Le Nouvel Automobiliste
Mazda MX-30 LNA Thibaut Dumoulin (51)

Essai Mazda MX-30 : le goût du RX

Mazda MX-30 LNA Thibaut Dumoulin (51)

Il y a quelques mois de cela, nous vous présentions un véhicule dévoilé à notre grande surprise par Mazda : le MX-30, premier véhicule tout électrique de la marque japonaise. Les connaisseurs savent que le constructeur d’Hiroshima ne fait jamais rien comme tout le monde et ce nouveau SUV ne déroge pas à la règle. Des portes antagonistes, des matériaux surprenants à l’intérieur et une autonomie annoncée bien inférieure à la norme et à la surenchère actuelle. Quel est dont ce drôle d’engin ? Quelles nouveautés apporte-t-il ? Est-il au niveau des modèles thermiques de la marque et à qui s’adresse-t-il ? Nous avions des tas de questions à son sujet, et nous avons désormais les réponses !

Mazda MX-30 : un coupésuvélectrique

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Chez Le Nouvel Automobiliste, nous essayons toujours d’être le plus factuel possible. Mais en découvrant un nouveau modèle, nos premières impressions sur son design sont forcément subjectives. Et dans le cas du Mazda MX-30, les photos officielles nous ont beaucoup trop intrigués pour décider si nous aimions ou pas. Alors que le design de la marque se fait de plus en plus fluide et élégant et affirme ses codes stylistiques (phares effilés, large calandre soulignée de chrome, flancs lisses aux ondulations sensuelles…), voilà que débarque un véhicule trapu, haut sur pattes, protégé de partout par des larges bandeaux noirs, aux phares ronds reliés par une mince calandre creusée, à la peinture tricolore et avec un toit qui semble avoir été prélevé sur un coupé et greffé sur un SUV compact !

Devant le MX-30 de verre et d’acier pourtant, ses proportions permettent déjà mieux d’apprécier sa silhouette et ses volumes. C’est assez bas (1,55 m, soit à peine plus que la nouvelle Citroën C4), compact (4,39 m), il semble bien campé sur ses roues malgré sa hauteur de caisse. S’il bouscule les codes établis sur le reste de la gamme, l’avant permet d’identifier immédiatement son appartenance à la marque Mazda. Au lieu d’intégrer les feux de jour dans le bloc optique, celui-ci est réduit au projecteur principal et orné d’une barrette métallique pour l’étirer visuellement. C’est donc en bas de pare-chocs qu’on retrouve la barre de LED.

A l’arrière, les feux sont là pour faire le spectacle. C’est sculptural, avec une partie cylindrique s’illuminant en cercle et hébergeant en son centre le petit clignotant. Cette partie est complétée par un autre élément tout en volume également, mais cette fois-ci à l’horizontale. En guise de sourcil, une sorte de crosse sur le hayon assure la continuité des arches de toit, grises sur notre modèle. Le sommet du toit, lui, est noir. Donc selon votre choix de peinture, vous aurez bien un véhicule tricolore (mais on peut également opter pour une peinture unique des carrosserie, toit et arches).

Tricolore, sans compter la bande décorative argentée sur le pilier C arborant l’inscription M A Z D A. Oui, on a gardé le meilleur pour la fin avec le profil. Clairement surélevé et agrémenté de larges protections, le MX-30 s’identifie immédiatement comme un SUV. Mais avec l’absence de poignée arrière, le toit très incliné et la surface vitrée réduite, il serait plus approprié de parler de SUV coupé. Pour contenir la longueur et permettre ce design de coupé, les ingénieurs Mazda ont greffé des portes arrière qui s’ouvrent à l’inverse des portes avant. Clin d’œil à la superbe Mazda RX-8, cette fantaisie n’est pas là que pour le style, mais aussi pour faciliter l’accès aux places arrière avec leur ouverture à 82°. Et impressionner les passants (si, on peut en témoigner !).

Alors, même si nous avons opté pour un véhicule d’un blanc métallisé moins sexy que le Soul Red Crystal qui nous fait systématiquement tomber amoureux quel que soit le modèle Mazda qui l’arbore, nous avons réussi à nous faire un jugement, et celui-ci est positif. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis paraît-il… Et à ce jeu là, Mazda montre que ses ingénieurs sont malins, en ne faisant jamais comme les autres et en utilisant leurs propres codes pour faire autre chose en les interprétant différemment. Un exemple parmi d’autre, les clignotants sont à LED, mais au lieu de faire un allumage progressif par défilement comme c’est la mode, Mazda a choisi de leur donner un allumage et une extinction à intensité progressive… comme sur les ampoules à halogènes ! C’est différent, efficace, évocateur, pour un rendu pas bling bling. Et cela traduit bien l’esprit du véhicule : sophistiqué, étudié, stylisé, mais avec une approche pleine de simplicité et un trait d’union évident entre passé et innovation.

