Le Nouvel Automobiliste
Tour Auto 2020 Francois Allain Thibaut Dumoulin LNA (6)

Interview : François Allain nous parle du Tour Auto… et de Citroën GS !

Tour Auto 2020 Francois Allain Thibaut Dumoulin LNA (6)

La 29e édition du Tour Auto, qui devait initialement avoir lieu au mois d’avril, se déroulera du 31 août au 5 septembre 2020. Nous avons rencontré l’un de ses participants, et pas des moindres puisqu’il s’agit de l’animateur vedette de Vintage Mecanic (RMC Découverte) ou encore Turbo (M6), François Allain. Et pour sa nouvelle participation, il a opté de nouveau pour une Citroën : la GS. Choix de la monture, préparatifs, aléas de parcours, objectifs et moyens, le présentateur nous partage son expérience, ses conseils et avant tout sa passion de l’automobile.

LNA : Nous t’avons déjà croisé sur le Tour Auto. Combien de participations comptes-tu à ton actif ?

François Allain : C’est ma troisième participation en tant que concurrent. On peut dire la 4e , si l’on compte la toute première fois en tant que suiveur. Mais concrètement c’est la 3e fois que je participe. Troisième fois et 3e Citroën : la première fois la 2CV, la 2e fois la Traction et cette fois c’est la GS.

LNA : Pourquoi avoir choisi la Citroën GS ?

F.A. : On a raccroché chaque participation à un anniversaire. En 2018, c’était les 70 ans de la 2CV, en 2019 les 100 ans de la marque et les 85 ans de la Traction et là ce sont les 50 ans de la GS. À chaque fois le but a été d’avoir une française populaire pour marquer le côté décalé par rapport à l’image du Tour Auto qui est très haut de gamme. C’est bien de montrer qu’on peut aussi faire le Tour Auto avec un petit budget, qu’il y en a pour tous les goûts.

LNA : En parlant de budget, l’assistance mécanique est-elle fournie d’office ou faut-il prévoir ses propres ressources humaines et matérielles ?

F.A. : Il y a une voiture balai prévue par l’organisation pour récupérer les candidats malheureux qui n’auraient pas d’assistance ou subiraient une panne irréparable. Ensuite s’ils ont le budget, les participants peuvent avoir une assistance dédiée payante et venir avec un véhicule dans lequel il y a les outils, pièces détachées etc. Si le candidat n’a pas les moyens, il peut toujours mettre dans sa propre voiture quelques outils et pièces détachées. J’ai eu la chance de trouver les 3 fois des sponsors pour bénéficier de l’assistance, mais si un jour je n’ai plus les moyens nécessaires, je mettrais la trousse à outils dans le coffre, et basta !

LNA : Donc même avec une GS, tu ne crains pas la panne ?

F.A. : On a cassé un moteur sur la 2CV faute d’avoir un témoin de température. Sur la Traction au moins on pouvait savoir quand on était un peu trop dans l’excès. C’est sûr, la GS est la plus compliquée des trois. Et plus une voiture est compliquée, plus le risque de panne est grand… Mais on n’est pas encore dans l’époque du tout électronique, le moteur est relativement simple, le circuit électrique n’est pas très compliqué… Certes, l’hydraulique peut créer quelques soucis. On n’est pas à l’abri d’une panne, mais c’est le risque !

LNA : Le confinement a-t-il été une opportunité de gagner du temps pour se préparer à tout cela, ou, au contraire, une contrainte ?

