Francois Mortier
La Renault 17 devient électrique avec Ora Ïto
Imaginée par l’équipe de Gaston Juchet en 1971, la Renault 17 est un miroir du début des années 1970. Colorée, fun mais aussi bourgeoise avec un pendant plus accessible, la Renault 15. Deux interprétations d’une même voiture, dérivée de la Renault 12 lancée en 1969, et qui sont l’expression du grand tourisme démocratisé au plus grand nombre. Une vraie promesse républicaine, familiale avec 4 places, doublée d’un style fort avec un long capot, l’absence de montant central, et même un toit ouvrant.
Un demi-siècle plus tard, à l’ère des SUV, des silhouettes monovolumes et des renforts de sécurité passive, la Renault 17 a tout de l’anachronisme dans nos rues. Et c’était justement le but de Renault de faire réaliser un restomod rétrofuturiste de son coupé. Ora Ïto et les stylistes de Renault, Sandeep Bhambra à la tête des concept cars, et Gilles Vidal à la tête du style du Losange, ont travaillé de concert pour repenser le style du coupé « draper la Renault 17 d’une seconde peau pour la magnifier et la ramener dans notre époque ».
La simplexité comme maître-mot
Connu pour avoir dessiné le tramway de Nice, des sneakers avec Nike, le MAMO de Marseille au sommet de la Cité Radieuse ou l’aménagement de la boîte de nuit Le Cab, Ora Ïto est un touche-à-tout depuis les années 1990. Ses idées ont été appliquées aux ustensiles de cuisine pour Guzzini jusqu’au mobilier pour Roche Bobois en passant par les luminaires ou encore les lavabos. Une large palette de créations à laquelle, dès 2021, il souhaitait ajouter l’automobile en déclarant : « J’aimerais faire une voiture à hydrogène avec une marque française. » C’est presque le cas ! Avec Renault, c’est une R17 electric qu’il a signée, sans renier son style.
En effet, son maître-mot est un mot valise : simplexité, contraction de simplicité et complexité, mélange « de la fluidité, du dynamisme, de la rationalité. J’ai voulu simplifier des éléments complexes. » Sur la R17 electric, cela se traduit par des lignes épurées, plus tendues, des optiques réduites à de fins rais lumineux, et à un jeu sur la teinte sombre Brun Galactique inédite qui permet de faire ressort la lumière de l’habitacle sans montant central. La carrosserie monocoque est intégralement préservée mais passe à la fibre de carbone, et les voies sont élargies de 17 cm pour une meilleure assise et faire passer les 270 ch électriques au sol.
Quand Renault renoue avec les sièges pétales
On avait déjà eu un premier signal avec les sièges enveloppants de la R5 E-Tech : avec cette R17 electric, qui n’est pas du tout destinée à une production, les designers Renault et Ora Ïto ont renoué avec les sièges pétales, désormais habillés comme de tissus issus de l’ameublement (satin chiné en laine Mérinos pour les parties marron, et bouclé de laine léger pour les parties beiges). Des tissus qui rappellent les années 1970 et les moquettes de cette époque, un clin d’œil qui n’est pas le fruit du hasard car comme le dit le designer, « le détail n’est pas un détail ».
Le poste de conduite est globalement reconduit, mais se voit ajouter un écran central en partie basse avec l’identité graphique actuelle de Renault. Le volant devient, au passage, carré. Notez aussi que les compteurs sont remplacés par 4 écrans, un thème qui n’est pas sans rappeler le Scénic Vision ou la R5 Turbo 3E. Car si Renault se défend de vouloir relancer un coupé ou une Renault 17 à l’avenir, ce restomod distille à sa façon l’esprit des Renault de demain, nourri grandement des icônes de son passé.
Renault et le restomod : une création par an
A chaque année sa création réinterprétée avec Renault : 2021 et l’anniversaire de la Renautl 4 avait donné lieu à la Suite N°4 de Mathieu Lehanneur, un hôtel sur roues ; 2022 à la Renault 5 Diamant de Pierre Gonalons ; 2023 à la Twingo de Sabine Marcelis. Qu’en sera-t-il en 2025 ? La marque osera-t-elle réinventer la Renault 16 ?
D’ici là, la R17 electric fera le tour des salons, d’abord à Chantilly le 15 septembre, puis au Mondial de l’Auto du 15 au 20 octobre, et certainement à Epoqu’Auto ou encore à Rétromobile ensuite.
Guillaume Billaroch
