Le Nouvel Automobiliste
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Essai Mazda CX-30 Skyactiv-G 122ch : chaînon manquant

Venu de nulle-part, le CX-30 a été dévoilé par Mazda en mars dernier à la surprise générale. Ce nouveau et troisième SUV du constructeur d’Hiroshima s’intercale dans la gamme européenne entre le petit CX-3 et l’imposant CX-5. Mais c’est de la compacte Mazda3 qu’il tient ses gènes, entre son style mêlant dynamisme et élégance et sa base technique. En reprend-il toutefois les qualités routières et les défauts d’ordre pratique ? S’il a su créer la surprise lors de son reveal, la crée-t-il également une fois installé à l’intérieur ? 

Design Mazda CX-30 : joli(e) plastique

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Si une chose est sûre en regardant le Mazda CX-30, c’est son appartenance stylistique à la marque et son lien de parenté avec la Mazda3. On retrouve donc de nombreux traits caractéristiques communs, à commencer par la large calandre dont le contour chromé s’étend d’un phare à l’autre. L’argenté sied mieux, selon nous, que le noir brillant proposé sur la Mazda3 5 portes.

Toujours en comparaison avec la compacte, les phares, qui arborent un regard « méchant », encastrés sous des sourcils froncés de carrosserie, sont également plus élégants. Mazda a en effet opté pour une solution plus avenante que les lampes halogènes en guise de feux de jour, ceux-ci se présentant sur le CX-30 sous la forme de barres horizontales à la base du pare-chocs.

Comme sur sa petite sœur compacte, le nouveau SUV d’Hiroshima suit une ligne stylistique qui fonctionne. Dénommée Kodo, soit l’énergie en mouvement, elle parvient à un résultat très expressif sans agressivité. L’illustration la plus parlante est le profil de l’auto. Dépourvu d’arête latérale sur la carrosserie, il évoque pourtant le dynamisme, à travers les lumières et les ombres qui épousent les ondulations de la carrosserie. Presque artistique !

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Mais le CX-30 exprime aussi sa propre personnalité, notamment à travers l’abondance de plastique sur la carrosserie (bas de pare-chocs, contours des passages de roues, bas de caisse…) lui conférant une appartenance stylistique au cercle des SUV. Si elles nous semblaient trop proéminentes en photo, on les oublierait presque en quittant le monde de la 2D. 

En essayant d’imaginer le CX-30 sans ces ornements, l’affiliation avec les pseudo-franchisseurs ne serait pas évidente : la garde au sol n’est pas bien élevée et la hauteur limitée. Large, basse, le CX-30 a plus une allure de compacte surélevée que de 4×4. Il suffit de la mettre à côté des autres modèles de la gamme pour le constater, même sur le papier : 5 cm plus courte que la Mazda3 (446 pour la compacte contre 439,5 pour le CX-30), il est presque à équidistance du CX-3 (-13 cm) et du CX-5 (+16 cm). Mais il affiche la même hauteur que le petit SUV de la gamme à 5 mm près ! En résumé, le CX-30, c’est une Mazda3 10 cm plus haute !

Essai Mazda CX 30 LNA DUMOULIN CX 3
De gauche à droite : Mazda CX-3, Mazda CX-30, Mazda CX-5 (et Mazda 6)
Merci à Jérémie B pour la photo.

Partant de ce constat, et piqués par l’originalité du Mazda CX-30 plus grande qu’il n’y paraît, la curiosité de monter à bord n’en est que plus grande : avec une hauteur de SUV urbain et une longueur de compacte, est-il vraiment habitable ? 

Intérieur du Mazda CX-30 : recette éprouvée et approuvée

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À bord du CX-30, on est avant tout en terrain connu… et ce n’est pas pour nous déplaire. On retrouve le tableau de bord de la Mazda3, à l’exception du revêtement bleu ornant également les renforts de portes et l’accoudoir central. Nous ne sommes pas tout à fait convaincus du bon goût de la superposition bleu sur noir, mais elle a le mérite d’égayer un tableau de bord très noir. Celui-ci respire en tout cas la qualité et est flatteur tant à l’œil qu’au toucher.

Installé à bord, nous n’avons pas le sentiment d’être assis dans un SUV. La surface vitrée est réduite et on ne domine pas vraiment la route depuis les sièges situés finalement plutôt bas. Pour ceux qui aiment regarder les autres conducteurs de haut, c’est raté ; pour ceux qui cherchent une auto un peu plus habitable et plus pratique qu’une compacte traditionnelle sans renoncer à ses atouts, bingo !

