Le Nouvel Automobiliste
Essai Kia Sorento 2015

ESSAI Kia Sorento 2015 : le résistant

Biarritz, ses falaises, ses plages, son temps capricieux… un cadre impressionnant pour découvrir une voiture qui en impose : le nouveau Kia Sorento qui, avec ses 4 m 78 de long, ses sept places, et son gros moteur diesel, apparaît comme un résistant des temps modernes. Néanmoins, Kia nous le promet, ce véhicule offre des prestations équivalentes à ses concurrents de gamme supérieure, pour un prix inférieur. Baliverne ou vérité ? Éléments de réponse.

Le petit poucet devenu gladiateur

Souvenez-vous, la fin des années 90, cette période où les voitures coréennes brillaient dans l’anonymat…que de chemin parcouru depuis ! Le groupe Kia-Hyundai est aujourd’hui le 5e mondial et, en 2014, Kia pris isolément a écoulé 2.907.757 voitures dans le monde. De quoi donner le sourire aux dirigeants coréens, d’autant que la firme a fait bonne figure sur l’ensemble de ses marchés, notamment en Europe avec 354.000 modèles vendus. Et si 33.500 Kia ont trouvé preneurs l’an passé, le constructeur compte bien passer chez nous le cap des 55.000 ventes d’ici 2018. D’abord parce qu’à cette échéance, l’ensemble de la gamme aura été renouvelé. Ensuite car la notoriété de la marque est amenée à augmenter : en 2014 en France, Kia affichait…24% de notoriété spontanée (données TNS).

C’est peu, mais en rapprochant ce chiffre aux 15% obtenus en 2010, on sent quand même la progression. La communication, notamment sur la garantie 7 ans, y est sans doute pour quelque-chose. A cela, nous pourrions ajouter un troisième argument : avec la prochaine Optima entre autres (annoncée par le concept-car Sportspace à Genève), prévue pour la fin de l’année, la gamme Kia profitera de véhicules haut de gamme, qui devraient aider à renforcer l’image de la marque. Mais nous pouvons aussi compter le nouveau Sorento, qui vise clairement les premiums allemands. Disponible au catalogue depuis 2002, ce modèle n’a jamais vraiment percé sur le marché français : 188 ventes en 2002, 12200 modèles en circulation à l’arrivée de la deuxième génération de la voiture arrivée en 2009…aujourd’hui, il y a un peu plus de 15.000 Sorento en France.

Essai Kia Sorento 2015

Cela étant, Frédéric Chouraqui, responsable marketing-produit, constate « qu’à chaque nouvelle génération, il y a un saut important en terme de ventes« . Mais il faut dire que le Sorento, dans le segment des « D-SUV » (comprenez au-dessus des SUV compacts type Qashqai, Kadjar, Tiguan ou Sportage pour rester chez Kia), fait figure de martien. Pour grossir le trait, il est au prix d’un BMW X3 mais fait la taille d’un X5, avance 7 places et propose une liste d’équipements « entre les deux ». Néanmoins, si les deux modèles bavarois jouissent d’une palette de motorisations et d’une gamme complètes, le Kia quant à lui n’est disponible qu’avec deux niveaux de finitions (très richement dotés) et un seul moteur, un 2.2 diesel de 204 ch. La gamme est simple : 43.900€ pour un Sorento finition Premium avec boîte de vitesse manuelle à 6 rapports, 45.900€ pour le modèle avec boîte auto, et enfin 49.900€ pour le Sorento Ultimate, directement accouplé à la boîte automatique (6 vitesses). Allez, trêve de blabla. Maintenant que le contexte est situé, nous allons enfin faire le tour de cette auto.

