Le Nouvel Automobiliste
Maserati Ghibli

Essai Maserati Ghibli SQ4 2018 : une berline au cœur rouge

Habituellement, lorsque l’on pense aux berlines statutaires du segment E, il nous vient immédiatement les ténors du marché que sont les BMW Série 5, Mercedes Classe E et Audi A6, les « références » venues d’outre-Rhin. Avec un peu plus d’originalité, on peut également citer les Volvo S90, Lexus GS ou Jaguar XF… Mais on oublie assez souvent qu’il existe une offre de l’autre côté des Alpes avec la Maserati Ghibli ! Et ça tombe plutôt bien, la belle italienne vient de se refaire une beauté pour son millésime 2018, alors partons sans plus attendre à sa découverte, du côté de la Principauté de Monaco…

Si les berlines allemandes citées dans l’introduction représentent le gros du marché, on ne peut pas en dire autant de la Maserati Ghibli dont les ventes restent plutôt confidentielles, à peine plus de 300 exemplaires écoulés en 2016 en France. Une auto méconnue en somme (et dans les autres départements également), d’autant qu’elle doit composer depuis septembre 2016 avec un grand frère qui lui subtilise sans aucun doute de nombreux clients : le SUV Levante qui s’est plus vendu sur les 4 derniers mois de l’année dernière que la Ghibli sur tout 2016. La vie de la « petite » Maserati n’est donc pas facile tous les jours !

Pour relancer la carrière et tenter de booster les ventes, la firme au Trident introduit chaque année depuis le lancement en 2013 de nouveaux « millésimes », où Model Year (MY) dans la langue de Mr Bean, qui apportent de petites évolutions çà et là.

Nous avons donc eu le privilège de prendre en main la Ghibli cru 2018 dans l’arrière-pays monégasque pour un galop d’essai à bord de la version SQ4. Maserati sur Le Nouvel Automobiliste, première, action !

Si les précédents Model Year n’introduisaient que de subtils changements de finition ou d’équipements, la version 2018 de la Maserati Ghibli propose cette fois un restylage complet ainsi qu’une grosse mise à jour technologique.

Restylage oui, mais restylage discret !

En effet, pas question pour les équipes du style de la marque de bouleverser le design élégant de la Ghibli. Malgré ses 4 ans, la baby-Maserati était encore plutôt dans le coup en matière de dessin extérieur. Alors, saurez-vous trouver les différences par rapport à l’ancienne définition ?

Pour un œil non-averti, les évolutions seront sans doute assez compliquées à remarquer. Mais pour vous, lecteur assidu et passionné, fort d’une grande expertise en matière de style automobile (c’est bien le cas, n’est-ce pas ?), elles vous sauteront immanquablement aux yeux. Non ? Bon, aller, je vous aide un peu…

Avant de faire le traditionnel tour du propriétaire, voici une petite précision : vous allez remarquer dans les images qui suivent deux types de boucliers avant et arrière. Il ne s’agit pas de l’avant/après restylage, mais bien de deux définitions de style distinctes de la Ghibli 2018. Maserati propose en effet de choisir entre deux « lignes » : Gran Lusso ou Gran Sport. La première se veut plutôt chic et bourgeoise tandis que la seconde met plus en avant son côté sportif (d’où le nom…). Une ligne de base baptisée rien du tout, ou Ghibli tout court si vous préférez, existe également et reprend le style de la Gran Lusso, mais se sépare de quelques éléments chromés.

Sur les photos prises en amont de l’essai lors de la soirée de présentation qui se déroulait au Yacht Club de Monaco (la grande classe, car ne possédant personnellement que le Zodiac d’Action Man il est fort peu probable qu’ils m’autorisent à y entrer en temps normal), la bleue est une Ghibli Gran Sport tandis que la beige est une Ghibli Gran Lusso. Notre voiture d’essai (la belle rouge !) est quant à elle une Gran Sport, bénéficiant d’un pack carbone extérieur optionnel (3226 €), d’où quelques éléments extérieurs spécifiques (poignées de porte et béquet par exemple).

