Cette fois, c’est Fabien et François qui ont fait le chemin jusqu’au Soleil Levant et pour ne rien faire comme tout le monde, nous sommes partis sur les routes au volant des deux modèles presqu’inconnus sur place : les Peugeot 308 et 408. Était-ce parce que nous avions le Mal du pays ? C’est tout l’inverse en réalité : quoi de plus normal que de parcourir le Japon au volant des Komainu de l’automobile ! Suivez le chemin !
Sommaire :
- Le Lion, gardien du temple
- On ne conduit que deux fois
- Immersion dans la circulation tokyoïte
- Tokyo-Kyoto : retour vers le passé
- De Kyoto à Nagoya, vers un circuit nommé Suzuka
- De Nagoya au Mont Fuji, de la modernité à l’éternité
- Fuji-San contemple ses Komainu
- Les subtilités de l’entretien automobile au Japon
- Peugeot 308 ou Peugeot 408, laquelle choisir ?
Le Lion, gardien du temple
Komainu : c’est le moment où, soit nous avons perdu la moitié des lecteurs, soit vous vous dites que le mot Komainu n’existe pas dans le dictionnaire. Ce qui est vrai, du moins pour sa version française, car au Japon, les Komainu sont une paire de statues qui garde l’entrée de chaque sanctuaire, temple ou principalement lieu de culte shintoïste. Ces deux fauves, semblables à des lions, sont presque identiques, comme une Peugeot 408 (lire notre essai ici) doit beaucoup à sa petite-sœur la Peugeot 308 (pour rappel, notre essai est ici).
Mais, dans les traditions asiatiques comme en automobile, le diable est dans les détails et ces deux gardiens sont bien différents : celui de gauche a la gueule fermée, c’est le Komainu un-gyô ; celui de droite a la gueule ouverte, c’est le Komainu a-gyô. Agio, n’y voyez aucune allusion aux tarifs – épicés – de nos deux montures, et ce malgré l’absence de taxe à l’importation pour les voitures occidentales au Japon.
Bouche ouverte, bouche fermée, et même regard acéré : l’analogie entre les Komainu et nos deux lionnes sur quatre-roues vous semble tirée par les pneus ? Au volant de leur i-Cockpit, vous allez découvrir qu’elles sont, elles aussi, les gardiennes de traditions ancestrales. Sans plus attendre, prenons la route !
On ne conduit que deux fois
Notre voyage débute en banlieue de Tokyo. La capitale du Japon, qui est aussi la plus grande ville du monde, est si vaste qu’il faut plus d’une heure depuis l’hypercentre pour parvenir en transports en commun jusqu’au quartier de Meguro, l’un des 23 arrondissements de Tokyo. Depuis 2020, Peugeot et Citroën y comptent un établissement avec showroom, garage et parking, l’une des 5 adresses du Lion dans la première couronne tokyoïte.
Sur ce marché, la présence de Peugeot est somme toute symbolique, comme pour la plupart des constructeurs étrangers sur place. Si Renault l’a dépassé en 2022, Peugeot a longtemps été la marque française la plus vendue au Japon, et les plus attentifs verront dans les rues quelques 208, 308 ou encore 508 de temps à autre. Lors de notre séjour, nous avons même croisé la route de cinq 408, un score surprenant pour un modèle qui vient à peine d’y être lancé.
Mais revenons à Tokyo. Nos deux montures du jour sont une 308 GT blanc Okénite ainsi qu’une 408 Allure Pack bleu Obsession, toutes deux en version Hybride 225 chevaux, nous offrant une cinquantaine de kilomètres d’autonomie électrique. A noter que les finitions diffèrent d’un pays à l’autres, notamment en terme de dotation en équipements. Nous nous sommes avant tout basé sur l’équivalent français.