Gargantua se la joue beau gosse

4 mètres 78 de long, 1 m 89 de large et 1 m 68 de haut : à l’heure où il est de plus en plus difficile de trouver une place de parking, c’est quand même gros. Ça l’est sur le papier, mais aussi en vrai : pas de doute, le Sorento en impose vraiment. Ce qui ne l’empêche pas d’être beau : on est loin du design relativement carré de l’ancienne mouture. Le nouveau, même s’il reste charpenté, ajoute des courbes, et des détails plus soignés, comme la calandre « Tiger Nose » qui arbore ce que Kia appelle un « motif de losange tridimensionnel » du plus bel effet. Cette dernière prend place entre deux phares au dessin aussi très travaillé, et les grosses jantes (19 pouces sur nos modèles d’essai, tous deux en finition haut de gamme Ultimate), assoient bien la voiture de profil. Quant à l’arrière, il s’avère assez classique, peut-être un peu « mastoc » aussi à mon goût (disons qu’il apparaît plus vulgaire que la face avant), avec des feux qui m’ont rappelé ceux du Jeep Grand Cherokee, malgré une signature lumineuse bien différente et très réussie. C’est quand même pas mal d’autant que, grâce à une ligne de toit qui « chute » légèrement au niveau du becquet, pour ensuite remonter, le véhicule apparaît plus élancé qu’il ne l’est vraiment. Une astuce qui laisse présager une place accrue au troisième rang dans l’habitacle.

Esthétiquement, le Sorento 3e du nom est une belle réussite : avec sa ceinture de caisse rehaussée, ses épaules larges, son soin du détail, il rend bien. D’ailleurs, le design du nouveau Sorento a été récompensé par le prix allemand du Design « IF ». Voilà pour le tour du propriétaire : passons à l’habitacle.

Essai Kia Sorento 2015

Dans l’habitacle : « luxe, calme et volupté » ?

« Ah ouais, quand même » : je crois que c’est ce que je me suis dit quand j’ai ouvert la portière. Malgré tout le travail effectué ces dernières années, je garde encore l’image des voitures coréennes à l’intérieur insipide. Rahh, les préjugés ! Bon, ni une, ni deux, je m’assois : le volant est très beau, ni trop gros ni trop petit à première vue, agréable à prendre en main. On remarque les aérateurs en relief qui prennent place de part et d’autre de l’imposante planche de bord. Mais comme à l’extérieur, le design est relativement fin, et l’ergonomie semble simple : sous les aérateurs et l’écran de navigation (de 8 pouces sur le niveau Ultimate, 7 sur la finition Premium), on trouve les commandes de la climatisation, puis les réglages des sièges chauffants.

Acharné que je suis, je me mets à tâter l’ensemble des matériaux. Grosse claque : la finition est très propre, les assemblages ne souffrent pas la critique et le choix des matières est bon, d’autant que le matériau imitation cuir qui recouvre la planche de bord s’étend jusqu’au bas de la boîte à gant; fait assez rare. On retrouve ce matériau, agréable au toucher, sur les contre-portes, ainsi que du noir laqué. C’est très impressionnant quoi qu’il en soit : on en viendrait presque à être déçu que le matériau autour des aérateurs centraux et de l’écran tactile ne soit que du plastique, et pas du vrai alu brossé ! Dans cet univers, le dessin du levier de vitesse de la boîte automatique, assez grossier, avec un gros bouton déporté sur le côté pour changer la position, jure pas mal. Mais  la finition est de haut vol : on est pour moi au même niveau qu’un Renault Espace V par exemple, et vraiment à deux doigts des allemands.

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Véhicule familial oblige, et la grande taille du véhicule aidant, on a de la place à l’arrière, même au milieu puisque étonnement, il n’y a pas de tunnel de transmission (malgré les 4 roues motrices). Il faut GRIMPER pour accéder au troisième rang, mais une fois assis, grâce à l’assise creusées des strapontins, on y est pas si mal : seule ma tête touchait malgré mon mètre 83, et même avec le siège de devant reculé au maximum, je n’étais pas engoncé pour autant. Belle prouesse ! Mais dur dur d’en sortir, d’autant que le système à « crans » pour basculer/régler l’inclinaison des sièges de la deuxième rangée est difficile à l’usage, et demande de la poigne.

