Le Nouvel Automobiliste
Essai Peugeot e-2008 LNA Dumoulin (22)

Essai Peugeot e-2008 : les ions et l’ambition

Essai Peugeot e-2008

Depuis le lancement de la grande 508, Peugeot ne cache pas son ambition de marcher sur les plates-bandes du premium. Cela se concrétise par des nouveaux produits au style extérieur et intérieur toujours plus sophistiqué et remarquable, au sens littéral. Il n’est donc pas question pour la marque au lion de rendre l’électrique accessible à tous (Peugeot laisse ce plaisir au cousin Citroën…). Preuve de verre et d’acier, le nouveau Peugeot e-2008, un SUV plus vraiment urbain qui promet des prestations de premier ordre à tous les niveaux. Suffisantes pour justifier des prix presque élitistes ?

Design du Peugeot e-2008 : lignes haute-tension

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Au risque nous répéter suite à notre découverte statique du nouveau Peugeot 2008, la nouvelle génération du SUV impressionne par son charisme. Sa face avant relativement cubique a beau reprendre les phares de la citadine 208, son faciès s’étend plus en hauteur, un effet accentué par la présence des crocs à LED qui descendent très bas. Sous cet angle, on peut déjà distinguer une Peugeot 2008 électrique d’une 2008 thermique : la grille de calandre arbore des motifs horizontaux diamantés tandis que les barrettes de la version thermique sont plus épaisses, plus ajourées et à la verticale. Le lion en son centre reçoit également sur la version à watts une « ombre » bleutée.

De profil, on remarque également devant les rétroviseurs un autre signe distinctif, le monogramme « e » du même bleu inséré sur une baguette noire. Mais ce qui impressionne le plus, ce sont les plis de carrosserie qui se font écho entre l’avant et l’arrière, formant un V tourné vers l’intérieur des portes avant et arrière. Un originalité qui sied bien à ce SUV qui fait la part-belle au design, preuve en est son toit contrasté noir (de série dès la finition GT-Line) relativement bas et fuyant. Il s’achève au dessus du pilier C, derrière la porte arrière, dépourvu de custode. Un plus pour effacer l’image « break surélevé » qui collait au prédécesseur de notre 2008 et le faire définitivement entrer dans la catégorie des SUV, mais un inconvénient en terme de luminosité intérieure.

De derrière, si la ressemblance avec le Peugeot 3008, SUV familial de la famille, ne vous avait pas encore frappée, elle devrait être évidente en regardant le 2008 sous cet angle ! avec son bandeau de feux à triple signature lumineuse, l’inspiration du grand frère est évidente. La partie haute est cependant traitée avec un peu plus de finesse, tandis que le pare-chocs… choque par sa proéminence. Car le SUV « urbain » de Sochaux n’a guère besoin d’être artificiellement rallongé : avec ses 4,30 m de long, il fait désormais la taille d’une berline compacte, et 14 cm de plus que la génération précédente. C’est aussi 7 cm de plus que le Renault Captur et le Volkswagen T-Roc… et 25 cm de plus que la Peugeot e-208 !

À bord du Peugeot e-2008 : fier comme un i-cock-pit

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Avant de s’attarder sur l’espace habitable du Peugeot e-2008, nous remarquons immédiatement la filiation avec la e-208 (et 208 tout court). Il reprend en effet le tableau de bord de la citadine et son fameux i-cockpit. Petit volant à double méplat devant un tableau de bord numérique à effet 3D, écran central tout en largeur surmontant la planche de bord anguleuse sur deux niveaux et rangée de gâchettes type aviation. Les revêtements sont de bonne qualité, arborant une imitation carbone sur la partie inférieure et les décors de portes. Mais l’ensemble présente mieux d’un point de vue esthétique qu’au toucher malgré la volonté affichée d’en mettre plein les yeux et de se rapprocher des marques premium.

Nous ne sommes pas non-plus impressionnés outre mesure par l’écran central qui, s’il a bien progressé ces dernières années en terme d’ergonomie, est parfois difficilement lisible en fonction de l’orientation de la lumière extérieure dans l’habitacle. N’allez pas croire que nous sommes déçus par les prestations intérieures deux nouveau 2008, mais nous plaçons notre niveau critique au niveau des ambitions de Peugeot visant le haut de gamme.