A bord du Mazda MX-30 : gloire aux bouchons !

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Au fait, nous avons oublié de vous dire que l’année de lancement du MX-30 correspond au centième anniversaire de la marque. Un siècle d’existence, ça se fête, et pour marquer le coup et indiquer qu’on est prêt pour de nouvelles et longues années d’existence, quoi de mieux que de lancer un modèle symbolisant le renouveau, mais aussi riche de clins d’œil au passé ?

Pour faire ce lien, le Mazda MX-30 arbore dans l’habitacle du liège, sur le revers de la poignée de maintien de la porte et sur la console centrale (espace de rangement inférieur et couvercles des porte-gobelets). Pourquoi ? Tout simplement parce que Mazda a fait ses débuts industriels dans la fabrication de bouchons de liège ! Un constructeur auto qui créait des bouchons, ironique, non ?

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Bref, vous n’êtes pas là pour qu’on vous raconte des histoires mais pour qu’on vous parle de cet intérieur. Restons dans le liège et sur la console centrale. Celle-ci est flottante et surplombe un rangement ; c’est joli mais malheureusement assez peu pratique pour le conducteur qui ne voit pas les prises 220V et 12V et les ports USB qu’il abrite. A l’étage du dessus trônent le gros levier de vitesse qui se prend bien en main, la molette et les commandes du système multimédia (simple d’utilisation, hormis la recherche manuelle fastidieuse : utilisez plutôt les commandes vocales pour rechercher une destination dans le GPS !). Le plastique à cet endroit n’est pas des plus flatteurs mais on y prête finalement assez peu attention. Même remarque sur les plastiques en partie inférieure en général, un cran en dessous des autres productions de la marque mais toujours assemblés avec rigueur.

Avant de remonter, restons à ce niveau puisqu’on trouve également à cet endroit un écran tactile de 7 pouces qui sert à commander la climatisation. Et on va peu s’en servir, on vous explique pourquoi un peu plus loin. Comme sur les autres modèles Mazda, le tableau de bord est traité à l’horizontale, encore plus sur ce modèle qui renonce aux courbes délicates qu’on trouve par exemple sur son frère le CX-30 ou la compacte Mazda3. Une simplicité également de mise dans les compteurs, très classiques mais numériques et bien lisibles. Il en va de même pour l’écran principal, qui surplombe le tout, une position idéale pour une visibilité maximale.

Et ces portes antagonistes alors, sont-elles utiles ? Assurément ! Pour déposer des sacs, objets, voire des enfants pour ceux que cela concerne, cela est bien plus pratique qu’un véhicule 3 portes, et dans certaines circonstances plus qu’un véhicule 5 portes qui impose de contourner la porte arrière et de composer avec une ouverture réduite et son montant. Celle du Mazda MX-30 est généreuse mais malgré l’angle important et la taille réduite des ouvrants, il faut un minimum de place sur le côté pour ouvrir convenablement l’ouvrant arrière, autrement gêné par la porte avant (qu’il est impératif d’ouvrir avant, ce qui veut dire que les passagers arrière ne peuvent pas sortir sans que le passager avant ne les libère).

Nous avons lu par-ci par-là que les sièges arrière étaient étriqués. Pourtant, même lors de notre première rencontre avec le MX-30, nous n’avons pas eu ce ressenti. Enfin… sauf si on le compare à une berline compacte de la même longueur : une Seat Leon ou une Ford Focus sont autrement plus spacieuses. Pour un individu de taille moyenne (1,75 m voire un peu plus), l’espace est convenable, on dispose d’un petit accoudoir latéral ainsi que d’un autre central et il est possible via deux boutons dans le dossier du siège conducteur, d’avancer celui-ci pour gagner de l’espace aux jambes. Oui, le siège conducteur, mais pas le siège passager. On sent la bonne initiative que le constructeur a un peu eu la flemme de dupliquer pour les versions à volant à gauche… En tout cas, voyager à l’arrière n’est pas une punition, même si l’épaisseur du montant de porte arrière (le pilier central y est dissimulé) impose une vitre format hublot qui complète une custode encore plus petite. On est donc quand-même mieux à l’avant, avec des sièges accueillants et un accoudoir coulissant qui révèle un espace de rangement appréciable.

Au volant du Mazda MX-30 : l’énergie ou laine tout court ?

