Des produits qui cartonnent dans les ventes, une marge opérationnelle redressée, et des nouveautés attendues de pied ferme : il était temps de s’entretenir avec un représentant du Lion pour en savoir plus. C’est pourquoi Le Nouvel Automobiliste a rencontré il y a quelques mois Jean-Philippe Imparato, le directeur de la marque Peugeot.
Le Nouvel Automobiliste : Bonjour Jean-Philippe Imparato. Avant de parler véritablement de Peugeot, revenons sur votre parcours, si vous le voulez bien. Quels postes avez-vous occupé par le passé au sein de la marque ?
Jean-Philippe Imparato : Cela fait 25 ans que je suis chez Peugeot. J’ai coutume de dire que j’ai fait 1/3 en France, pour apprendre mon job, 1/3 à l’international notamment en Chine et en Italie, et 1/3 dans l’industrie pour connaître l’amont et l’aval. Je suis passé de responsable régional à responsable national, dans un contexte international, en passant par la qualité, les projets, etc.
LNA : Quels sont les chiffres de vente de Peugeot en 2016 ? Et depuis le début de l’année ?
J-P.I. : En 2016, nous avons vendu 900 000 voitures. 40% des ventes se sont effectuées hors-Europe, c’est + 5 pts par rapport à 2015. Ce que je constate pour 2017, c’est qu’on a amélioré notre porte-feuille produits. L’arrivée du 3008 a aidé : il est intéressant de constater qu’il y a eu comme un effet de halo sur le reste de la gamme. D’ailleurs, c’est le 2008 qui a marqué la meilleure progression en 2016, continuant sa trajectoire rectiligne et confirmant son succès. Aussi, Peugeot a enregistré un record historique de ventes d’utilitaires, avec 197000 ventes. La palme revient au Boxer qui s’est écoulé à 63000 exemplaires.
Bref, pour résumer, les marqueurs sont au vert, et l’on compte bien poursuivre. Peugeot a notamment présenté cinq SUV en 2016, un palier aujourd’hui achevé avec la commercialisation du 5008. Maintenant, il faut envisager la suite du renouvellement, et la prochaine pierre sera la remplaçante de la 508, dont certains codes de style seront repris du concept-car Instinct.
LNA : Puisque vous parlez de « la suite du renouvellement », comment envisagez-vous l’année 2017 ? Le duo 3008/5008 peut-il suffire à passer une bonne année commercialement parlant ?
J-P.I. : Non, bien sûr que non ! Tout le reste de la gamme en 2017 doit suivre. La nécessité pour Peugeot en 2017 va être de confirmer sa montée en gamme. Cela passe d’abord par le mix à l’intérieur des familles (GT, GT Line) : sur le nouveau 3008, depuis son lancement, les versions haut-de-gamme GT et GT Line sont les plus vendues. Mais cela passe aussi par le mix géographique : si on a passé la barre des 2 millions de voitures vendues à l’international, tout va bien !
LNA : Cet objectif semble aller de paire avec l’ambition du groupe PSA de s’élargir en intégrant Opel. A ce sujet, avez-vous commencé à voir les synergies possibles, sur l’Insignia pour la remplaçante de la 508 par exemple ?
J-P.I. : Non, c’est encore trop tôt. Je peux quand même dire qu’on est juste en train de monter un champion automobile européen ! Et la meilleure contribution à la cause commune serait comme je l’ai dit que Peugeot fasse ses 2 millions de ventes cette année.
Plus justement, il y aura bien-sûr des synergies, notamment techniques, même si je ne connais pas encore lesquelles. C’est tout l’intérêt. Les projets avancés d’Opel vont continuer, et il va falloir préserver le caractère allemand de la marque, c’est important selon moi pour que cela rejaillisse sur Peugeot ensuite. Opel a par ailleurs une bonne place sur le marché automobile européen, c’est donc une vraie bonne nouvelle pour le groupe que cette intégration.
LNA : Le concept-car Instinct dispose de la chaîne PHEV du DS 7 Crossback. Quand est-ce qu’elle arrivera chez Peugeot sur une voiture de série ? Et quid des modèles électriques, outre le Partner Electric ?
J-P.I. : Le PHEV arrivera en 2019 chez Peugeot et d’ici 2023, l’ensemble de la gamme sera électrifié. L’important pour nous est de ne pas faire de compromis sur le design. Au-delà de leur groupe motopropulseur, les modèles électriques doivent avoir les mêmes caractéristiques que les modèles thermiques.
LNA : Comment avez-vous géré l’incendie survenu chez l’un de vos fournisseurs de planches de bord de 3008 en République tchèque ? Cela explique-t-il le retard de lancement du 5008, qui partage la même planche de bord ?
J-P.I. : Cet incident est derrière nous, même si on cherche toujours le coupable. L’agilité des gens en usine a été exceptionnelle pour compenser avec le fournisseur chinois qui fourni aussi les planches de bord, avec les mêmes critères de qualité. Il y a 40 000 clients à livrer, et on place le client en premier sur notre liste, alors le plan de lancement est maintenu.
Nous sommes plus que sereins quant aux débuts commerciaux du 3008. Maintenant, on se concentre sur le 5008, dont les chiffres des premières commandes sont aussi très bons. Nous envisageons même d’augmenter la cadence à Rennes [l’usine qui produit le Peugeot 5008] pour couvrir les demandes. Pour donner un ordre de grandeur, les demandes sont deux fois supérieures à celle de l’ancien 5008 lors de son lancement.
LNA : A l’autre bout de la gamme, comment va la 108 ?
J-P.I. : Elle va bien ! Elle poursuit sa carrière tranquillement. Il est vrai qu’elle ne se vend pas aussi bien qu’on le voudrait, mais il ne faut pas perdre de vue que tout le segment des mini-citadines souffre. La 108 reste un produit abouti et homogène.
LNA : Peut-on s’attendre à un restylage, alors ?
J-P.I. : Non, pas dans l’immédiat.
LNA : Très bien. Pour finir, une dernière question à propos des 3 205 qui ont été restaurées par l’Aventure Peugeot. La marque s’apprête-t-elle à accompagner davantage les collectionneurs avec toujours de pièces historiques reproduites ?
J-P.I. : Ah, je suis content que vous me posiez la question ! Quand je suis arrivé chez Peugeot, je rêvais de m’acheter une 205 GTi, une noire. Aujourd’hui, je constate toute la passion qui entoure cette voiture et qui anime bon nombre de peugeotistes ! Et cette passion ne concerne pas que la 205 GTi, mais aussi d’autres modèles Peugeot. Alors oui, c’est une volonté d’accompagner les collectionneurs et de produire des pièces. On compte également faire d’autres évènements pour faire perdurer la passion. Je vous donne rendez-vous à ce sujet le 24 septembre, à Montlhéry ! Vous verrez, il y aura quelque-chose de sympa !
LNA : On a hâte de voir ça. Merci beaucoup, Jean-Philippe Imparato.