
Citroën ë-C3 : une histoire et Oli ?
Avant de vous présenter cette nouvelle Citroën C3, faisons un court retour vers le passé. Au début des années 2000, le lancement de la première génération marquait le tournant des chevrons vers un design plus affirmé et des modèles plus ambitieux et non dans l’ombre de Peugeot.
Avec ses rondeurs de 2 CV, la C3 allait succéder à la Saxo et positionner fermement Citroën sur le marché des citadines, crucial en Europe. Plus chic, la deuxième génération a apporté à la catégorie son immense pare-brise Zénith et un habitacle emprunté à la DS 3, tandis que la troisième du nom allait savamment marier l’esprit du C4 Cactus avec la base technique d’une Peugeot 208 sous un style qui n’a que peu vieilli sept ans après son lancement.







Les ventes n’ont d’ailleurs pas faibli avec 58 800 unités en 2022, qui en font la 4e voiture la plus écoulée en France, 29 % du volume de la marque en Europe et 11 % des citadines sur le Vieux-Continent. En bref, la première des Citroën. En parallèle, la marque a lancé sa grande offensive sur le marché indien avec une C3 conçue spécifiquement sur place, mais c’est encore en Europe que la citadine doit le plus conserver ses parts de marché. Dit autrement, Citroën se retrouve dans le même dilemme que Renault avec sa Clio : renouveler un modèle phare, à fort enjeu d’image, et pour lequel l’échec n’est pas permis.
Côté design, cette fois, chaque C3 a marqué son époque : la première avec son style signé Donato Coco mais lancé à la pleine époque où Jean-Pierre Poué réveillait la marque ; la deuxième pensée notamment par Matthias Hossann, passé depuis à la tête du style Peugeot ; la troisième issue de l’époque Alexandre Malval qui eut la lourde tâche d’imaginer le Citroën d’après l’aventure C4 Cactus ; et désormais cette quatrième génération, première pleine incarnation de l’équipe dirigée par Pierre Leclercq.
Ces éléments de contexte étant posés, vous pouvez aller soit écouter un podcast soit découvrir cette nouvelle C3, pardon, ë-C3 puisqu’elle est électrique.
L’ë-C3, le nouveau visage de Citroën
La première sensation de cette nouvelle C3 est visuelle : son design diffère profondément des autres modèles de la marque et renouvelle ses codes. Oubliez les phares en forme de chevrons pincés, mais aussi le logo puisque l’ë-C3 est la première Citroën à emporter le nouvel emblème ovoïde de la marque. Pour l’occasion, la signature lumineuse se compose de trois blocs de diodes, le tout étant directement inspiré par le concept-car All-ë / Oli dévoilé voilà seulement un an à l’automne 2022.


Avec cette face avant massive et ce long capot plat, la nouvelle C3 change donc radicalement de style, même si d’autres éléments viennent assurer une continuité avec la précédente itération notamment le pavillon biton, qui ne sera disponible qu’en blanc ou noir. Noir laqué, c’est aussi la couleur des poignées de portes et de nombre d’éléments de décor notamment le bandeau qui relie phares et feux, doté de stries en chevrons que l’on retrouve aussi dans les passages de roues et la prise d’air frontale… et sur le C5 Aircross depuis 2021.
Longue de 4,01 m sur 1,57 m de hauteur et 1,76 m de largeur, la C3 est plus volumineuse que sa matrice, la C3 Internationale proposée en Inde et au Brésil (3,81 m). Car, ne nous y méprenons pas : sous son style inédit, cette nouvelle C3 partage beaucoup avec son homonyme lancée en 2021 aux antipodes, notamment toute sa partie arrière.


