C’est en pleine tourmente financière que la marque Peugeot lance en 1977, le programme M24 destiné à remplacer la Peugeot 104. Cinq ans plus tard, la M24 est présentée officiellement, elle est baptisée 205 !
Le projet M24
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Sa ligne, esquissée par les équipes du style Peugeot dirigées par Gérard Welter, et ses nombreuses qualités font de la petite lionne un Sacré Numéro qui trouve rapidement son public dès son lancement commercial en février 83.
Proposée dans un premier temps avec quatre motorisations essence héritées de la 104 délivrant de 45 à 80 chevaux, la 205 est disponible dans cinq finitions (205, 205 GL, 205 GR, 205 SR et 205 GT).
Cette nouvelle voiture s’intercale dans la gamme entre la 104, qui reste encore au catalogue, et la 305. Ses rivales se nomment alors FIat Uno, Renault 5, Citroën Visa, Talbot Samba, Ford Fiesta, Opel Corsa, Volkswagen Polo et Volkswagen Golf.
Un atout qui pèsera fort dans le marché des prochaines années
Robert Séjourné, l’Automobile Magazine n°441, mars 1983
Dans l’Automobile Magazine n°441 publié en mars 1983, Robert Séjourné nous dit de la 205 SR qu’elle « fait partie de ces voitures que l’on épouse dès le premier contact tant elle colle au conducteur grâce à une prise en main sans problèmes. Et compte tenu des possibilités qu’elle offre, on pourra avoir tendance à la comparer à plus grosse qu’elle. […] Pour la concurrence elle sera un gros morceau à avaler, pour Peugeot, se sera un atout qui pèsera fort dans le marché des prochaines années, car nous aurons droit à d’autres évolutions que celles que nous connaissons ».
Confrontée à ses rivales dans l’Action Automobile n°265 publié en mars 1983, la 205 les surclasse largement.
Jean-Pierre Malcher conclut ainsi l’essai qu’il réalise de la 205 dans sa version GT de 80 chevaux : « nous avons, d’une façon générale, été enthousiasmés par cette nouvelle petite Peugeot qui est à la fois élégante, pratique et remarquablement efficace sur la route. Elle peut convenir à un très large éventail de clientèle et nous avons confiance en son avenir. D’autant plus que des versions complémentaires sont appelées à voir le jour dans le courant de l’année avec une version diesel tout d’abord et une version très sportive de 110 chevaux. Le Lion de Sochaux a bien sorti ses griffes (le slogan de la marque Peugeot en 1983 était Un constructeur sort ses griffes, ndlr) ».
1984, la gamme se développe et la mythique Peugeot 205 GTI fait son apparition
Comme le laissaient entendre les journalistes lors des premiers essais presse, la gamme se développe rapidement avec, notamment, l’arrivée des motorisations diesel et des versions 3 portes.
Le 1er mars 1984, quelques jours après la Turbo 16, la mythique 205 GTI entre en scène !
Trois portes, l’injection et 105 chevaux, une boîte 5 vitesses, une silhouette jeune dont les roues à pneus larges rehaussent l’allure sportive, 190 km/h. Telle se résume la Peugeot 205 GTI qui vient coiffer toute la gamme 205.
Alain Bertaut, L’Action Automobile et Touristique, n°275 publié en février 1984
Equipée d’un quatre cylindres 1,6L développant 105 chevaux, la Peugeot 205 GTI se distingue fortement du reste de la gamme avec ses trois portes et son style très sportif.
Voici ce qu’écrivait l’Automobile Magazine en mars 1984 lors d’un match opposant la 205 GTI à la star du moment, la VW Golf GTI : « avec la GTI, les stylistes maison ont fait encore plus fort : elle est réellement très belle. Look agressif qui rappelle la Turbo 16, belles jantes avec pneus taille basse, spoiler intégrant des projecteurs supplémentaires, becquet discret, caisse soulignée par des protections latérales avec un filet rouge, glaces arrière affleurant la carrosserie. En outre, elle se différencie de la version 5 portes par une hauteur de caisse abaissée de 12 mm. Ainsi elle a l’allure ramassée d’un chat prêt à bondir ».