En effet, l’espace à bord est un peu plus généreux que sur la compacte. Surtout à l’arrière, où l’on gagne 3 cm d’espace aux jambes. Mais la garde au toit est en revanche quasiment identique. L’impression d’espace est pourtant plus sensible : merci la vitre de custode arrière qui apporte un surcroit de luminosité ! 

Le coffre est suffisant au quotidien mais avec 422 litres (pour notre version avec le système audio Bose), les affaires de 4 personnes font vite virer le chargement en une partie de Tetris à 8 mains.  

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Le hayon électrique facilite quelque peu le chargement du coffre.

Pas de recette miracle pour ce SUV : avec des dimensions de compacte, il offre une habitabilité… de compacte ! Sa plus-value se limiterait donc à quelques centimètres d’espace supplémentaire par rapport aux berlines et à un look moins massif que la concurrence SUV ? Pas si vite…

Essai nouvelle Mazda CX-30 : petit moulin, grandes idées

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Skyactiv-G M-Hybrid : un fonctionnement silencieux et une touche électrique

Sur la route, le SUV japonais surprend par sa douceur. Surprend, car Mazda fait très souvent le choix de privilégier le dynamisme au détriment, dans une certaine mesure, du confort. Ici, le constat est vraiment différent de celui que nous dressions à l’issue de notre essai de la Mazda3. Les suspensions assurent un excellent travail sans verser dans la mollesse excessive, la direction est très douce et l’insonorisation parfaite. Résultat : 4 heures de route en continu sans avoir ressenti le besoin de faire la moindre pause.

En attendant l’essai du moteur Skyactiv-X de 180 ch, c’est le bloc essence Skyactiv-G de 122 ch que nous avons eu à l’essai. Un bloc déjà testé sur la Mazda3, mis cette fois-ci en boîte manuelle. Cette dernière donne pleinement satisfaction. Son étagement est assez long mais le maniement du levier de vitesse est idéal, précis, sans accroc et sans à-coups.

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Le Mazda CX-30 s’apprécie en balade à la campagne mais n’a pas de prétentions sportives.

Moteur atmosphérique, ce Skyactiv-G impose des montées en régime plus importantes que sur les moteurs turbocompressés auxquels nous nous sommes désormais habitués. Ce qui n’est pas un reproche, d’autant que le bruit et les vibrations sont réellement bien maîtrisés. Mais même en montant dans les tours, ce bloc n’a aucune prétention sportive. En d’autres mots, il fait le job correctement sans être jamais bien excitant.

Mais ce qu’on perd en plaisir, on le gagne à la pompe : notre consommation après 700 km s’est établie à seulement 5,9 litres aux 100 km ! Son petit secret bien caché est sa micro-hybridation, qui agit de manière d’autant plus imperceptible que l’insonorisation ne permet pas de se rendre compte quand le moteur a été coupé pour stocker de l’énergie, quand il est épaulé par la batterie 48V et quand il se remet en route en solo.

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Pour le savoir, il faut aller chercher le menu dédié, schématisant les flux d’énergie en temps réel.

Équipements Mazda CX-30 : savant SUV

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Non, nous n’essayons pas les véhicules que dans leur version la plus haut-de-gamme. La preuve, le CX-30 que nous avons à l’essai est en finition Sportline, version intermédiaire parmi les 5 au catalogue. Par rapport à la finition Style, cette version reçoit, comme l’indique son nom, des équipements dédiés au look sportif : jantes alliage 18 pouces, vitres surteintées et canules d’échappement plus larges.

Cette version Sportline ajoute d’autres raffinements supplémentaires, notamment la finition noire brillante de la calandre, la signature LED avant et arrière et les phares à LED adaptatifs. À l’intérieur, 12 haut-parleurs signés Bose se cachent çà et là, tandis que le chrome s’éparpille par petites touches. Le cadre de rétroviseur, quant à lui, disparaît tout simplement !

Ça vous paraît léger ? Nous devons donc préciser que la finition Style sur laquelle se base la Sportline affiche déjà une longue liste d’équipements. Et oui, encore une énumération interminable à rédiger, on en regretterait presque que les Mazda soient si bien équipées de série ! 

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Commençons par l’équipement qui nous a le plus marqués : la reconnaissance d’obstacles en marche arrière avec fonction freinage. Au cours de manœuvres dans des emplacements particulièrement exigus, le coup de frein surprend mais peut sauver le pare-chocs… Ce qui est valable pour l’arrière l’est aussi pour l’avant et, si vous êtes vraiment (vraiment) peu confiants, la caméra 360° vous permettra de contrôler votre environnement (même si le véhicule  s’en charge déjà…). Non content de freiner devant un buisson pendant votre demi-tour, le Mazda CX-30 freine aussi face à un piéton. Pas les mêmes enjeux, mais la même efficacité !

