Nous avons pu la découvrir en amont du Mondial de Paris dans ses moindres détails, notamment aux côtés de la designer Paula Fabregat-Andreu qui nous a livré quelques secrets de sa conception.
R5 et R4, un duo comme Clio et Captur
Après une R5 E-Tech citadine et ultra compacte, place à une Renault 4 qui, malgré son chiffre inférieur, est positionné au-dessus en termes de volume. Les deux voitures, 100 % électriques et fabriquées dans le pôle ElectriCity dans le Nord (Douai pour la 5, Maubeuge pour la 4), partagent la même plateforme et le même habitacle, au point d’être le pendant à batterie du duo Clio – Captur.
Ce dédoublement, c’est l’opportunité pour Renault d’occuper le maximum de segments de marché et d’offrir plus de polyvalence et notamment d’espace à bord au rang 2. La marque le dit ainsi : « Alors que Renault 5 E-Tech electric vise une clientèle urbaine, Renault 4 E-Tech electric voit plus large et tend à faire basculer tous les publics, y compris les jeunes familles, vers l’électrique. » Et pour cela, répondre à encore plus de cas d’usage, notamment de loisirs et de weekend.
« La voiture blue-jean du XXIe siècle »
A la fin des années 1950, Renault a beaucoup analysé la société pour imaginer le projet 112, future Renault 5. Elle était d’abord appelée par son prix « projet 350 », en référence à l’objectif de 350 000 francs anciens, environ 9000 euros au début des fifties. Puis, Pierre Dreyfus le PDG a voulu qu’on lui dessine « un volume » plutôt qu’une carrosserie, preuve que la forme devait suivre la fonction et non l’imposer comme avant. Enfin, il la présenta comme « la voiture blue-jean », pour que chacun comprenne l’aspect polyvalent de la R4, utilitaire tout en étant démocratisée dans toutes les couches de la société.
Ce rappel historique pour dire que Renault espère que sa 4 E-Tech electric sera à la hauteur de son aïeule : spacieuse (4,14 m de long sur 1,80 m de large et 1,57 m de haut, et un empattement généreux de 2,62 m), à mi-chemin entre une Clio et un Captur, haut perchée (18,1 cm de garde au sol, 1,2 cm de plus que le Captur), pratique (capacité de remorquage de 750 kg, rare pour une électrique), avec un seuil de chargement abaissé à 607 mm pour charger les 420 litres de volume de coffre (à peine moins qu’un Captur).
Le design fait la plateforme
Conçue sur la même plateforme AmpR Small que la R5, la R4 bénéficie d’après Paula Fabregat-Andreu « de proportions idéales pour les deux voitures, avec des roues bien généreuses à chaque extrémité de la voiture, des porte-à-faux très courts et lignes de ceinture bien positionnées ». Cependant, à la question « existera-t-elle en thermique ou hybride ? », la réponse est non, « car nous on a une stratégie non pas de faire du multi-énergie mais de bien différencier les plateformes, car la plateforme électrique nous propose des facultés que l’on n’a pas sur une plateforme multi-technologie. »
C’est une différence de travail claire entre Renault et le chantre du multi-énergie, Stellantis dont les Peugeot e-2008 ou Citroën ë-C3 Aircross doivent s’accommoder sous une même carrosserie des contraintes techniques de toutes les motorisations. Ainsi, sur la R4, « à l’extérieur, on a des proportions qu’on ne pourrait pas du tout avoir avec une plateforme thermique ». Ces différences se retrouvent à bord où les équipes des deux groupes font face à des problématiques différentes. « On a aussi plus d’habitabilité à l’intérieur car on n’a pas de tunnel, beaucoup d’habitabilité et surtout un coffre assez dingue avec une capacité et un seuil de chargement impressionnant ».
« Une double découverte »
Présenté comme l’équivalent du duo Clio-Captur, les R5-R4 E-Tech jouent une partition urbaine pour la première, plus SUV pour la seconde. Pour autant, en dehors des barres de toit, la R4 garde tout de la voiture urbaine, comme… sa glorieuse aïeule. Pour Paula Fabregat-Andreu, « cette voiture offre une double découverte, j’adore penser qu’elle est fonctionnelle, familiale, urbaine, mais qu’elle est enveloppée et habillée dans des vêtements sophistiqués, hyper branchés. »
Derrière le pari du style, qui doit aider à justifier des tarifs élevés rendus aussi nécessaires par la technologie électrique, le pari de Renault pour sa gamme Iconique est d’avoir « des voitures qui sortent du lot, qui font tourner les têtes – et attendez de voir aussi la Twingo qui arrivera plus tard et qui fera parler ! », précise la designer.
