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Essai Smart Brabus 2016 : une pétillante citadine

Après les essais des Smart Fortwo et Smart Forfour, Smart a lancé le 8 juillet dernier les commandes de Smart Brabus, son niveau de finition haut de gamme. Parmi les 60 variantes disponibles du modèle phare de Smart, nous avons donc profité de cette nouvelle session de présentation pour voir ce que la Smart Brabus 2016 a dans le ventre avant qu’elle ne soit disponible à la vente et sur nos routes à l’automne prochain.

Brabus, mais qu’est-ce donc ?

Brabus est une entreprise allemande spécialisée dans la préparation automobile de voitures d’outre-Rhin, notamment Mercedes-Benz, Smart et Maybach. Devenu même constructeur à part entière, Brabus rebadge les modèles en optimisant au maximum leur potentiel sportif. C’est ainsi que naissent des Mercedes-Benz des classes G de 850 chevaux ou encore des Classe S de 600 et même 900 (!) chevaux. Il n’y a rien à dire, les Allemands ont définitivement une approche radicale de l’automobile… Et la puce de Hambach n’y échappe pas : la Smart a ses versions Brabus.

essai smart brabus 2016 1

Concrètement, qu’est-ce que cela change sur ma Smart ?

Rassurez-vous, nous n’avons pas affaire à une Smart Brabus de 450 chevaux. Non, la principale modification technique vient certes du moteur mais les 898 cm3 s’en tiennent à développer 170 Nm de couple avec 109 équidés pour un poids atteignant à peine la tonne. Ce nouveau moteur est uniquement accompagné d’une boîte de vitesses à double embrayage à 6 rapports Twinamic et d’une direction paramétrique avec assistance asservie à la vitesse. Enfin, les trains roulants sont préparés « maison » par Brabus, l’assiette est surbaissée de 10 mm, de la même façon l’ESP profite de réglages plus sportifs.

La suite des modifications est principalement esthétique. On retrouve le monogramme BRABUS sur la calandre mais aussi sur les coques de rétroviseur. Le spoiler avant est spécifique et est accompagné d’un diffuseur arrière gris mat ainsi que d’une jupe arrière au ton de la carrosserie. Des jantes bicolores en alliage BRABUS Monoblock IX 40,6 cm/43,2 cm (16 pouces/17 pouces) font également leur apparition avec une finition gris mat ornées du logo BRABUS en leur centre.

À l’intérieur, pas de surprise on retrouve le très agréable design de la Smart « classique » avec en supplément un intérieur très cossu. En effet, des garnitures BRABUS en similicuir/tissu noir habillent la planche de bord avec des surpiqûres grises. L’association de tissu avec le similicuir est par ailleurs très réussie et augmente encore plus le côté « haut de gamme » de l’univers intérieur. L’aspect sportif est également renforcé par de la microfibre Dinamica grise, un pédalier sport, un volant sport en cuir BRABUS, un levier de vitesse et un frein à main siglés BRABUS. Les finitions sont au niveau; la qualité perçue est sérieuse, parait de bonne facture et la vie à bord est très agréable. L’ergonomie est de plus très bien pensée, toutes les commandes sont placées de façon très intuitives et on ne cherche jamais un bouton mal positionné.

Du côté de l’infotainment, le niveau de qualité est également excellent. L’écran central accueille un système très épuré avec un menu simple et très efficace pour accéder aux réglages de la voiture, mais aussi à la navigation ou encore à la section audio. Le système de sonorisation JBL avec amplificateur DSP à 6 canaux est d’ailleurs une belle surprise par rapport à certains systèmes concurrents. Une option à 550 euros qui vaut le détour pour les amateurs de musique. Les 240 W dégagés par les 8 haut-parleurs et le caisson de basses offrent un son très clair qui n’assourdit pas nos oreilles d’un bruit grésillant, d’aigus saturés et de basses trop fortes. La contrepartie de cette option JBL est la baisse du volume du coffre, dont le caisson de basses occupe un peu de son volume déjà exigu. Celui-ci prévoit tout de même un rangement spécifique pour y stocker les arches de toit amovibles. Le volume stockable s’en voit ensuite quasiment réduit à néant. Il reste encore la boîte à gants et les bacs de portes si jamais vous tenez à loger quelque chose de menu…

Une dernière chose avant de partir sur la route et non des moindres : le volant. D’une taille peut-être un tout petit peu trop grande, son cuir lisse est d’une douceur sans nom et invite clairement au voyage. Seules les branches font assez « cheap » mais encore une fois l’aspect sportif est présent : on se croirait presque au volant d’une Ferrari car elles se voient garnies de boutons. C’est très réussi, mais que donnent réellement les Smart Fortwo et Forfour Brabus au volant ?

