Le 1er décembre, certains ont ouvert le premier chocolat de leur Calendrier de l’Avent. D’autres ont présenté leur démission et c’est toute la surprise que l’annonce publiée le soir venu par le groupe Stellantis : Carlos Tavares démissionne de son rôle de Président du Conseil d’Administration.
Carlos Tavares s’en va, un nouveau PDG attendu pour le 1er semestre 2025
Certes le bateau tanguait surtout depuis l’annonce, au 2e semestre 2024, de pertes inattendues notamment aux Etats-Unis, et de l’abandon du mantra du groupe automobile, la marge à 2 chiffres. Après un remaniement du top management à la rentrée, la méthode Carlos Tavares était de plus en plus critiquée dans les médias, et les langues se déliaient, au point que l’annonce de son départ en retraite était officialisée « pour janvier 2026 », annulant tout espoir de prolongation de son mandat.
Au soir du 1er décembre, les horloges ont finalement été avancées d’un an : le communiqué ne dit pas si Carlos Tavares poursuivra ses projets personnels en dehors du groupe, mais il est remercié et ses fonctions reprises par un Comité Exécutif temporaire présidé par John Elkann, représentant du premier actionnaire de Stellantis et héritier de la famille Agnelli.
Début 2025, « un nouveau CEO sera nommé au cours du premier semestre », le temps de trouver un successeur car la démission de Carlos Tavares est à « effet immédiat ». Cependant, ce processus était déjà annoncé à l’automne, et Stellantis confirme qu’il « est en bonne voie et aboutira au premier semestre ».
Carlos Tavares au Mondial de l’Automobile 2018
Quel héritage pour Carlos Tavares ?
Celui qui a érigé le principe du « Cash is king » et de la rentabilité maximale, également connu comme pilote de rallye, connaît là une sortie de route aussi rapide que brutale, et inattendue dans son timing. Voilà un an, même si au sein des équipes de Stellantis les critiques étaient nombreuses, rien ne semblait paraître hors les murs du groupe, dont les résultats et les 12,4 % de marge opérationnel faisaient l’admiration du secteur comme des actionnaires.
C’est donc la fin d’une annus horribilis pour le PDG, artisan de la fusion de PSA et FCA, naguère du redressement de PSA, et encore auparavant N°2 du Groupe Renault. Le groupe Stellantis « confirme ses objectifs financiers » pour 2024 (révisés le 31 octobre) et l’heure est aux hommages pour les représentants du groupe.
John Elkann, Chairman de Stellantis remercie Carlos Tavares « pour ses années de service dévoué et le rôle qu’il a joué dans la création de Stellantis, en complément des redressements de PSA et d’Opel, nous mettant sur la voie de devenir un leader mondial dans notre industrie ». Il faut dire qu’il y a des divergences de vues entre les dirigeants du groupe automobile, qui semblaient rendre impossible l’achèvement de ce mandat.
Henri de Castries, l’ex-DG d’Axa devenu administrateur indépendant senior de Stellantis, souligne lui que « ces dernières semaines, des points de vue différents sont apparus, ce qui a amené le conseil d’administration et le CEO à la décision d’aujourd’hui », alors même que Henri de Castries, administrateur indépendant sénior de Stellantis, indique que « »le succès de Stellantis depuis sa création repose sur un alignement parfait entre les actionnaires de référence, le Conseil d’administration et le CEO« .
C’est donc bien la méthode Tavares qui s’achève là sur un coup de théâtre. Et déjà se posent de nombreuses questions :
- Quel profil pour succéder à Carlos Tavares à la tête de Stellantis ?
- Quel avenir pour les ex-PSA historiques du groupe, alors que les profils ex-FCA sont nombreux à être montés dans la hiérarchie ?
- Quid de l’avenir des activités françaises de Stellantis, et notamment l’usine de Poissy ?
- Quel avenir pour les marques les plus fragiles du groupe, qui avaient jusqu’en 2031 initialement pour faire preuve de leur rentabilité ?
- Quelles premières mesures pourraient être prises pour garantir la pérennité du groupe, dans un contexte toujours darwinien ?
Photos : Le Nouvel Automobiliste
