Le Nouvel Automobiliste
Essai Mazda3 Le Nouvel Automobiliste

Essai Mazda3 2.0 SkyActiv-G M-Hybrid 122 ch Inspiration Auto. : zoom-zoom zen

Présentée pour la première fois en France lors du Festival Automobile International de Paris, la nouvelle Mazda3 mise sur ses lignes reprises de l’étude de style KAI Concept pour séduire. Récompensée par le prix du design « Red Dot : Best of the Best », la nouveauté d’Hiroshima pourrait bien attirer l’attention face aux stars françaises vieillissantes Renault Mégane et Peugeot 308. Mais est-elle prête à affronter une Ford Focus aussi dynamique que technologique et, prochainement, la Golf 8, référence des compactes européennes ? L’attention supplémentaire apportée à la qualité de la Mazda lui permet-elle d’aller se frotter au premium allemand ?

Design sans compromis

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Suivant le mouvement de design « Kodo » (L’âme en mouvement) de la firme d’Hiroshima, la nouvelle 3 arbore des lignes fluides typiques de la marque ainsi que de forts parti-pris stylistiques. À commencer par l’arrière très ramassé et arrondi qui se passe de vitres de custode. Vue de trois quarts arrière, avec ses feux horizontaux à motifs ronds, la compacte japonaise a un on-ne-sait-quoi d’Alfa Romeo. Et avouez que niveau sensualité, on fait difficilement mieux que les italiennes ! 

Si cet arrière vous déplaît, sachez que la Mazda 3 existe aussi en berline 4 portes. Cette silhouette plus classique affiche 20 cm de longueur supplémentaire, soit 4,66 m au total. Si vous êtes bon en calcul mental, vous en aurez donc déduit que la version à hayon mesure 4,46 m. Cela fait de cette compacte l’une des plus longues voitures du segment : c’est 10 cm de plus qu’une Ford Focus et carrément 21 cm de plus qu’une Peugeot 308 !

Toutefois, la berline d’Hiroshima est bien proportionnée. Du fait du capot très lisse et de la surface vitrée réduite, la Mazda 3 apparaît visuellement large, surtout de face . Une impression également favorisée par le dessin des pare-chocs, dépourvus d’antibrouillards et de prises d’air.

La calandre noire à nid d’abeille domine cet avant intimidant. Elle s’étend en largeur, délimitée par un contour noir brillant (chromé sur la version 4 portes) venant rencontrer les phares très effilés. Ce style donne un côté hypnotisant à cette concurrente de la VW Golf, qui parait bien classique voire fade à côté de la japonaise. Dommage que le regard soit interloqué par des feux de jour à halogène, une faute de goût étrange surtout sur cette version haut de gamme.

À bord : elle balance l’épuré

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À l’intérieur également, la Mazda 3 fait forte impression. Le tableau de bord au dessin très fluide présente une excellente qualité perçue . Derrière le volant, on se sent tout de suite dans une Mazda : ceinture de caisse haute, pare-brise et toit très inclinés, rétroviseurs extérieurs en recul et sobriété générale. Reposante pour le regard, cette ambiance est indéniablement chic. Tout en largeur, la planche de bord dissimule habilement ses aérateurs tandis que l’écran, offrant une bonne visibilité en toutes circonstances, surplombe le tout gracieusement. Commandé par une molette pratique à l’usage, il est situé en recul et permet de dégager le tableau de bord, d’où ce dessin en toute fluidité.

Il nous faut toutefois relever quelques inconvénients inhérents au dessin extérieur. Comme sur un C4 Cactus, le rétroviseur intérieur est, du fait de l’inclinaison du pare-brise, dans l’axe de vision. Ce qui implique, selon la position de conduite, quelques difficultés à voir le visage des piétons et anticiper leurs mouvements. À l’arrière, les passagers pourront se sentir confinés à cause de la faible surface vitrée, qui nuit également à la rétrovision. Nous avons par ailleurs noté l’assemblage léger du cache en plastique à l’embase du siège, qui s’était décroché. Un précédent essayeur peu soigneux ou un assemblage léger ?

Malgré la sensation d’enfermement, les occupants des places arrière ne sont pas à l’étroit pour autant mais la Mazda3 n’est pas une référence sur les côtes d’habitabilité. Quant au coffre, il souffre d’un seuil de chargement haut et son volume de 330 l seulement le situe bien loin en dessous des 434 l d’une Renault Mégane. Si le volume de coffre est votre priorité, la version berline vous comblera avec ses 450 litres, obtenus par sa longueur supérieure de 20 cm. 

