Direction le Sud pour une balade originale… Enfin, le Sud, façon de parler : Eindhoven est certes au Sud des Pays-Bas, mais elle est dans le Brabant-Septentrional… Et au Nord de chez nous. Bref, direction la ville de Philips et du PSV, pour un visiter un musée automobile : Eindhoven étant aussi la ville de DAF, le constructeur y dispose d’un bel espace pour valoriser son Histoire et son patrimoine : visitons ensemble le musée DAF. Et on ne vous apprendra rien en vous disant que ce constructeur n’a pas fait que des poids-lourds dans sa vie. On vous sait érudits !
Musée DAF : beau comme un camion
DAF, fabriquant néerlandais de poids-lourds, tout le monde connaît. DAF fabriquant de voitures particulières (entre 1958 et 1977), c’est une histoire qui appartient au passé, un passé très bien valorisé par le musée DAF à Eindhoven. Alors que le Conservatoire Citroën ferme ses portes et que la collection semble promise à un avenir incertain, nous profitons d’un tour aux Pays-Bas pour visiter la collection du musée de la marque néerlandaise.
DAF signifie ainsi : Van Doorne’s Automobiel Fabriek, frondée, vous l’aurez compris, par Hubertus et Wim Van Doorne en 1928. De nos jours, la société DAF Trucks appartient au groupe américain PACCAR et le siège de DAF est toujours à Eindhoven.
L’entreprise DAF a débuté par la fabrication de remorques et de châssis, avant de s’intéresser aux véhicules utilitaires à partir de 1938. La « visite » allemande contrarie le développement de l’entreprise qui produit au lendemain de la guerre une douzaine de camions par semaine. A partir des années 1957, DAF produit ses propres moteurs dans son usine de mécanique et en 1958, les frères Van Doorne produisent leur première voiture particulière : la DAF 600. Celle-ci s’écoule à plus de 30 000 exemplaires. En parallèle de cette nouvelle activité, le développement des poids-lourds se poursuit avec la fabrication de tracteurs de 10 tonnes.
Après plusieurs séries de voitures particulières, DAF produit la 66, qui devient Volvo 66 par la magie du rebadgeage. La suite ? En 1976, Volvo rachète la branche automobile de DAF, l’entreprise se cantonnant alors à la production de poids lourds. A la fin des années 1970, les deux frères Van Doorne meurent à un an d’intervalle. L’entreprise, elle, vit et vit bien. Alors que DAF arrête la production de remorques, elle rachète la quasi-totalité du capital de l’entreprise britannique Leyland au milieu des années 80. Enfin, en 1996, DAF est rachetée par le troisième plus grand constructeur de camions au monde, le groupe américain Paccar Inc., qui possède notamment la marque Kenworth. Mais abordons un peu plus en détail l’aventure de DAF avec les voitures légères.
Musée DAF : des Variomatic à foison !
Présentée en février 1958, la DAF 600 est le premier modèle de la marque. Sa principale caractéristique, son USP, comme on dirait de nos jours en marketing ? Une transmission automatique à une époque où seules les grosses américaines ou presque proposaient ce type d’équipements en Europe.
Sur une petite voiture, c’est inédit et DAF trouve une solution plus adaptée aux petits moteurs qu’un convertisseur de couple : le Variomatic. Il s’agit d’un variateur dont la technologie fera le bonheur de bien des voitures japonaises depuis, les fameuses transmissions CVT ! Dans le cas de la DAF 600, le moteur est un bicylindre refroidi par air propulsant le train arrière via un embrayage centrifuge et une paire de courroies éliminant le besoin pour un différentiel.
Le musée présente quelques photos de prototypes de DAF 600 grimés en camionnettes mais surtout l’ensemble des modèles de la marque, y compris des prototypes, on y reviendra. La DAF 600 pour sa part cède sa place à la 750, je vous laisse deviner la cylindrée du moteur tandis qu’une nouvelle série de voiture lui emboîte le pas quelques mois après : les DAF 30, 31 et 32 surnommées Daffodil les remplacent avec différents dérivés de carrosserie exposés ici.