Pour ce qui est des différences entre les deux versions, elles se concentrent principalement dans le traitement des parties inférieures des boucliers avant et arrière. Les deux définitions puisent leur inspiration dans le sublime concept Alfieri de 2014, avec une calandre aux formes retravaillées dite « shark nose », commune aux deux versions, disponible avec ou sans chrome sur les barrettes verticales. Sur la Gran Sport, la partie basse se veut plus agressive avec des entrées d’air latérales plus larges aux arrêtes plus marquées soulignées de touches de « piano black », tandis que la Gran Lusso mise plutôt sur l’élégance et la discrétion, avec toutefois de légères touches de chrome sur les extrémités latérales de la bouche inférieure.

Ces deux nouveaux boucliers redonnent un petit coup de jeune à la Ghibli sans dénaturer son style, le résultat est vraiment plaisant, dommage que les gros capteurs de stationnement (qui a dit verrues ?) sous la calandre viennent ternir ce joli dessin ! Sur ces autos en provenance d’Italie, le porte plaque fait également un peu tache, un souci qui apparaîtra moins avec une immatriculation aux dimensions françaises qui le recouvrira totalement.

Autre nouveauté à l’avant : les phares évoluent aussi (oui, oui !). La forme reste la même, les changements se situent plutôt à l’intérieur. La Maserati Ghibli se dote pour ce lifting de mi-carrière de projecteurs full-led dotés de la technologie matrix qui permet d’adapter le faisceau lumineux à toutes les conditions de roulage pour permettre de rouler constamment en pleins phares sans éblouir les véhicules venant en face ou nous précédant en changeant la forme du faisceau grâce à l’allumage/extinction de séries de leds. L’aspect visuel de ces nouveaux phares n’est peut-être pas aussi « technologique » ou futuriste que ceux que peut proposer Audi par exemple, mais le fonctionnement est au final exactement le même, et c’est tout ce qui compte ! Petite curiosité : les 3 petites leds orange en haut du phare sont partie intégrante de la signature lumineuse et ne sont pas des lumières de gabarit spécifiques aux versions US, nous y avons aussi droit en Europe ! A noter que ces projecteurs matrix ne sont pas présents sur la version de base qui dispose d’optiques bi-xénon plus classiques.

Le profil de l’auto n’évolue pas, on retrouve toujours les ailes fortement galbées à partir des poignées de porte arrière avec une forme reprise par les vitres entourées de chrome, ainsi qu’un logo Maserati sur la custode. La version Gran Sport dispose de touches de bleu sur les tridents des jantes ainsi que d’étriers de freins rouges de série.

A l’arrière, là encore les évolutions se concentrent sur la partie basse du bouclier qui est beaucoup plus travaillée qu’auparavant. Là où la version précédente se contentait d’un bas de parechoc noir, tout simple et rectiligne, les Gran Sport et Gran Lusso se dotent désormais d’un diffuseur plus recherché, aux formes évocatrices sur la première avec une texture en nid d’abeille au-dessus des pots et une partie centrale noire laquée, et un peu plus sages sur la seconde avec moins d’exubérance et une hauteur plus restreinte.

Les plus observateurs auront sans doute également remarqué que la forme du bouclier n’est pas exactement la même au-dessus entre les deux déclinaisons : sur la Gran Lusso, la ligne de style partant de la pointe des feux arrière rejoint le centre du bouclier par une courbe continue, tandis que sur la Gran Sport la ligne s’interrompt rapidement sous le feu, et une autre part sur les côtés. Subtil !

Interlude technique : les nouveaux boucliers permettent un gain de Cx de 7 %, le faisant passer de 0.31 à 0.29. Vous en savez désormais plus qu’une grande partie de la population, soyez-en fiers.

Élégante dehors, élégante dedans ?

Lorsqu’on monte à bord d’une Maserati, on est en droit de s’attendre à un habitacle sobre et raffiné, avec une finition aux petits oignons mêlée à une ambiance sportive. Est-ce le cas à bord de cette Ghibli ?

