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Décès de Jacques Calvet

L’ancien PDG de Peugeot-Citroën, Jacques Calvet, est décédé aujourd’hui à Dieppe à l’âge de 88 ans. Figure du grand patronat français souvent décrié et critiqué, il fut aussi le principal artisan de la survie de Peugeot suite à la crise des années 1970.

Un parcours très politique

Né à Boulogne-Billancourt, le jeune étudiant en droit, à Sciences po Paris puis à l’ENA ancra très nettement et très tôt son identité politique à droite en croisant et en côtoyant des personnages comme Edouard Balladur ou Jacques Chirac et Valéry-Giscard d’Estaing. Il est directeur de cabinet du ministère de finances pendant de nombreuses années mais ne devient finalement pas ministre après l’élection de VGE et se dirige à partir de 1975 vers la gestion d’entreprises, publiques dans un premier temps. Il est alors nommé à la tête de la BNP dont il sera évincé par François Mitterrand en 1982. Le début d’une opposition vive et farouche entre les deux hommes.

Le passage au privé, chez Peugeot

Jacques Calvet n’étant pas du genre à avoir la langue dans sa poche et étant aussi du genre à jouer les troublions, il séduit les Peugeot qui décident de le recruter pour relancer la marque au lion alors en grande difficulté. Il va ainsi rapidement obtenir carte blanche et diriger le groupe sans discontinuer de 1984 à 1997.

Il restructure très fortement l’entreprise et parvient à sauver Peugeot. Elle devient du même coup une entreprise rentable et bénéficiaire, alors qu’elle était lourdement endettée à son arrivée, double son chiffre d’affaire et voit sa cotation boursière décuplée. Las, le plan de restructuration se fait largement au détriment des aspects sociaux puisque près de 50 000 emplois sont supprimés. Cette politique lui vaudra de nombreuses critiques, quoique sa popularité demeure toujours forte, une caricature acerbe de patron paternaliste et rétrograde aux Guignols de l’Info de Canal+ pendant de nombreuses années et même une place dans la liste des personnalités à abattre fixée par l’organisation terroriste d’extrême gauche Action Directe et sur laquelle on compte aussi Georges Besse.

On lui doit également le bon fonctionnement de l’ensemble Peugeot-Citroën dont il parvient peu ou prou à déterminer les rôles respectifs au travers d’une maxime de son cru pour les désigner : « l’infanterie de marine et la cavalerie légère ». Il s’est également démené pour faire de Peugeot un leader du Diesel, ce qui fut plutôt réussi, mais n’a jamais réussi à atteindre l’objectif qui lui tenait à cœur : faire de la marque le premier constructeur européen. On ne peut toutefois pas lui retirer l’incroyable succès de la 205 (wawawoum !) et la commercialisation de la meilleure voiture du monde : la Citroën BX !

Retraite ?

Les Peugeot, qui l’avaient attiré vers Sochaux en 1982, le poussent gentiment vers la sortie en 1997 alors que lui-même aurait souhaité rester encore un peu. Il tente alors de retourner à ses premières amours, la politique, mais sa famille idéologique ne lui fait pas vraiment de cadeau et il y renonce rapidement.

Il est décédé ce jour à Dieppe à l’âge de 88 ans. PSA lui rend hommage par la voit de son PDG actuel Carlos Tavares : «  C’est avec une grande tristesse que j’apprends le décès de Jacques Calvet et je tiens à exprimer au nom de tous les salariés du Groupe PSA nos sincères condoléances à son épouse et à sa famille. Jacques Calvet, grand visionnaire, a dirigé l’entreprise de 1984 à 1997, pour en faire un constructeur automobile de premier plan. Je tiens à saluer la mémoire de ce grand capitaine d’industrie qui nous quitte, doté d’un rare courage et d’une détermination sans faille qui doivent nous inspirer. Au regard de la crise que nous traversons, son exemple nous oblige et nous engage à protéger l’entreprise dans l’intérêt de ses salariés, comme il a toujours su le faire »

Calvet
Jacques Calvet 1931-2020)

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