Le Nouvel Automobiliste
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Le Nouvel Automobiliste : de la voiture au vélo

Le Covid-19, confinement, restons à la maison, la Covid-19, avec masque, sans masque. Et finalement, dé-confinement. Des expressions que nous n’utilisions pas encore en début d’année. Au-delà du vocabulaire, la crise sanitaire impacte nos quotidiens, et l’impactera encore pendant de longs mois. Pour certains, ce sera plus difficile. Alors cet article pourra sans doute paraître futile, mais il illustre néanmoins concrètement les impacts pour les quelques urbains que nous sommes. 

A Paris ou ailleurs, il faut apprendre à se déplacer autrement. L’occasion de vous partager quelques impressions sur mon nouveau vélo, un Décathlon BTWIN Elops 920 E. Car les transports en commun, pourtant plébiscités, ne permettent pas de répondre à l’enjeu sanitaire du moment. Je vais donc vous partager mes sensations sur cette nouvelle vie parisienne, car en plus de participer à la vie du Nouvel Automobiliste, mon job est aussi d’accompagner mes clients dans la transformation de leurs espaces de travail. 

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Le périphérique n’est plus aussi chargé qu’avant

Du métro au vélo

Retour en arrière : fin février, l’angoisse commence à monter. Les transports sont toujours bondés, les masques commencent à apparaître sur des visages fatigués. Forcément, les questions commencent à trotter dans la tête. Les habitudes commencent à se transformer. 

Mon rendez-vous hebdomadaire à Saint-Ouen ? Fini le métro 13, bonjour le périphérique et ses embouteillages. Le métro le matin ? Je réduis la cadence et passe au vélo collectif dès le jour levé. J’étais déjà abonné au Velib’ et à Jump depuis leurs débuts respectifs mais je réduisais leurs usages au soir. Mes rendez-vous de chantier ? Fini le métro, bonjour la marche à pied. Nous marchons déjà beaucoup à Paris, nous ne sommes plus à ça près. Et finalement, 20 minutes de marche permettent de réfléchir, passer des appels et malgré tout, s’aérer. Le temps n’est donc jamais perdu.

Vélo-Boulot-Dodo

J’habite l’Est-Parisien. Proche du périphérique. Premier test en vélo, les stations vélib’ sont vides, les vélo Jump rares. Quand il y en a beaucoup sont hors service. Mais la chance me sourit, direction rue de Rivoli, en passant par la Bastille. Les récents aménagements sont appréciés, mais en cette période, ils semblent déjà limites. Surtout quand il faut s’arrêter aux feux. Entre les respectueux de la signalisation et les rebelles qui le sont nettement moins, pas facile de se rassembler sur une largeur de voie somme toute faible.

Les bises s’arrêtent et les serrages de mains aussi en début de réunions. Jeudi 12 mars, certains clients décident de fermer leurs bureaux, d’arrêter les rendez-vous in situ. Nous commençons dans notre entreprise à travailler à la maison. Notre métier nous le permet, et nos outils informatiques aussi. Vendredi 13, jour de chance ? Une fuite d’eau apparaît dans le bureau. Elle est vite maitrisée, mais je vais devoir revenir le lundi 17 pour vérifier que tout va bien. 

Parenthèse automobile

Je décide alors de prendre ma voiture. La circulation est plutôt fluide, mais le petit parking du bâtiment où sont nos bureaux est plus que rempli. Avec des mots d’excuses sur le pare-brise si la voiture gène. Je suis encore au bureau quand le président de la République fait ses annonces. Ce sera donc télétravail pour les semaines à venir.

J’en profite alors pour embarquer un écran et un siège de travail. Vive les monospaces ! Les rumeurs parlent déjà de 8 semaines de confinement. L’avenir nous le confirmera. 

Vélo-Man

Je vais respecter le confinement au maximum. Je ne sortirai que 4 fois durant les 8 semaines, dont 2 fois pour le travail. Car oui, les chantiers reprennent doucement. Et oui, j’avais fait le plein de courses à l’avance. Vive les monospaces ! Je décide d’investir dans un vélo électrique, que je commande en ligne fin avril. Après une rapide recherche, je porte mon choix sur un vélo de la gamme Décathlon : le BTWIN Elops 920 E, avec les antivols associés. 