Pourquoi deux voitures ? Parce que nous voyageons à plusieurs et que, comme dirait James Bond sur place, « You Only Drive Twice » ! Surtout, cela nous permet répondre à cette question que personne ne se pose : 308 ou 408, quelle est la meilleure pour les longs trajets ? Et le plus surprenant, c’est qu’il y a bien une réponse… en fin d’article.
Immersion dans la circulation tokyoïte
Une fois les voitures réceptionnées, le premier défi est de changer de repères ! L’i-Cockpit est à droite et l’on roule à gauche. Et si l’on prend vite ses marques, le plus complexe reste de se figurer le volume de nos modèles.
Les radars latéraux et de recul veillent au grain, et l’ergonomie de l’i-Cockpit avec ses compteurs en partie haute et l’interface tactile IVI légèrement orientée est idéale. Enfin, quand ça fonctionne car parfois, l’écran « IVI pas » et reste bloqué.
La douceur de fonctionnement permise par l’hybride et la transmission automatique EAT8 se conjugue à la conduite japonaise : ni klaxon ni appels de phares, des insertions dans les voies faciles car la priorité est à celui qui met son clignotant, sans oublier le toujours agréable « coup de warning » pour remercier ou être remercié lorsque vous laissez passer quelqu’un. A quand la délocalisation des cours de conduite dans l’Archipel ? Passons.
Autre curiosité nippone, le positionnement des feux : un premier mât est à l’intersection, et un rappel des feux se trouve de l’autre côté. Ainsi, vous pouvez toujours avoir le regard sur l’horizon pour savoir s’il est toujours temps ou non de passer !
Enfin, le conducteur français pourra être dépaysé au Japon par l’absence de ronds-points ! Oui, le Japon n’a quasi aucun carrefour giratoire, et l’on peut donc parfois pester sur la longueur des feux ou le nombre de stops… C’est que le réseau routier est contraint par la superficie limitée au sol. Et à Tokyo, certaines portions du périphérique donnent lieu à des échangeurs à plusieurs niveaux pour le moins impressionnants.
Le regard noir (que l’on dit Meguro, en japonais, comme l’arrondissement de la concession Peugeot) de nos deux Peugeot s’illumine à mesure que la nuit tombe sur Tokyo, et elle tombe tôt dès 16h en hiver : il est temps de quitter la modernité de Tokyo et de suivre comme cap le passé : direction Kyoto.
Tokyo – Kyoto : retour vers le passé
La paronomase des deux noms de ville ne vous aura pas échappé, et pour cause : avant Tokyo (capitale de l’Est), c’est à Kyoto que revenait ce rôle (capitale de l’Ouest). Et il n’y a pas que dans le rôle de commandement que les temps changent : dans les rues aussi.
Face à Tokyo la moderne, presqu’entièrement reconstruite après le tremblement de terre de 1923 et la Seconde guerre mondiale, Kyoto possède d’innombrables temples, vieux bâtiments et son ancienneté se remarque jusque dans la taille, souvent plus restreinte, de ses rues.
Fort heureusement, le rayon de braquage de nos 308 et 408, 11,2 mètres, permet de manœuvrer sans difficulté dans les rues même les plus petites. De quoi accéder aux parkings à étages où nous allons laisser se reposer nos deux lionnes le temps d’une nuit car, superficie oblige, c’est moins circuler que stationner qui est un défi à Kyoto !
Moins effréné qu’à Tokyo, le rythme de Kyoto permet de croiser des modèles inattendus dans les rues : Mercedes 280 SL Pagode, Fiat 500 Abarth, ou encore une Renault 5 !
Preuve que la ville n’est pas hors du temps, nous rencontrons aussi un Kangoo III, tout juste livré à son heureux propriétaire. En parlant d’automobiles modernes. C’est aussi l’occasion de visiter une concession Toyota, plus exactement Toyopet Kyoto, au nom identique à celui des premières Toyota d’export. Puis, il est temps de reprendre la route, direction le nord.
