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Voici le concept-car Dacia Hipster, une proposition de la marque roumaine pour un petit véhicule électrique léger, efficient, à 4 places, accessible et raisonnable… bref sur le papier, la voiture idéale ! A un détail près : si elle existait, elle ne pourrait pas être homologuée ! Mais le pari de Dacia, en mode incitatif, c’est qu’avec des si… son Hipster pourrait bien devenir la nouvelle norme !

Dacia Hipster concept : une troisième voie, entre deux eaux

Entre une Citroën Ami limitée à 45 km/h sans ABS, et une Dacia Spring à 970 kg, un monde existe : celui de la réglementation européenne. L’Ami répond aux quadricycles lourds L7 mais se trouve limitée à 45 km/h et 450 kg, alors que la Spring doit constamment augmenter ses équipements en suivant la catégorie M1, celle des voitures de tourisme avec les capteurs, aides à la conduite et autres éléments de sécurité active qui alourdissent et renchérissent les voitures neuves.

Pour proposer une troisième voix, Dacia imagine donc le meilleur des deux mondes : une micro-citadine (3 mètres de long, 1,55 m de large, 1,53 m de haut), très spacieuse (4 vraies places, 70 à 500 litres de volumes de coffre) et légère (800 kg). Plus que du design to cost, du design to weight !. Sur le papier, des caractéristiques de Fiat 500 des années 1950 ou encore de Toyota Aygo, à ceci près que ces dernières ne devaient ni être électriques, ni être vendues dans la décennie 2020.

Pour le style en revanche, Dacia fait du Dacia… tout en ayant un léger regard sur le Japon. En effet, la voiture répond à la définition de l’essentiel, avec sa carrosserie en plastique, et des solutions originales comme l’absence de poignées (devenues des sangles), ou ses projecteurs à pixels positionnés sous une glace à l’avant ou derrière le hayon. Mais vu de loin, ce petit cube à roulettes évoque surtout un mini Land Defender… ou une Kei car japonaise !

La proximité est assumée par Dacia, même si la recette est différente et s’explique d’après la marque par les données de départ : avoir un maximum de volume dans un minimum de place, « et pour y arriver on aboutit vite à la forme d’un cube » résume David Durand, directeur du design. Alors, si vous trouvez un air de mini Suzuki Jimny ou Hustler, c’est normal. Et dans l’histoire de Dacia, les plus fous y verront peut-être un rappel aux volumes bien cubiques… de la Dacia 500 Lastun, la mini-Dacia des années 80 !

Hipster des villes ou Ami des campagnes ?

Les rapprochements de style se font aussi avec une certaine… Citroën Ami. Et là encore, ce n’est pas une offense, tant la voiture sans permis de Citroën a réinventé son segment, et su se différencier des autres VSP au style parfois de mini-voitures en réduction. Songeons aussi au fait que les équipes de style ont évolué, et que certains talents des chevrons sont aujourd’hui chez Dacia… Ce sont aussi les contraintes de départ qui aboutissent aux mêmes solutions. Ainsi du pavillon vitré, « pour voir les feux de signalisation », ou de la structure tubulaire, ainsi que des sangles et poignées pour tenir des objets à bord.

Car après tout, qu’il ressemble à ci ou ça, le Dacia Hipster présente surtout la vision de Dacia d’une citadine polyvalente électrique abordable, sous une synthèse que personne ne propose aujourd’hui. « Comme le résume Romain Gauvin, responsable du style avancé de Dacia, « le bon sens n’est pas propriétaire ». Ainsi, le Dacia Hipster roule jusqu’à 90 km/h et, s’il était produit, il aurait une batterie suffisante pour faire 150 km d’autonomie, comme la première Renault Zoé voilà 15 ans, tout en étant 20 % plus léger qu’une Spring.

Ci-dessous, Romain Gauvin au stylo et David Durand en face de lui :

Modulable, capable de transporter un lave-linge, et protégé par du Starkle, le matériau à 20 % issu de plastiques recyclés conçu par Dacia, le Hipster est ainsi plus qu’une « Ami qui va à plus de 45 km/h » ou qu’une « Kei car à l’européenne », c’est une vraie Dacia. Plus réaliste que l’étude Manifesto, il n’en reste pas moins loin de l’industrialisation, et donc ce n’est pas non plus un showcar fidèle à l’image de la future citadine électrique qui sera produite par Dacia en Europe dans un avenir proche.

