Le Nouvel Automobiliste
New York Auto Show 2023

New York Auto Show 2023 : un salon à la peine, et révélateur de tendances fortes

Après vous avoir emmené au Seoul Mobility Show, le salon de l’automobile de la capitale Sud-coréenne, nous vous proposons un tour à l’autre bout de la planète, au New York Auto Show qui s’est tenu presque simultanément. Pour l’occasion, nous laissons la parole à un de nos lecteurs, passionné et généreux, partageant avec nous ce qu’il a vu, voici l’analyse du salon de New York à travers les yeux de Le Driveur Ambulant.

New York Auto Show : mise en contexte

« Devenu le salon traditionnel ou Mercedes lançait chaque nouvelle version de son SUV de luxe GLS -produit aux USA – le salon de New York connaissait un succès croissant pendant les années pré-covid avec une augmentation des premières mondiales et une large participation des constructeurs. Le Javits Center ou se déroule le salon au cœur de la ville venait même d’être totalement rénove et de s’agrandir pour permettre un développement encore plus important du salon. Une extension qui a depuis essentiellement servi à désencombrer les hôpitaux de la ville puis est devenu un centre de vaccination majeur ces dernières années.

New York Auto Show 2023

Le retour progressif à la normale reste un peu difficile et cette édition semble subir le même sort que beaucoup d’autres salons dans le monde avec un désistement assez massif des constructeurs qui laisse un très grand vide et choque même les premières minutes si l’on compare aux années précédentes. Qu’il s’agisse d’un retrait total, d’évènements privés en amont du salon, d’un service minimum ou d’une délégation aux concessionnaires régionaux et le résultat est simplement assez triste dans l’ensemble pour ceux qui ont connu les grandes heures du et des salons. Cependant la passion automobile subsiste et cette nouvelle édition permet de confirmer des tendances fortes chez les généralistes en particulier qui sont indirectement liées à la crise récente et sont autant de signaux importants pour les années à venir. Revue de détails…pour ceux qui ont bien voulu venir (exit entre autres les Audi, Bentley, BMW, Buick, Cadillac, Jaguar Land Rover, Lincoln, Mercedes, Maserati, Mazda, Mini, Porsche, Volvo pour ne citer qu’eux…Rolls et Aston venaient même à une époque et puis aucune présence chinoise ou vietnamienne non plus, malgré les lancements en cours).  

Tendance 1 : l’après confinement

La première tendance un peu dans la lignée du boom des salons plein air : le post covid fait place aux grands espaces et à la nature sauvage. Les aménagements de stands, ou ce qu’il en reste, sont quasiment exclusivement évocateurs de nature et d’aventures « outdoor ». Fausse neige, faux arbres, faux campements, faux parcs nationaux…on cherche les biches au loin avec la palme dans le genre allant chez Subaru avec un stand fait en partenariat avec les parcs nationaux et une immersion digitale totale du sol au plafond dans les paysages mythiques des états et des équipes habillées façon Rangers pour célébrer la nouvelle gamme « Wilderness » et le lancement du nouveau « Outback » avec même un chenil et un centre d’adoption d’animaux familiers à proximité des accessoires protecteurs de coffres bien sûr. La mode outdoor se développe chez la plupart des constructeurs présents avec un concept similaire : pneus larges, jantes sombres, hauteur de caisse surélevée, protections plastiques, sièges brodés, noms évocateurs, galeries et tentes de toit de toutes sortes, autocollants, peintures joyeuses et touches argentées / dorées type mousquetons, vélos, surfs, canoés, jet-skis…une promesse que les vacances vont être belles…un jour. La dernière nouveauté dans le genre est le Volkswagen Atlas restylé qui n’échappe pas à la règle et devient disponible en finition…Peak Edition mais vraiment les exemples ne manquent pas et sont tous plus évocateurs les uns que les autres. Les accessoires font vendre, ils projettent du rêve et surtout permettre de proposer un niveau de customisation a un cout très limite sur le plan industriel puisque la plupart d’entre eux peuvent être montés en après-vente dans les concessions. Un moyen de faire plaisir au réseau aussi alors que les ventes directes deviennent plus présentes malgré l’obligation de toujours conclure une vente et d’obtenir l’immatriculation chez un des « dealers » qui a l’exclusivité sur le stock et la relation commerciale.

Tendance 2 : les animations

Puisqu’on est dans les loisirs, la deuxième tendance assez opportuniste étant donnée la désertification des constructeurs est de transformer un peu les salons en parcs d’attraction avec des initiatives intéressantes parfois facilitées par l’explosion des gammes électriques. Centres multisports / multi-activités au milieu des stands, mini-circuits d’essais découverte – trois à l’intérieur et deux à l’extérieur!, sensibilisation aux causes humanitaires et sociales, partenariat avec des associations, parcours 4×4 Jeep, expositions en tous genres dont des véhicules des forces de l’ordre et de l’ensemble des administrations, des importations directes du Japon à volant à droite devenues très populaires et tolérées une fois passée la limite des 25 ans, centre de recrutement des Marines avec concours de tractions…il y a de quoi faire et les contacts clients établis lors de ces mini-essais semblent assez efficaces puisqu’ils deviennent incontournables et sont suivis  d’une collection de messages des concessionnaires locaux…pas bête.