De Kyoto à Nagoya : vers un circuit nommé Suzuka
Une fois nos 308 et 408 sorties de leur parking à étage, nous affrontons les petites artères de Kyoto avant de retrouver le doux rythme de l’autoroute. Doux car la circulation est toujours agréable : personne ne vous colle, il n’y a presque pas d’embouteillages, l’allure parfois surprenante de certains (se faire dépasser à 100 km par un autocar puis un camion, ça surprend)…
Un voyage dont seuls les péages viennent couper le rythme : nous dépenserons plus en péages qu’en carburant, tant il y en a, sans compter les modalités de paiement. Certains obligent à avoir un pass et refusent tout paiement par carte ou liquide… Quant à la procédure de paiement en monnaie, elle peut parfois prendre près d’une minute. Il faut prendre son mal en patience !
Les autoroutes au Japon surprennent au premier abord : les limitations ne sont pas toujours explicites : voie de gauche (réservée aux véhicules lents et camions, jusqu’à 80 km/h), voie centrale (100 km/h maximal voire 120 km/h depuis peu), et lorsqu’il y en a une, voie de droite (pour dépasser). Les panneaux sont hélas rares et on a longtemps cru qu’il fallait rester sur la voie de gauche… alors que pour une fois, il fallait rester sur la voie centrale !
Heureusement, la qualité du bitume ou l’éclairage la nuit rendent la conduite sereine… mais le véritable éden, ce sont les aires d’autoroute ! Pourquoi ? Parce qu’elles sont propres, vastes, achalandées… et qu’à l’image des gares, des temples ou encore des lieux touristiques, les parkings et les stations sont dotées de tampons.
Oui, c’est une tradition au Japon que la calligraphie et l’impression et vous pouvez continuer votre chasse aux tampons aussi sur les routes. Tant pis pour la moyenne horaire, nous nous arrêtons régulièrement pour collecter quelques trophées et en profitons pour chasser les Tomica – les aires d’autoroute recèlent quelques vieux modèles, nous avons pu y glaner une Ferrari Enzo !
Sur le chemin, nous sortons pour saluer un lieu que chaque fan de F1 ou de GranTurismo ne peut que connaître : le circuit de Suzuka ! Au soir tombé, nous y entrons après une course de karting qui vient de s’y tenir, et notre 308 pose fièrement dans les tribunes en face de la ligne droite opposée !
D’ordinaire, ce sont les 9X8 d’Endurance qui arpentent ces contrées… avec une motorisation tout aussi hybride que les nôtres !
Au sortir de Suzuka, il est temps de refaire les pleins : l’essence est peu chère au Japon, quasiment à 1 euro le litre, et surtout le service est excellent. Pompiste à votre disposition pour manipuler le pistolet, béton des stations propre comme s’il venait d’être posé, et il n’y a guère que l’absence de boutique (ni souvenir, ni miniature !) qui apporte un bémol.
L’on découvre aussi les couleurs locales : rouge pour l’essence ordinaire, jaune pour le sans-plomb de qualité supérieure – obligatoire à nos modèles, et vert… pour le Gazole !
Tout l’inverse de la France, et parfois même l’inverse du Japon : près du Mont Fuji, nous devrons faire le plein d’essence rouge, faute de mieux… et « rouler au rouge » en essence, c’est inattendu ! La consommation est raisonnable : 6,1 l/100 km pour la 308 et 6,6 l/100 km pour la 408.
De Nagoya au Mont Fuji : de la modernité à l’éternité
Au cœur de Nagoya, quatrième ville du pays, les artères sont vastes et l’ambiance aussi moderne qu’à Tokyo. Rues au cordeau, grands bâtiments, façades lumineuses, il y a un esprit légèrement américain qui flotte dans l’air. Plus opulent aussi, avec autour de notre hôtel une Nissan GT-R, plusieurs concessions Maserati -le Trident semble connaître un beau succès sur place-, ainsi que de nombreuses Lexus LS et LC. Nos 308 GT et 408 ne déparent pas grâce à leur design agressif, qui leur donnent de la modernité.