Pour ce qui est de la sobriété, oui. Peut-être même un peu trop d’ailleurs. Point d’extravagance ici, le dessin de la planche de bord se montre très classique dans son exécution, et la partie entourant l’écran central n’est pas sans rappeler certaines… Ford ! Puisqu’on évoque l’écran, faisons un petit aparté sur ce dernier qui a évolué depuis le lancement de l’auto. Tactile, d’une taille de 8.4 pouces, il propose une interface intuitive et très réactive permettant non seulement de contrôler la partie multimédia de l’auto (GPS, radio, connectivité …) mais également les paramètres des différentes aides à la conduite ou encore la climatisation. Encore une voiture qui a succombé au tout tactile ? Eh bien non, car la Maserati Ghibli offre la double possibilité entre les commandes physiques et celles sur l’écran, en tout cas en ce qui concerne la partie climatisation. Un choix qui peut paraître curieux (pourquoi doubler ces commandes ?), mais qui a le mérite de contenter tout le monde !

La navigation dans les menus est également possible grâce à une molette située sur la console centrale, l’idéal pour les plus tracededoitophobiques d’entre nous qui éviteront ainsi de laisser leurs sublimes empreintes bien grasses sur le joli écran. L’implantation de ce dernier a nécessité de revoir très légèrement le dessin de la planche de bord, au niveau du jonc faisant le tour de l’écran et des aérateurs ainsi qu’en partie basse où sont situés les boutons de climatisation. Les 8.4 pouces de l’afficheur sont largement suffisants pour une lecture aisée des informations de navigation, cependant on aurait pu espérer un poil plus au vu des bordures noires assez épaisses tout autour. Peut-être pour la prochaine évolution annuelle ?

La planche de bord de notre modèle d’essai était parée d’un très joli cuir noir avec surpiqûres rouges, que l’on retrouve également sur les contre-portes ainsi que les sièges, ornés sur les appuie-tête de tridents brodés rouges. Attention, le cuir intégral ainsi que les tridents sont des options facturées respectivement 2208 et 403 €. Un pack carbone, lui aussi optionnel (3375 € tout de même !), ajoute une touche de sportivité appréciable : volant (+700€), console centrale, inserts sur les panneaux et seuils de porte, palettes de changement de vitesse se parent de la fibre aux accents de compétition, sans dénaturer la cohérence globale de l’habitacle. Pour ajouter encore un peu plus d’exclusivité, il est aussi possible d’opter comme ici pour un ciel de toit en Alcantara, moyennant 1530 € supplémentaires. La version Gran Lusso dispose d’un intérieur en soie Zegna de série, bien entendu interchangeable pour du cuir moyennant finances.

Indéniablement, l’ambiance à bord est accueillante et plutôt réussie à mon goût même si le dessin manque peut-être un peu d’originalité. Malheureusement, quelques points de finition sont vraiment indignes du rang que cette Ghibli revendique. Certains ajustements sont plus que passables : autour de la boîte à gants, sur les côtés des commandes de climatisation, aux jonctions de la console centrale et de la planche de bord, derrière le volant, où plus généralement sur toute la partie basse de la planche de bord ou des plastiques des sièges. Il y a certes des zones basses où seul l’essayeur tatillon ira fourrer son nez (enfin, plutôt ses yeux…), et où ces légers soucis ne sont finalement pas bien gênants, mais pour ce qui est de la console centrale c’est déjà un peu plus problématique. Entendons-nous bien, ce n’est pas catastrophique non plus, mais le contraste avec toute la partie haute et ses jolis matériaux est vraiment saisissant… Si vous cherchiez une italienne avec une réalisation à l’allemande, ma’, c’est raté !

Une fois assis derrière le volant, on fait cependant vite abstraction de la finition. Les réglages électriques du siège (et du volant !) permettent de trouver aisément une bonne position de conduite. Il semble également qu’on puisse l’améliorer encore plus grâce à un réglage électrique de la hauteur du pédalier, mais je dois avouer que je n’ai appris cette possibilité qu’après avoir rendu la voiture. Le bouton doit être très bien caché ! Cette possibilité est toutefois assez rare pour être soulignée, même si elle reste optionnelle (comprise dans un pack).

Derrière le volant, justement, on trouve des compteurs analogiques classiques mais efficaces et surtout très lisibles avec un élégant fond bleu, entourant une large matrice couleur de 7 pouces pouvant afficher tout un tas d’informations allant de la vitesse aux différentes températures de la mécanique en passant par la tension de la batterie. L’ensemble se contrôle grâce aux boutons situés sur la branche droite du volant, ceux de la branche gauche étant dédiés aux aides à la conduite.