La conduite semi-autonome n’est pas au programme sur le CX-30, mais presque, le régulateur adaptatif avec fonction stop&go, et l’aide au maintien de trajectoire assistant déjà beaucoup le conducteur. Celui-ci est par ailleurs « surveillé » par le système d’alerte conducteur avec caméra. Pour les panneaux aussi, l’œil de Moscou veille au grain et le véhicule adapte sa vitesse en conséquence quand le limiteur de vitesse intelligent est activé.

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Le CX-30 pense aussi à toutes ces petites choses qui rendent la vie plus facile donc plus belle : gestion automatique des feux de route, rétroviseurs intérieurs ET extérieurs photochromatiques, ouverture et fermeture intelligente, hayon électrique… Il faut vraiment avoir passé une mauvaise journée pour réussir à s’énerver en montant à bord ! Et si c’est le cas, réchauffez-vous les mains et le cœur sur le volant chauffant, le mal passera. 

Ère du numérique oblige, parlons aussi des écrans. La tablette trônant au somment de la planche de bord, contrôlée par une molette et des boutons, mesure 8,8 pouces de diagonale et offre un joli dessin et une bonne lisibilité. Elle accueille Apple CarPlay et Android Auto. Le tableau de bord numérique de 7 pouces est complété par un affichage tête haute projeté, de série dès la version d’entrée de gamme, s’il vous plaît ! 

Prix Mazda CX-30 : trop poly(valente) pour être honnête ?

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Mazda CX-30 à partir de 26 500 €
Modèle essayé : Mazda CX-30 Sportline 2.0 Skyactiv-G M-Hybrid 122 ch BVM à 32 000 € incluant la peinture métallisée Soul Crystal Red à 900 €

Concurrence

SUV avec une certaine retenue, le Mazda CX-30 rencontre face à lui une concurrence variée parmi les ténors du segment des SUV compacts, plus ou moins baroudeurs, hybrides ou thermiques… Mais aussi des berlines compactes surélevées que la japonaise évoque furieusement. Osons également regarder quelques propositions du côté des constructeurs premium ! À noter, nous avons choisi des véhicules similaires en termes de taille, de motorisation (si possible) et d’équipements (ajustement via les options le cas échéant)

Du côté des SUV compacts…

  • Toyota C-HR Hybrid 122ch Graphic avec Pack Premium à 35 300 €
  • Skoda Karoq Style 1.0 TSi 116 ch BVM6 à 30 340 €
  • Peugeot 3008 Allure 1.2 PureTech 130 ch à 32 450 €
  • Jeep Compass Limited 1.4 Multiair 140 ch à 33 350 €

Du côté de berlines compactes surélevées…

  • Kia X-Ceed 1,0L essence T-GDi 120 ch ISG BVM6 Launch Edition à 29 490 € (en moins par rapport au CX-30 : reconnaissance des panneaux, détection de trafic arrière, alerte d’angle mort, système audio premium, hayon mains libres, disponibles sur finition Premium avec le moteur 140 ch ; en plus du CX-30 : sièges électriques et système de stationnement actif)
  • Ford Focus Active 1.0 EcoBoost à 27 900 € (incluant les options la mettant au niveau d’équipement du Mazda CX-30)

Chez les allemands…

  • Mercedes-Benz GLA 180 122 ch Sensation à partir de 34 250 €
  • BMW X1 Lounge sDrive 18i 140 ch à partir de 32 800 €

Sur un marché saturé en SUV, le Mazda CX-30 plaira à ceux qui ne sont pas spécialement mordus de SUV ou veulent en tout cas une voiture plus élégante et aérodynamique. Pouvant être perçue comme une berline compacte rehaussée, il est pétri de qualités dont font partie son confort, le soin apporté aux finitions, son niveau d’équipement, sa douceur de conduite et sa consommation raisonnable. Il trouve sa place dans la gamme Mazda entre les deux SUV déjà existants mais aussi auprès de la Mazda3 au compromis plus dynamique et aux aspects pratiques moindres. Et aussi sur le marché, entre les SUV classiques, les berlines surélevées et quelques SUV premium. Son rapport qualité / prix en fait une alternative crédible sur ces 3 segments ! Et si pour apprécier le CX-30 à sa juste valeur, il suffisait de ne pas le comparer ? Car oui, il est à la hauteur de la surprise qu’il a créée lors de sa présentation !

Textes et photos Thibaut Dumoulin pour Le Nouvel Automobiliste

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