Mais à Nagoya plus que partout au Japon, une marque domine : Toyota. Et sous toutes ses dimensions, filiales comprises, avec Lexus, Hino, ou encore Daihatsu, vous croisez bien moins de Nissan, Mitsubishi ou Mazda qu’ailleurs.
Et quitte à être dans le berceau industriel de Toyota, autant se rendre au Musée de l’automobile Toyota ! Appelé Nagakute, ce double complexe patrimonial présente d’un côté une collection d’un siècle de modèles marquants, et de l’autre l’engagement de la marque dans la transformation des sociétés ainsi qu’à travers ses publicités, catalogues, emblèmes et autres memorabilia.
Chose appréciable, ce n’est pas un musée uniquement dédié à Toyota : c’est une collection de l’histoire de l’industrie automobile, à l’image de l’Autostadt de Volkswagen, qui célèbre pour moitié des modèles japonais et pour moitié des modèles venus du monde entier, dont des Renault 5, Tesla Roadster ou Citroën DS 19 ! Autre surprise, branchées sur place, nos Peugeot hybrides n’ont curieusement pas réussi à se recharger…
Le mystère demeure quant à savoir si elles étaient en service ou en maintenance, ou si le problème se situait sur nos voitures. Notons aussi la rareté des bornes de recharge publiques au Japon, y compris dans les hôtels ou sur les aires d’autoroute, et nous n’avons pas pu tenter de nous brancher à un autre moment du parcours.
Nous reprenons la route, non sans avoir tenté d’immortaliser nos lionnes devant le musée, mais la sécurité des lieux n’était pas de cet avis. Nous longeons la côte pacifique et traversons les immenses zones industrielles des préfectures d’Aichi et de Shizuoka, qui relient Nagoya et Toyota-City à Hammamatsu.
C’est la Motor valley japonaise, avec partout les usines de Toyota, Suzuki ou encore Yamaha et Honda. Arrivés à proximité de la ville de Shizuoka, nous quittons le bord de mer et obliquons au nord-ouest vers la préfecture de Yamanashi où nous attend notre prochaine étape : Fuji-San.
Le Mont Fuji, en français, est l’emblème du Japon depuis qu’Hokusai l’a immortalisé avec sa célèbre Vague. Ses 3 776 mètres d’altitude en font le point culminant de l’Archipel, mais aussi de notre voyage avec de nouveau des paysages surprenants.
L’autoroute s’élève, puis se transforme en lacets de montagne, et nous voyons grandir les consommations de nos 308 et 408 hybrides, d’autant plus qu’elles sont lestées de leurs batteries vidées !
A la nuit tombée, les projecteurs LEDs de nos lionnes sont bien utiles pour se jouer des routes japonaises tortueuses, bien que souvent éclairées, et nous arrivons dans l’obscurité à notre ryokan. Le paysage est d’encre mais le matin s’annonce grandiose.
Fuji-San contemple ses Komainu
Prenons le temps d’un court interlude touristique : si vous voulez photographier le Mont-Fuji, il faut savoir deux choses. La première, c’est qu’il change d’allure quasi constamment.
Le nuage de brume tombé dans la nuit au niveau des habitations monte au petit matin jusqu’au sommet, avant de parfois y rester toute la journée plutôt que d’évaporer. C’est ainsi que le sommet du Mont peut demeurer invisible des jours entiers ! Le soir venu, la brume se condense et redescend tout autour alors que tombe le crépuscule.
L’autre point à savoir, c’est qu’il est difficile de le photographier sans un beau point de vue. Le mieux, c’est de vous poster au niveau d’un des cinq lacs qui sont autour de lui, le plus intéressant étant le Lac Kawaguchi. C’est là que nous avons posté nos Peugeot le matin, puis le soir, et que nous avons admiré cette montagne vénérée. Mais nous ne sommes pas restés immobiles pour autant.