La face avant, trait d’union entre passé et modernité
Sans surprise, la nouvelle R4 est plus grande que l’originale, mais elle reprend les grands traits de la 4L « qu’on n’a pas reproduit mais qui a des clins d’œil comme le contour des vitres », et comme la face avant « avec ce masque noir et les yeux ronds, qui caractérise le style de l’époque » d’après Paula Fabregat-Andreu, qui poursuit : » les yeux sont tronqués avec un regard plus malin et percutant, un contour lumineux et c’est la première Renault avec le logo illuminé ». A l’arrière, les feux verticaux sont réinterprétés librement.
Les pare-chocs et protections de la R4 sont réinterprétées et deviennent autant d’éléments de style : pour de l’animation de gamme à l’avant (des autocollants sont déjà prévus en accessoires, des versions de couleur pourraient apparaître plus tard dans la carrière de la R4), et pour donner de la personnalité sur le profil en latéral. « On a gardé ces trois lignes [qui évoquent les stries des protections de la 4 GTL] et c’est une belle réussite d’emboutissage accomplie par l’ingénierie, car ce n’est pas facile du tout d’arriver à ce type de travail dans la tôle. »
La troisième vitre de custode, un exploit !
De plus en plus nos voitures sont refermées, avec d’épais montants, pour des raisons tant de poids (le vitrage est plus lourd que la tôlerie) ou encore de résistance aux chocs. Pour la designer, « la troisième vitre vous paraît peut-être comme un petit détail, mais c’est un exploit ! On s’est bien battu tous ensemble pour y arriver car c’est un style qu’on ne fait plus aujourd’hui. Un journaliste nous a dit, ‘vous n’aviez pas pensé mettre un sticker à la place’, mais non, surtout pas ! ç’aurait été l’option facile mais il faut que la lumière rentre. »
« On est loin d’avoir fini avec la R4 ! »
Comme la R5, la R4 est appelée à connaître une vie série animée de nombreuses séries spéciales ou de partenariats, à l’image de la R5 Roland Garros. Son design a été pensé pour cela, à l’image des butoirs de pare-chocs (personnalisable en jaune / Bleu nuage, ou Argent/Cuivre). De l’aveu de Paula, « quand on lance la voiture, normalement j’ai fini mon job. Je peux vous dire qu’avec les R5 et R4, je suis loin d’avoir fini ! C’est un travail permanent avec Luca [de Meo], qui veut qu’on lui montre de nouvelles collections, plus de motifs… on travaille en permanence sur ces voitures ! »
Tout a d’ailleurs été préparé pour l’animation de gamme, à l’image du capot : les grilles et les découpes spécifiques, inspirées du modèle de 1961, permettront de tracer des teintes biton noir, qui incorporeront aussi un contour de vitre en aluminium satiné pour faire ressortir le toit.
Quand le design s’oppose à l’aérodynamisme
L’arrière de la R4 E-Tech est arrondi, encore un hommage au modèle d’origine, mais aussi une hérésie. En effet, pour réduire la trainée aéro, il faut des volumes anguleux des profils très carrés, qu’on retrouve d’ailleurs dans la découpe du dernier Master. « Nous, on voulait vraiment faire à l’opposée, on tenait à cet arrondi qui est très mauvais pour l’aéro donc, comme pour la R5, on a passé beaucoup de temps sur les spoilers, winglets, feux et même les butoirs sans oublier les jantes pour que l’air s’accrochent le moins possible. » Cela donne parfois des « équations impossibles à résoudre en plus du design, comme les jantes pour trouver la bonne mesure entre les fermer, pour l’aéro, et les laisser ouvertes, pour gagner en poids. »
A bord, une planche de bord partagée avec la Renault 5
Surprise, l’habitacle est commun avec la R5. Même usine, même plateforme, R4 et R5 partagent donc en plus leur intérieur, ce qui n’est pas grave en soi (souvenons-nous qu’ils s’agit d’un duo similaire à Clio/Captur). « On va jouer avec des tissus gris, et on intègre du blanc dans la planche de bord qui lui donne beaucoup de luminosité », explique Paula Fabregat-Andreu. Un grain spécifique a été imaginé, « Little Square », pour les habillages plastiques.
