Guillaume AgezL’adage « on est plus fort ensemble » a donné naissance à la Software République, réunissant 6 grandes entreprises : Atos, Dassault Système, Orange, Renault Group, STMicroelectronics et Thales. Ils ont été rejoints depuis par Arkamys, Compredict, Epicnpoc, Eyelights, Kardome, Stern Tech et JCDecaux. Créé il y a 2 ans, cet écosystème dévoile au salon Vivatech son premier concept collaboratif : le H1st Vision (Human First Vision).
Software République H1st Vision : entrée en scène…
Si son apparence vous fait penser au Renault Scénic Vision de 2022, vous n’avez pas tout à fait tort. Les faces avant et arrière ont évolué, avec une signature plus en harmonie avec le logo Renault et dévoilée sur le restylage de Renault Clio et le nouveau Renault Rafale. L’esthétique nous semble d’ailleurs plus cohérente sur cette version que le Renault Scénic Vision. Nous découvrirons en fin d’année si la version de série tient plus du concept de 2022 ou de celui de cette année.
À l’intérieur, les évolutions sont également mineures, les quelques mises à jour sont liées aux évolutions techniques que nous développerons un peu plus loin. Le H1st Vision annonce regrouper vingt innovations concrètes et surtout, opérationnelles. Ce concept est en fait double : la version physique, et un double numérique.
C’est sur cette version du H1st Vision que les différents ingénieurs ont travaillé avant de l’appliquer en réel. Il a permis la modélisation et la visualisation d’un environnement automobile, et de simuler tous les scenarii du monde réel. L’enjeu étant de faire communiquer des systèmes aujourd’hui indépendants (infrastructures, énergie, services publics, utilisateurs de différentes catégories, etc.). Une fois le double numérique prêt, les données sont transférées dans le H1st Vision réel. Le dialogue entre la version physique et numérique continuera cependant pour enrichir les scénarii.
H1st Vision : deux concepts en un
L’objectif est de prendre soin des occupants, mais aussi des autres usagers de la route. Le H1st Vision propose notamment :
- Un accès sécurisé et innovant au véhicule par biométrie,
- Une expérience sonore unique dans l’habitacle,
- Une autonomie et une charge optimisées de la batterie,
- Une veille et une assistance de l’état de santé du conducteur et du véhicule,
- Une protection des occupants et des autres usagers de la route grâce à des alertes prédictives.
Nous avons pu longuement discuter avec des équipes de Dassault Système et de Thales. Tous saluent la transparence du travail en communauté avec des entreprises pourtant à la culture si secrète ! Cette transparence a permis d’avancer rapidement. Chacun travaillant sur sa spécialité pour ensuite l’intégrer dans le jumeau virtuel et ensuite l’appliquer au H1st Vision réel. Nous avons pu suivre une démonstration. Elle commence par le double virtuel, développé par Dassault Système.
H1st Vision : aux frontières du réel
L’objectif du jumeau numérique est de paramétrer l’environnement mais aussi ceux avec qui la voiture peut interagir. Il faut donc créer des profils pouvant accéder au véhicule, avec l’objectif de se passer de clé, de carte ou de smartphone ! Il faut donc rentrer ses données avant de pouvoir utiliser le H1st Vision (nom, taille, photo du visage et enregistrement de la démarche de chaque utilisateur). Pour les sécuriser, ces données sont chiffrées et stockées dans un portefeuille virtuel ultra-sécurisé et intégré au véhicule, via le Digital ID Wallet (un système équivalent à ce que la France mettra en place pour les papiers d’identité).
Une fois ces données communiquées à la voiture, elle vous reconnaîtra à 6 m (démarche) et à 3 m (reconnaissance faciale). Les caméras se cachent dans les montants B de la voiture, et un projecteur (caché dans les appui-têtes) diffuse alors un avatar qui vous accueille par votre prénom, et vous questionne si vous souhaitez rentrer à bord. Un simple « oui » permet d’ouvrir la porte, la position de conduite s’adapte à votre morphologie et l’avatar prend le relai sur l’écran sous le tableau de bord. Ces éléments ont été développés par Thales (reconnaissance faciale, cybersécurité…), STMicroelectronics (capteur d’image, microphone), Eyelights (projection sur vitre) et Renault Group pour l’ouverture de porte et l’adaptation du siège.
