Chaque génération de Peugeot 3008 a apporté sa griffe en termes de style. Il y a quinze ans, la mode était encore au monospace : le 3008 premier du nom affichait donc fièrement une silhouette monocorps matinée d’attributs baroudeurs alors qu’en 2016, lors de son renouvellement, il assumait pleinement son côté SUV. Grand bien lui en a pris : le 3008 II s’est écoulé à plus d’un million d’exemplaires à travers le monde. Pour cette troisième génération, vous allez le voir, le style évolue encore.
Peugeot e-3008 GT : un grand méchant look
Présentation générale
Le nouveau Peugeot e-3008 a été dévoilé en septembre 2023, à quelques jours du salon de Munich où le constructeur sochalien n’exposait pas. Toujours est-il que Peugeot a – quand même – réussi à interpeller la sphère médiatique avec son e-3008, au design très spectaculaire.
Il faut dire qu’il possède, outre une face avant agressive (et dont la calandre, arborant le nouveau logo de la marque, semble être sans limite), un profil de SUV « fastback » (selon les dires de Peugeot) qui lui confère une allure totalement différente de celle de son prédécesseur. Pour un style plus “break”, il faudra lorgner du côté du nouveau 5008 (que l’on a essayé ici). La « ligne de coupe » démarre après la tête des passagers arrière, toutefois : l’enjeu est de garder une habitabilité arrière digne de ce nom ! À l’arrière, justement, les feux (qui conservent les traditionnelles griffes) sont joints par un bandeau noir laqué.
Même constat à l’intérieur : la planche de bord évolue radicalement. Nous noterons notamment la présence d’une dalle numérique incurvée, englobant à la fois l’instrumentation digitale (derrière le volant) et l’écran de navigation tactile, au centre. Il s’agit d’une version modernisée de « l’i-Cockpit », cher à Peugeot. Le – petit – volant évolue lui aussi (avec de nouvelles commandes tactiles cliquables) tandis que des « i-Toggles » sont visibles sous les aérateurs centraux. Elles sont paramétrables : le conducteur peut ainsi choisir les fonctions qu’il souhaite voir dessus, comme la climatisation par exemple.
Un SUV bien taillé
Long de 4,54 mètres, le nouveau Peugeot e-3008 étrenne la plateforme « STLA medium » du groupe Stellantis, lui permettant donc d’intégrer des versions électriques. Ce sont d’ailleurs elles, vous l’aurez compris, que Peugeot met majoritairement en avant. Au lancement toutefois, seule la déclinaison 210 ch (couplée à une batterie d’une capacité de 73 kWh) est proposée. Celle-ci confère une autonomie théorique de 527 km à ce nouveau e-3008.
D’après Peugeot, cette déclinaison ne consommerait que 13,9 kWh/100 km. Sur un trajet Paris – Marseille, le premier « stop » pour recharger n’interviendrait ainsi qu’au bout de 330 km, soit à Dijon, en supposant que vous rouliez à 110 km/h sous environ 20°C. Ces pronostics, ce sont ceux de Peugeot, qui compare sa nouvelle voiture à trois concurrents qui, vous vous en doutez, font théoriquement moins bien : le Renault Scénic E-Tech electric, le Tesla Model Y et le Volvo EX30. Cela demande bien-sûr à être vérifié ! Pour notre essai, l’ordinateur nous a indiqué une consommation de 16,4 kWh/100 km, avec un température maximum de 24°C et une climatisation réglée à 20°C.
Quoi qu’il en soit, deux autres versions arriveront prochainement : une de quatre roues motrices « dual motor » développant 320 ch (batterie de 73 kWh, 525 km d’autonomie théoriques) et une autre « longue autonomie » (700 km), dotée d’une batterie plus conséquente (98 kWh de capacité) et de 230 ch. Dans les trois cas, le nouveau Peugeot e-3008 offre le choix entre 3 modes de conduite (Sport, Normal et Eco) et également 3 modes de « freinage régénératif », pour plus ou moins récupérer de l’énergie au freinage justement.
Pour les réfractaires à l’électrique, le nouveau Peugeot 3008 (sans e, du coup) est aussi disponible en hybride rechargeable (195 ch) et en hybride essence 48 volts de 136 ch.
Une gamme naissante
La gamme ne comprend que deux niveaux de finitions (Allure et GT), quelque-soit l’énergie choisie (électrique ou essence). La finition Allure reçoit, entre autres, des jantes de 19 pouces, la caméra de recul HD et la dalle numérique à l’intérieur. Cette dalle est toutefois plus grande sur la version GT (21 pouces), qui ajoute des jantes de 20 pouces, des phares « pixel LED » ou encore des sièges en alcantara. Entre les deux niveaux de finition, les signatures lumineuses (avant et arrière) diffèrent légèrement. Pour agrémenter ces versions, trois packs sont aussi proposés en option.
Un mot sur les équipements « annexes » : Peugeot insiste entre autres sur le pilotage à distance via l’application My Peugeot. Celui-ci inclut : la programmation d’un départ avec mise en température de la voiture (dont le dégivrage du pare-brise), la programmation de la recharge – avec limitation à 80 % possible, la commande phares – klaxon pour retrouver la voiture sur un parking ou encore le verrouillage des portes à distance.
