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Bonjour à tous les deux ! Qui êtes-vous ?
Ludovic Dupont : je suis expert produit sur Bigster.
Anne Billaud : je suis launching manager sur Bigster également.
Est-ce que vous pouvez nous expliquer vos métiers très exactement ?
LD : Je suis en charge de définir le cahier des charges du véhicule. Donc en termes d’équipements, de prestations et de motorisations.
AB : de mon côté, je suis en charge des opérations de lancement. Mon rôle est de coordonner les opérations marketing et commerciales autour du lancement. On travaille ensemble, avec Ludovic, sur la construction de la gamme.
Est ce que vous avez commencé à travailler sur la gamme et les prix du Bigster ?
LD : oui, et vous l’aurez compris, je travaille en amont et Anne plus en aval. Le premier travail a été de définir un cahier des charges et d’écouter les besoins des clients, d’autant qu’avec le Bigster, on vise de nouveaux clients.
Ce sont vraiment les fonctions “amont” que sont le design et le produit qui ont entamé le projet.
Et vous, Anne, à quel moment avez-vous “récupéré le bébé” ?
AB : je récupère le bébé en co-construction de la gamme, notamment quand on arrive dans une approche de coordination pour la déployer dans les différents pays de commercialisation. On s’occupe ensuite de coordonner le lancement, les prix…
Il faut combien de temps ?
LD, AB : On fait ça une grosse année avant le lancement de la voiture, en général.
Qu’est-ce qui vous a poussé à aller sur le segment C, avec le Bigster ?
LD : il y avait une volonté de faire grandir la marque. Pour ce faire, il fallait qu’on s’adresse au réservoir de clientèle le plus important. Or, le segment des C-SUV, c’est 3 millions de voitures.
Le C-SUV, c’est aussi ce qui correspond le plus à l’ADN de la marque. On a déjà fait nos preuves avec des voitures plutôt typées SUV, comme le Duster ou le Jogger. On a cette “caractéristique”, c’est l’un des identifiants de la marque.
C’est par ailleurs un type de carrosserie qui a toujours autant la côte.
Vous visez essentiellement le marché européen avec le Bigster ?
LD : Oui. Europe étendue, Dacia étant aussi présente dans les pays du Maghreb.
Pourquoi ne pas avoir proposé 7 places sur le Bigster ?
LD : c’est un choix “produit”. Le modèle 7 places, chez Dacia, c’est le Jogger.
Sur le Bigster, on va être davantage porté sur l’habitabilité, la place à bord. Vous noterez par exemple le grand volume du coffre. Il y avait également une problématique de poids. A motorisation équivalente, le Bigster est 10 à 15 % plus léger que ses rivaux du segment C. Tous ces éléments nous ont guidé dans notre choix.
Est-ce que l’absence de 7 places pourrait être perçue comme un manque ?
AB: je rejoins ce que dit Ludovic, c’est un choix, que nous assumons.
Le Bigster a été développé à un moment où les moteurs Diesel n’étaient plus en odeur de sainteté. Est-ce que ça a eu un impact sur le développement du véhicule ?
LD : non, ça n’a pas eu d’impact majeur. Nous avons fait le choix d’arrêter les Diesel en Europe il y a très longtemps, bien avant le Bigster. On a cherché à mettre l’accent sur nos nouvelles motorisations, dont l’hybride 155 ch dont nous sommes particulièrement fiers car très efficient.
AB : on a fait des choix et aujourd’hui on va proposer une gamme de motorisations électrifiées qui répondent à tous les types d’usages (full hybrid, mild hybrid…).
Quels sont les retours de vos clients, s’agissant de l’absence, aujourd’hui, de Diesel dans la gamme ? En considérant qu’un possesseur de Dacia garde généralement son véhicule 7 – 8 ans. Or, il y a 7 – 8 ans, il y avait encore des Diesel.
AB: Aujourd’hui, on arrive à leur proposer plusieurs solutions, qui les satisfont.
Le segment C étant très spécifique – et nouveau, pour Dacia – comment l’avez-vous appréhendé ? Vous avez regardé chez les concurrents ?