En attendant sa réception, les déplacements professionnels se feront en voiture. Paris est vide. Pas d’embouteillage, le pied ! Oui, il y a un peu de circulation le matin, mais seuls les feux m’arrêteront. Ce n’est pas le cas de tous, piétons, vélos et autres 2 roues ne semblent plus au fait de la signalisation, il faut redoubler de prudence aux abords des carrefours. C’est moins vrai le matin que le soir, mais c’est malheureusement étonnant et dangereux. 

La fin du confinement approche, la circulation se densifie peu à peu. Il n’y a pas que les chantiers immobiliers qui reprennent, les travaux de voirie également. Pourquoi ? Afin de permettre aux vélos de rouler de façon plus sûre, les aménagements provisoires apparaissent peu à peu. Alors depuis le début de cette semaine, je laisse la voiture au garage, c’est parti pour rouler en vélo, le mien désormais. 

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Moteurs non grata

L’avenue de Saint-Mandé n’avait pas fini d’aménager sa piste cyclable avant le confinement. Elle n’est toujours pas finie. A croire que les ouvriers ont été déplacés pour gérer les autres pistes. C’est dommage car tout n’est pas praticable. Surtout, il reste une ancienne bordure délimitant les places du parking au milieu d’une voie. Peu dangereuse pour les cyclistes, je ne ferai pas le même pari pour les trottinettes. 

La rue de Faubourg Saint-Antoine évoluera au fur et à mesure de la semaine de Nation à l’avenue Ledru-Rolin. Déjà, un sens interdit empêche les véhicules motorisés d’aller au-delà de la rue de Reuilly. Ensuite, les bandes jaunes au sol séparent le territoire cycliste du reste du monde. Sauf les Bus avec qui nous devons partager certains tronçons. Les travaux ne se limitent pas à des marquages aux sols, certaines reprises d’enrobés sont nécessaires suite à la dépose de bordure. 

Malheureusement, tous les enrobés ne seront pas repris, il reste des zones à nids de poules. Principalement au niveau des anciennes places de stationnement. Et certains poteaux délimitant les anciennes places de parkings sont restés en place au milieu de la voie vélo. Et puis, il faut encore zigzaguer entre les voitures qui n’ont pas intégrées ces modifications. Mais je vous rassure, la fourrière est très active.

Ruée sur le vélo

A partir de l’avenue Ledru-Rollin, la circulation avait déjà évolué avec la place de la Bastille. Dans le sens Est-Ouest, interdiction de rouler en voiture de tourisme. Dans le sens Ouest-Est, le trottoir a été élargi pour accueillir la voie vélo. Pas suffisamment différencié en teinte pour que les piétons la distinguent bien, et la bordure en biais a dû maltraiter certaines chevilles. Il est aussi dommage que la signalisation ne soit pas claire dans ce sens. Faut-il suivre les feux tricolores de la route qui se situent à plus de 2 m de la voie cycliste ? Ce n’est vraiment pas clair. 

Arrivée à Bastille. Ce n’est plus l’enfer pour les vélos depuis la refonte de la place. Mais ce n’est pas tout à fait limpide. La signalétique n’est pas fluide en venant de l’Est, mais aussi depuis le Boulevard Beaumarchais. Une fois arrivé sur le centre de la place, malgré le feu vert, suis-je prioritaire sur la voie cycliste ? Ou est-ce que je dois laisser passer les vélos déjà engagés ? Je dirai que le concept de priorité à droite domine. Mais je dois être le seul à me poser la question, tout le monde file ! J’approche du côté de la rue Saint-Antoine. Je traverse à nouveau la voie automobile, mais je suis arrêté sur le terre-plein central, le passage se fait en 2 temps. Malheureusement, il n’est pas prévu pour accueillir guère plus de 4 vélos. Et nous sommes bien plus depuis la ruée sur les deux-roues. En gros, beaucoup sont arrêtés sur la voie. La police est présente à l’entrée de la rue, mais elle se concentre plutôt à faire barrage sur le passage des automobilistes.