F.A. : Ça a été une galère. Le confinement a évidemment tout changé. Pour mon copilote Olivier [de Stéfano, NDLR], qui était totalement partant pour faire le Tour en avril, c’était beaucoup plus compliqué. Il est garagiste-restaurateur et a deux garages à gérer. En septembre c’est la période de rush comme tous les clients rentrent de vacances, partir faire le Tour Auto à ce moment-là créait des problèmes. Donc il a déclaré forfait…
De plus pour la voiture on comptait sur un prêt de collectionneur, mais le prêt s’est transformé en location. Et entre temps les conditions ont changé à cause des sponsors qui ont lâché. La période profite d’une visibilité moindre pour eux, leurs budgets ont été réduits voire supprimés, donc on se retrouve nous avec des budgets inférieurs à ce qu’on pensait au début. Le fait de louer une voiture était de la pure perte donc mon coéquipier a finalement acheté une voiture, ce qui coûtait même moins cher que de louer. On a fait le calcul simple qu’entre le coût de la voiture et de la préparation, on ne perdrait pas d’argent en la revendant dans un ou deux ans voire on ferait un bénéfice grâce à son look et sa patine. Cette année l’ambiance au Tour Auto sera particulière, ce sera moins funny, il faudra être attentif à la distanciation sociale et au port du masque… Pas le choix ! Le Tour Auto doit montrer l’exemple, d’autant qu’il a eu la chance de ne pas être annulé contrairement à beaucoup de manifestations. Les budgets ont été coupés pour certains sponsors, certains médias ne seront peut-être pas-là, des partenaires du Tour Auto ont annulé certains événements… Notamment Optic 2000 qui est dans un secteur d’équipement médical qui doit montrer l’exemple. Ils ont maintenu le sponsoring de l’équipage mais en réduisant drastiquement la voilure.

LNA : Compte-tenu de tout cela, quels sont tes objectifs cette année ?

F.A. : Si on peut aller jusqu’au bout et finir la course on sera contents, c’est le but recherché. Mais comme les premières fois, j’y vais très clairement pour rigoler, pour faire parler de la voiture, sans aucune prétention sportive, aucune prétention de médaille. Je comprends parfaitement ceux qui viennent pour ça mais je ne veux pas jouer la course, ce n’est pas mon esprit, ma mentalité. Mon but c’est de passer un bon moment et de faire rigoler les gens sur le bord de la route… parce que j’espère quand-même qu’il y aura des spectateurs ! La GS, comme la 2CV et la Traction, est une voiture inattendue. L’objectif est aussi de faire le buzz avec elle. On sera les seuls en GS voire en Citroën : Cette année deux SM sont inscrites mais les SM sont désormais rattachées à l’héritage de la marque DS Automobiles et plus considérées comme Citroën.

LNA : Quels conseils as-tu tiré de tes précédentes expériences, qui te serviront sur ce Tour Auto 2020 ?

F.A. : J’ai appris pas mal de choses. Je m’aperçois que le Tour Auto est plus varié que ce qu’on peut croire. Il y a des gens d’horizons différents, de mentalités différentes, de budgets différents. Globalement niveau humain c’est chouette. Et puis avoir sur la ligne de départ des voitures exceptionnelles qui peuvent valoir plusieurs millions et des modestes voitures populaires qui valent trois francs six sous, ça ne pose pas de problème, tout le monde est là pour s’amuser en sachant que chacun a ses moyens et ses budgets. Au tout début de craignais qu’il y ait du dédain, mais pas du tout, je pense très sincèrement que c’est important qu’une manifestation comme le Tour Auto montre que c’est accessible aussi à des gens qui ont des moyens tout à fait raisonnables. Le grand public doit savoir que ce n’est pas du tout une course de riches ou en tout cas « que » de riches. L’inscription en s’inscrivant tôt est de 8 000 euros. Ça peut évidemment paraître beaucoup mais pour une course qui dure 5 jours et comprend les hôtels, les repas, les tenues, les roadbooks et plein de choses pour 2 personnes, ce n’est pas dingue. On peut économiser et se faire un « kiff » au milieu de gens pour qui, effectivement, 8 000 euros ce n’est rien. Mais ces gens là, il ne faut pas oublier qu’ils font travailler des selliers, des motoristes, des tôliers et alimentent l’économie de l’univers de la voiture de collection. C’est grâce à eux que les artisans et acteurs de la voiture ancienne fonctionnent.

LNA : Parle-nous un peu de ton nouveau coéquipier, Stéphane Ruaud.

F.A. : On se connait depuis l’année dernière, on s’est rencontré au Tour Auto, c’est lui qui avait la Jowett, une petite voiture anglaise rare qu’on voit d’ailleurs sur l’affiche du Tour. On est vraiment devenus copains à Rétromobile, on s’est souvent vus sur le stand, on a des amis communs… Il devait participer au Tour Auto cette année mais il n’arrivait pas à boucler son budget… C’est lui qui m’avait mis en relation avec le propriétaire de la GS de location puis a proposé d’acheter la voiture. Comme il se démenait comme un diable je lui ai dit « pourquoi tu ne participerais pas avec moi ? Mon copilote ne eut pas venir et toi tu ne peux pas participer avec ton propre équipage, faisons équipe ensemble ! ». Ça a été une évidence.

