Essai Alpine A110S : Sublime orange pressée

Je n’avais jusque-là essayé l’Alpine que furtivement dans sa version de lancement. (retrouvez notre essai de l’A110 « base »). Je l’avais trouvée dynamique et agréable à conduire. La mise à jour (et les nouveaux tarifs 2024) de la A110 en version S m’ont donné l’occasion d’un véritable essai. Et pourquoi ne pas trouver un axe différent d’article pour faire de jolies photos en la mettant à côté d’un A110 de course des années 70.

Grâce à Martine Renier, j’ai pu rencontrer un fan d’Alpine et ex réparateur/préparateur de la marque. Il possède une très belle A110 groupe 4 et une non moins superbe A110 moderne de couleur bleu de France.

Ecouter cet article

Essai Alpine A110S : look, vous avez dit look ?

La voiture mise à ma disposition ne fait pas dans le discret, orange flashy, toit noir et grandes jantes noires. Elle n’a pas le pack aéro et c’est très bien. Je ne suis pas fan de l’aileron qui, pour moi, gâche la ligne de cette Alpine.

En tout cas la couleur fait l’unanimité : tout le monde se retourne sur mon passage. Même les copines de ma fille de 16 ans feront des remarques positives sur le look de l’auto. Comme quoi, quand le style est sympa, les jeunes sont encore fascinés par l’automobile.

J’ai particulièrement apprécié le traitement biton de la carrosserie, avec la partie haute en noire et la partie basse en orange. Cela donne un tout autre aspect à l’auto par rapport aux carrosseries monochromes.

Essai Alpine A110S : ambiance intérieure

Quand je me glisse à l’intérieur, de nombreux commentaires me viennent à l’esprit. Déjà, le tableau de bord et la casquette sont recouverts d’Alcantara (ou équivalent) et cela donne un vrai plus en termes de qualité perçue.

Par contre le volant façon nubuck m’inquiète un peu. S’il est très sympa à tenir en main j’ai peur que son vieillissement soit très rapide.

Coté rangement, il n’y a pas de boite à gants mais des petits « sacs » optionnels qui permettent d’avoir un peu d’espace entre et derrière les sièges. L’espace pour les bagages est, lui, en deux parties. A l’arrière (bien au chaud) on peut mettre deux petits sacs « week-end », complété à l’avant par un coffre très plat et large qui nécessite des bagages un peu spécifiques pour bien l’exploiter. Si on accepte d’avoir une bagagerie dédiée à la voiture cela donne pas mal de volume.

Assis au volant je me rends compte que je suis plutôt fan des commandes de boite auto « classiques ». Ici, ce n’est pas le cas, vous agissez via des boutons (P/D/R) qui font un peu « cheap ». Autre détail étonnant, le bouton de commande « track » n’est pas éclairé, bizarre alors que tous les autres boutons le sont.

Tout le reste se trouve naturellement, l’accoudoir est à sa place, les clignotants sont à « l’ancienne », même la remise à zéro du kilométrage partiel est intuitif et pas caché au fond d’un sous menu. Autre détail qui n’en est pas un, le réglage de la variation automatique de la vitesse des essuie-glaces est top. 

Ah, il faut que je vous dise, sans doute car je garde trop en mémoire mes Renault des années 80/90, l’historique commande autoradio est, ici, intuitive et idéalement placée derrière le volant. Elle libère de la place sur la face avant du volant et c’est très bien. En complément, les écrans sont simples et eux-aussi intuitifs. Ils délivrent les informations nécessaires, rien de moins rien de plus.

On ne s’en rend peut-être pas compte de l’extérieur, mais dans l’Alpine A110S, on est assis très bas, plus bas même que dans une Porsche 911 par exemple. La visibilité centrale arrière n’est pas géniale, mais qui s’en soucie, qui va bien pouvoir nous rattraper ? Quant aux aides à la conduite, c’est bien cool de ne pas avoir à déconnecter quoique ce soit au démarrage.

Dernier point, la sono est top et permet d’envisager d’écouter de la musique sur de longs trajets.

Essai Alpine A110S : elle donne envie d’aller faire un tour

Quand j’ai pris l’auto au parc presse, mon interlocuteur m’avait prévenu : « fais attention avec les Michelin Sport Cup 2, ils peuvent surprendre ». En effet il faut intégrer la notice d’utilisation de ces pneumatiques. Ils sont clairement faits pour pouvoir rouler sur circuit en ayant une grande résistance à l’échauffement. Sur sol sec et relativement chaud (plus de 5 degrés) pas de problème.

Par contre si la chaussée est mouillée ou sèche mais froide, il faut un peu arriver à les faire chauffer. Sinon les pertes d’adhérences arrivent très tôt que ce soit à l’avant ou à l’arrière. Et en cas d’excès d’optimisme l’ESP sera présent mais peut-être un peu trop tardivement. On comprend mieux les déboires de nos amis gendarmes équipés d’Alpine avec ces pneus. Un piège quand on part pied dedans sur chaussée glissante.

Dernier rappel avant de partir : qu’est ce qui caractérise une A110 en version S ? Essentiellement son moteur qui passe à 292 ch à la place des 250 ch de la version standard. Il y a aussi, bien sûr, la suspension raffermie. J’avais peur qu’elle soit trop ferme mais cela reste très raisonnable.