Cette technologie permettra également de pouvoir gérer le prêt de sa voiture, voire la gestion du car sharing. Les paramètres permettront par exemple d’accepter que vos enfants ouvrent le véhicule, sans pour autant qu’ils aient la possibilité de la conduire !
H1st Vision : expérience intérieure
Une fois à l’intérieur, nous profitons des sièges très confortables, mais le matériau recyclé du sol type PVC glisse un peu trop pour bien positionner ses pieds. Le volant est équipé d’un capteur qui permet de surveiller le rythme cardiaque pendant le trajet, accompagné d’un électrocardiogramme dans la ceinture du conducteur. Les données recueillies peuvent être affichées sur l’écran, et l’avatar pourra vous proposer d’ajuster les réglages du véhicule si une irrégularité vient à apparaître (stress, fatigue…). En cas extrême, les secours seront prévenus ! Stern tech a développé le logiciel de captations d’humeur, alors que tous les capteurs l’ont été par STMicroelectronics.
Une fois ces capteurs testés, place à la musique : seize haut-parleurs équipent le H1st Vision, dont 2 tweeters dans chaque appuis tête. C’est Jean-Michel Jarre qui a développé l’ambiance sonore en se basant sur l’expertise d’Arkamys. C’est assez bluffant à vivre ! L’expérience simule l’envoi d’un SMS que l’avatar souhaite nous lire. Il propose aux occupants si quelqu’un souhaite être l’unique interlocuteur à l’entendre. Il suffit de répondre « me » (moi en anglais) et la musique se coupe, et une voix semble sortir de votre nuque pour lire le message. Mais le plus surprenant ce n’est pas d’avoir entendu le message, c’est que les autres passagers ont continué à entendre la musique, alors que j’avais l’impression qu’elle s’était totalement coupée !
H1st Vision : relié à son environnement
Cet effet pourra aussi servir au conducteur pour l’envoi de signaux d’alerte sur le parcours à venir. Et si la musique est trop forte et que la voiture détecte une ambulance, une alerte sonore sera transmise avec l’affichage de la distance qui sépare le H1st Vision de l’ambulance. Plus intéressant, si le conducteur souhaite être au calme, 2 passagers peuvent discuter entre eux grâce à la reconnaissance spatiale développée par Kardome, sans le gêner.
Autre intérêt de connecter le H1st Vision à son environnement : la navigation. Grâce à son analyse de l’environnement, son guidage dépassera le déplacement de la voiture. Le système pourra vous proposer de vous stationner sur une place électrique par exemple, et poursuivre votre trajet par des transports en commun ou d’autres moyens de mobilités partagés comme le vélo (développé avec JC Decaux). Le H1st Vision intègre une gestion de paiement, vous n’aurez donc rien à régler grâce au Mobilize Wallet.
Bientôt demain ?
Nous ne sommes pas exhaustifs par cet article sur toutes les technologies qu’offre ce concept Software République H1st Vision. Et si certaines technologies nous semblent aller trop loin (absence de poignée de porte pour ouvrir le véhicule) celles dont nous vous avons partagé notre expérience nous semblent très intéressantes. D’autant que d’après nos échanges avec les intervenants présents, certaines fonctions pourront être désactivées pour permettre au conducteur de pouvoir garder un peu de latitude sur son expérience de conduite.
Il faut aussi savoir que l’objectif de la Software République est, à l’horizon 2025, de proposer 10 nouvelles offres de services et de produits. Plus que 2 ans pour voir ce qui passera au stade de la série ! L’autre objectif de la Software République est d’incuber au moins cinquante start-ups pour continuer les recherches, mais aussi de proposer ses services à cinquante territoires. L’autre intérêt non avoué, serait de voir d’autres constructeurs automobiles rejoindre la Software République ce qui permettra de démocratiser les solutions.
Photos : Guillaume AGEZ, illustrations : Renault
Adrien A
Thibaut Dumoulin