Essai Smart Fortwo Brabus

Partons à deux, partons heureux !

La Fortwo c’est une stricte deux places de 2,74 mètres, plus grande de 4,5 cm que sa version « classique ». Son petit 3 cylindres en ligne suralimenté propulse l’auto jusqu’à 165 km/h et réalise l’exercice du 0 à 100 km/h en 9,5 secondes. C’est donc 6 dixièmes plus lent que la précédente Smart Brabus mais avec un couple supérieur, une vitesse maximum supérieure, un volume de coffre supérieur… ainsi que des consommations et des rejets de CO2 inférieurs !

Les prestations annoncées sont aguicheuses, et il ne reste plus qu’à tourner la clé et parcourir quelques kilomètres en ville pour être toujours autant surpris par l’agilité de la voiture. Sa prise en main est très simple et rapide. À basse vitesse, le véhicule se montre particulièrement maniable et se faufile partout sans la moindre difficulté avec une direction très précise et rapide. Demi-tour et places de parking serrées ne sont qu’un simple jeu d’enfant grâce à l’impressionnant rayon de braquage de 6,95 mètres. Le moteur étant à l’arrière, les roues ont toute la place nécessaire pour tourner à droite ou à gauche sans être limitées par un organe mécanique. Il n’y a rien à dire, la Smart Fortwo Brabus est toujours le parfait allié en milieu urbain. On manque peut-être de visibilité à l’arrière, surtout avec la version cabriolet, mais le problème est très vite réglé en cas de marche arrière avec la caméra de recul.

On regrettera pourtant une perte de confort avec des suspensions raffermies et surtout des vibrations omniprésentes et dérangeantes à très faible vitesse ainsi qu’à l’arrêt. Le moteur est par ailleurs bruyant dans ces mêmes conditions, sans pour autant dégager un son toujours agréable à l’oreille. Son bruit, très sourd, en devient même parfois irritant. Il faut dire aussi qu’en version coupé ou cabrio, l’insonorisation du véhicule est perfectible.

Dès que l’on sort de la ville, la direction de la voiture se raffermit et la voiture s’en tire encore très bien. C’est loin d’être une routière, à l’évidence, mais elle ne souffre plus d’un cruel manque de puissance et elle n’a pas à rougir. Il ne semble pas insensé de s’aventurer hors des villes et c’est tant mieux. C’est aussi l’occasion d’accélérer un peu plus fort et de profiter cette fois-ci d’un échappement un peu plus enivrant. La voiture reste très vive et s’accommode parfaitement avec des sinueuses routes départementales. C’est ici que l’on se rend compte que le maintien des sièges n’est pas parfait en haussant le rythme. Mais la voiture est très vive et avale les virages rapidement. Pas d’inquiétude donc, l’essentiel est bien présent. La boite de vitesse est d’ailleurs réactive et s’en tire à merveille, y compris en jouant avec les palettes au volant. La conduite devient amusante et même si nous ne sommes pas à bord d’une voiture de course, c’est suffisamment dynamique pour être plaisant. Attention tout de même à ne pas trop se faire enivrer par la vitesse et se faire surprendre par les freins.

Tu m’as dit « sportive » ? Testons-la sur circuit.

Surprenant, mais oui nous avons pu poser ses Yokohama, en dimensions 185/50 R 16 H à l’avant et 205/40 R 17 H à l’arrière, sur l’asphalte du circuit de Aldenhoven en Allemagne. Deux ateliers sont au programme : un petit circuit très sinueux avec de nombreux enchainements de virages et un exercice de slalom chronométré.

La première activité nous emmène sur un circuit redessiné avec des plots pour le rendre encore plus petit et dynamique. Le premier tour de reconnaissance s’effectue derrière une voiture de sécurité avec un pilote professionnel dessinant un rythme soutenu et j’en profite donc pour déceler les pièges de la piste et les limites de la voiture. Cela n’a pas manqué, je pars en tête à queue à l’un des premiers virages serrés, là où un appui latéral prononcé déstabilise très vite la voiture. À ce moment là, on se rend compte que la performance du châssis peut tout de même vite se faire dépasser et c’est sur les pneus que l’on doit compter pour éviter des comportements hasardeux. On comprend en tout cas très vite que la voiture est joueuse et devient un gros jouet à 4 roues pour adulte. Joueuse oui, sportive pas trop. Les freins sont un peu justes pour ralentir la puce lors de rythmes soutenus mais c’est au final assez peu sur des vitesses élevées que l’on s’amuse à son volant.