LNA : Peux-tu également nous présenter ta GS en quelques mots et nous dire quelles adaptations ont été faites dessus ?

F.A. : C’est un modèle 1973 avec le moteur 1220 cc. À part le carburateur – un Solex d’origine remplacé par un Weber – , la voiture est techniquement identique à sa sortie d’usine. Tout est d’origine, la cylindrée, la boîte, les freins, on a bien sûr respecté les pneus Michelin d’époque. Elle est complètement conforme et lookée Groupe 2 comme à l’époque, quand on achetait une voiture de série et qu’on lui donnait un look de course. On a mis des sièges sport à l’avant et retiré la banquette arrière. On n’a pas mis les arceaux car on est en régularité donc pas besoin, d’autant que pour s’installer à bord ce serait plutôt embêtant qu’autre chose. Ce qui nous fait plaisir avant tout c’est d’emmener une GS, parce que beaucoup de gens ont oublié qu’elle avait eu une vraie histoire en compétition à l’époque de Marlène Cotton-Wolgensinger. C’est la première femme au monde patron d’une écurie de course d’usine et quelqu’un que j’affectionne beaucoup, comme beaucoup de monde chez Citroën à juste titre. A son époque beaucoup de voitures notamment la GS ont fait des exploits en compétition. C’est sympa de se dire que 50 ans on va à notre modeste niveau faire revivre cette voiture et lui redonner une aura médiatique. Je voulais en trouver une Bleu Monaco pour avoir le look compétition Citroën d’époque ou une orange pour avoir le look de celle de 73. On est tombé sur une bleue, qu’on a achetée en juillet, un mois et demi seulement avant le départ de la course. C’était rock and roll !

LNA : Nous t’avons vu à Paris avec une autre GS, une version Pallas couleur Bleu Delta, il y a quelques semaines. Peux-tu nous expliquer ce que tu prépares avec ce véhicule et nous donner tes impressions de conduite ?

F.A. : la GS prêtée gentiment par son propriétaire Cyrille est pour M6 Turbo. L’émission devrait être diffusée le dimanche précédent la vente aux enchères Trigano ou ce weekend là [13 septembre 2020, NDLR]. On y a mis en scène la GS avec la nouvelle Citroën C4, pour ses 50 ans et parce que la C4 a d’évidents clins d’œil à la GS. Ils sont évidents dans le dessin de la partie avant, la courbe de la poupe… On a mis les deux voitures dans un lieu sublime en Touraine, une ancienne ferme médiévale. C’est une manière de remettre la GS à l’honneur une fois de plus à la télé, en sachant qu’entre temps il y aura eu l’émission Turbo du Tour Auto, tournée pendant la compétition et diffusée quelques jours après la fin de celle-ci et dans laquelle on verra notre GS.

Je n’avais pas conduit de GS avant celle-ci et c’était un très bon galop d’essai parce que j’ai fait l’aller-retour en Touraine, 500 km en 48h. C’était un bon entraînement et je me suis tout de suite adapté. J’ai adoré, cette voiture est très chouette. Le plus de la GS c’est évidemment la suspension pneumatique. C’est une voiture super confortable par rapport aux R12, 304 et Simca 1100, des rivales très classiques (et on connait pourtant mon penchant pour les 304 !). J’ai eu de la chance niveau confort, entre elle, la 2CV et la Traction. Il y en a une seule qui pourrait faire encore mieux, c’est la DS [dans laquelle nous réalisons cette interview, NDLR]. Un jour je ferai forcément le Tour Auto en DS, c’est mon prochain objectif !

Tour Auto 2020 Francois Allain Thibaut Dumoulin LNA (7)
Rendez-vous fin septembre pour découvrir cette GS Pallas dans Turbo sur M6

Nous remercions chaleureusement François Allain pour le temps accordé pour cette interview et lui souhaitons bonne chance pour mener son équipage au bout du Tour Auto avec succès.

Interview et photos : Thibaut Dumoulin pour Le Nouvel Automobiliste

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