Cerise, et maintenant orange ! Après la série spéciale Cherry Top et son toit couleur griotte, la Mazda MX-5 revient dans une livrée « clémentine bien mure » à l’occasion de ses 30 ans. Un anniversaire que nous devions célébrer une seconde fois, comme nous vous l’avions promis lors de notre essai hommage de la grand-mère NA. Tandis que les premières gelées font leur apparition, la recette vitaminée de notre orange sanguine nous donne-t-elle le pep’s dont nous avons besoin pour affronter la morosité des routes automnales ?
Essai Mazda MX-5 30ème anniversaire : tentatrice trentenaire
Avec une telle couleur, pas facile pour la Mazda MX-5 30th de faire l’unanimité dans une société devenue bien trop conformiste. Même chez Le Nouvel Automobiliste, notre bande de passionnés était partagée sur la teinte choisie lors de la présentation de cette série spéciale. Et puis en écoutant les commentaires de la famille, des amis… et de nombreux inconnus, on a fini par se faire à sa couleur osée et même à tomber sous le charme de cette bouille de magma luisant devant les façades grises.
La MX-5 ainsi apprêtée ne ressemble à rien d’autre, se repère entre 1 000 et revendique son caractère ludique et amusant. Ce n’est d’ailleurs ni plus ni moins qu’un gros jouet pour adulte… sous la forme d’une petite voiture : 3,92 m de long, soit la longueur d’une petite citadine, un minuscule 1,23 m de haut pour 1,74 m de large.
Outre sa peinture chaude comme la papaye, cette édition limitée affiche son exclusivité à travers un badge 30th numéroté sur l’aile arrière, devant le passage de roue. La nôtre, façon de parler malheureusement, porte le numéro 210 sur 3000. Les jantes noires de l’équipementier japonais Rayseng signent une autre particularité et leurs fins rayons en laissent apparaître une dernière, les étriers de freins Brembo. Ceux-ci se parent de la même peinture que la carrosserie, un sens du détail attendrissant.
Essai Mazda MX-5 3oth : exclusivité et intimité
L’espace a beau être compté dans le petit habitacle, la myriade d’autres détails de personnalisation a trouvé sa place sans difficulté, pour un résultat des plus heureux. Les contours orange des aérateurs, les surpiqûres sur le volant et l’alcantara qui habille la planche de bord apportent une touche à la fois sportive et joyeuse à cet intérieur sérieusement construit.
Et que dire des sièges Recaro ? Ils sont tout bonnement magnifiques, avec leur appuie-tête intégré et finis par des renforts en cuir à passepoil orange. L’assise et le dossier reçoivent quant à eux de l’alcantara, elle aussi surpiquée de fil orange. Le reste des matériaux est quelconque, mais bien assemblé. Sans être dépouillé comme la MX-5 NA de 1989, le tableau de bord est simple, avec un nombre de commandes réduit au minimum. Il n’y a guère que celles du système multimédia qui se font remarquer, à cause de leur positionnement derrière le levier de vitesse, un emplacement peu commode surtout pour la molette de réglage du son.
Nous allons maintenant tenter de répondre à la question : une Mazda MX-5 est-elle une voiture adaptée à un usage quotidien ? Eh bien disons que si vous vous contentez du minimum, oui. Car les rangements ne sont pas légion dans l’habitacle. Il n’y a pas de vide-poches dans les portes, pas de boîte à gants… Il faut donc se satisfaire de deux petits espaces de rangement situés entre les deux sièges et entre les deux dossiers des sièges. Ingéniosité appréciable, des porte-bouteilles occupent le seul espace « superflu » et peuvent être déplacés en bas de la console centrale grâce à un système de clips.
Il faut donc compter sur le coffre, qui est plus accueillant qu’il en a l’air. Et en parlant d’air, si vous en voulez, moins de 5 secondes suffisent pour en profiter en déverrouillant puis en rabattant le toit souple derrière soi. Et rien qu’avec ce geste, la magie a déjà opéré et fait tomber aux oubliettes les considérations pratiques.
Essai Mazda MX-5 30ème anniversaire : orange… sanguine !
Ça y est, on est à la meilleure place du monde. Comme au premier rang d’un grand huit, avec un sentiment d’être privilégié et une excitation non dissimulée. Du bout du doigt, nous mettons la machine à feu, qui grommelle gentiment. Cette voix grave nous ronronne dans les oreilles une mélodie qui augure un voyage ludique à souhait.
Et en parlant de s’amuser, côté volant et levier de vitesse on est à la fête : c’est direct, précis, efficace. On reprochera juste à la direction d’être un poil trop floue en point milieu. Mais rien de rédhibitoire. Sans doute par ce même souci de ne pas être trop brutale, la MX-5 offre un toucher de pédale de frein plutôt souple. Il n’empêche qu’on est bien en lien avec la voiture, bien calé dans une position idéale, on fait corps avec la bête et elle se laisse manier (magner aussi) sans résistance. Sauf sur un sol gras, où elle a tendance à vouloir nous faire le coup du chien qui court après sa queue.
Même question qu’avant, parce qu’on est quand-même bien emballés par les performances (184 ch, couple de 205 Nm à 4 000 trs/min, 0 à 100 km/h en 6,5 sec) : en veut-on vraiment tous les jours, sans modération ? OUI. D’autant que dans l’ensemble, la MX-5 se montre très confortable (une notion évidemment relative, tout de même). Les sièges sont ainsi assez fermes mais offrent un bon maintien tandis que les suspensions sont informatives mais clémentes avec les vertèbres. On déplore simplement l’absence de réglage lombaire, qui constituera la seule source « d’inconfort » pendant notre long trajet. Inconfort également dans les oreilles, si vous empruntez ne serait-ce qu’en partie l’autoroute. Les remous d’air se font entendre et leur bourdonnement persiste dans le creux des oreilles.