Dès les premiers tours de roue on a compris que l’on a affaire à une redoutable cliente.
L’Automobile Magazine, mars 1984
Qu’en est-il une fois derrière le volant ? « Première remarque, quand on met en marche le moteur de la 205 GTI : le bruit est sympathique, rauque, presque hargneux et néanmoins bien filtré dans l’habitacle. Tient-il ses promesses ? Dès les premiers tours de roue on a compris que l’on a affaire à une redoutable cliente. Les montées en régime sont franches et vives, le moteur prend ses tours sans faiblesse et il faut que la coupure d’alimentation à 6500 tr/mn nous rappelle à la raison. […] Vive et agile elle saute d’un virage à l’autre, vire à plat avec une légère tendance à sous-virer et il faut vraiment rentrer fort dans une courbe pour sentir une amorce de décrochage du train arrière ».
Finalement, les auteurs s’accordent à dire que, avec la 205 GTI, « la Golf a trouvé plus forte qu’elle ».
Le journaliste Michel Salusse partage cet avis et voici ce qu’il écrivait dans AUTOhebdo en 1984 à l’occasion d’un comparatif opposant la toute nouvelle 205 GTI 105 chevaux à la cultissime Volkswagen Golf GTI : « L’arrivée de la 205 GTI pourrait bouleverser le partage actuel du marché. Non contente d’être belle et complètement équipée pour un prix intéressant, elle s’offre le luxe de bonnes performances et surtout d’un comportement au-dessus du lot. Avec sa tenue de route sans défaut agrémentée d’une maniabilité que les autres n’ont pas, elle se distingue particulièrement dans les conditions difficiles en restant sûre et rapide. La seule, par exemple, à savoir freiner sous la pluie. Alors, sans chauvinisme aucun et sans hésitation, je vote 205 GTI ». Tout est dit !!!
C’est également en 1984 qu’apparait la première série spéciale basée sur la 205, la Lacoste.
Cette dernière sera suivie par de nombreuses autres séries spéciales avec, notamment, les 205 Open, Green, Style, Look, Color Line, Indiana ou bien encore, la célébrissime Roland Garros !
En 1986, alors que la 205 est auréolée du titre de Championne du Monde des Rallyes pour la seconde fois, la version Automatic fait son apparition. Equipée, comme son nom l’indique, d’une boite automatique, cette 205 est animée par un moteur 1,6L développant la puissance de 80 chevaux.
La 205 Automatic est une voiture « sage, voire à la limite un peu fade. […] Une 205 dégourdie certes, mais sans trop de malice tout de même » nous dit Jean-Pierre Joyeux dans l’Auto-Journal du 1er février 1986.
Cette même année, la GTI voit sa puissance passer de 105 à 115 chevaux et une version cabriolet développée et fabriquée par Pininfarina vient compléter la gamme.
Cette dernière est disponible dans les finitions CT et CTI.
En 1987, après avoir conquis le titre de Championne du Monde des Rallyes en 1985 et 1986, la Peugeot 205 Turbo 16 part à l’assaut des dunes du Paris-Dakar. Avec son pilote fétiche Ari Vatanen, elle nous offre, plusieurs années de suite, un merveilleux spectacle et fait rêver des millions de personnes dans le monde.
Cette même année, la 205 GTI 1,9L de 130 chevaux fait son apparition. Elle vient compléter par le haut la version 115 chevaux.
Vous serez assuré si le cœur vous en dit, de pouvoir prendre votre pied sur les petites routes tortueuses.