ChatGPT (version 3.5) fait son entrée dans l’habitacle alors que pour faciliter la recharge, Peugeot met en avant le service « Free2Move charge » du groupe Stellantis, permettant notamment de faire installer une borne de recharge domestique et d’accéder à 600 000 points de recharge référencés par l’application.
Disponible en 6 coloris (Bleu Obsession – gratuit, Blanc Okenite, Bleu Ingaro, Gris Titane, Gris Artense et Noir Perla Nera), le nouveau Peugeot 3008 (garanti 8 ans ou 160 000 kilomètres !) débute à partir de 38 490 euros en finition Allure avec le bloc hybride-essence de 136 ch. (comptez 42 990 euros en finition GT). La seule version électrique disponible au lancement réclame 44 990 euros (Allure) voire 46 990 euros en GT.
A titre de comparaison, le nouveau Renault Scénic E-Tech électrique démarre à 39 990 euros (170 ch., batterie de 60 kWh) et le Volkswagen ID.4 à 45 990 euros (204 ch., batterie de 77 kWh) en premier prix avec ses grosses batteries.
Peugeot e-3008 GT : au volant !
Prédateur de nuit
Découvrir une nouvelle voiture lors d’un essai presse est toujours quelque chose d’excitant. Peugeot nous a invité près de Cannes avec, surprise, un premier test de nuit pour découvrir l’ambiance intérieure – chaleureuse – du Peugeot e-3008. Nous prenons alors une place inhabituelle : sur la banquette arrière. Peugeot ne nous a pas menti, l’habitabilité arrière ne subit pas le style : un passager d’un peu plus d’1,80 mètres s’y sent tout à fait à l’aise. Il peut facilement glisser ses pieds sous le siège avant (contrairement à un Renault Scénic E-Tech Electric), mais ce dernier semble poser sur un ressort et ainsi “rebondir” sur route dégradée… heureusement, sans écraser les pieds de la personne se trouvant derrière !
Principal intérêt de cet essai de nuit : apprécier, donc, l’ambiance intérieure, avec le revêtement en aluminium de la planche de bord qui réfléchit l’éclairage d’ambiance. Vous avez d’ailleurs le choix entre 8 couleurs, qui peuvent être associées au mode de conduite. Notre exemplaire (de pré-série) avait cependant un dysfonctionnement : le mode sport éteignait automatiquement la lumière d’ambiance. Ce qui en soit, n’était pas désagréable, pour se concentrer au mieux sur notre chemin ! L’éclairage nous semblait quoi qu’il en soit plutôt bon même si les routes éclairées de notre parcours ne nous ont pas permis de certifier qu’il était idéal de nuit.
Où sont les griffes ?
Comme vous avez peut-être pu le voir chez nos confrères (Planète GT par exemple), nous n’avons malheureusement pas eu beaucoup de temps pour conduire le Peugeot e-3008. Nous sommes passés par l’arrière-pays cannois, puis retournés découvrir la calanque d’Anthéor. Si le paysage était magnifique, tout comme les routes, la vitesse moyenne était faible (33 km/h sur notre essai de moyenne, loin des 170 km/h de la vitesse maximale), et nous n’avons pris le volant que sur 70 km..
Le tracé “en zig-zag” des routes nous a cependant permis de confirmer que la plate-forme STLA Medium était bien née. La tenue de route du Peugeot e-3008 est ainsi saine, avec toutefois un poids qui se fait nettement ressentir. Confortable et rassurante, notre monture semble en revanche oublier… d’être amusante à mener. Où est le toucher de route de la précédente génération qui nous avait tant impressionné sur nos différents essais ? Où est passée la direction précise qui nous permettait de nous concentrer sur la trajectoire ? Où est passée, en définitive, l’âme de Peugeot ?
Touche à tout
Après les 308 et 408, Peugeot continue, dans le 3008, à supprimer un peu plus les touches physiques bien qu’il y ait ces “i-toggles” aux raccourcis paramétrables. Les quelques touches restantes sont disséminées le long de la console et il n’est pas aisé d’identifier leur fonction à l’aveugle.
Dommage, également, que le sélecteur de vitesses soit placé à droite du bouton start, par ailleurs un peu loin du conducteur. D’autant que la console accueille le réglage du mode de conduite, qui a l’emplacement idéal pour passer les vitesses… Avouons-le, nous avons à plusieurs reprises changer de mode de conduite alors que nous voulions juste passer la marche arrière en manœuvre !
Peugeot e-3008 ou Stellantis e-3008 ?
Il est déjà temps de conclure cet essai, mais n’ayez crainte, Fabien prendra la suite pour vous partager ses impressions très prochainement à travers un plus long essai. À la question, est-ce que le Peugeot e-3008 est une bonne voiture ? Nous répondrons oui, assurément ! Mais à la question, est-ce que le Peugeot e-3008 est une bonne Peugeot ? Nous serions tentés de dire non, pour ce qui est du comportement routier manquant de dynamisme, pourtant cher à la marque.
Ne vous y méprenez pas : le Peugeot e-3008 offre une bonne tenue de route, mais semble dépourvu du toucher Peugeot, de son côté “joueur”. Ses réglages nous semblent plus adaptés à l’esprit du Peugeot e-5008, essayé par Thibaut. Il restera à voir, avec les futurs produits utilisant cette plate-forme (l’Opel Grandland et le futur DS8 e-tense), si la sensation demeurera la même…
Article écrit en collaboration avec Adrien A.
Photos : Guillaume AGEZ