Rues pour vélos

Comme le faubourg, la rue Saint-Antoine a été réaménagée l’an passé avec une voie à double sens réservée aux vélos. Et pas que, car elle sert aussi aux camions de pompiers en cas de forte affluence sur la voie. Drôle de cohabitation. Ce n’est qu’une fois sur la place Saint-Paul, quand la rue se transforme en Rivoli, que les aménagements provisoires commencent. Pourquoi à partir de cette zone ? Car la rue se transformait en sens unique et que la voie automobile se séparait de la voie des autobus. Seule la voie d’autobus est désormais préservée.

Quelques portions seront tout de même praticable par les automobiles. Entre la rue de Sévigné et le rue de Fourcy ; ainsi qu’au niveau de l’Hôtel de ville, entre la rue Lobau et rue de Coutellerie. L’arrêt de la voie provisoire à vélo qui se transforme en voie automobile n’est pas suffisamment claire, seule une petite flèche l’indique. Résultat, les cyclistes continuent tout droit. 

La Police, présente à de nombreux carrefours, continuent à ignorer les cyclistes, elle se concentre sur les véhicules motorisés. Et pourtant, il y aurait de quoi verbaliser, je suis un des rares à respecter rigoureusement la signalétique. Je n’ai pas envie de perdre des points précieux sur mon permis pour un écart cycliste. Je ne suis pas un pro-contravention, mais il faut avouer que si l’État ne sévit pas de suite, ça va être le chaos rapidement. J’ai déjà croisé quelques accidents entre vélos ou avec des piétons sur une semaine de vélo.

Paris libéré (des voitures) ?

Je ne serai pas exhaustif sur l’ensemble des transformations provisoires mises en place par la Mairie. Il est quand même étonnant que l’ensemble de l’axe Est-Ouest automobile soit fermé. Je n’ai pas osé faire un détour par les Grands Boulevards pour y subir les impacts. Même si la circulation automobile est loin d’avoir repris sont niveau d’antan. Cependant, de nombreuses livraisons continuent d’alimenter les commerces parisiens, et l’ouverture prochaine des restaurants encombrera d’autant plus les rues parisiennes.

Provisoire pas pro

Et surtout, l’aménagement de la rue de Rivoli ne semble pas avoir été répercuté suffisamment en amont. La circulation venant de l’avenue de l’Opéra n’a pas été déviée par exemple. Alors que la circulation y est très réduite, nombre de voiture arrive vers la rue de Rivoli. Et là, le conducteur s’y retrouve coincé, il ne peut plus aller tout droit pour traverser le Louvre par la place du Carrousel. Mais il ne peut plus prendre la rue de Rivoli qui est aussi interdite ! 

Alors, oui, il y a des panneaux indiquant les modifications de circulations, mais pas le temps de lire les phrases quand on est concentré sur sa conduite. Un sens interdit avec indication de la distance aurait été plus pratique. Voire quelques chicanes qui auraient le mérite d’être très visuelles.

La police veille en journée et dirige quand même les automobiles jusqu’à la rue des Pyramides. Mais cette situation se reproduit aussi depuis la place Vendôme et plus loin par la rue Cambon. A la nuit tombée, quand la police n’est plus présente, les automobiles ne respectent alors plus les sens interdit. Gageons que la ville renforcera la signalétique rapidement.

Decathlon BTWIN Elops 920 E

Après une semaine de déplacement en vélo, qu’en penser ? Comme je vous le disais, je profitais déjà des vélos en libre-service. Le BTWIN Elops 920 E a l’avantage d’avoir un poids mieux réparti et d’être de suite au bon réglage. Il faut bien sûr lui trouver une place sûre pour le stationner, ce qui n’est pas si évident que ça. J’ai équipé mon modèle de deux antivols. Le premier vient bloquer la roue arrière. Le second est un antivol pliable qui vient se fixer sur le cadre. Très solide, il lui manque cependant un peu de longueur pour s’accrocher partout.

