacte !

Nouvelle Citroën C4 : une parfaite synthèse de la GS et de la C4 Cactus ?

En attendant la présentation officielle le 30 juin 2020, Citroën nous a livré un bon aperçu de la remplaçante de la C4 Cactus. Ce sera la C4 tout court, 3e du nom. On reconnaît l’air de famille avec le modèle à qui elle succèdera, mais dans une interprétation plus moderne adoptant les nouveaux gimmicks Citroën, comme les barres de calandre qui s’élargissent en Y jusque dans les feux. Le profil de ce design un peu plus torturé évoque quant à lui… la GS ! La marque aux chevrons n’a pas caché s’être inspiré de ce modèle, ce qui se retrouve sur la surface vitrée, inclinée comme sur un coupé et disposant d’une vitre de custode. Comme sur son ancêtre, les montants arrière s’avèrent très fins, à contre-courant de la tendance actuelle des arrière bombés massifs (Ford Focus, Mazda 3…).

Côté mécanique, Citroën nous a fourni le strict minimum en termes d’informations en attendant de les dévoiler ce mardi 30 juin 2020. La C4 sera disponible en thermique et en électrique (appelée ë-C4). Enfin, elle disposera des suspensions à butées hydrauliques progressives. L’on peut déjà s’attendre à un confort digne de ses ancêtres !

Galerie photos : Citroën GSA X3 (1980) et Citroën C4 Cactus (2018)

Textes et photos : Thibaut Dumoulin pour Le Nouvel Automobiliste ; 
Photos C4 Cactus phase 1 et Nouvelle Citroën (ë-)C4 : Citroën.

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