De même pour remettre les sièges en place après les avoir rabattus, et avoir profité des 1.662 litres du coffre disponibles dans cette configuration, il faut être costaud. En config’ normale, on est à 605 dm3. Avec les deux sièges de la troisième rangée en place, le Kia Sorento avance un tout petit 142 L. Mais avec une bonne idée : on peut ranger la plage arrière dans un bac situé sous le plancher. Cependant, à l’usage là encore, c’est une autre paire de manches : déjà, compte-tenu de la grande capacité du coffre en configuration 5 places, il faut aller la chercher et là encore, avoir de la poigne pour la décrocher, et la mettre dans le rangement prévu. Bon, malgré ses quelques défauts, le Kia Sorento présente et reçoit très bien. On regrettera quand même que peu de rangements soient disponibles dans l’habitacle, et que la contenance de la boîte à gant ne soit pas folichonne.

Bidean !

Ça veut dire « en route » en basque (ou sinon c’est de la faute du traducteur). Alors on y va. Pression sur le bouton ‘Stop/Start » bien situé, pied sur le frein : c’est parti. Les premières rues de Biarritz défilent, et au volant de notre gros Sorento, avec Timbaland (« Give it to me« ) à fond dans l’habitacle…eh bien on s’y croit ! Allez, trêve de gangsta attitude :  malgré le gabarit de l’auto, difficile à appréhender au départ quand on n’a pas l’habitude, on se fait vite à la conduite. La direction, assez souple, nous aide bien, et le fait que notre modèle soit accouplé de série à la boîte automatique à 6 vitesses aussi. Mais sur les routes parfois pavées, parfois pleines de dos-d’âne de Biarritz, on constate rapidement la fermeté des suspensions, loin de l’impression de confort à laquelle on peut s’attendre en conduisant une telle voiture.  Le poids du Sorento se fait aussi sentir à allure réduite : avec 1.850 kg sur la balance, nul doute que le SUV Kia est un gros bébé, et que les 204 ch ne sont pas de trop. A ce propos, il est à constater que le moteur (2.2 diesel 4 cylindres turbo pour rappel – le seul disponible en France) est très discret.

Essai Kia Sorento 2015

On sort de la ville, direction les petites routes de campagne, les nationales puis l’autoroute. Sans surprise, sur les chaussées sinueuses du pays basque, le Kia Sorento n’est pas à l’aise. Il a une forte tendance au roulis dans les virages : l’occasion de remarquer que les sièges avant ne sont pas assez enveloppants. Le comportement paraît pataud, ce qui donne un cocktail étonnant si on adjoint ça à la fermeté des suspensions. Mais sur route nationale, c’est différent : là, le Sorento est dans la place. La direction est toujours précise et agréable (tout comme la jante du volant), on constate la bonne ergonomie de la planche de bord et des commandes, puis les suspensions se font moins sentir.C’est le moment pour essayer les trois modes de conduite que propose le Sorento : normal, sport et éco. Ce dernier est étonnant : il ne « bride » absolument pas la conduite. La boîte auto change bien sûr de rapports plus tôt, mais pas trop rapidement non plus, c’est agréable. Le mode « sport » quant à lui peine à se faire remarquer : seule la direction apparaît changée, plus ferme.