Une fois au guidon, il se révèle plutôt confortable. L’Elops 920 E est équipé d’une fourche avant suspendue et il absorbe bien les imperfections des rues parisiennes. Nids de poule comme pavés. Le porte bagage arrière est bien pensé et m’a permis d’amener le second chargeur de batterie livré avec le vélo au bureau en toute sérénité. La batterie (Samsung) est un peu lourde mais facilement déclipsable pour permettre sa recharge. Il lui manque peut-être une poignée pour que ses 2,6 kg ne glissent pas entre les mains.  

Auto-nomie

Pour sa première semaine d’utilisation, j’ai tenu 3 jours avant la recharge. Soit 54 km pour 93% de batterie utilisées. Cela donne environ 58 km d’autonomie. Décathlon annonce entre 50 et 70 km d’autonomie, nous y sommes. J’ai presque toujours utilisé le niveau maximum d’assistance (3). Le couple annoncé de 70 Nm du moteur Brose ne semble pas très présent au démarrage. On est loin des départs canons qu’un Vélib’ électrique permet. 

Mais un petit coup de pédale sans suivi de mouvement permet de confirmer que le moteur électrique prend le relai. Il faut donc penser à abaisser les vitesses (7) pour un démarrage plus efficace. Le dérailleur, de marque Shimano, est commandé par poignée tournante (dans le même sens que l’accélérateur d’une moto, contrairement aux vélos Jump).

Une fois lancé, et les vitesses enclenchées une à une, la vitesse réglementaire de 25 km/h est vite atteinte. Les freins sont efficaces en usage normal. Mais Paris n’est pas plane, et le freinage semble un peu juste en descente. C’est un peu surprenant malgré la présence d’un frein à disque à l’avant. En contrepartie, l’éclairage est très efficace, il permet de bien voir la route de nuit et d’être également bien vu. Malheureusement, ils sont liés à la batterie. Il faut donc espérer que cette dernière ne tombe pas à plat la nuit. 

Vie ma vie à vélo

Après une semaine de vélo, quel est mon bilan ? Sur le vélo Décathlon BTWIN Elops 920 E, je suis plutôt satisfait. Même si j’aurai apprécié un peu plus de couple au démarrage, il remplit bien sa mission. Pour 1 500 €, c’est bien sûr un sacré investissement et il faut avoir la place pour le ranger chez soi. Le local à vélo de ma résidence est plein, mais j’ai la chance d’avoir un box fermé qui me permet de le glisser derrière mon Renault Scénic. Il faut ajouter 126 € d’antivols et 20 € de livraison, qui n’a pas été optimale (il a été livré plus tôt que prévu sans alerte). Pour les parisiens, il est possible d’avoir une subvention de 500 € que se partage la ville et la région. Reste à voir comment gérer la pluie voir la neige quand l’hiver arrivera.

Concernant les aménagements parisiens. Il y a du bon et du moins bon. Plus que l’élargissement des voies, c’est l’absence de voiture et surtout des scooters qui est reposant. Cependant, il faudra tous prendre de nouvelles habitudes. Les piétons devront oublier de traverser à l’oreille et regarder un peu mieux avant de se lancer. Aux cyclistes aussi d’être prévoyants. Mais surtout, il faudra trouver un moyen de mieux faire respecter le code de la route. La ville doit renforcer rapidement la signalétique pour éviter tout doute. Améliorer la prévention en multipliant les affichages de bonne conduite. Et sûrement, en renforçant les contrôles policiers afin de faire respecter la réglementation. Espérons que la maréchaussée soit d’abord tolérante avant d’être répressive.

Est-ce que j’abandonnerai les voitures pour autant ? Non, mais je n’étais pas un grand utilisateur de ma voiture à Paris. J’aime la praticité du métro, qui m’offre aussi une parenthèse pour suivre l’actualité automobile. Quand je veux être en surface, le vélo m’était déjà habituel. Parfois, je poussais même à prendre une voiture en autopartage si je voulais rentrer en solo. Et ma voiture me servira toujours à m’évader de Paris. La vie d’un nouvel automobiliste urbain en quelque sorte.

Article et crédit photographies : Guillaume AGEZ

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