Le Nouvel Automobiliste
Essai Ford Edge 28

Essai Ford Edge restylé 2.0 l EcoBlue 238 ch : le roi des neiges

Nous entendons suffisamment souvent des personnes se plaindre – à tort ou à raison – de la prolifération des SUV crapahuteurs de trottoirs dans nos villes pour que chez The Automobilists, nous les essayions dans leur environnement de prédilection. Précédemment vous avez découvert (ou, si ce n’est pas le cas, nous vous enjoignons de le faire !) les Toyota Land Cruiser et Audi Q8 sur le site, à l’assaut des paysages vallonnés des Alpes. Aujourd’hui, c’est à la rigueur de l’hiver Scandinave que nous mettons à l’épreuve le plus grand des SUV de la famille Ford en Europe. La seconde génération de Edge, après être arrivée dans nos contrées en 2016, s’offre aujourd’hui une cure de jouvence, par l’adoption d’un nouveau faciès, d’un arrière redessiné, et d’évolutions mécaniques et technologiques. Équipés de nos pneus cloutés, nous voilà armés pour voir si les promesses sont tenues !

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A l’extérieur : make the Edge great again!

S’il vient chapeauter la gamme des SUV Ford en Europe, le Edge est avant tout le fruit d’une histoire américaine qui commence avec le lancement de la première génération aux USA en 2006. Au fil des ans, il y acquiert une certaine notoriété. Le lancement de la seconde génération, présentée en 2014, amplifie le mouvement et permet au constructeur américain de réaliser un record de livraisons pour son Edge en 2017, avec un peu plus de 142.000 unités mises à la circulation. Ce relatif succès – il se positionne en 4èmeplace dans sa catégorie derrière les Ford Explorer, Jeep Grand Cherokee et Toyota Highlander – est probablement ce qui a donné des idées d’importation à la division Europe du géant américain.

C’est ainsi que depuis 2016, le Ford Edge, assemblé au Canada, peut fouler le sol européen. Toutes proportions gardées, le Ford Edge remporte un beau succès d’estime sur le Vieux Continent, avec 34.000 unités écoulées depuis son lancement – ce qui le place devant ses concurrents les plus directs que sont les Hyundai Santa Fe et Kia Sorento, et éventuellement le Volkswagen Touareg. Les concurrents plus premiums (BMW X5, Volvo XC90), et beaucoup plus chers, restent quant à eux hors de portée.

Nous sommes tous en partie, paraît-il, le fruit de notre histoire. Ne nous embarquons pas ici dans une vaste discussion philosophique, mais il convient de remarquer qu’avec ses origines de Yankee, le Ford Edge ne s’embarrasse que peu de l’étroitesse de nos places de parking en Europe. Avec ses 2,18 m de largeur rétroviseurs déployés, il est… très large ! Long, il l’est également en culminant à 4,83 m. A défaut de faciliter le parking en zone urbaine, cela lui confère une belle présence de visu.

La face avant est probablement la partie de la voiture qui a le plus évoluée lors de ce rafraîchissement de mi-vie. Exit l’ensemble constitué des imposants phares et calandre à barrettes horizontales, dont l’univers d’inspiration se rapprochait fortement de celui d’un Ford Ranger. La nouvelle calandre trapézoïdale est beaucoup plus fine et mieux traitée dans les détails. Elle adopte un traitement différent entre les deux finitions qui seront disponibles au catalogue français (ST-Line ou Vignale) : noir laqué alvéolé pour l’exécution la plus sportive, ou vaguelettes imitant le « V » de Vignale pour l’exécution la plus chic.

Essai Ford Edge 73Le traitement intérieur des phares se veut également plus raffiné, alors que ces derniers intègrent (de série sur Vignale, ou par la prise du Pack Innovation sur ST-Line) une fonction plein-phares permanents, permise par l’occultation d’une partie du faisceau lumineux lors du croisement ou de la poursuite d’un autre véhicule sur la route. Si le pare-chocs est identique entre les deux finitions, la jupe en partie inférieure achève d’apporter une petite touche de distinction : à la Vignale la primeur de quelques joncs chromés, ainsi que d’un sabot en inox ; la ST-Line, elle, continue de jouer la partition de la sportivité avec l’adjonction de déflecteurs en plastique brut.

Aucun changement notable n’est à remarquer sur le flanc de la voiture. La nervure, qui prend naissance sur l’aile avant et vient mourir au niveau du bloc optique arrière est inchangée. Les finitions ST-Line et Vignale – identifiées par un monogramme spécifique – se différencient par les lécheurs de vitre, respectivement teintés masse et chromés. Les jantes noires de la finition ST-Line font un diamètre de 21 pouces – elles peuvent cependant être réduites à 20 pouces par le biais d’une option minorante, gratuite, qui a pour conséquence une baisse du malus écologique en France. L’exécution Vignale est pour sa part proposée avec des jantes polies de 20 pouces, au rendu très brillant dans les faits.

Sur la partie arrière enfin, les feux reliés par un bandeau lumineux laissent place à de nouvelles optiques dont le dessin intérieur a été légèrement remanié. Au guide de lumière parcourant la largeur du volet, se substitue maintenant un bandeau noir laqué qui vient en prolongement de la lunette arrière. Le hayon est également un peu plus sculpté dans sa partie inférieure, alors que le pare-chocs est dynamisé par l’apparition d’écopes factices intégrant des catadioptres, et des canules d’échappement – bien réelles, cette fois-ci ! – mises en valeur par un entourage chromé.

