Lorsque j’ai reçu l’invitation pour faire l’essai de la Mitsubishi Colt j’ai dû chercher loin dans mes souvenirs automobilistiques pour retrouver trace d’une Mitsubishi.
Me revoila en 2016, aéroport de Birmingham pour récupérer ma voiture de location.
L’agent de location me propose un Mitsubishi Shogun … je ne connais pas, je me dis que ça doit être une petite citadine. Tant qu’elle est à boite automatique le reste peu importe.
J’arrive sur le parking est là je me retrouve devant un Mitsubishi Pajero 7 places !
Le choc mais je n’avais pas trop le choix.
Que s’est-il passé depuis 2016 ? Pourquoi je n’ai plus entendu parler de la marque pourtant célèbre et avec des modèles aussi connus qu’efficaces.

Que sont devenus les Pajero, Lancer, Outlander et compagnie ?
Il faut savoir que la situation de Mitsubishi en Europe n’est pas celle de Mitsubishi dans le monde et surtout au Japon (patrie de la marque).
En Europe la concurrence faisant rage Mitsubishi est passé par plusieurs étapes dans sa transformation. La dernière en date avec d’intégrer l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi a été de travailler avec la Groupe PSA en lui vendant et en re badgeant la MieV puis l’ASX et le Outlander.

Une usine commune a même été lancée à Kaluga en Russie. Point besoin de Vladimir cette fois ci pour que l’aventure ne périclite.
Les choix maladroits de PSA en termes de produit pour le marché Russe ont fait que l’usine envisagée pour faire 150 000 véhicules par an n’a jamais atteint sa capacité de production maximum.
Les crises successives du marché Russe entre 2010 et 2014 n’ont jamais permis d’atteindre la pleine cadence. L’usine a été mise en hibernation en 2015 et ce n’est qu’en 2018 que PSA réinvesti dans l’usine pour lancer de nouveaux modèles (les Peugeot Expert, Traveller et leurs pendants Citroën)
Les modèles sont lancés en 2021 mais l’invasion de l’Ukraine par le camarade Vladimir cette fois ci viendra couper net le nouvel élan de l’usine en avril 2022.
Pendant ce temps-là Mitsubishi ayant intégré l’Alliance RNM (ndlr : Renault Nissan Mitsubishi), et devant la situation critique de la Marque en Europe entre mi 2020 et mi 2021 il a été question d’arrêter la marque.
Mi 2021, Mitsubishi vivra en Europe, à travers des modèles ciblés et issus de l’Alliance !
Afin d’étoffer la gamme et de proposer des produits sur le segment porteur en Europe, l’Alliance décide de s’attaquer au segment B suivant 2 axes.
Le B SUV et le B. Dans un premier temps c’est l’ASX, en mars 2023 (et essayé ici), qui vient renforcer la gamme qui ne comptait plus le la vieillissante citadine Space Star et la décalé Eclipse Cross PHEV dans le segment des SUV. Viendra courant 2024 le remplacement de l’iconique Outlander en version PHEV

Le choix du segment B s’explique par le fait que les véhicules actuellement au catalogue représentent des extrêmes en termes de positionnement mais aussi que le segment B bien que très concurrentiel reste dynamique en Europe.
L’équation de lancer des modèles rebadgés de l’Alliance et en l’occurrence de Renault n’a pas été simple à résoudre car comment ne pas cannibaliser les modèles de la maison mère tout en tenant des ambitions de ventes de 20 000 à 30 000 véhicules par an dont 2500 à 3000 en France.
La réponse de Mitsubishi Motor Europe est de proposer une gamme simplifiée et des tarifs très légèrement inférieurs à ceux des sœurs jumelles de la firme au Losange.
Une attention particulière va être apportée aux clients B2B (flottes entreprises) avec la toute jeune société Mobilize (ex Renault Banque) avec une offre complète, encore pour attirer les entreprises.
Présentation de la gamme Mitsubishi Colt
4 niveaux de finition sont proposés dont une version Business qui vient s’intercaler entre les finitions Invite, Intense et Instyle (version la plus haut de gamme).

Les tarifs de la Mitsubishi Colt s’échelonnent de 17 900 à 29 990€ pour la version haut de gamme Instyle avec le moteur 1.6 MPI HEV 143.
Le client aura la possibilité de choisir parmi 5 couleurs : Royal Blue, Sunrise Red, Volcanic Grey, Onyx Black et Artic White. C’est cette dernière couleur qui sera « offerte »
C’est bien moins que la gamme de la Clio 5 phase 2 dont elle est le clone mais cela permet de rester dans l’esprit de la gamme.
Avant de plonger dans l’essai de la Mitsubishi Colt à la conquête de Berlin Est et non pas de l’Ouest, il est intéressant de revenir sur l’histoire de ce succès story à la Japonaise.




Le clone actuel a une descendance dont l’histoire commence en 1978 avec la première version de la Colt. (Appelée aussi Mirage). Dans un contexte économique tendu, la Mitsubishi Colt de 1978 est la première version en traction avant pour le constructeur.

Pour les plus connaisseurs et les fans du film Wayne’s World (mega teuf !) reconnaitrons un peu de l’AMC Pacer déjà un début d’histoire avec Renault ?

La seconde génération est lancée en 1983, la troisième en 1987, la quatrième en 1991, la cinquième en 1995, la sixième en 2002 et s’arrêtera après une longue longévité en 2013.

