Francois MortierDécouvrir comment la Berlinette moderne vient au monde
Sous cette tente étaient réunis, atelier par atelier, chaque corps de métier et chaque étape majeure de la construction d’une A110. Une vraie rencontre entre curieux côté visiteurs et spécialistes côté animateurs, opérateurs à l’usine de l’Avenue de Bréauté en temps normal ! Des passionnés de toutes les générations, des apprentis aux cadres les plus confirmés, qui offraient l’opportunité de découvrir l’envers du décor.
Plusieurs étapes étaient donc représentées. A commencer par la tôlerie présentant le collage et rivetage de la carrosserie entièrement en aluminium. Une première dans l’histoire de Dieppe, rompue jusqu’alors aux carrosseries acier des Clio V6 ou à la fibre de verre des Alpine historiques… mais que les opérateurs avaient appréhendé lors du court moment de production des Bolloré Bluecar, dont les panneaux d’aluminium provenaient du même fournisseur que l’A110, Cecomp en Italie.
Après cataphorèse à Sandouville, à raison de 4 camions de 6 caisses par jour, les A110 reviennent à Dieppe pour la peinture.
Vivent les couleurs !
Là, l’expérience devient davantage immersive. Munis d’un casque de réalité virtuelle, petits et grands pouvaient se lancer dans ce métier complexe qu’est celui de peintre. La carrosserie est parée de bleu, puis deux autres couleurs s’ajoutent dans un aspect pédagogique et ludique : vert s’il n’y a pas assez d’épaisseur de peinture, ou rouge s’il y en a trop ! Au quotidien, les experts peinture d’Alpine réunis en deux brigades, l’une le matin pour les teintes récurrentes comme le célèbre Bleu Alpine au vernis bleu lui aussi, l’autre l’après-midi dédiée aux teintes Atelier Alpine, plus rares, jonglent entre 33 peintures au bout de leur pistolet.
Mieux, certains modèles bicolores tels que les éditions Jean Rédélé ou Tour de Corse 73 présentées en 2022 exigent plusieurs tours, avec création de la base de peinture d’abord, puis marouflage de certaines parties, et second tour pour ajouter les autres teintes. La dernière itération, San Remo 73, ajoute une complexité supplémentaire : le pavillon en fibre de carbone peinte en rouge, à la température de chauffage plus basse que le reste de la carrosserie aluminium ! Une somme d’expertises qui font de Dieppe l’usine de toute l’Alliance Renault Nissan à proposer le plus de diversité de peinture.
Galerie mécanique
Etape suivante : l’assemblage des composants mécaniques. Dans cet atelier étaient présentée à la vue de tous une boîte de vitesses double embrayage EDC ouverte, les différents jeux de jantes, l’assemblage des pièces, sans oublier l’arrivée d’imprimante 3D pour la création de certaines pièces sur-mesure.
Pour approvisionner les différents postes, les usines disposent d’AGV, des robots à guidage automatique nécessaires pour acheminer les diverses pièces via un tracé prédéfini, et ainsi réduire les déplacements en usine. Leur maîtrise était présentée par un apprenti ingénieur spécialisé dans les questions de sécurité et d’usine 4.0. Preuve que même un site historique comme Dieppe peut se convertir à l’avant-gardisme !
Découvrir la magie d’une usine
Loin de nous la paraphrase de la Ministre de l’Industrie, cependant cet espace éphémère était une initiative intelligente pour comprendre la vie derrière les murs de l’usine. Un atout aussi à l’heure où la Manufacture de Dieppe est régulièrement fermée pour cause de confidentialité liées à l’arrivée en production de futurs modèles. Ce petit atelier nous rappelle dans toute leur complexité les moyens financiers comme humains mis en œuvre pour la production d’automobiles sportives, bientôt déclinées en plusieurs carrosseries SUV ou compactes.
Sans oublier l’autre activité spécifique de Dieppe, la préparation des Clio de rallye pour les séries R2, R3 et R5, outre l’assemblage des A110 R-GT ensuite confiées aux soins de Signatech.
Terminons par quelques chiffres annoncés par Alpine : la Manufacture totalise 295 salariés recensés en juin 2022 à Dieppe, et continue de recruter constamment (le cap des 300 a été dépassé en 2023). Des hommes et des femmes répartis dans ces différents process qui permettent chaque jour de sortir de l’usine 23 Alpine A110, après un pic à 24 unités au lancement et un plus-bas à 7 modèles quotidiens juste avant le confinement de 2020.
Autant dire qu’entre la confirmation du futur Crossover GT qui donne de la visibilité à l’usine pour 10 ans, et la production actuelle quasi à maximum de capacité des A110, la Manufacture voit l’avenir avec optimisme après des années de doute. Comme une revanche tardive, qui donne le sourire !
La Manufacture Alpine Dieppe en quelques chiffres :
- 350 salariés, 20 % sont des femmes
- 30 apprentis et 22 recrutements en 2023
- 2 équipes/jour (2×8)
- > 500 combinaisons possibles sur une A110
- Cadence : 11 caisses / équipe / jour soit 22 voitures / jour
- Nombre de pièces par caisse en tôlerie : 300
- 194 kg : poids d’une caisse nue en alu collé – riveté d’A110
- Tôlerie mobilisant 55 personnes et 5 robots
- 33 teintes teintes au catalogue (11 de série, 22 d’Atelier Alpine)
- Peinture mobilisant 83 personnes, 15 robots et 4 couches (protection, apprêt, base, vernis)
- Montage : 65 personnes et 1 robot pour assembler 1030 pièces par véhicules
- Contrôle qualité : 2 h d’évaluation par modèle, 26 opérateurs pour 22 véhicules / jour qui parcourent 12 km en sortie de chaîne
- Compétition : 1 véhicule / jour, 200 véhicules par an ; 8 versions différentes de Clio Racing (R5, R4, R3, pour terre ou asphalte, RallyCross, et Cup)
- >500 000 véhicules produits depuis 1969
- Horizon 2025/26 : production du Crossover GT.
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Texte et photos : Nicolas P. & François M.
François Bouet
Eddy P
Paul H