A l’intérieur : une Ford au format XXL

Voici venu le moment de franchir le seuil de porte, décoré d’un marchepied aux couleurs de la finition choisie. S’ouvre alors à nous un intérieur typiquement Ford dans sa réalisation. Les commodos, les commandes du système audio et de la climatisation, le volant et le combiné (semi-digital, intégrant des compteurs à aiguilles et des écrans en leur centre) ne réussiront pas à bouleverser le quotidien des conducteurs de Mondeo, Galaxy ou S-Max. Tant mieux, puisqu’en termes d’ergonomie, l’ensemble ne souffre pas la critique, exception faite des – trop – nombreux boutons du volant.

Ses origines américaines, le Ford Edge ne les cache pas non plus avec une console centrale très enveloppante qui intègre d’imposants porte-gobelets semblables à ceux que l’on peut retrouver sur beaucoup de modèles outre-Atlantique. Le large accoudoir central permet de cacher un rangement de très grand volume. Autant qu’à l’extérieur, l’habitacle intègre des différences de traitement selon que vous optiez pour une finition ST-Line ou une finition Vignale. Sur la première, nous retrouverons une planche de bord toute de rouge surpiquée, qui s’accorde avec une sellerie perforée faite de cuir et de suédine et un ciel de toit foncé.

En livrée Vignale, le plastique de la planche de bord cède sa place à un cuir noir surpiqué blanc. Le ciel de toit devient clair, tandis que les sièges en cuir Windsor matelassé possèdent des motifs hexagonaux. Ceux-ci offrent une assise confortable sur le long-cours, sont chauffants, et proposent même une fonction de ventilation que ne n’aurons cependant pas testée lors de notre périple pour des raisons de confort thermique que vous pourrez comprendre. Nous pouvons, en revanche, regretter le manque d’amplitude dans leurs réglages 100 % électriques. Si la longueur du rail longitudinal est en effet satisfaisante pour contenter le plus grand nombre, nous aurions apprécié que les sièges puissent se régler plus bas ; certains conducteurs peuvent trouver qu’ils sont assis un peu haut, surtout sur les véhicules équipés du toit ouvrant panoramique, obtenu moyennant un supplément de 1400 € à fournir à votre concessionnaire Ford, et réduisant l’espace pour la tête.

Les matériaux constituant l’intérieur du Ford Edge sont globalement de bonne facture. Sur la finition ST-Line, l’ensemble des plastiques de la planche de bord, des contreportes, et de la console centrale où vient se poser le genou à la conduite, sont allègrement moussés. Un bon point, qui ne peut être terni, pour les plus regardants, que par la petite différence d’aspect visuel entre le grain des différents plastiques réalisant la jonction entre les portes et la planche de bord. Cette disparité est oubliée en s’installant au volant d’une finition Vignale ; le cuir est disposé à profusion, et, en plus d’être très uniforme dans son aspect sur tous les éléments recouverts, il est très doux au toucher.

Dans cet univers tout de même assez cossu, la fausse note vient de ce plastique brut encadrant l’écran tactile de 8 pouces et les commandes de climatisation à l’aspect roturier, qui, s’il est admissible sur une citadine polyvalente, détonne un peu plus dans un SUV qui dépasse sans effort la barre des 50.000 €. D’autant que cette pièce rigide, qui sera probablement sensible aux stigmates du temps, vient se lier aux aérateurs verticaux selon un accostage qui laisse à désirer. En dehors de cet assemblage ainsi que de l’ouverture d’un petit vide-poche en partie inférieure de la console centrale dont le bouton admet un trop grand jeu, l’ensemble de l’habitacle du Ford Edge demeure sérieusement assemblé. Des filets de LED sont disposés le long de la planche de bord et sur les portes. Proposant 7 couleurs personnalisables, il est possible de se concocter une ambiance lumineuse à son goût.

Par rapport au millésime 2016, le Ford Edge se dote d’une nouvelle commande rotative « Shift by Wire » de la boîte de vitesse automatique à 8 rapports qui permet de passer automatiquement en position « Parking » à l’extinction du moteur. En outre, elle libère de la place pour disposer deux porte-gobelets à sa droite, ainsi qu’un nouveau compartiment de charge par induction selon le protocole Qi. Le système multimédia Sync 3, à l’écran capacitif réactif dans l’ensemble, permet désormais de commander sa voiture depuis son smartphone : démarrage, réglage de la température, prêt de véhicule…

Avec ses 4,83 m, le Ford Edge doit aussi s’apprécier depuis les places arrière. Sur ce plan, Ford n’a pas loupé le coche, puisque l’espace dévolu aux jambes est tout simplement royal. Les assises, d’une bonne longueur, se dotent aussi d’une nappe chauffante, et des prises (y compris une prise de 230 V) sont disposées afin de pouvoir recharger smartphones et tablettes. Un sans-faute. La soute à bagages n’est pas en reste : sa contenance est de 602 L sous tablette (800 L en chargeant jusqu’au toit). Si cela n’est pas suffisant, la banquette arrière peut-être rabattue électriquement, pour former un plancher plat, par deux boutons situés dans le coffre. La résultante est une capacité d’emport étendue jusqu’à 1688 L.

Sur route : étoile de neige obtenue avec mention

Essai Ford Edge 38Fini de parler, il est temps de prendre la route au volant du Ford Edge. Et quelle route ! Nos visuels pourront en témoigner, les chemins empruntés au cours de notre essai étaient tous enneigés. Il nous sera donc difficile de décrire dynamiquement la voiture selon nos critères usuels. Toutefois, cela ne va pas nous empêcher de cerner le typage clairement orienté vers le confort du Ford Edge restylé.

Le plus gros des SUV Ford est mu par un tout nouveau 2.0 diesel EcoBlue développé pour répondre aux dernières normes anti-pollution. D’un couple maximal de 500 N.m, il ne repose plus sur la base d’un moteur DW de PSA, comme c’était le cas de la mécanique du Edge avant son restylage.