Le châssis est tout juste assez incisif mais la voiture garde son agilité entre deux chicanes et de rapides enchainements. Le comportement est en tout cas très dynamique dès lors que l’on suit la bonne trajectoire pour ne pas déstabiliser la voiture. Dans le cas contraire, un survirage pourrait surprendre mais le véhicule est très amusant à conduire. Il n’est de plus pas difficile de dépasser les limites des pneumatiques pour jouer avec l’arrière train qui ne demande qu’à déraper.

Cependant, son réel terrain de jeu préféré reste à de plus basses vitesses. C’est ce que l’on a pu découvrir à l’occasion d’un slalom en marche avant puis en marche arrière terminant sur une manœuvre de créneau entre deux bottes de bailles peu espacées. La boite de vitesse en mode automatique, on démarre pied gauche sur le frein et pied droit à fond sur l’accélérateur. C’est le launch control « maison » qui se déclenche dès que l’on retire le frein. On a connu plus excitant mais cela permet à la voiture de démarrer comme une balle. Pas d’inquiétude ensuite pour le slalom, on peut aisément garder le pied à fond sur la pédale de droite pour que la voiture se faufile entre les plots avec une agilité déconcertante sans broncher une seule seconde. Il en est de même pour la marche arrière et le créneau dans le même sens qui ne procure pas la moindre goutte de sueur. Bluffant !

Essai Smart Forfour Brabus

La même chose en plus grand

Pas de surprise à bord de la Smart 4 places équipée des mêmes spécificités techniques de chez Brabus. Elle gagne également 3 centimètres de plus que sa version classique et peut atteindre 180 km/h grâce à un châssis plus long. Il faut aussi compter sur un très léger gain de confort et de poids avec un gabarit plus grand. L’autobahn allemande nous a tout de même permis d’atteindre 186 km/h sans trop de difficulté et sans trop de peur non plus. La stabilité à cette vitesse n’est pas idéale mais la voiture s’en sort très bien. En ville, « on prend les mêmes et on recommence » : l’auto est toujours tremblante à faible vitesse et le « start and stop » montre quelques faiblesses. Sans de réelles explications, le système ne s’enclenche pas à chaque arrêt. D’autres fois, le régime moteur oscille entre 1000 et 1500 tr/min pour finalement s’arrêter complètement comme on le souhaiterait sans ces désagréables hésitations.

Combien coûte-t-elle ?

Tout cela a tout de même un prix, et l’addition est salée. La Smart Fortwo Brabus débute à 19 350€. C’est 3 950€ plus cher que la version la plus haut de gamme de la Smart « classique ». La version cabrio affiche 3 300€ de plus tandis que la Smart Forfour Brabus annonce de son côté un prix d’appel à 20 250€… sans les options ! Il faudra donc par exemple compter 3 530€ de plus pour la fameuse option « Cuir tailor made » offrant des dizaines de couleurs et garnitures intérieurs au choix, 160€ pour l’horloge et compte-tours ou encore 3020€ pour une peinture « bodypanel tailor made » avec une peinture au choix ou une peinture spéciale pour la calandre +500€). La personnalisation a un coût non négligeable et la facture peut très vite monter.

Alors, à défaut d’une Smart Brabus, ne vaudrait-il pas mieux choisir une Mazda mx5 pour le même prix et bénéficier de beaucoup plus de sensations ? Oui, mais ce n’est pas une citadine. Alors plutôt une Renault Twingo GT pour bénéficier des mêmes atouts de conduite urbaine sans devoir percer un trou dans son portefeuille ? Oui mais on n’en connaît pas encore les tarifs et agréments intérieur. Alors pourquoi ne pas opter pour une Kia Picanto Sport beaucoup moins cher qui, malgré son âge et 24 chevaux de moins, performe aussi bien que la Smart Brabus et bénéficie sans doute du meilleur rapport plaisir/prix pour une citadine. Oui, mais elle est loin d’être aussi bien équipée, de bénéficier d’un intérieur aussi cossu et d’une boite de vitesse automatique. Et c’est bien là que la Smart Brabus tire son épingle du jeu. La recette secrète ? Un parfait mélange des atouts d’une citadine, d’un confort intérieur premium et d’aspirations sportives amusantes pour une telle voiture.

Crédit photos : Romuald Terranova pour Le Nouvel Automobiliste

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