Le Nouvel Automobiliste
Essai Skoda Superb Combi

Skoda Superb : la traction à vent

Conduire une voiture est une chose, tracter une remorque en est une autre. Mais tracter une remorque de 12 mètres à bord d’une Skoda Superb Combi 2.0 TDI 150 CR FAP DSG6 nous propulse dans un univers de conduite radicalement différent. Le calcul est simple, vous ne rêvez pas : 12 mètres, c’est la longueur d’un semi-remorque, ou d’un autocar ; mais c’est aussi la longueur d’un autobus avec une articulation lorsque l’on comptabilise la remorque et la voiture de traction. Autant vous dire que l’on ne fait pas les choses à moitié, mais à notre plus grande surprise le permis B autorise de conduire un tel engin sans devoir passer le permis BE consacré aux remorques de plus de 750 kg.

Avant de démarrer, on jette un coup d’œil dans les rétroviseurs et là, il n’y a rien de rassurant. Gloups, on voit à peine le bout de notre remorque. La longueur de notre charge semble immense et ne jamais s’arrêter. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, une remorque aussi longue n’est pas faite pour transporter un gigantesque sapin de Noël ou la plus grande saucisse du monde mais pour déplacer un planeur. Fort heureusement Skoda nous enlève une pression supplémentaire puisque les remorques sont vides, mais une fois au volant le poids de la charge se fait clairement sentir. La pédale d’accélérateur doit alors être abusivement enfoncée pour les démarrages et routes vallonnées afin de pouvoir tracter un tel poids total.

Les 150 chevaux de la Skoda répondent suffisamment à l’appel bien que les 340 Nm de couple soient tout de même limite. Une motorisation inférieure pourrait vite devenir un calvaire pour tracter ces 300 à 400 kilogrammes supplémentaires. Sur la route il est plus que conseillé de ne pas dépasser les 80 voir 90 km/h avec un peu d’expérience et de confiance afin de rouler sereinement. Cependant, en haussant le rythme sur des routes sinueuses on ne ressent que très peu de résistance au volant dans les virages mais la vigilance est de mise pour ne pas se faire surprendre dans une courbe plus serrée que l’on pourrait l’imaginer.

Les freinages doivent également être anticipés mais la conduite n’a finalement rien de complexe et les réflexes arrivent très vites. Il faut dire aussi que la remorque étant moins large que la voiture, celle-là suit facilement le véhicule et les difficultés pour tourner sont amoindries. On ne peine pas particulièrement à se placer dans les virages et les ronds ronds points de prime à bord impressionnants deviennent un jeu d’enfant. Attention cependant à ne pas se faire piéger puisqu’il est facile de s’habituer à cette conduite et on pourrait presque oublier que nous déplaçons tout de même un véhicule de plus de 16 mètres.

L’immense porte-à-faux n’est donc pas notre meilleur allié dans les villages où piétons, terres pleins centraux, barrières de sécurités et lampadaires peuvent vite devenir un cauchemar à éviter. Finalement il n’en sera rien lors de notre essai. Il en est de même pour les virages à 90 degrés nécessitant une anticipation certaine sous peine d’être sanctionné en devant manœuvrer.

En effet un demi-tour ou une marche arrière ne s’improvisent pas. Je dirais même que c’est avec ces exercices que tout se corse lorsque l’on doit vérifier ses deux rétroviseurs, idéalement une caméra de recul, et gérer ses mouvements au volant avec beaucoup de douceur et de légèreté. Un slalom en marche arrière nous en donne la preuve, il faut rester patient et mettre de côté toutes nos habitudes classiques de manœuvre : ici on place d’abord l’angle de la remorque en braquant dans le sens inverse de notre direction pour ensuite braquer dans l’autre sens en emmenant la voiture dans l’axe de la remorque et pouvoir effectuer un virage en marche arrière. Déroutant !

Pour cela, la caméra de recul nous aide beaucoup afin d’analyser précisément la rotation de la remorque sur l’attelage. Il reste cependant délicat ne pas trop faire pivoter la remorque qui, avec un porte à faux si grand, rend les choses compliquées. Rien ne nous empêche pour autant de réaliser ces manœuvres à la main en décrochant la charge de l’attelage. Sur le reste, il ne faut finalement pas se laisser impressionner par la taille : pas de douleur sur la route, tracter une telle remorque ne fera que vous faire remarquer par tous les automobilistes et piétons tout autant impressionnés que les conducteurs par ce transport colossal.

L’approche de ce type de conduite peut initialement effrayer mais, finalement, après quelques virages et manœuvres, on déplace une telle remorque avec beaucoup plus de sérénité. Rouler avec une remorque, et encore plus avec une charge aussi longue, reste en tout cas  une expérience particulièrement singulière qui nous a permis d’appréhender la conduite sous un autre angle. Prochaine étape ? Il nous serait difficile de refuser la prise en main d’un bus…

 Merci à l’association Touraine-Planeur pour l’accueil sur l’aérodrome de Tours

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