Le Nouvel Automobiliste
2022 04 Mercedes Classe T LNA FM 16

Découverte statique : la Mercedes Classe T sera-t-il le premier ludospace premium ?

La présentation de la nouveau Mercedes Classe T, le cousin germain du Renault Kangoo, invite à plusieurs réflexions. La première : qu’apporte ce modèle sur un segment des ludospaces trusté par les Berlingo, Rifter, Caddy et donc Kangoo ? La deuxième : comment se différencie-t-il de son cousin français avec qui il partage -entre autres- moteurs, structure et ligne d’assemblage ? Et la troisième, peut-être la plus capitale : Mercedes peut-il réussir là où il a échoué avec le Vaneo et imposer le modèle du premium dans le plus plébéiens des véhicules, les ludospaces ?

2022 04 Mercedes Classe T LNA FM 67

Mercedes Classe T : qu’apporte ce modèle face aux piliers des ludospaces ?

Sur un segment des ludospaces qui représente 100 000 ventes chaque année, trois modèles trustent le podium et cocorico, ils sont français : Renault Kangoo, Citroën Berlingo et Peugeot Rifter. S’y ajoutent les Volkswagen Caddy et Ford Tourneo Connect, le Fiat Doblo et le Toyota ProAce, et plus marginal encore le Nissan NV 250 devenu Townstar. Autant dire que pour se faire une place, la Classe T va devoir batailler même s’il ne part pas démuni, loin de là.

De l’extérieur, la Mercedes Classe T apparaît comme un mix de trois modèles : Classe B pour les phares, Citan pour la face avant, et bien sûr Kangoo de profil et de l’arrière. Cela pourrait être bancal, visuellement ça ne l’est pas, notamment grâce à deux teintes spécifiques, le jaune métallisé et le rouge rubellite, parmi un choix de 9 couleurs. Surtout, les formes douces et arrondies choisies par les stylistes de Mercedes conviennent mieux que les lignes tendues du Kangoo, et jurent moins avec le profil. L’ensemble paraît ainsi plus homogène.

Mais un ludospace est loin d’être un concurrent sérieux pour le prix de la plus belle voiture de l’année. Là où on l’attend, c’est sur les aspects pratiques. La Classe T propose de 5 à 7 places avec sièges indépendants et possibilité d’installer 3 sièges enfants au rang 2 et jusqu’à 4 sièges enfants avec une fixation à l’avant dos à la route. Ses deux portes coulissantes offrent une ouverture de 61,4 cm de largeur et une hauteur d’1,06 m d’accès. Sur le pavillon, les barres de toit du Dacia Duster sont présentes et se manient comme elles se rangent aisément tout en portant jusqu’à 80 kg de charge.

Dans son coffre de 520 à 2 127 litres de volume, le seuil de chargement est bas (56 cm) et le volume régulier (triangle rangé dans le carénage du coffre) tandis que la tablette se plie en deux et peut facilement être retirée et rangée derrière le dossier du rang 2. En termes de dimensions, la Classe T mesure 4,50 m de long sur 1,86 m de large et 1,81 de haut, à 1,5 cm près la longueur d’un Kangoo. Un peu plus cher que la moyenne pour convenir à son statut de premium, la Classe T garantit un tarif d’appel sous les 30 000 € à 29 100 € en T180, hors option.

Comment la Classe T se différencie-t-il du Kangoo ?

Pas par son usine en tout cas, puisqu’il voit le jour dans l’unité Renault de Maubeuge Construction Automobile d’où sortent déjà les Citan et Citan Tourer. Un choix unique pour Mercedes même si la marque ne compte pas miser sur l’image du « made in France » dans sa communication. Pas par ses moteurs non plus, même si les dénominations changent : comptez en France sur 1 moteur essence (T 180 avec le L4 1,3 l de 131 ch, boîte manuelle ou boîte automatique) et 2 Diesel (T 160d avec le 1,5 l de 95 ch en boîte mécanique seule, et T 180d de 116 ch en boîte méca et BVA).

Les fans d’électriques devront attendre l’automne et le lancement de l’EQT, ébauché par le concept-car éponyme en 2021. Il sera, comme la Classe T, disponible en 2 longueurs : 4,50 et 4,90 m. Pour Klaus Rekhugler, responsable ventes et marketing Europe de Mercedes-Benz Vans, « Mercedes-Benz se tient prêt à passer au tout électrique à la fin de la décennie, là où les conditions de marché le permettent ».