Par ailleurs, si la sellerie nous a semblé quelconque sur cette finition Allure, nous n’avons rien à redire côté habitabilité. L’accroissement de la taille du modèle lui permet d’offrir un espace arrière très satisfaisant (+6 cm d’empattement) malgré la moindre luminosité due à l’absence de custode arrière et à la forme de la découpe des vitres. Le coffre bénéficie aussi des 14 cm de plus en longueur, et atteint 434 L, contre 424 auparavant.

Sur la route en Peugeot e-2008 : e-xcellent !

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S’il y a un chapitre sur lequel notre avis peut être dithyrambique, c’est bien celui de la conduite. Nous avons trouvé facilement une position de conduite agréable sur la durée (et avec une bonne visibilité sur l’ordinateur de bord) et nous sommes lancés sur les routes espagnoles en environnement urbain puis montagneux.

Dans les deux cas, nous avons été séduits sur bien des aspects. En ville, le punch et la douceur des commandes, combinés à la bonne visibilité propre à la position de conduite surélevée, offrent une expérience sereine. D’autant que les déplacements s’effectuent sans bruit et que le capot bien carré étalé dans le champs de vision permet de bien délimiter l’encombrement du SUV et donc de le manier sans difficulté dans les rues étroites. Dans l’espace urbain, on apprécie le mode Eco renforçant la sérénité à bord… et l’autonomie (annoncée pour 310 km WLTP, contre 340 pour la e-208). Donnée pour 200 km à notre départ, elle était selon le tableau de bord, tombée à 170 après une heure de route environ. Un trajet effectué sur des routes montagneuses, d’une quarantaine de kilomètres. Plutôt cohérent donc, mais ce point mérite d’être étudié en profondeur lors d’un essai plus long.

Lancés dans les lacets de l’arrière pays de Sitges, le Peugeot e-2008 se montre également très bien dans ses baskets. Nous enclenchons le mode normal et avons recours au mode « brake » qui procure un effet frein moteur important, appréciable en conduite dynamique lorsque l’on serait amenés normalement à solliciter les freins très souvent. Le e-2008 ralentit aussi facilement qu’il se lance ! Pour le passager avant cependant, le trajet ne se montre pas aussi agréable. Le sifflement du moteur électrique et la relative brutalité des accélérations et des décélérations sont apparemment à l’origine de haut-le-cœur. Nous sommes en effet passés en mode sport entre temps et profitons du couple et de la cavalerie sans bride, ce qui nous permet d’apprécier pleinement la vivacité de ce nouveau modèle électrique qui n’est pas une Peugeot de second choix ! Le chrono du 0 à 100 km/h n’est pas encore connu (en cours d’homologation) mais ne devrait être légèrement moins bon que celui de la e-208 (8,1 s.), celle-ci étant plus légère de 93 kg.

Équipements du Peugeot e-2008

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Chose assez rare pour être soulignée, nous avons eu à l’essai une finition intermédiaire et non un haut-de-gamme. Pas de version suréquipée GT, mais une simple « Allure » qui se glisse juste au-dessus de l’entrée de gamme Active dans la gamme Peugeot. Mais d’extérieur, nous n’avons pas le sentiment de disposer d’une e-2008 au rabais.

Les phares adoptent la technologie LED mais pas les 3 barres caractéristiques que l’on retrouve sur les finitions supérieures. Cela retire un peu de charisme à la face avant, mais on peut également apprécier la plus grande « discrétion ». Pour le reste, tout ce qui fait le look de l’engin est au programme, dont les crocs LED, les inserts gris aluminium sur les bas de porte, de jolies jantes 17 ». Notre modèle reçoit en option des vitres surteintées à l’arrière ainsi qu’un toit noir contrasté pourtant indisponible sur cette finition en France mais qui contribue au look ravageur du Peugeot 2008.

À l’intérieur, on trouve la caméra de recul avec vue du dessus et radars arrière, la climatisation automatique une zone, le rétroviseur intérieur électrochrome. Mais l’accès et le démarrage mains libres, la recharge du smartphone par induction ou les sièges avant chauffants sont en option. Il en va de même pour les antibrouillards avant, mesquin sur une auto de près de 40 000 €

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Et pour avoir un équipement technologique à la page , digne d’une voiture qui frise les 40 000 €, vous conseillons aussi d’investir les 400 € supplémentaires que demande le Pack Drive Assist Plus, qui donne accès au régulateur de vitesse adaptatif avec fonction Stop & Go et l’aide au maintien de position dans la voie. Sur les petites routes de l’arrière pays, celui-ci se faisait plutôt discret… et même totalement absent, jusqu’à un certain moment où il a décidé de prendre ses fonctions. Son insistance agaçante à vouloir nous remettre entre les lignes nous a poussés à le déconnecter purement et simplement…

Si vous ne voulez pas passer par la case options, sachez que vous pouvez opter pour les plus avenantes finitions GT-Line et GT. Cette dernière, toutes options, vous coûtera tout de même la bagatelle de 46 000 €. Le prix d’une Hyundai Kona dans son itération haut de gamme « Executive »… Mais avec une batterie de 64 kWh et une puissance de 204 ch.