A proximité immédiate de Kawaguchiko se trouvent plusieurs attractions pour les fans de transport : la gare, meilleur moyen pour approcher en train le Fuji-San, et qui préserve sur son parking une ancienne rame ; et enfin, la Fuji Melody Road située à quelques encablures. Kézako ?
C’est une route musicale, dont le bitume a été spécialement posé intégrant des fréquences qui, au contact des pneus et si l’on roule en respectant les limitations, fera résonner une mélodie dans l’habitacle !
Dans le cas de celle près de Fuji, il y en a même deux, une de chaque côté, d’une durée de 30 secondes environ. Elles vous permettent d’entendre le rythme de Fuji no Yama, une comptine bien connue des écoliers nippons ! Au total, le Japon compte une trentaine de routes musicales, réparties entre Hokkaido et Okinawa du nord au sud.
Dernière attraction de Kawaguchiko, son téléphérique pour accéder au mont Kachi Kachi situé non loin de la célèbre pagode Shureito. Et, au bord du lac, un petit sanctuaire Shinto dominé par un duo de Komainu. C’est là que nous avons pris le temps d’un cliché entre ces félins locaux et nos lionnes européennes en goguette !
Les alentours du Mont Fuji ne manquent pas d’autres activités. En matière automobile, nous avons pu croiser un SUV Nissan Rasheen, une autre Peugeot 408 en finition d’entrée de gamme, ou encore une Citroën C5 X ! Côté transports, un autobus Isuzu au pare-brise étrangement copié sur le Berliet PR 100 a suscité notre curiosité, avant de prendre la route cap au sud vers Hakone et Odarawa.
Là-bas, nous découvrons une originale WiLL Cypha ainsi que le Romance Train, avant de contempler le château d’Odawara. Le temps de déguster quelques brochettes et il est temps de repartir. Direction la capitale pour que nos deux Peugeot retrouvent leur bercail.
Les subtilités de l’entretien automobile au Japon
Revenons à nouveau sur les stations-service. Même si vous n’êtes pas essayeurs automobiles réguliers comme nous pouvons l’être, vous savez combien elles peuvent sales, défectueuses, mal équipées, mal pensées. Vous ne serez donc pas surpris qu’au Japon, c’est totalement l’inverse !
Les pompes de gonflage pour pneus fonctionnent toujours, les aspirateurs sont puissants et durent de longues minutes pour à peine quelques pièces, les pistolets de carburant sont toujours propres voire suspendus en l’air pour gagner de la superficie au sol ! Et laver sa voiture est accessible même si vous ne parlez pas japonais, grâce à un culte du dessin aussi approprié qu’original.
C’est aussi dans ces espaces, comme aux guérites de péages ou parmi les personnels qui balisent les chantiers, que vous trouverez le plus de personnes âgées encore au travail.
Que le Japon vieillisse n’est pas une découverte, mais que les Japonais continuent de travailler plutôt que de partir en retraite est aussi une particularité sociologique locale. L’Archipel détient le record du taux d’emploi des 55-64 ans dans l’OCDE, avec des seniors qui ne s’arrêtent parfois pas avant 70 ans.
Retrouver Tokyo, c’est renouer avec le béton, les embouteillages, et une forme de sérénité car, à nouveau, personne ne klaxonne ou ne vous bloque lorsque vous essayez de vous insérer. Le bonheur… à un détail près : la sociologie change.
Tokyo, est, malgré son exiguïté, peut-être la seule partie du Japon où l’on ne croise pas de Kei cars en quantité. Les taxis, berlines, SUV et autres minivans sont les maîtres de la rue Tokyoïte, alors que partout ailleurs, on ne croise que des Kei !
Revenons un instant à Fuji, mais aussi à Kyoto ou encore à Nagoya : les petits modèles y sont les rois. Leurs moteurs 660 cm3 et leur taille riquiqui de 3,40 m pour 1,48 m.