Pour le reste, c’est du pareil au même qu’avec le mode « normal » (à moins que je ne rêvassais à ce moment-là !). Mais à vrai dire, la sportivité n’est pas la philosophie du Kia Sorento. L’occasion de parler un peu de la boîte auto : comme précisé précédemment, elle est de série sur la finition Ultimate. Si on sent que le véhicule a « du mal à partir » au démarrage, sans aucun doute à cause de son poids élevé (en diminution de 30 kilos cependant par rapport à l’ancien Sorento), franchi les 20 km/h, la boîte « fait son job » : les rapports sont passés relativement au bon moment, sans trop d’à-coûts, si bien que le mode manuel (sans palettes au volant, seulement en actionnant le levier) s’avère inutile. Elle est en tout cas parfaitement calibrée pour un tel véhicule, et si les concurrents plus chers du Sorento (type X5, XC90) proposent des boîtes allant jusqu’à 8 voire 9 rapports, la présence de la boîte auto est indispensable à mon sens. Même si je n’ai pas eu l’occasion d’essayer le Sorento en boîte mécanique, je pense que compte-tenu de la taille et du poids de l’auto, la conduite ne doit pas être facile-facile. Quid de la consommation dans tout ça ? Annoncée à 6,1 l /100 km, la conso mixte était plutôt aux alentours des 9 l / 100 km lors de l’essai. Il convient de préciser que notre parcours était constitué pour beaucoup de routes de montagne.

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Enfin, le passage sur autoroute est le moment de tester les équipements de sécurité (en série ou en option) de la voiture, parmi lesquels : le régulateur adaptatif, l’alerte de franchissement involontaire de ligne, le détecteur d’angle mort, le système de reconnaissance des panneaux…avec tout ça, le nouveau Sorento file droit. Le régulateur de vitesse adaptatif est particulièrement efficace : il freine « tout seul » la voiture lorsque l’on se rapproche trop du véhicule placé devant nous, et « bipe » si l’on se rabat trop tôt. Petit bémol cependant quant au système de lecture des panneaux, un peu en retard à certains moments. Toujours parmi les équipements, il y aussi la caméra de recul (de série), bien utile vu la longueur du Sorento (une impression accentuée avec les vitres teintées que propose la voiture, qui ne facilitent pas les manœuvres).

Au final, Kia-t-il à retenir ?

Il est beau, il présente bien, et il est PLUTÔT agréable à conduire. Proposé à des tarifs allant de 43.900€ à 49.900€, et commercialisé depuis le 14 mars, le Kia Sorento III en offre clairement pour son argent, compte-tenu de ses prestations et des équipements qu’il propose. Seulement voilà : à un tel niveau de tarif, celui qui a 50.000€ à mettre dans une voiture lorgnera-t-il du côté de chez Kia ? Ne pensera-t-il pas d’abord BMW, Mercedes ou Audi ? Alors certes, pour en avoir autant dans une allemande, il faudra débourser bien plus cher. Mais si on n’a pas besoin de 7 places, on peut se dire qu’un Audi Q5 fera l’affaire et aura en plus une plus forte image, ce qui devrait faciliter les choses à la revente.

Chez Kia, on en a bien conscience. L’objectif, en année pleine (dès 2016 donc), est de vendre environ 300 Sorento en France. Le but n’est clairement pas de faire du chiffre sur le sol français (d’autant qu’il écope d’un malus de 3.000€, la faute à des rejets de CO2 de 177g/km – 161 g/km et 2.200 euros pour la boîte manuelle) et même européen : les marchés américain et chinois, friands de ce type de véhicules, seront là pour ça. D’ailleurs, le Sorento s’adresse à un public bien précis selon les études de Kia : le père de famille de plus de 45 ans, qui a plus de 2 enfants et donc a priori besoin de 7 places. Le Sorento est là pour renforcer l’image de la marque, et nul doute que vu la qualité de son offre, il devrait y contribuer. Aussi, au vu de l’ascension fulgurante de Kia mais aussi de Hyundai ces dernières décennies, peut-être qu’il sera plus « naturel » de mettre 40-50.000€ dans une voiture coréenne dans les années à venir…

(N.B : le Sorento est proposé d’office en 4 roues motrices. Nous n’avons cependant pas eu l’occasion de tester les aptitudes au franchissement du Sorento. Cela étant, le comportement de celui-ci était très sécurisant, notamment sur les routes haute en altitude, amenant à la grotte de la Verna.)

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