Mais au fond, on s’en fiche complètement. Les désagréments sont vite oubliés, voilés par les effets magiques du roadster. Tandis que nous longeons la Côte d’Opale à la recherche d’un endroit photogénique, nous sommes rejoints par des inconditionnels de la MX-5 (du groupe des « Mimixiens de la Côte d’Opale« ), au volant de leurs NC. Bonnet sur la tête, ils font fi du vent et des 5 petits degrés accompagnant la brise marine, pour profiter de la quintessence du roadster japonais sur les routes sinueuses que nous empruntons à la queue -leu-leu en convoi improvisé.
C’est ça, l’esprit Miata ! Une leçon de savoir-vivre qui nous poussera à rouler cheveux au vent par 2°C, dans la grisaille hivernale au milieu d’un trafic bien terne auquel nous faisons un grand pied de nez (ou plutôt un grand doigt d’honneur) avec notre barquette orange et notre mine resplendissante.
Vous avez l’esprit cartésien et voulez un argument factuel chiffré ? Alors parlons consommation. Malgré une puissance de 184 ch, la MX-5 sirote à peine 7 litres tous les 100 km, en conduite « normale » (c’est-à-dire en en n’hésitant pas à effectuer des dépassements virils de temps en temps). Avec, rappelons-le, des performances rendant indispensable l’utilisation de Labello si vous ne voulez pas vous éclater les lèvres à chaque accélération.
Équipements Mazda MX-5 30th : le plein de vitamines
Après une série Cherry Top avantageuse puis une jolie Aki Edition bleue à toit marron célébrant l’automne, cette série spéciale mise tout sur le physique à l’extérieur (peinture Racing Orange, jantes 17 Rays, badge numéroté, coques de rétro noires) et dans son habillage intérieur (sièges Recaro, tapis de sol exclusif, Alcantara sur la planche de bord et détails oranges dans l’habitacle).
Pour 3 300 € de plus que la finition haute Selection, la version 30ème anniversaire n’offre toutefois « rien de plus » que la version la plus exclusive au catalogue. Qu’ajouter de toute façon quand cette dernière accueille déjà toutes les technologies disponibles ? Notamment les aides à la conduite : les traditionnelles alerte de franchissement de ligne, signalisation d’arrêt d’urgence et aide au freinage d’urgence sont complétés par la surveillance des angles morts et reconnaissance active des obstacles en marche arrière.
L’agrément de conduite est assuré par l’aide au stationnement arrière, l’ouverture/fermeture intelligente (mais pas trop, car celle-ci condamne la voiture donc la trappe à carburant quand vous vous approchez un peu trop du coffre…embêtant quand on est justement à la station service !), le rétroviseur intérieur photochromatique, les sièges chauffants (indispensables pour décapoter tout au long de l’année !).
Les geeks que nous sommes devenus apprécient également l’interface multimédia (qui se commande depuis une molette, pour rappel, et MERCI MAZDA, une fois de plus, d’être anticonformiste et de ne pas faire du tout tactile parce que c’est la mode. Dans une voiture, le tactile, c’est naze !), offrant la connectivité moderne USB, Bluetooth, Apple CarPlay et Android Auto ainsi que la navigation. Les mélomanes seront quant à eux globalement comblés par la sono Bose avec ses fameux haut-parleurs dans les appuie-tête.
Pour justifier le surcoût de 3 300 € (bis), notons la présence du Pack Sport, qui inclut les sièges Recaro susmentionnés ainsi que la barre anti-rapprochement et les suspensions Billstein. Ce qui réduit l’écart puisque ce pack est en option à 1 800 € sur la finition Selection. 1 500 € de différence. Un bon prix pour l’exclusivité qui se récupérera facilement à la revente (mais cette voiture étant destinée aux VRAIS passionnés, nul doute que ce genre de spéculation ne devrait pas rentrer en ligne de compte avant de craquer pour l’un des 200 exemplaires français !)
Prix Mazda MX-5 30ème anniversaire : pour une trentaine…de milliers d’euros
Mazda MX-5 à partir de 25 900 €
Modèle essayé : Mazda MX-5 SkyActiv-G 184 ch 30th Edition Soft Top à 35 500 €
Disponible en RF (toit rigide rétractable) pour 38 000 €
Quelle que soit sa configuration, la Mazda MX-5 aura toujours un intérêt supérieur à n’importe quelle autre voiture de grande série. On ne fait pas que se déplacer à bord de ce modèle : on voyage, on pilote, on s’amuse, on ressent sensations et émotions. La série 30th, qu’on la voie comme un magnifique hommage ou le simple résultat d’une opération marketing pour faire parler du modèle n’est donc « qu’une » version plus exclusive visuellement. Car tout ce qui fait la Mazda MX-5 y est, du bruit à la position de conduite en passant par le toucher de route. Voiture de connaisseur passionné et pas forcément fortuné, elle vous offre votre entrée dans une communauté d’esthètes éclairés qui sauront apprécier l’exclusivité de cette version hommage… Si vous arrivez toutefois à en trouver une !
Pour (re)lire notre essai de la Mazda MX-5 NA de 1991, cliquez ici !
Galerie Photos Mazda MX-5 30è anniversaire
Textes et photos : Thibaut Dumoulin pour Le Nouvel Automobiliste