Prix Peugeot e-2008 : l’amer à boire

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Peugeot e-2008 à partir de 38 200 €
Modèle essayé : Peugeot e-2008 Allure à 38 700 € hors option et hors bonus écologique, soit 40 700 € incluant les options :

  • Peinture métallisée Gris Artense à 550 €
  • Antibrouillard avant à LED à 150 €
  • Pack Drive Assist Plus à 400 €
  • Vitres arrière et lunette arrière surteintées à 100 €
  • Navigation 3D connectée avec écran tactile 10 » à 800 €

Concurrence

Du côté des français, le seul rival électrique sur le segment des petits SUV. .. est un concurrent interne, puisqu’il s’agit du DS 3 Crossback E-Tense qui étrenne le même groupe motopropulseur que le e-2008. Proposé à seulement 500 € de plus que son cousin au lion, voire 400 en prenant en compte les vitres arrière surteintées de série, il ouvre la porte du « vrai » premium pour une différence tarifaire plus que réduite. Renault avait bien anticipé le virage électrique, mais n’a pas semblé juger opportun quant à lui d’appliquer sa technologie à un petit SUV pourtant bien en vogue. C’est en hybride rechargeable E-Tech que le Renault Captur sera proposé. Chez Citroën, la plateforme et l’ensemble mécanique du Peugeot e-2008 se retrouvera dans la future berline compacte, la Citroën C4 nouvelle génération. Mais pas dans la Citroën C3 Aircross… Pour les mêmes caractéristiques et équipements à deux ou trois détails près, la Peugeot e-208 s’affiche à environ 5 000 € de moins que son équivalent SUV (!), mais sa taille beaucoup plus réduite en fait une voiture moins spacieuse et moins polyvalente.
Il faut se tourner du côté de la Corée du Sud pour trouver des concurrents directs à notre Peugeot e-2008. La Kia e-Soul, dans sa nouvelle mouture au design toujours aussi personnel, offre une batterie de plus faible capacité (39,2 kWh) limitant son autonomie à 277 km. Mais il est aussi plus généreusement équipé que la française, pour un prix inférieur. Par exemple, le régulateur de vitesse adaptatif avec Stop & Go est disponible de série quand il faut encore alourdir la facture pour en disposer sur la française. À noter, le Kia e-Soul est également proposé avec une batterie de 64 kWh homologuée à 452 km d’autonomie. Autre concurrente, la Hyundai Kona Electric est une cousine technique du Kia e-Soul. Proposée à un prix d’attaque bien inférieur au Peugeot e-2008, elle reste compétitive à équipement équivalent.

  • Peugeot e-208 Allure 100 kW (136 ch) – batterie 50 kWh à partir de 33 500 €
  • DS 3 Crossback E-Tense So Chic à partir de 39 200 €
  • Kia e-Soul e-Active 100 kW (136 ch) – batterie 39,2 kWh à partir de 37 300 €
  • Hyundai Kona Electric Intuitive 100 kW (136 ch) – batterie 39,2 kWh à partir de 34 900 €

Convaincant, mais un poil prétentieux niveau tarifaire, le Peugeot e-2008 est fidèle au blason sochalien et constitue un excellent SUV électrique. Le plaisir de conduite est là, le style aussi, même si ce sera un peu « too much » pour certains, sans oublier le côté pratique. Reste qu’en l’équipant bien, on arrive au niveau tarifaire de rivales qui proposent des batteries de plus grande capacité et donc dotées d’une autonomie supérieure. Autre bémol, son chargeur triphasé en option n’est que d’une puissance de 11kW, soit deux fois moins qu’une ZOE. Sur des bornes publiques délivrant 22kW, on ne profitera pas de cette capacité et l’on devra attendre deux heures pour récupérer suffisamment d’autonomie. Des griefs qui ne retirent en rien les qualités intrinsèques de ce véhicule mais qui laissent penser que l’équation prix/capacité/autonomie n’est pas encore optimale.

Galerie photos Peugeot e-2008

Texte et photos : Thibaut Dumoulin pour Le Nouvel Automobiliste

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