Pour les sièges, du denim mais plus neutre et discret que la R4, bleu saturé et intense, et mélangé avec des cuirs synthétiques bleus aussi. « C’est le tissu le plus intemporel qu’on puisse trouver », précise la designer, « avec un clin d’œil au jean avec des rivets et des surpiqûres de vêtements ! » Pratique, la R4 l’est aussi par son seuil de coffre (61 cm) et le siège passager avant qui se replie en tablette (de quoi imaginer une possible version utilitaire de cette R4 !) pour 2,20 m de longueur de chargement.
Notez au passage que sur les rivets cuivrés, un easter egg a été caché en référence à la première pub de la R4 : « Allez-y vous êtes en Renault 4 ! »
« A la première impression, la R4 est une voiture riche, élégante, chic et hyper branchée. Mais à l’utilisation, c’est surtout une voiture extrêmement pratique ».
Côté personnalisations, même recette que la R5 avec quatre autocollants (NumbR4, LoveR4, UnlimitedR4 et FloweR4) de deux couleurs différentes, Jaune/bleu nuage, et Argent/Cuivre. En mêlant couleur, toit en toile, barres de toit, stickers etc, les R4 seront rarement identiques. « Et c’est une voiture tellement rock & roll qu’on peut même faire un partenariat avec Hermès, ça marche ! », envisage la designer, « car R5 et R4, c’est des voitures qui permettent absolument tout, c’est ça qui est magique. »
De l’impression 3D enfin pour certains habillages entre les sièges : « I love my R4 » fera partie des messages possibles. Comme pour la R5, le sélecteur de mode « shifter » bénéficiera aussi d’un levier personnalisable, notamment « WT4 » comme le « WT5 », à commander sur internet et recevoir chez soi. Le porte-baguette est également de la partie.
La partition musicale est occupée par un hifi Harman Kardon 410 W (identique au Scénic E-Tech) à 9 hauts parleurs et 5 modes d’écoute (Studio, Podcast, Concert, Immersion, Club) conçus avec Jean-Michel Jarre.
2 motorisations annoncées, ChatGPT et des ADAS embarquées
Comme la R5, la Renault 4 se propose en 2 déclinaisons de moteur, plus compact que ceux des Mégane et Scénic produits à Douai :
- Comfort Range, avec un moteur synchrone à rotor bobiné de 150 ch (245 Nm) et batterie 52 kWh (jusqu’à 400 km d’autonomie) ; chargeur DC 100 kW.
- Urban Range, plus courte mais aussi moins chère, certainement lancée plus tard vers 2026, avec 120 ch (225 Nm) et batterie 40 kWh (plus de 300 km d’autonomie) ; chargeur DC 80 kW.
Avec moteur 150 ch, la vitesse maxi sera de 150 km/h avec des accélérations de 0 à 100 km/h en 8,5 secondes, et des reprises de 80 à 120 km/h en 7 secondes. La charge est bidirectionnelle comme sur la Renault 5. Et le poids reste contenu à 1410 kg, malgré la batterie, 100 kg de plus qu’une R5 E-Tech donc. Pas de chauffage mais une pompe à chaleur, comme toujours chez Renault.
Côté sécurité, la Renault 4 embarque (en option sur Evolution, en série sur Iconic) l’Extended Grip pour gagner en motricité notamment pour les modes Snow et All Terrain, qui adaptent le couple moteur en cas d’adhérence réduite d’après l’ESP. A la conduite, la R4 proposera aussi le mode « Une Pédale » dès le niveau 2 Techno avec freinage régénératif à 3 niveaux, activables depuis les palettes au volant.
L’électronique embarquée est, grâce à la commune des Scénic et Mégane, assez avancée pour du segment B : délégation de conduite de niveau 2, régulateur stop & go, centrage dans la voie, ou encore détection arrière avec correction de trajectoire. Les aides peuvent être activées ou désactivées avec un bouton à gauche du volant, « My Safety Switch ».