C’est bien cette dernière version qui aura le droit à de nombreux dérivés comme la version 3 portes appelée CZ3, sportive CZT et surtout la version coupé cabriolet fabriquée par Pininfarina CZC.
Entre 1978 et l’arrêt de production en Europe c’est plus de 1,2 millions de Mitsubishi Colt qui ont été vendues en Europe.




Depuis 10 ans de disette avant de Mitsubishi ne revienne aux affaires.
Alors qu’est-ce qu’elle nous propose cette nouvelle Colt ?
Je vous invite à faire le jeu des 7 erreurs entre la Clio 5 phase 2 et la Colt.

Pas évident, quelques retouches sur la calandre à l’AV et intégration du logo Mitsubishi à l’AR avec une pièce plutôt disgracieuse pour cacher la caméra de recul qui est très bien intégrée dans le logo dans sa sœur jumelle.







Bien évidemment le logo sur l’AB et dans la télématique sont eux aussi changés mais à part ça il n’y a rien d’autre.

Pas de typage des suspensions pour faire de Mitsubishi, pas d’options spécifiques. Même pas de version GPL pour le moment. Ce que va proposer Mitsubishi c’est des accessoires tels qu’un attelage escamotable semi-automatique. Ces accessoires seront sans doute développés par Qstomize (Ex Renault Tech).
Mise à part ces écarts, il n’y a rien d’autre techniquement entre les 2 sœurs jumelles qui sont toutes les 2 fabriquées à Bursa en Turquie, qui ont été développées par les mêmes personnes au Technocentre à Guyancourt.
La principale différence et non des moindres porte sur la garantie. Elles de 5 ans et 100 00 kilomètres pour la Colt et 8 ans et 160 000 kilomètres pour la batterie quand la version au Losange n’offre que 2 ans avec un kilométrage illimité.
Avant de se lancer dans l’essai voici un récapitulatif des principales caractéristiques de cette New Colt.
- 3 motorisations :
- 1.0 MPI atmosphérique 65ch avec boite de vitesse manuelle à 5 rapports
- 1.0 MPI-T Turbo de 90ch avec boite de vitesse manuelle à 6 rapports
- 1.6 MPI HEV Hybride de 143ch boite automatique multi-mode à crabots (2 rapports électriques et 4 rapports thermiques)
- La capacité de la batterie est de 1,2kWh
Une promesse de pouvoir rouler en 80% en mode électrique en ville avec la version HEV.
4,2l / 100lkm et une autonomie annoncée de 900 kilomètres sur la version hybride.
Un coffre de 391l qui passe à 1069l avec les banquettes rabattues.
Une vingtaine d’aides à la conduite de disponibles suivant le niveau de finition car pas d’options de disponibles :
- Caméra vision 360°
- Régulateur de vitesse adaptatif
- Avertisseur d’angle mort
- Parking main libre
- Assistant maintien de voie
- Freinage d’urgence automatique
- …
A l’intérieur quoi de neuf ? Rien par rapport à la Clio, des matériaux bio sourcés avec le Multisense de disponible.






Le ciel de toit dans une couleur gris/noir du plus bel effet.

Un écran de 9,3 pouces avec réplication sans fil. Le système Bose en option. Le retour lors de l’essai est très bon avec une bonne filtration des basses et une netteté du son.
Les places arrières offrent un espace aux genoux dans la moyenne haute de la catégorie à 16,5cm.
Assez parlé, prenons place à bord de cette Colt pour partir à l’assaut de l’Ouest enfin de Berlin Est.
Une fois à bord nous partons pour un essai de 150 kilomètres dans la campagne autour de Berlin.
Ce qui m’a le plus marqué lors de ce roulage mixte sur autoroute puis sur routes départementales c’est la capacité d’absorption des défauts de la route.


En effet je suis habitué à mon véhicule personnel qui possède des suspensions pilotées qui filtrent efficacement les défauts de la route c’est le retour aux suspensions dites « classiques ». La Colt est terriblement efficace sur cette partie.
Lors de cette première partie de l’essai nous avons consommé 4,4l / 100 et 5,2kWh en mode électrique. Proche de ce qui a été annoncé par le constructeur.
Arrivée au bord de la Spree et n’ayant attiré aucun connaisseur du monde automobile et ceux malgré la couleur rouge flashy de notre modèle d’essai, cela montre bien la ressemble avec la Clio. Dommage !
Le lendemain nous avons mis la Mitsubishi Colt à l’épreuve de la ville, roulage dans la ville de Berlin en passant par des lieux chargés d’histoire, je vous laisse profiter de la galerie de photos.












Que retenir de ce roulage : la consommation 5l au 100/km pour une moyenne de 18km/h et une distance de 41km. L’écart annoncé avec le cycle constructeur n’est pas plus important qu’un autre véhicule.
Alors est ce que cette nouvelle Colt a conquit l’Ouest à défaut d’avoir été essayée à l’Est ?
Sans aucun doute oui quand l’on sait que depuis son lancement dans les années 90 sa sœur par filiation a été vendue à plus de 16 millions d’exemplaires dans le monde. Il n’y a pas de raison qu’elle n’y arrive pas surtout que la logique de placement dans le marché et les volumes prévus.
En conclusion on peut dire qu’elle a tout de sa grande sœur 😊
(Retrouvez l’essai de la Clio 5 phase 2 réalisé par Olivier)






Photos : Le Nouvel Automobiliste / Mitsubishi Motors