Comparativement, nos 308 et surtout 408 sont parfois presque trop grandes pour circuler dans certaines rues, sachant qu’au Japon l’optimisation de l’espace passe par la suppression des trottoirs. Pour autant, trouver une voiture endommagée au Japon tient du miracle : toutes sont en excellent état, pour ne pas dire flambant neuve.
Il en va de même pour les camions, bardés de chrome, parfois même de néons sous les bas-de-caisse ! Sensation garantie sur l’autoroute de nuit lorsque vous pensez doubler des bolides de Fast and Furious… et que vous découvrez de placides camions tunés d’origine Hino ou Isuzu !
De retour dans les faubourgs de Meguro, nous rendons nos Peugeot sans un pincement au cœur : avoir une voiture à Tokyo est, comme dans toute capitale, un sacerdoce. Il faut pouvoir la garer, se jouer d’une circulation dense… mais c’est tellement pratique pour transporter ses bagages et être libre ! Nous revoilà piétons avec nos valises, le temps de tirer un dernier bilan.
La Peugeot 308 pour le plaisir, la Peugeot 408 pour la raison
Le Japon est un pays paradoxal : ultra moderne, il présente encore de vieux téléphones analogiques ou des cabines à pièce dans le métro et dans les rues ; ultra propre, il y est difficile de jeter ses déchets et de comprendre le tri ; ultra poli, il n’en reste pas moins désarmant lorsque l’on est poussé dans le métro ou que l’on se trompe de place dans un escalator.
Ultra discipliné enfin, on l’a vécu sur des routes où nous n’avons jamais eu peur ou été malmenés, mais les autoroutes sont aussi le lieu où les limitations de vitesse semblent ne pas exister pour les Japonais !
Nos voitures sont le reflet de ces contradictions : elles ne cherchent pas la synthèse, et chacune choisit le In et le Yô, la version japonaise du Yin et du Yang inspiré de la philosophie chinoise.
- La 308 est la plus dynamique : plus légère de 80 kg, plus aérodynamique, à moteur égal de 225 ch elle consomme moins et offre un châssis plus incisif. Les enfilades de virage de montagne comme les petites ruelles de Kyoto lui vont à merveille. Tarif : 5 620 500 yens pour notre version, soit 35 000 euros. La 308 est disponible en 1,2 l PureTech dès 21 100 euros ou 3 398 000 yens !
- La Peugeot 408 joue une partition plus familiale : grand coffre de 471 litres (bien que grevé par les batteries), plus haut-perchée en position de conduite, elle est parfaite sur longue distance et avec les bagages, le tout au prix d’une consommation de 0,5 l supplémentaire aux 100 km. Tarif : 6 290 000 yens dans notre version, soit 39 000 euros. A noter que la 408 est disponible dès 26 600 euros (4 290 000 yens) en 1,2 l PureTech.
Mais s’il est une constante, c’est que les Peugeot sont rares au Japon et attirent, parfois, la curiosité. Plus souvent celles de Japonais friands de modèles occidentaux (un couple en Alfa Romeo Giulia notamment !). Mais nous aurons malgré tout compté une dizaine de 308 dont nombre de breaks SW, et 5 Peugeot 408 en quelques jours soit un joli score pour un modèle qui vient tout juste d’y être commercialisé.
Si les Japonais ne se ruent pas sur les productions étrangères, qui représentent moins de 3 % des ventes, ils savent ce qu’ils veulent trouver. Chez Peugeot, ce sont des modèles dynamiques au toucher de route, avec du style. En la matière, nos 308 et 408 sont comme les Komainu : gardiennes de la différence et de leur culture, d’un petit bout d’esprit français au bout du monde, dans un pays où certains conducteur et conductrices aiment à avoir leur propre allure.
Arigatō gozaimashita (merci !) à Peugeot France et Peugeot Japon ainsi qu’à M. Shota de la concession Peugeot Meguro pour avoir rendu possible ce roadtrip.
Photos : Fabien Legrand