LD : on a travaillé à définir le cahier des charges, assez en amont. On a vu nos clients, mais dans le cas précis du Bigster, nous sommes surtout allés voir des clients potentiels, qui nous considéraient peu. On a fait 400 interviews en Allemagne, notamment.
On a fait réagir ces clients potentiels sur divers éléments : nouveaux équipements, design, montée en gamme… En fonction des retours, on a corrigé ou non ces éléments.
Nous avions par ailleurs en notre possession des études neutres sur les raisons d’achat d’un C-SUV : on connaissait donc déjà, en amont, les facteurs clés d’achat. Pour ne rien vous cacher, l’un des éléments était le design. Ensuite, venait le prix. Or, ce qui nous a conduit aussi beaucoup, c’est cette inflation budgétaire que l’on ressent particulièrement depuis le Covid.
Notre cible, c’étaient notamment les clients qui ont acheté leur véhicule avant le Covid et qui ont vu les prix des modèles augmenter de 20, 30 % sans que leurs salaires ne suivent.
C’est donc une combinaison de tout cela qu’on a essayé de faire avec le Bigster, en tachant de proposer la meilleure offre valeur – équipements possible sur le marché.
Quels ont été les résultats des tests cliniques ? Avez-vous fait certaines adaptations ?
LD : On a fait certaines adaptations, absolument. Je peux typiquement vous donner un exemple : le biton, que l’on a ajouté après les tests cliniques. Or, au départ, nous n’avions pas forcément perçu cet élément comme essentiel. Mais les clients en ont décidé autrement : eux trouvaient dommage qu’initialement, nous ne proposions pas de toit noir.
AB : les clients du segment C-SUV sont prêts à s’offrir des éléments qui font la différence, comme la peinture biton ou des grosses jantes. Nous nous sommes donc adaptés.
Est-ce que ça ne perturbera pas, finalement, votre stratégie initiale, avec des véhicules “tout prêts”, des délais de livraison assez courts qui pourraient donc être impactés par la configuration biton, typiquement ?
AB : on reste Dacia, en ne proposant que ce qui est essentiel sur le segment C-SUV. On va répondre aux mêmes attentes en termes de délais.
LD : ce qui nous a guidé c’est qu’effectivement, le segment C est différent. C’est pour ça qu’il y a beaucoup de nouveautés en termes d’équipements notamment. Mais il n’y a pas de superflu. Il y a des équipements que l’on a décidé de ne pas mettre car pas essentiels : sièges massants ou ventilés par exemple.
Si demain, des clients demandaient à avoir de tels équipements sur le Duster, qu’est-ce que vous feriez ?
LD : on verra ! Mais nous sommes certains que nous ne nous adressons pas aux mêmes clients. Avec le Bigster, on s’adresse à des nouveaux clients qui habituellement, ne venaient pas chez Dacia, alors qu’avec le Duster, même si nous faisons de la conquête bien sûr, on s’adresse à un réservoir de clients établi.
Avez-vous justement des objectifs de “captation” de nouveaux clients ?
LD : on ne communique pas ce genre d’informations. On est certain qu’on vendra beaucoup de Bigster mais je n’en dirai pas plus !
AB : on sait que c’est un marché où il y a de la place.
Sur les motorisations : il n’y pas vraiment d’offre avec boîte automatique. C’est pourtant courant sur le segment C. Pourquoi ?
LD : la boîte automatique est présente sur le cœur de gamme du Bigster : l’hybride 155 ch. On a souhaité mettre l’accent dessus. Il y aura peut-être des changements ensuite, mais pour l’instant, ça n’est pas prévu. La vie de la voiture est encore longue, cela dit !
Qu’est-ce que vous préférez sur ce Bigster ?
LD : ce dont je suis particulièrement fier, c’est le toit ouvrant. Ça offre énormément de luminosité intérieure. C’est un équipement qu’on a longtemps attendu chez Dacia !
AB : mon coup de coeur, c’est la finition Journey (haut de gamme) au global. Elle représente bien les essentiels de ce segment mais “à la Dacia” : une nouvelle teinte, un côté un peu statutaire…
Photos : Guillaume AGEZ
Propos recueillis par Guillaume AGEZ