Première source d’étonnement, globalement notre Alpine A110S est bien insonorisée et permet d’envisager des trajets au long cours. Coté sonorité moteur le 4 cylindres a un petit bruit sympa à la Abarth avec de légers « pet pet » à la décélération. Cela reste pour autant très supportable à vitesse stabilisée.

En général je trouve toutes les voitures que j’essaie sous motorisées. Cette fois ci je trouve l’Alpine très homogène. Cependant si notre Alpine A110S bénéficie d’un renfort de 42 chevaux coté moteur par rapport à une version GT ou classique, je n’ai pas été fasciné par le surplus de puissance, sans doute plus perceptible sur circuit ou lors des relances à haute vitesse.

Si la mise en action et l’accélération est très dynamique de 0 à 160-170 km/h, au-delà cela se tasse et je reconnais ne pas être allé chercher la Vmax de 250 km/h tant il faut de la place pour l’atteindre. Je sais je demande toujours plus !!

Coté adaptation moteur/boite, on peut choisir la position sport ou normal. Clairement le son est plus sympa en mode sport. Le mode normal sera à utiliser dans les moments plus « calmes ». Et cela permet d’avoir moins de bruit et donc d’avoir un environnement plus reposant sur autoroute en particulier. La boite est dans tous les cas très rapide et très instinctive même en utilisation « full auto ». La boite 7 vitesses en position auto permet, en effet, de rouler vite et de contrôler la boite très facilement au « pied ».

Si l’on veut repousser l’Alpine A110S dans ses derniers retranchements, l’utilisation des palettes permet de tirer tous les régimes et de provoquer l’arrière au rétrogradage pour inscrire l’auto dans les virages. C’est à peine nécessaire tant le train avant est précis et dynamique. Le seul moment où je n’ai pas trouvé le châssis parfait, c’est sur autoroute mouillée avec des rainurage ou je la sentais naviguer un peu. Vraiment pas grand-chose.

Comme j’ai fait une bonne partie de mon essai sous la pluie je constaterais que le dégivrage arrière (si on l’utilise pour enlever l’eau) est quasi inutile car le flux aérodynamique permet, quand on dépasse 60/80 km/h d’évacuer les goutes.

Essai Alpine A110S : On parle chiffres

Coté consommation, je suis un peu étonné. Vu le poids contenu de l’auto, ses faibles chiffres d’émissions et la présence d’un 4 cylindres je m’attendais à de tous petits chiffres. Or c’est plutôt gourmand, 9,2 litres sur la durée complète de mon essai avec de longues distances à vitesse stabilisé dans les limites de la loi (lol). En ville ou en dehors à rythme (très) soutenu, j’ai tourné autour de 11-12 litres aux 100 km.

Pour contenir le poids, le réservoir est petit, c’est bien dommage tant la voiture n’est pas fatigante sur de longues étapes. Petit rappel à la station, l’Alpine c’est bien du Renault. La trappe à essence sans bouchon vient de là et c’est une très belle idée, très pratique.

Essai Alpine A110S : les tarifs ?

L’A110S de « base » est affichée à 77 500 €. Les options du modèle essayé étaient les suivantes :

• feux arrières translucides 450 €
• Ceintures oranges 260 €
• Aide au parking 840 €
• Système audio Focal Premium 650 €
• Bi ton 2100 €
• Pneus cup 780 €
• Jantes GT race 1500 €
• Pack micro fibre 1750 €
• Peinture orange feu 2150 €

Essai Alpine A110S : Une rencontre

Enfin, petit moment de détente, je rencontre donc Willy Goudezeune, dont le garage fait de sa spécialité Alpine. Toutes les Alpines, de l’A110 des années 60-70 aux dernière A610.

C’est un grand plaisir de discuter et partager un déjeuner à échanger des anecdotes. La cerise sur le gâteau, c’est de découvrir dans le garage de ce passionné, en plus de la réplique de A110 groupe A une très belle A110 de nouvelle génération, avec peut être la couleur que je préfère. Ce Bleu de France est superbe.

En plus des anecdotes autour des nombreuses autos entretenues par le passé par Willy, je vais en rajouter une nouvelle. Nous partons pour faire des photos et des vidéos avec notre Alpine A110S Orange et son A110 groupe 4. Son auto est un poids plume de 680 kg avec un moteur plein de chevaux. Un tour, deux tours pour prendre des photos en dynamique et puis je ne vois plus passer la Groupe 4. Je galope vers la route et après 500 mètres de course, je vois la petite avec le capot ouvert et Willy plongé dedans. Malgré de nombreux bidouillages, il faudra aller chercher le camping-car pour ramener la petite « à la ficelle ».

Conclusion

La conclusion ? Voiture top, ultra polyvalente, et au final pas si cher surtout car elle arrive à échapper au malus délirant de ses concurrentes ! L’idéal ? Lui rajouter un 6 cylindres, mais alors, elle perdrait sans doute de son charme et de sa vivacité.

PS : si vous êtes fan d’Alpine ne loupez pas l’excellent livre de mon ami Maxime Joly avec que des top photos (toutes originales) et des textes ultra documentés.

https://www.alpine-lelivre.com/

François Bouet