Jean-François Guittard, AUTOhebdo n°541, septembre 1986
Voici ce qu’écrit Jean-François Guittard dans le n°541 d’AUTOhebdo publié en septembre 1986 : « Si nous avons bien compris, la 205 GTI 1,9L est destinée aux conducteurs exigeants qui rêvent de… piloter. Tout un programme. […] Vous voulez des chiffres ? En voilà à notre chronomètre : 204 km/h, de 0 à 100 km/h en 7 »8 et 29 »3 au 1000 m départ arrêté. […] Les réactions au volant sont plus accentuées que sur la 1600. La direction est plus lourde, gare aux manœuvres de parking, et il convient de maintenir fermement le volant sur toutes bosselées […] Ce 1900 est vraiment une réussite, puissant, disponible et sobre à la fois. […] La 205 est toujours aussi efficace et les freins qui avaient tendance à faiblir en usage intensif sont maintenant exceptionnels tant en puissance qu’en endurance. Le point critiquable concerne les appuis bosselés dans lesquels il sera, en cas de surprise, difficile de ralentir et à fortiori, de freiner. La 205 est relativement pointue dans ces conditions. […] Dans l’ensemble, la tenue de route est tout de même plus saine que sur l’ancien modèle et surtout plus à la portée de la majorité. […] Pour rouler normalement, vous serez encore heureux de pouvoir disposer des importantes ressources de la 1900 pour doubler en toute sécurité. […] Mais quelle que soit la catégorie dans laquelle vous évoluez, vous serez assuré si le cœur vous en dit, de pouvoir prendre votre pied sur les petites routes tortueuses, plus encore qu’avec la 1600 ».
1988, une nouvelle jeunesse pour la 205
La 205 profite d’un restylage pour le millésime 1988. Si l’habitacle est entièrement nouveau, l’extérieur ne change guère en dehors de l’arrivée de nouveaux enjoliveurs et rétroviseurs.
Sous le capot, les moteurs hérités de la 104 disparaissent au profit de nouveaux blocs plus modernes et de nouvelles versions apparaissent avec les 205 Junior et 205 Rallye.
Avec ses 103 chevaux, la 205 Rallye s’intercale entre la XS de 80 chevaux et la GTI de 115 chevaux. Équipée du moteur de la Citroën AX Sport revu et amélioré avec 8 chevaux supplémentaires, la 205 Rallye se distingue aisément des GTI grâce à son look spécifique.
Uniquement disponible en blanc Meije, elle se passe de la grille en plastique située entre les feux arrière, dispose d’élargissements d’ailes spécifiques et est équipée de jantes en tôle de couleur blanc Meije également. Le sigle PTS (Peugeot Talbot Sport) est quant à lui apposé en de multiples endroits sur sa carrosserie.
A l’intérieur, la Rallye reprend les sièges de la GTI recouverts de tissu noir avec le logo PTS sur le dossier et elle hérite du tableau de bord simplifié de la 205 Junior. L’équipement de la Rallye a été réduit au minimum ce qui a permis un gain de 75 kg !
Ronflante à souhait avec son petit moteur qui ne demande qu’à se ruer vers les 7000, elle suscite beaucoup d’intérêt et de sympathie sur son passage.
Yves Bey-Rozet, l’Action Automobile et Touristique n°320 publié en mars 1988
Voici ce qu’en disait Yves Bey-Rozet dans son essai publié dans l’Action Automobile et Touristique n°320 publié en mars 1988 : « Rallye ! Cette 205 n’a rien à voir avec la double Championne du Monde. L’objectif de Peugeot ? Il est double : permettre aux apprentis champions de courir mais aussi, proposer aux budgets jeunes une alternative à la GTI, pour moins de 70000 F ! […] Pour le pilote comme pour le passionné, l’âme de la Rallye est son moteur. […] Gavé par deux gros carburateurs double corps, il rappelle le bon vieux temps des Gordini et autres Berlinette. […] la 205 Rallye est particulièrement attirante. Sobre dans son jogging blanc, décoré aux couleurs de Peugeot Talbot Sport ; pimpante à l’intérieur, avec ses deux baquets noirs égayés par les ceintures et moquettes rouges ; ronflante à souhait avec son petit moteur qui ne demande qu’à se ruer vers les 7000 (mais parfaitement docile à bas régime), elle suscite beaucoup d’intérêt et de sympathie sur son passage. Quant à son conducteur, il se régale à égrener les rapports qui ponctuent chaque montée en régime rageuse. […] Bravo Peugeot ! »
Plus récemment, dans le numéro 100 du magazine Youngtimers publié en juillet 2019, la 205 Rallye était confrontée à sa cousine la Citroën AX Sport.