1966, c’est l’arrivée de la DAF 44, dessinée par Giovani Michelotti. Plus grande, elle ne remplace pas la Daffodil, cette dernière étant renommée DAF 33. La 44, dispose quant à elle d’un « gros » moteur 850 cm3 et d’un train arrière différent de celui de ces ancêtres… bien qu’elle ait un ancestral pont rigide avec des ressorts à lames.
Montée en gamme encore en 1968 avec la DAF 55, qui double son nombre de cylindres, forte d’un bloc Renault 1108 cm3. La DAF 55 dérive de la 44 mais dispose d’un avant remanié, de nouveaux feux arrière et d’un intérieur plus cossu. Le design est toujours signé Michelotti.
Dernière DAF ou presque, la 66 remplace la 55 avec un style plus rectiligne, un nouveau train arrière moins délicat et… un dérivé Volvo. En effet, en 1972, la firme suédoise prend une participation de 33% dans DAF. Celle-ci monte à 75% en 1975 et une DAF 46 remplace la 44 en reprenant le train arrière de la 66. L’usine Nedcar de Eindhoven passe ainsi sous le giron suédois et le projet P900 appelé à devenir la DAF 77 voit le jour sous le nom de Volvo 343 en 1976 : c’est la fin des voitures DAF.
Mais pas la fin du Variomatic, toujours unique offre sous le capot des DAF et de la nouvelle Volvo 343. L’arrivée d’un dérivé 5 portes et d’une boîte mécanique permet enfin à la petite Volvo de voir ses ventes décoller. Quant à l’usine, elle a continué à produire pour Volvo les 440, 460 et 480, puis les Volvo S40/V40 ainsi que leur cousine de plateforme, la Mitsubishi Carisma. Volvo revend ses parts dans l’usine à Mitsubishi qui y produit notamment les Spacestar, Colt puis Outlander (alors que les Peugeot 4007 et Citroën C-Crosser sont importés du Japon, la firme nipponne ayant soigneusement veillé à ne pas avantager son partenaire !). L’usine a ensuite été revendue à la fin des années 2000 à VDL qui y a produit depuis des Mini.
Musée DAF : quelques sympathiques protos
Un dernier mot sur les prototypes présentés dans le musée ? On trouve notamment le superbe coupé Siluro dessiné par Michelotti sur une base de DAF 55 coupé et présenté au salon de Genève en 1968. Autre véhicule remarquable, la « Shellette », dessinée par Michelotti également, destinée à la famille royale néerlandaise ainsi qu’au couple Onasis qui souhaitait un véhicule de plage à transmission automatique.
On trouve aussi le prototype P-40 GT de 1965 ainsi que d’autres projets qui n’ont pas connu les joies de la production en série à l’image de la petite P300 de 1968 ou de la grande P500, débutée en 1967 et annulée en 1970 en raison des risques financiers d’un tel projet sur un segment entièrement nouveau pour DAF. La P500 devait recevoir un bloc 1300 Renault.
Outre ces véhicules, on trouve des dérivés exotiques de DAF à l’instar du fameux Kalmar et ses portes coulissantes, notamment utilisé par la Poste dans plusieurs pays, ou encore le DAF Pony ainsi que plusieurs véhicules de compétition : la collection de la marque est fort complète !
Musée DAF : un truck à visiter !
Vous l’aurez compris, si vous êtes de passage pour voir le PSV écraser l’Ajax ou simplement si vous vous rendez aux Pays-Bas pour sa fameuse gastronomie voire pour apprendre sa langue mélodieuse, n’hésitez pas à faire un saut à Eindhoven pour visiter le musée DAF. Situé en ville dans une ancienne usine DAF, le musée vous permettra de plonger dans l’aventure industrielle de la célèbre marque néerlandaise, vous proposera un paquet de goodies ainsi qu’un petit restaurant à la gastronomie toute… néerlandaise en son sein (bref, prévoyez de manger ailleurs). Un petit bémol ? On aurait apprécié voir plus d’explications traduites en anglais, ça n’est pas systématiquement le cas. Quoi qu’il en soit, ça fait plaisir de voir une marque aussi fière de son patrimoine. Une pensée émue pour Citroën. Sans vouloir viser qui que ce soit.
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Photos : Le Nouvel Automobiliste