Tendance 3 : la nature a horreur du vide

La troisième tendance est un très impressionnant investissement des marques coréennes qui ont entre Kia, Hyundai et Genesis ont judicieusement pu récupérer pratiquement l’ensemble des espaces laissés libres par les autres constructeurs et qui sont dans un effort de conquête commerciale particulièrement soutenu au sein du salon et a travers une série d’évènements promotionnels dont le lancement du grand Coupe SUV GV80 présente au sein du très chic « Genesis House » lounge en plein Chelsea. Nombre  important de nouveautés, stands gigantesques, montée en gamme, leadership sur l’électrique, package maison connectée des panneaux solaires aux prises de recharge, salons d’accueil et buffet pour les client du « club » ayant la clé de leur voiture avec eux, assistants commerciaux auprès de chaque voiture, piste d’essais dédiée…l’effet est plutôt bluffant et finalement purement et simplement la reprise de tout ce que les constructeurs établis de longue date ont abandonné a l’exception des brochures définitivement disparues.

Tendance 4 : la cohabitation

La quatrième tendance est une confusion de plus en plus évidente dans la gestion parallèle des gammes traditionnelles d’un côté à combustion, hybride ou plug-in hybride voir full électrique d’un côté, et l’émergence de modèles purement full électriques de l’autre. Il y a vraiment de quoi s’y perdre : différentes appellations pour des voitures similaires en taille, mêmes appellations mais modèles qui n’ont strictement rien à voir, absence de suite logique / choix logique pour les propriétaires ou locataires actuelles, interruption soudaine de gammes a succès avec parfois même plusieurs années entre l’arrêt d’un modèle et le lancement du suivant, et le retour des modèles identiques mais vendus sous plusieurs marques (Alfa, Dodge, Toyota, Subaru, Mazda)…c’est à peu près le meilleur moyen pour un constructeur de perdre ses clients et le choix d’un future modèle semble de plus en plus scientifique…il n’y a plus aucune visibilité dans les gammes et des choix pour le moins hasardeux comme la Toyota Crown…berline surélevée deux tons (le deux tons est a la mode) qui arrive comme un cheveux sur la soupe pour ajouter un peu de complexité dans le mix…

Tendance 5 : back to the roots

La cinquième tendance, pour redonner un peu d’espoir a certain, est curieusement aussi un retour aux sources pour ce qu’on pensait définitivement disparu chez les généralistes US : le plaisir de conduite. Les boites manuelles font leur grand retour et s’exposent même sur la Mustang nouvelle génération, qui ressemble plutôt à un léger restylage passe par la case écran plat et gestion des couts… ou sur la « GTI » – Golf GTI et sur la Nissan Z qui s’annonce comme une très belle réussite et aura surement un bel avenir. Mais ce sont bien les Nissan GT-R, Corvette et Corvette E-Ray, Challenger Demon, Wrangler 392 V8, les RAM Hemi V8, les Broncos et autres Mustang Dark Horse qui attirent l’attention sans compter les « Exotic cars » du concessionnaire local représentant les marques les plus exclusives comme Koenigsegg venues faire le spectacle. Il y avait aussi un fort intérêt pour les clubs vintage, le rétrofit de luxe et quelques tuners un peux marginaux mais qui rappelaient peut être l’essentiel…l’automobile reste un marché à part, vecteur de passion et aussi d’aspirations sociétales importantes pour les visiteurs et représente un engagement financier de plus conséquent pour les foyers…et c’est peut-être une des leçons à retenir…après la chasse aux couts et la course à l’électrification, il faudra surement revenir un peu au côté plaisir, à l’expérience client et à ce que représente le fait d’avoir une voiture qui leur correspond pour beaucoup… A moins de faire définitivement de l’automobile un bien de consommation comme un autre, valide le temps d’un leasing, totalement standardise, et finalement sans âme. Une Lada 2106 attirait beaucoup les regards et était peut-être pour dire qu’au-delà des batteries de trois tonnes, l’automobile c’est aussi le plaisir léger d’un coude à la portière sur une route secondaire, ou tout le monde se fout du 0-60 miles en trois secondes ».

Merci à Le Driveur Ambulant pour son texte, ses photos et sa perspective.

Nos réseaux sociaux

Alimenté avec passion par l’association Le Nouvel Automobiliste

Copyright © 2021