Voici un extrait de cet article intitulé « Orgasmiques ! » : « […] Accélérateur sur la moquette, bref rototo pour évacuer le surplus d’essence, et voilà le 1294 cm3 surpris à rejouer le vol sauvage des Walkyries aux cris stridents. 7200 tr/min, comme une fleur, dans un vacarme assourdissant ! Quel que soit le rapport engagé, le TU ventile façon puzzle. […] Seule une route de campagne sinueuse à souhait permet en réalité de départager nos deux « blanches Meije », incroyablement agiles, mais dont la posture en virage diverge sensiblement. Raide comme une trique, nantie d’un train avant (de GTI) extrêmement pugnace, d’une direction tranchante et de freins épatant d’efficacité, la 205 enroule comme une reine, patte en l’air, puis glisse gentiment du postérieur lorsqu’on soulage l’accélérateur. Du Peugeot pur jus. »
La 205 bénéficie de nouveaux changements cosmétiques pour le millésime 1991 avec des feux arrière remaniés et des clignotants blancs à l’avant.
Une version Turbo D de 78 chevaux fait alors son apparition dans la gamme et une série spéciale basée sur la GTI 130 chevaux dénommée Griffe est également commercialisée.
En 1991, alors que la Peugeot 106 fait son apparition, une version luxueuse de la 205 équipée d’un intérieur cuir voit le jour, c’est la Gentry ! Cette dernière est équipée du 1,9L de la GTI dont la puissance est redescendue à 105 chevaux.
1993, la fin approche…
Avec l’arrivée en février 1993 de la Peugeot 306, la gamme est simplifiée et les versions Rallye (30000 exemplaires fabriqués contre 5000 prévus initialement !) et GTI 1,6 disparaissent. Le pot catalytique est généralisé sur toute la gamme et la puissance de la GTI 1,9L passe de 130 à 122 chevaux.
En 1994, la 205 franchi le cap des 5 millions d’exemplaires produits et la GTI 1,9L quitte le catalogue.
En 1998, la 205 tire sa révérence. Elle aura été produite de 1983 à 1998 à 5.278.050 exemplaires. La 206 va reprendre le flambeau avec succès !
A lire et à relire
De nombreux ouvrages ont été publiés sur la Peugeot 205. Chez Sophia Editions / ETAI, vous trouverez La Peugeot 205 de mon père et Peugeot 205, tous deux écrits par Jean-Marc Gay.
Daniele Bellucci a quant à lui publié le célèbre Guide d’identification de la Peugeot 205 qui recense toutes les versions produites. Une véritable Bible pour tous les passionnés !
Si vous souhaitez en savoir plus sur le développement de la GTI et de la Turbo 16, nous vous conseillons l’excellent ouvrage publié il y a plusieurs années par Frédéric Lhospied et intitulé La Peugeot 205 et le sport. Cet ouvrage de référence est encore disponible auprès de la Boutique de l’Aventure Peugeot.
Enfin, pour connaitre en détail l’histoire de la 205 Turbo 16, il faut vous procurer le livre rédigé par Jean Todt et Jean Louis Moncet intitulé 205, histoire d’un défi. Epuisé depuis de nombreuses années, il se trouve facilement d’occasion.
Une Peugeot 205 sur vos étagères
La 205 a été reproduite par de nombreux fabricants et ce, à toutes les échelles depuis le 1/64ème jusqu’au 1/12ème.
Norev a réalisé de nombreuses versions de la GTI au 1/43ème et au 1/18ème. Solido, de son côté, commercialise régulièrement de nouvelles versions des Rallyes, GTI et Cabriolets au 1/18ème. IXO s’est quant à lui spécialisé dans les versions Turbo 16 de rallye.
Enfin, OttOmobile a produit de très belles GTI et Turbo 16 au 1/18ème. Au 1/12ème, la marque française a présenté une version GTI 1,6L 105 chevaux ainsi qu’une superbe Rallye.
La 205 GTI au cinéma
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