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Mercedes Classe T

Classe T ou Citan : pourquoi les noms de Mercedes ne doivent rien au hasard

La présentation imminente de la Mercedes Classe T nous permet d’assister à la naissance d’une nouvelle lettre dans l’arborescence à l’Etoile : le T, donc. Pas un patronyme comme feu le Vaneo, et une dénomination différente de celle de son compère le Citan. Mais de quoi le T est-il le nom ? Nous allons voir que cette lettre n’a pas été tirée au hasard en revenant sur l’histoire des arborescences Mercedes.

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Quand Mercedes préfère les lettres aux chiffres

Chez BMW et Audi, les chiffres priment mais chez Mercedes, on préfère les lettres. Tout commence avec la Classe S, une lettre choisie en 1993 car c’est l’initiale de Sonderklasse, « Classe Spéciale » qui était le nom jusqu’alors des limousines étoilées. La petite berline W202 lancée en 1993 se met au canon et se fait appeler Classe C, suivie en 1995 par la Classe E.

Le reste de la gamme s’adapte : c’est évident pour certains comme le Classe G, initiale de Geländewagen, « tout-terrain » en français ; ça l’est déjà moins en 1997 avec le lancement du Classe M baptisé commercialement ML. Côté vans et monospaces, l’intendance suit avec le premier Classe V lancé dès 1996 en remplacement du MB100, puis du duo Classe A et Classe B sur châssis sandwich entre 1997 et 2005 en entrée de gamme.

Hélas, même dans une mécanique bien huilée il y a des ratés, et dans l’arborescence Mercedes, les coupables sont les SUV. Leur multiplication a été mal anticipée et la commercialisation du GLK, pour Geländewagen Leicht Kurz, obère la possibilité pour Mercedes de multiplier les modèles. La solution ? Tout caler autour des lettres GL, laissant le Classe G sur son Apennin. Le GLK devient GLC, laissant la place aux GLA et GLB ; puis le M/ML, pour se conformer aux nouvelles règles, devient GLE ; quant au « vrai » GL, il se positionne au sommet en GLS, S comme référence à la Classe S-Sonderklasse est-il encore besoin de le rappeler !

Cette réorganisation a aussi, dans une moindre mesure, des conséquences parmi les coupés et cabriolets : le CL devient S-Coupé pour s’offrir une S-Cabriolet qui ne soit pas une SL, cette dernière devenant comme le Classe G un nom préservé à part entière autour duquel se rattache la petite SLC, née SLK. Comme pour le GLK, les CLK disparaissent et deviennent E-Coupé/E-Cabriolet afin de laisser place à de plus petits C-Coupé/C-Cabriolet. Une exception : le Classe R, tombé au champ d’honneur et disparu du catalogue devant la vague des SUV. Lamartine aurait peut-être écrit qu’ « une lettre vous manque et tout est SUV ».

Vaneo, Citan et finalement Classe T

Reste le cas particulier des ludospaces/navettes/vans aménagés : en effet, exception qui confirme la règle, le Classe V premier du nom lancé en 1996 a été remplacé par… le Viano. Une conséquence indirecte du lancement en 2001 d’un modèle en-dessous, le Vaneo. Seulement le Vaneo ne dure que 4 ans et manque sa carrière (55 000 unités produites contre des tarifs très élevés et face à la concurrence interne de la Classe A rallongée). Alors que le Viano redevient Classe V en 2014.

Entre temps, le Citan (Type 415) a succédé au Vaneo (Type 414) en 2012, et si les numéros de Type sont ordonnés, le nom Citan sort de nulle part. Il évoquerait même davantage les autobus (Citaro), un comble pour un modèle voulu compact issu du Renault Kangoo. En fait, son nom est la contraction de City et Titan ! Ce petit titan des villes est reconduit en 2021, mais le patronyme Classe T est annoncé lui aussi. Deux noms pour un même modèle ? Pas tout à fait.