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Mettez votre petite laine (ou votre Damart, comme dirait ma grand-mère) parce qu’à moins d’avoir un point de recharge à domicile, vous allez faire attention à votre consommation d’énergie. Et celle-ci passe notamment par l’utilisation du chauffage… Batterie pleine, température extérieure d’environ 5°C, nous nous lançons sur l’A13 à 110 km/h quand nous remarquons que l’autonomie annoncée au départ vient de chuter brutalement de 30 km. Mettant d’abord en cause la vitesse, nous réalisons plus tard que c’est simplement le chauffage, pourtant à la puissance minimum, qui serait la cause de cette chute d’autonomie théorique.

Mais en réalité, l’ordinateur de bord joue juste les drama queens, l’autonomie ne diminuant pas aussi vite qu’annoncé (exemple : sur un trajet de 25 km, autonomie annoncée sans chauffage : 178 ; avec chauffage : 155 ; à l’arrivée : 152). Ouf ! Avec une consommation électrique de moins de 18 kWh, les 200 km d’autonomie en cycle mixte sont respectés. Nous avons comme à notre habitude utilisé tous types de routes et alterné des phases dynamiques et des phases « éco-conduite »… en limitant toujours l’utilisation du chauffage. Mais pour notre confort, hors de question de s’en passer en plein hiver ! En parlant de confort, le MX-30 propose un bon compromis moelleux/dynamisme, en favorisant ce dernier point. On ressent donc la route sans que cela ne soit gênant, et même si l’arrière a tendance à rebondir, ce n’est pas aussi marqué que dans nombre d’autres SUV.

Le Mazda MX-30 ne dispose pas de mode éco à proprement parler, mais c’est tout comme, avec des palettes au volant permettent de sélectionner l’intensité du freinage régénératif et de l’accélération. En ville, on utilisera la palette de gauche pour aller sur D- ou D– et on pourra conduire quasiment à une seule pédale, avec un couple limité délivré progressivement comme sur une voiture thermique. La pédale de frein propose d’ailleurs une course réduite et un toucher dur, mais on s’y fait. De l’autre coté, en D+ ou D++, la puissance et le couple seront disponibles immédiatement et le véhicule entraîné par sa propre force cinétique, idéal sur les grands axes.

Ce dernier mode permet de profiter pleinement du dynamisme du MX-30. Son centre de gravité bas (surtout pour un SUV) et l’excellence de Mazda en matière de châssis donnent un véhicule équilibré et plaisant à mener. La direction aurait mérité d’être un poil plus directe pour les phases dynamiques mais donne satisfaction dans toutes les autres situations. Sur route mouillée, le train avant manque de grip, la motricité est mise à mal par l’arrivée immédiate du couple. Il faut donc avoir le pied léger au redémarrage. L’insonorisation est excellente, et quand on accélère franchement, le moteur électrique produit un petit bruit sympathique évoquant presque un thermique !

Pour la recharge, le Mazda MX-30 compense son autonomie assez faible par une recharge rapide en courant continu 50 kW. Ce n’est pas ce qui se fait de mieux sur le marché, mais cela permet tout de même d’envisager de longs trajets. Pour notre part, nous avons chargé sur une borne publique avec le câble de type 2. Une méthode d’une simplicité enfantine qui nous a permis de récupérer 80 km en 3h, puis 130 km en 3h30. Simplicité enfantine… tant qu’un idiot n’est pas garé avec sa voiture thermique sur une place au pied de la borne, c’est très simple, on passe sa carte Chargemap (20 €, pas d’abonnement) pour débloquer la prise, on se branche, on referme la trappe et y’a plus qu’à. La recharge sur prise domestique n’a en revanche pas fonctionné. On suspecte le compteur Linky de ne pas vouloir délivrer la charge à cause d’un abonnement inadapté.

Équipements du Mazda MX-30 : Jinba Ittai la route.

Mazda MX-30 LNA Thibaut Dumoulin (7)

En lisant entre les lignes le chapitre précédent, vous aurez compris que le Mazda MX-30 est une voiture orientée vers le plaisir du conducteur. C’est d’ailleurs la philosophie de la marque, appelée Jinba Ittai, qui signifie faire corps avec le véhicule. Donc malgré son modernisme, le MX-30 n’est pas une voiture autonome et ses technologies ont un rôle plus correctif que d’assistance pure. Ceci étant expliqué, on sera moins surpris du laxisme de l’aide au maintien dans la voie, qui s’est réveillée une seule et unique fois sur un axe rapide en faisant épouser d’elle-même la direction du véhicule à la trajectoire du virage.