Au volant : une japonaise bridée mais pas à court d’idées

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Nous attendions la Mazda 3 au tournant sur le chapitre du dynamisme de conduite. Attention, nous ne parlons pas de sportivité, mais de dynamisme, de ressenti de la route, de précision. La marque nous a en effet habitués à des prestations largement enthousiasmantes dans ce domaine. Disons-le tout de go : la 3 est digne de son blason. 

Précise et communicative, la direction se montre très bien calibrée même en zone urbaine où sa douceur est appréciable. À rythme plus soutenu, le châssis démontre son efficacité et procure un sentiment de sécurité au conducteur. La Mazda 3 est inflexible quelle que soit la situation, même sous la pluie battante qui n’aura cessé pendant toute une journée de route. Cette conduite stimulante et sécurisante est au niveau des références en la matière, Peugeot 308 et Ford Focus en tête.

Notre modèle d’essai est équipé du moteur 2.0 SkyActiv-G essence de 122 ch, combiné à la boîte automatique à 6 vitesses. Six vitesses seulement, quand les concurrentes proposent des boîtes à 7 (Golf, Mégane) voire 8 vitesses  (308, Focus…). Au moins celle-ci passe chaque rapport sans à-coup. Il faut s’habituer au fait qu’il s’agit d’un moteur atmosphérique (de 2 litres de cylindrée, quand les concurrents proposent des 3 cylindres 1.0 développant la même puissance), qui a donc tendance à monter dans les tours plus qu’à l’accoutumée. Cela est plus flagrant lorsque le régulateur de vitesse adaptatif est actif : pour retrouver sa vitesse initiale lorsque celle-ci a été interrompue par un autre véhicule, la boîte tombe un ou deux rapports et fait vrombir le moteur pendant l’accélération aussi soudaine qu’inattendue. 

Du point de vue des performances pures, le moteur cantonne la Mazda3 à la catégorie des voitures « dynamiques »  et lui ferme les portes de la sportivité. Les 122 ch ont la tâche d’emmener les 1225 kg à vide de l’auto (soit 25 kg de plus que la version manuelle), ce qui se fait sans difficulté mais aussi sans grande nervosité. En témoigne le chrono du 0 à 100 km/h, de 10,8 s (0,4 s de moins sur la version manuelle), une seconde pile de plus qu’une Peugeot 308 1.2 PureTech 130 ch EAT8.

Côté consommation, le tableau de bord nous indique 8,1 litres/100 km, une valeur que nous vérifions sur notre long parcours sans avoir eu le pied particulièrement lourd. Nul doute que cette consommation peut être réduite en conduite plus coulée. Pour y parvenir, la Mazda 3 reçoit un système de micro-hybridation qui permet de couper le moteur pendant les phases de décélérations. Son action est très discrète et explique en partie l’absence de bruit dans l’habitacle.

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Sans être sportive, la Mazda 3 paye le revers de son dynamisme côté confort. Le maintien des sièges est certes très bon et l’insonorisation excellente, mais les déformations de la route ne sont pas très bien absorbées par les suspensions. Elle ne fait pas mieux qu’une Ford Focus ST-Line, offre à tendance sportive de la gamme Focus, celle-ci proposant d’autres versions bien plus moelleuses.

Équipements : bonne entrée en matière !

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Comme à son habitude, Mazda a créé une gamme simple et compréhensible, avec une seule option au catalogue, la peinture métallisée. La montée en gamme est pertinente et valorisante, mais l’entrée de gamme se montre déjà riche. Certes plus chère qu’un « prix d’attaque » chez ses concurrentes, elle se montre très bien dotée.

D’un point de vue esthétique, la version de base est très complète puisqu’elle reçoit tous les éléments qui agrémentent le style, en dehors des jantes qui se contentent d’un diamètre modeste de 16″ (18″ sur les autres versions). Phares et feux à LED, contour des vitres chromés, calandre noire à jonc noir laqué, insert noir en partie basse du pare-chocs arrière… tout y est !