La Renault 4 embarque l’assistance virtuel « Reno », activable à la voie ‘Hey Reno’, il permet de programme une charge ou de répondre à 200 questions telles que la connexion du téléphone en bluetooth ou le changement d’une roue, ainsi que l’ouverture et la fermeture du toit en toile. Ce système intègre aussi ChatGPT pour répondre à de plus larges questions hors automobile.
Comme pour les dernières Renault, Google est embarqué pour le système mutimédia OpenR Link sur un écran 10,1 pouces (7 pouces pour le niveau Evolution), et la 4 E-Tech aura la primeur de la nouvelle application Radio France.
Une gamme iconique qui a son propre caractère
Comme la R5 qui cultive le 5, la R4… cultive le 4. « Les Iconiques ont une particularité, ils ne respectent pas les identifiants de la marque. Elles ont leur propre caractère qui n’a rien des autres Renault, on les traite individuellement, il n’y a donc pas de logo à l’arrière mais bien un logo 4. C’est un message fort ! ». Même démarche à bord avec le toit en toile, dont la R4 sera la seule (avec la Twingo pour encore quelques mois) à disposer.L’effet whaouh est espéré : « C’est surprenant quand on rentre dedans, j’adore ! », mais le toit sert aussi à rendre l’habitacle plus lumineux, alors qu’il est justement plus spacieux que dans une R5.
Sept couleurs sont prévues : après les teintes pop de la R5, voici venues les teintes « raffinées et sophistiquées » de la R4, avec 5 teintes dont le rouge carmin partagé avec le Kangoo fabriqué à Maubeuge, et « on intègre deux nouvelles couleurs, le cloud bleu et vert Haut-de-France. Le Vert, c’est un hommage au premier bleu Ile-de-France des R4. Il y a discussion en interne, c’est une couleur tellement riche et selon la lumière qu’elle perçoit avec beaucoup de paillette, certains le voient bleu, d’autre vert… On dit que c’est vert. »
Les 7 teintes seront les suivantes : Blanc glacier, Noir étoilé, Gris urbain, Rouge carmin, Brun terracotta, Bleu nuage et Vert Hauts-de-France.
Parmi les teintes biton, il y aura avec le seul toit en toile noire, mais aussi un biton intégral du capot jusqu’au spoiler de toit. Signalons l’arrivée d’un nouveau robot peinture « jetprint » chez Renault, pour accélérer la production des biton tout en réduisant la consommation de peinture. Plus de double passage ni de double cuisson de la carrosserie, et une finition au millimètre garantie.
Une gamme à trois niveaux
Comme pour toutes les Renault, la gamme sera en trois niveaux :
- Evolution, la plus essentielle, sans logo rétroéclairé ni jonc autour du masque de calandre, avec un montant B grainé et avec des enjoliveurs
- Techno, avec calandre monobloc d’1,45 m éclairée, et l’accès au toit en toile comme au biton, avec montant B en noir brillant, et jantes.
- Iconic, avec des jantes spécifiques et des autocollants en option, comme le biton et le toit en toile.
Le nom « Plein Sud », qui évoque le nom « Plein Air », aurait pu être un niveau de gamme mais se limite au nom de l’option du toit en toile. Ce dernier est seulement noir pour l’instant, « on a tellement d’animation de gamme prévue qu’on se garde quelques cartes, on verra plus tard si on anime le toit ou pas » précise la designer, qui parle de surprises prévues notamment pour faire évoluer la teinte biton.
Autre nom clin d’œil à l’histoire de la 4L, celui des enjoliveurs : « Jogging », disponible sur le niveau Evo. Pour le niveau Techno, ce seront les jantes « Sixties » et pour l’Iconic, « Parisienne », qui joue sur l’aspect multi-rayon des jantes anciennes. Paula explique : « on a joué sur les épaisseurs des rayons pour en faire une jante hyper contemporaine et costaud ».
Quid des tarifs pour la Renault 4 E-Tech ?
Lancée courant 2025, la Renault 4 E-Tech devrait se situer en tarif juste au-dessus d’une Renault 5, soit autour des 32 000 euros pour la version 110 kW / 150 ch, et 30 000 euros pour la version 90 kW / 120 ch, mais il faudra attendre l’an prochain tant pour connaître ses prix que sa date de lancement.
Galerie photos complète – Renault 4 E-Tech electric
Photos : Guillaume Agez – Le Nouvel Automobiliste