En tout cas, comme à son habitude, Mazda est très généreux niveau équipements et ne propose aucune option hormis les teintes de carrosserie. Les principaux équipements de sécurité sont de série dès le premier niveau de finition, dont l’airbag genoux conducteur, l’aide au freinage intelligent, la surveillance des angles morts avec correction de trajectoire en cas de manœuvre dangereuse (efficace !), la reconnaissance d’obstacles mobiles en marche arrière (efficace également), l’alerte vigilance conducteur, le régulateur de vitesse adaptatif (convaincant bien qu’un peu mou)…

Outre cette version de base, Mazda propose ensuite deux finitions au même prix dont l’ambiance intérieure représente la plus grande différence : un joli intérieur clair pour la Modern Confidence, et notre Industrial vintage aux touches de faux cuir marron et utilisant 20% de matériaux recyclés. Ces deux versions ajoutent une version plus sophistiquée de l’alerte vigilance conducteur, faisant appel à une caméra qui analyse les signes du visage (mouvements des yeux par exemple) pour détecter un état de fatigue. La reconnaissance d’obstacles mobiles se fait aussi en marche avant, et on gagne une caméra à 360° bien pratique lors des manœuvres. Côté multimédia, on garde l’écran principal de 8,8 » (une dimension qui semble tellement petite aujourd’hui !) mais on récupère une sono Bose 12 haut-parleurs qui donne entière satisfaction !

Enfin côté confort, notre Mazda MX-30 Industrial Vintage assure d’excellentes prestations avec les sièges et le volant chauffants (ce dernier ne chauffe d’ailleurs que sur les côtés gauche et droit, un peu dommage), les réglages du siège conducteur électrique à mémoire, le joli rétroviseur sans cadre anti-éblouissement, les essuie-glace avant dégivrants ou encore le toit ouvrant, assez étroit mais offrant un surplus d’air et de luminosité. Enfin, outre un traitement différent de finitions, l’extérieur se distingue par des jantes de 18 » brillantes et les vitres arrière surteintées.

Prix Mazda MX-30 : Allo Mazda Bobo ?

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Mazda MX-30 à partir de 33 900 € (27 900 € bonus de 6 000 € déduit)
Modèle essayé : Mazda MX-30 e-Skyactiv Industrial Vintage à 39 400 € hors bonus incluant l’option Peinture métallisée 3 tons Ceramic à 1 600 €

Concurrence
Le Mazda MX-30 est le seul SUV compact électrique à portes arrière antagonistes du marché. Mais dans les mêmes dimensions, on trouve le Kia e-Niro, proposé à partir de 37 000 euros. Plus cher que la Mazda, mais avec un moteur de 204 ch et une batterie lui permettant d’atteindre 455 km d’autonomie. Plus puissante également avec 170 ch, la BMW i3 offre aussi un style particulier qu’elle facture au minimum 39 950 €. Berline compacte un peu plus traditionnelle quoi qu’inspirée des SUV, la nouvelle Citroën ë-C4 est disponible à partir de 35 600 € dans une version peu équipée et à plus de 37 000 € à équipement proche de celui du MX-30. Elle offre 350 km d’autonomie. Si vous tenez vraiment au SUV, la Hyundai Kona Electric 39 kWh (4,18 m de long) vous est proposé à partir de 35 100 € avec son moteur 136 ch et son autonomie de 345 km.
Le Mazda MX-30 est donc moins cher que ses concurrents, mais propose une autonomie plus faible. A ce niveau de prix/autonomie, il y a pourtant quelques rivaux qui viennent en confrontation directe avec notre japonaise : le MG ZS EV, bien plus classique mais au prix imbattable (dès 29 900 €) et avec un peu plus d’autonomie (263 km) ou enfin une autre nippone au design remarquable, la petite Honda e, à partir de 35 090 € et 220 km d’autonomie. Une voiture dont nous vous proposerons prochainement l’essai !


Bilan de l’essai Mazda MX-30

Même en rentrant dans la tendance, Mazda le fait avec anticonformisme. Le MX-30 est un mélange des genres unique en termes de carrosserie, son autonomie le cantonne au rang de seconde voiture du foyer ou le limite en tout cas dans son utilisation, il fait le lien entre l’histoire de la marque et l’innovation qui la fait progresser continuellement. Pour résoudre son « problème » d’autonomie, Mazda a encore pioché dans son passé : un prolongateur d’autonomie arrivera à moyen terme… sous la forme d’un petit moteur rotatif comme sur le coupé Cosmo ou la RX-8. Ce qui rendra presque rationnel l’achat du MX-30, un véhicule qu’on achètera pour l’instant plus par coup de cœur pour sa ligne, son ambiance, ses prestations dynamiques et son tarif raisonnable. Une fort belle interprétation du véhicule électrique !

Galerie Photos Mazda MX-30

Crédit photos : Thibaut Dumoulin / Le Nouvel Automobiliste

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