Même logique à l’intérieur, cette version reçoit d’office tout ce qui caractérise une voiture moderne : compteur numérique 7’’, système multimédia Mazda Connect compatible Apple CarPlay et Android Auto avec écran 8,8’’ et navigation. Avec en bonus le volant cuir, l’éclairage d’ambiance à LED, les vitres électriques à toutes les places… 

Les équipements de sécurité ne sont pas en reste. Les airbags frontaux, latéraux et rideaux aux deux rangs, airbag genoux conducteur promettent en cas d’accident un déploiement de ballons digne de la fête d’anniversaire dont vous avez rêvé étant petit. Nombre de technologies vous évitent toutefois ce genre de situation, à toutes vitesses et partout : 

  • En ville avec l’aide au freinage et la détection d’obstacle, la surveillance des angles morts et la reconnaissance active d’obstacles mobiles en marche arrière ; 
  • À la campagne avec le système de maintien de trajectoire, le limiteur de vitesse avec adaptation intelligente de la vitesse couplé à la reconnaissance des panneaux de signalisation et la gestion automatique des feux de route,
  • Sur autoroute, où le système d’alerte du conducteur et le régulateur de vitesse adaptatif avec aide au freinage intelligent vous pardonneront quelques écarts de vigilance

On note également des équipements d’agrément nombreux et sophistiqués, à l’image de l’affichage tête haute, projeté sur le pare-brise. Les fonctions automatiques ou simplifiées sont multiples, entre les phares et essuie-glace (à buses intégrées comme sur une Citroën C4 Cactus), le démarrage par un bouton, le frein à main électrique, les rétroviseurs rabattables électriquement… Seule la climatisation nécessite une intervention manuelle.

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La finition supérieure Style donne accès à la motorisation diesel et à la boîte automatique, non proposées sur la finition de base. Cette version intermédiaire justifie son surcoût de 2 300 € notamment par une dotation technologique et de confort pléthorique : reconnaissance active des obstacles mobiles en marche avant et arrière, caméra 360°, fonction Stop&Go, sièges avant et volant chauffants, rétroviseurs photochromatiques, jantes 18 »… 

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Pour chapeauter la gamme Mazda3, deux versions distinctes sont proposées. 

  • La Sportline, faisant la part belle à l’esthétique avec des signatures lumineuses spécifiques et des détails chromés à l’intérieur, un joli rétroviseur intérieur sans cadre et les vitres arrière surteintées ; 
  • L’Inspiration, notre version d’essai, la plus raffinée, avec un système audio Bose 12 HP et les phares adaptatifs – comme sur la Sportline –, la sellerie cuir, le siège conducteur électrique ou encore la mémorisation des réglages de l’affichage tête haute et des rétroviseurs extérieurs

Tarif : de l’expression « défiant toute concurrence »

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Modèle essayé : Mazda3 Inspiration SkyActiv-G 122 ch BVA à 31 100 € incluant l’option Peinture métallisée Snowflake White Pearl Mica à 500 €.

Face à ses concurrentes, la Mazda3 est particulièrement bien placée, en tout cas sans tenir compte de la politique commerciale en concession. Voici quelques exemples en prenant les prix catalogues d’autres compactes équivalentes à notre modèle d’essai :

  • Ford Focus 1.0 EcoBoost 125 ch ST-Line Auto. avec options Pack Style 18’’, alerte angle mort, peinture métallisée, affichage tête haute, Pack Techno, Pack Hiver et caméra de recul à 31 450 €
  • Peugeot 308 1.2 PureTech 130 ch GT-Line EAT8 avec options peinture métallisée, jantes alliage 18 », Sport Pack, Pack Drive Assist à 33 350 € 
  • Volkswagen Golf 1.5 TSI 130 ch Carat DSG 7 avec options peinture métallisée, jantes alliage 17 », Pack hiver, Pack drive assist premium à 34 845 €.

Misant sur son pouvoir de séduction, la nouvelle Mazda peut provoquer un véritable coup de cœur. Son design offre en effet du neuf sur un segment à tendance classique. Mais en restant lucides, on ne peut évidemment fermer les yeux sur les inconvénients engendrés par les parti-pris stylistiques et dynamiques. Amortissement typé sport, visibilité arrière réduite, rapport encombrement/habitabilité décevant… La Mazda 3 partage ses défauts avec la Focus ST-Line, qui offre plus d’espace mais aussi un design plus chargé (nervures sur la carrosserie, phares au design sophistiqué)… ou plus consensuel selon la version. S’affichant à un tarif similaire, elle en fait sa rivale toute désignée.

Mais sur bien des points, la compacte nippone atteint un niveau d’excellence qui en fait une rivale redoutable sur tout le segment des compactes. Dynamisme, qualité de finition, design, la Mazda 3 pourrait se frotter aux Audi A3 et Mercedes-Benz Classe A, sans en avoir les prétentions tarifaires… ni les puissantes motorisations. Du moins pour l’instant, car nous attendons avec impatience le nouveau bloc SkyActiv-X de 180 ch, un moteur qui prétend cumuler tous les avantages de l’essence et du Diesel !

Textes et photos Thibaut Dumoulin pour Le Nouvel Automobiliste

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