Un aveu, en creux, qu’il n’y aura pas de version hybride. Mais à lire aussi face à la concurrence :

« Le fait que Stellantis aille vers le tout-électrique sur ses modèles nous encourage dans notre stratégie de lancer l’EQT (…) cependant, nous continuerons de couvrir les moteurs thermiques car nous sommes en phase de transition et que notre architecture prévoit depuis le début cette alternative d’énergie. Le choix de cette plateforme flexible était le bon. L’EQT et le Kangoo Electric partageront aussi cette même plateforme, le même électromoteur, ce qui illustre notre stratégie du plus grand nombre de pièces communes entre Mercedes et Renault, tout en faisant en sorte que chaque marque ait ses propres réglages car chaque modèle est spécifique. »

Pour s’éloigner de son cousin Kangoo, il faut monter à bord. Mercedes a opté pour une planche de bord spécifique, assez verticale, et une majorité de commandes issues de ses modèles (volant, commodos, tablette centrale, infodivertissement MBUX, écosystème Mercedes Me) alors que seules les lève-vitres et les commandes de clim semblent reprises de chez Renault. Un gage de différenciation et d’autonomie, même si côté qualité, ce sont les plastiques durs qui sont majoritairement présents. Au volant, ce sont les équipements de sécurité active et notamment l’airbag central au rang 1 qui sont inédits, même si pour en savoir plus, je vous enjoins à découvrir l’essai de Guillaume !

Reste que Klaus Rekhugler se montre serein : « Nous sommes confiant dans le fait qu’avec la Classe T nous avons un produit sur le marché qui nous offre des opportunités nouvelles pour l’avenir. » Et des opportunités, il y en aura peut-être aussi avec Renault, puisqu’il le précise, « chez Mercedes-Benz Vans, nous travaillons avec Renault-Nissan dans un esprit de confiance depuis plusieurs années et nous échangeons continuellement avec notre partenaire »… mais on n’en saura pas plus sur un éventuel futur duo Master/Sprinter.

La Mercedes Classe T peut-il réussir là où le Vaneo a échoué ?

2022 04 Mercedes Classe T LNA FM 93

La réponse à cette question est triple. Elle est d’abord d’ordre industriel : là où les risques du Vaneo étaient seulement portés par Mercedes, l’investissement de la Classe T est partagé avec Renault, puis en interne chez Mercedes-Benz Vans avec ceux des Citan, Citan Tourer et EQT. Or dans cette famille, chacun a son rôle : le Citan permet de compléter la gamme utilitaire par le bas ; le Citan Tourer d’offrir une version VP (non disponible en France) ; l’EQT de baisser les mix CO2 et d’offrir une familiale non-SUV électrique.

La Classe T dans tout ça est un marginal séquent : vernis luxueux du nom Mercedes ; habitacle familial et modulaire chez une marque qui l’est assez peu ; et surtout des motorisations thermiques pour, en attendant l’essor définitif de l’électrique, répondre aux besoins immédiats de mobilité des familles. Ce n’est pas la branche la plus solide à l’avenir, avec les interdictions des motorisations thermiques, mais la répartition des rôles apparaît cohérente.

« Nous sommes conscients que nous entrons sur un marché dominé par les marques françaises en France : nous comptons pour nous différencier sur le fait que nous proposons une vraie Mercedes et que nous visons un positionnement premium, ce qui explique l’absence du Citan Tourer en France par exemple », précise Klaus Rekhugler.

De plus, en 20 ans depuis le Vaneo, la société a changé comme le montre la considération apportée à l’image plutôt qu’à la réalité. On l’a vu avec le Classe V, Mercedes a su s’imposer parmi les navettes de luxe avec un dérivé d’utilitaire, quoique très soigneusement fini et présenté. La marque à l’Etoile tente de doubler la mise avec le Classe T, profitant de l’absence de concurrence huppée.

Si faire un ludospace premium peut sembler anachronique pour ne pas dire antinomique, qui aurait imaginé BMW et Mercedes être les seuls à persévérer avec des monospaces compacts il y a 20 ans ? Qui aurait pu dire il y a 30 ans que ces marques feraient le principal de leurs volumes avec des compactes à traction ?

Les temps ont donc changé et la Classe T peut croire en sa belle étoile. Et s’il se loupe comme le Vaneo, on pourra toujours concéder à Mercedes le courage d’avoir essayé de se diversifier. Il est temps pour vous de découvrir l’essai du Classe T180 par Guillaume !

La Mercedes Classe T en images

Et les pour les fans de design, les esquisses officielles :

Nos réseaux sociaux

Alimenté avec passion par l’association Le Nouvel Automobiliste

Copyright © 2021