Même savamment redessinée, la carrosserie partage bien le même volet de hayon, les vitrages ou encore un pavillon identiques, bien que les différences soient nombreuses et permettent de vraiment dissocier les deux modèles. Un sacré pari pour Citroën qui a repris la plateforme Smart Car, que l’on retrouve aussi sur le C3 Aircross II présenté en Inde.
Smart Car ou Citroën intelligente ?
Cette nouvelle base technique, version simplifiée de la CMP des Citroën C4 ou DS 3, sera bientôt partagée avec Fiat et permet de baisser les coûts et de garantir des tarifs plus accessibles notamment pour les versions électriques. Résultat, un tarif canon pour l’ë-C3 : 23 300 euros « prix net », annonce Citroën, soit guère plus qu’une Dacia Spring (20 800 euros avant bonus, qui disparaîtra en 2024), produite en Chine alors que l’ë-C3 est assemblée, elle, en Europe en Slovaquie, à Trnava. Mieux, la marque annonce une version dès 19 900 euros en 2025 !
A ce prix, identique en France, Allemagne, Belgique, Pays-Bas, Autriche, Portugal et Pologne, il faut encore retrancher le bonus de 5000 euros voire 7 000 euros sous conditions de revenus, prévu au budget 2024. C’est donc un tour de force, puisque toutes les concurrentes dépassent allègrement les 30 000 euros. La recette pour y parvenir ?
- Un nouveau bloc électrique 83 kW ou 113 ch, différent du bloc Stellantis – Nidec des dernières Peugeot e-208, avec une vitesse maximale de 135 km/h (10 de mieux qu’une Spring)
- Une batterie 44 kWh à technologie LFP pour Lithium – Fer – Phosphate, moins coûteuse que les Lithium Ion et de plus faible taille que l’ë-C4 (54 kWh), mais similaire à une Fiat 500e (42 kWh, 313 km WLTP)
- Une autonomie de 320 km, supérieure à une Dacia Spring (230 km pour une batterie de seulement 30 kWh), mais quand même en retrait face à une « vieille » Renault Zoé (395 km)…
- …mais c’est sans compter la recharge 100 kW, deux fois supérieure aux 50 kW optionnels de la Zoé, qui permettent à l’ë-C3 de passer de 20 à 80 % de batterie en 26 minutes, de quoi envisager un usage également sur autoroute
- Le tout avec a priori 23 300 euros une fois le bonus déduit, voire 19 900 euros en version 200 km d’autonomie en 2025, qui en feront l’électrique européenne la plus accessible – le transfert de la Dacia Spring vers la Slovénie n’étant pas encore confirmé.
Et à bord, un habitacle 100 % nouveau !
Après le style et les chiffres techniques, l’autre surprise est l’intérieur. Citroën aurait pu reprendre celui de son alter-ego d’Inde et du Brésil, mais c’est un habitacle inédit qui est proposé avec un affichage simplifié. C’est ce que la marque appelle « C-Zen Lounge » et cela se remarque au petit volant et à la barre d’affichage face au conducteur qui abandonne les compteurs et les manomètres pour du 100 % digital, lisible au-dessus du volant.

Un petit volant, un affichage tête-haute au-dessus du volant, ça ne vous rappelle pas le Peugeot i-Cockpit ? En tout cas ce combiné est on ne peut plus simple et rappelle même, à sa façon, l’instrumentation des Renault Espace III et Twingo I.
Là encore, cette architecture horizontalisée était annoncée par le concept Oli/All-ë et s’accompagne d’une tablette centrale de 10,25 pouces, légèrement orientée vers le conducteur. Cette dernière embarque la nouvelle application e-Routes (via l’option Connect Plus) : déjà mise en place sur l’ë-C4, elle permet de planifier le trajet en électrique selon le trafic et les bornes de rechrage.
Pour le modèle d’entrée de gamme « You », la tablette est remplacée par un support de fixation de smartphone comme sur une Dacia Sandero, où l’application « My Citroën Play avec Smartphone Station » sera l’interface de la voiture pour la navigation, la téléphonie et la radio.

L’ensemble est tendu de tissu et semble chaleureux grâce à des médaillons de tissus clair (en tout cas pour le niveau supérieur « Max »). D’ailleurs, seules deux finitions sont prévues au lancement : You et Max, chacune équipée de suspensions à doubles butées hydrauliques progressives, une première pour la C3.
Seule la version Max aura droit à la banquette fractionnable 60/40 ainsi qu’à la teinte biton, tandis que seules 5 teintes sont prévues pour la carrosserie : Bleu Monte Carlo et Rouge Elixir présents sur les clichés officiels, mais aussi Gris Mercury, et les traditionnels Noir Perla Nera et Blanc Banquise.






« Quand même une vraie Citroën ? »
Sempiternelle crainte des Citroënistes, la C3 IV reste à sa façon une vraie Citroën, tant pour son originalité (suspensions, simplification de l’instrumentation), son positionnement (gamme restreinte, tarif électrique sous les 25 000 euros tout en étant produite en Europe) et ses aspects pratiques (310 litres de coffre, protections latérales, position de conduite surélevée de 10 cm par rapport à la concurrence).
Alors bien sûr, le style change une fois de plus : oubliez l’esprit C4 Cactus, bonjour à un design façon command car, où l’avant rappelle le Volvo XC40 et l’arrière le Jeep Avenger – des SUV compacts, mais c’est hélas la mode et les barres de toit ou la garde au-sol de 163 mm (135 mm sur l’ancienne C3) n’y sont pas pour étrangères.
Mais plus qu’un mini-SUV de ville, la C3 incarne le nouvel élan de Citroën : une offensive complète tant sur le fond de la gamme que sur la forme du style pour relancer la marque, la pérenniser au sein de Stellantis et, enfin, lui permettre d’incarner son statut de marque accessible sans être low cost si difficile à définir jusqu’à présent face à l’ogre Dacia. Avec ses prestations, l’ë-C3 apporte de premiers éléments de réponse. Rendez-vous au printemps 2024 pour savoir ce qu’il en est une fois au volant… et voir si cette quatrième génération de C3 est à la hauteur de ses aînées, écoulées à plus de 5,6 millions d’unités depuis 2002.
La Citroën ë-C3 en images :