Mini-voiture, maxi-style pour le Hipster

Sous son style cubique de « bloc, un coffre-fort sans porte-à-faux, ou de pavé dans la marre sans mauvais jeu de mot » résume David Durand, les astuces de design sont partout disséminées dans le Dacia Hipster pour s’adresser à tous, et pas qu’aux Hipster justement ! Prenez le hayon, qui s’ouvre en deux morceaux, sur toute la largeur de la carrosserie : il embarque dans son volet bas des « You Clip » pour fixer des équipements additionnels (pochette de rangement rembourrée qui fait aussi office d’accoudoir sur les portières, ventilateur…). Le capot, haut perché, renvoie une impression de solidité, tandis que le regard à pixels de la voiture est voulu sérieux tout en étant sympa.

Les appuie-têtes arrière ne sont pas solidaires de la banquette et peuvent donc se ranger contre les vitres de custode. A l’avant, la banquette d’un seul tenant est coulissante, mais elle n’est pas amovible comme naguère sur une 2 CV. En revanche, le siège passager se déplie pour offrir l’accès à l’arrière, l’occasion de remarquer qu’il s’agit de toile textile tendue par des élastiques, suffisant pour offrir le confort attendu. Au passage, les vitres sont coulissantes et la hauteur de vue du conducteur à 60 cm de haut, soit suffisamment haute pour ne pas se sentir écrasé par les autres véhicules.

La planche de bord est largement creusée comme zone de dépose, pour accueillir et fixer des objets, toujours via les YouClip (11 points d’ancrage). Le pédalier avec le symbole « pause » et « play » évoquera aux nostalgiques celui de la Renault Twingo II R.S. Le volant centrale les commandes dans une forme d’octogone, et peut piloter le smartphone qui embarque à lui seul la clé d’accès et de déverrouillage, la radio, la navigation et les éventuelles dotations (surveillance d’attention du conducteur par exemple). Le son est assuré par une enceinte nomade connectée par Bluetooth.

Chauffage et ventilation sont rassemblées en console centrale, à côté d’un rangement pour bagage cabine, tandis que des sangles font office de poignées de porte. L’ensemble est très lumineux, n’a qu’une seule couleur de carrosserie (gris, même si des touches mauves viennent égayer cela), et parsemé de petits détails de style à l’effigie de la silhouette de la Hipster… et d’une tête de lapin, la mascotte du projet !

Dacia Hipster, ou la Logan de la décennie 2030

Sur la feuille blanche de départ du concept Hipster, l’ambition de Dacia était de réinventer la voiture populaire, d’avoir « un projet qui a la même portée sociétale que la Logan il y a 20 ans » note Romain Gauvin. Un défi, tant le renchérissement est passé par là : le prix moyen des véhicules neufs a augmenté de 77 % entre 2010 et 2024, et trouver une voiture sous les 15 000 euros neuve est quasi impossible. Or, 15 000 euros, c’était déjà le double d’une Logan ou d’une Sandero à leur lancement, respectivement en 2005 et 2007 en France.

Le résultat est iconoclaste mais pas inclassable, et découle d’une équation qu’on pourrait résumer par « moins par moins égal moins ». Moins de contraintes sécuritaires (même si Dacia s’est imposé la présence de deux airbags, absents d’un quadricycle) égale moins de poids égale moins de matières premières égale moins d’énergie pour le fabriquer, le transporter, le faire durer. Légèreté et efficacité : de quoi réduire de moitié l’empreinte carbone d’une électrique classique.

Alors que les utilisateurs de la Spring actuelle font 34 km par jour en moyenne, et 94 % des français moins de 40 km/jour, le Hipster embarque une batterie de quoi parcourir 150 km, et ne nécessiter que 2 recharges par semaine. De quoi satisfaire les périurbains, mais aussi les plus jeunes urbains, et convenir ainsi à un large éventail d’usages. Pour Katrin Adt, la nouvelle directrice de Dacia qui succède à Denis Le Vot, « mon estimé prédécesseur », « Dacia doit constamment redéfinir la mobilité. Manifesto nous a montré que tout pouvait être challengé, repensé. Avec Hipster, nous prenons un temps d’avance là où le marché sera demain ».

Reste la question de la mise en production : hypothétique durant toute la durée de la conception (le projet a été initié mi-2024), elle a cependant pris un tour plus concret à la fin de l’été 2025 suite à l’annonce d’une réflexion par la Commission Européenne en vue d’une nouvelle catégorie de petit véhicule propre, efficace et léger. Alors, Dacia aurait-il pris déjà de l’avance sur une future législation ? La marque l’affirme, « nous sommes prêts, si l’opportunité de la produire se présente, le Groupe Renault possède tous les ingrédients pour le faire » indique Katrin Adt. En même temps, qu’un Hipster soit à la mode, ça, personne n’en doutait !

Retrouvez notre interview du directeur du design Dacia,
David Durand, sur le Dacia Hipster

Galerie photos – Dacia Hipster concept

Photos : François Mortier – Le Nouvel Automobiliste