Pour le comprendre, il faut regarder du côté de la concurrence et plus exactement de Peugeot et Citroën. Bien implanté -et même créateur, dans le cas des chevrons- sur le marché des ludospaces, les deux français ont renouvelé leur paire Berlingo/Partner en 2016 par deux duos : Berlingo Van et Partner en utilitaire ; et Berlingo / Rifter en ludospaces VP (Véhicules à particuliers). C’est le décalque exact de la stratégie adoptée pour les modèles supérieurs en taille : Jumpy/Expert en VU ; SpaceTourer/Traveller en VP. Sauf que même que les « VU » peuvent bénéficier d’une version VP… plus dépouillée et plus accessible que les chics navettes SpaceTourer/Traveller. Vous suivez toujours ?

Conséquence, Mercedes lance une gamme utilitaire Citan, avec une version VP accessible sur certains marchés (pour les taxis, les familles nombreuses…) sous le nom de Citan Tourer ; et pour un modèle plus raffiné et plus cher, est prévu un Classe T, lancé au second semestre 2022 !

Mais alors d’où vient le « T » ?

De Chine ? Merci Captain Obvious (et en plus c’est faux, le Classe T est produit en France). De l’Agence Tous Risques et de Mister T ? Comment on dit déjà « tel est pris »? De la silhouette familiale façon « Tourer » ? Presque ! Parce que le T arrive avant le V pour faire une famille de ludospaces « Classe T/Classe V » ? Ce n’était peut-être pas l’objectif mais ça « fait sens ».

Non, les racines du T sont plus lointaines et découlent des T Modell, le nom utilisé en Allemagne pour désigner les breaks Mercedes ! Le T est alors l’initiale de Touristique et Transport, et adoptée pour la première fois en 1977 sur la W123. Eh oui, les breaks étaient nommés TE en essence injection et TD en Diesel. Pour les versions Turbo Diesel, c’était… TD TurboDiesel !

Le choix de cette lettre T est d’autant plus surprenant que, dans l’arborescence interne de Mercedes, les versions breaks des berlines Type W sont dénommées « Type S ». Et le break issu de la berline W123 d’être en réalité… le Type S123. Il s’agit tout simplement de la différence entre une codification interne (W, S, etc.) et une stratégie de dénomination publique et commerciale (T comme initiale de mots évocateurs). La même attitude se retrouve chez Renault où les breaks, codés en interne « K », sont publiquement appelés Estate ou Grandtour.

Ainsi, la Classe T porte en lui un nom riche de 45 ans d’histoire de breaks Mercedes, qu’on appelle aussi affectueusement en référence à leur volume de chargement, les bétaillères !

Conclusion : des chiffres mais surtout des lettres

La gamme Mercedes s’est donc simplifiée autour des lettres mais chaque bouleversement de marché tend à affaiblir l’édifice alphabétique patiemment bâti par les stratèges étoilés. Après les multiplications de SUV, c’est l’arrivée d’une gamme électrique parallèle qui semble bouleverser l’ordre établi. Ainsi, le préfixe EQ se greffe à l’arborescence initiale pour « classer » le modèle : EQS pour Classe S, EQE pour Classe E, EQG pour Classe G…

Mercedes EQ

Mais l’EQA ne se rattache pas à la Classe A mais à la GLA, et l’EQC à rien d’autre que lui-même. Tandis que pour un gros SUV à mi-chemin des GLE et GLS, c’est… EQS SUV. Ajoutez-y une version AMG avec quelques chiffres et la transmission 4-Matic et vous pouvez espérer écrire une phrase complète !

Le système n’est donc pas encore pérenne mais il faut remarquer que le nom Classe T résulte d’une logique aussi bien historique qu’interne, et que sa version électrique EQT s’intègre en-dessous de l’EQV. Au moins avec ces lettres-là, le compte est bon ! Et pour le mot le plus long, attendez le 26 avril et la présentation officielle de la nouvelle Mercedes Classe T dans nos colonnes et son essai.

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