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Essai Renault Espace 6

Essai Renault Espace 6 : le pionnier rentre dans le rang

Le Renault Espace 2023 est un Austral rallongé. On ne va pas tourner autour du pot, cela n’a échappé à personne. Usurpe-t-il pour autant son identité ? Renonce-t-il à ce qui a fait son succès depuis 1984, avec 1,3 million d’unités vendues ? Ce sont les vraies questions à se poser au-delà des considérations de principe du type « Ouin, encore un SUV », « Ouin ouin, Renault a préféré dépenser moins d’argent dans le développement d’un véhicule 100% nouveau ». Et pour obtenir les réponses, rien de tel qu’un essai de cet Espace, que nous avons étudié sous toutes les coutures !

A écouter en podcast

Renault Espace : un Austral-long-E-Tech

Renault Espace 2023

Australopithèque, Austral-long-E-Tech… Vous l’aviez ? Maintenant oui. Désolés, on essaye de faire de l’humour pour dédramatiser la situation ! Parce qu’on vous a entendu hurler au scandale lorsque nous vous avons présenté sur nos pages le nouveau visage du Renault Espace.

Oui, celui-ci est quasiment identique à celui de l’Austral dont il dérive, les deux modèles reposant sur la plateforme CMF-CD de l’Alliance. Il arbore toutefois une calandre à barres verticales sur certaines versions et un décor de calandre inférieure, lui aussi, noir laqué sur cette version Iconic. Contrairement à l’Austral dans cette même finition (qui en propose 5 contre 3 pour l’Espace), les contours de vitres sont noirs et non chromés.

En toute logique, l’arrière diffère sensiblement. 14 cm plus petit que l’Espace 5 qu’il remplace, ce nouvel Espace est 21 cm plus long que l’Austral, au bénéfice de l’empattement et du coffre. Le toit relativement fuyant, les grandes jantes de 20 pouces et le décroché au niveau de la vitre arrière allègent grandement la silhouette pour bien faire passer visuellement ces centimètres supplémentaires.

Le résultat est toutefois harmonieux sous tous les angles. On n’a ni l’impression d’avoir affaire à un engin greffé d’une partie ajoutée ni d’être face à un SUV mastoc à l’américaine. L’Espace n’a plus « sa » personnalité mais a bien « une » personnalité assez forte. Il s’intègre bien dans les canons du style de la marque et affiche une forte distinction par rapport au modèle qu’il remplace, à qui il cède le côté luxueux pour un aspect toujours statutaire mais également robuste. Renault a d’ailleurs eu la bonne idée de rassembler toutes les générations d’Espace pour constater l’évolution…pour le mieux ? On vous laisse juges !

A bord du Renault Espace : 5 + 2 ne fait pas 7…

Intérieur Renault Espace 6

Nous ne l’avons pas mentionné jusqu’à présent, mais le Renault Espace est proposé en version 7 places. Que les familles se rassurent ! A noter que les versions 5 et 7 places sont au même prix. Renault estime ainsi que 75% de ses ventes s’effectueront en 7 places. Outre le nombre de siège, c’est la vie à bord qui est au cœur du concept initial de l’Espace, dont la carrosserie monovolume des 4 premières générations se prêtait à merveille. Est-ce toujours le cas ? Renault a-t-il révolutionné le SUV pour parvenir au même résultat ? Prenons place à bord pour le vérifier !

Commençons par observer l’ambiance à bord. Renault a mis le paquet niveau design, avec des détails léchés et modernes, pour offrir un environnement agréable à l’œil. poignées noires intégrées à de larges décors façon aluminium brossé, cuir tendu surpiqué aux passepoils couleur fauve, bois de hêtre face au passager avant, repose poignet façon manche d’avion, larges écrans… Renault rattrape Peugeot en termes de design intérieur et de qualité perçue !

Maintenant, le confort et la modularité. On remarque les coussins d’appuie-tête (de série ou en option), les sièges du 2è rang inclinables à 31°, coulissants sur 22 cm, ce qui permet d’offrir la meilleure longueur aux jambes de la catégorie. Oui… la catégorie des SUV du segment D ! Mais, il y a un gros mais, il s’agit d’une banquette en deux parties et non de sièges individuels. Quand un C5 Aircross les offre de série, c’est une honte pour un Espace de faire l’impasse dessus ! La raison évoquée par Renault ? Cela fait économiser 30 kg sur le poids du véhicule. OK…

Et l’Espace de chargement, alors ? Renault est fier d’annoncer une longueur de chargement « longitudinale » supérieure de 4 mm par rapport à l’Espace 5. D’accord. Mais l’ouverture du coffre est basse et charger l’Espace à fond ne sera pas aisé, nous y reviendrons. Pour le chargement « quotidien, on trouve dans l’habitacle 39 litres de rangement. Celui situé dans l’accoudoir n’est pas très grand mais en faisant coulisser le repose-poignet, on accède au second rangement, suffisamment grand pour accueillir une bouteille d’eau de 1,5 litres. L’honneur est sauf.

Le coffre dispose quant à lui de 777 litres en mode 5 places. Cette donnée se réduit en fonction de la position des sièges arrière. En mode 2 places, la longueur de chargement atteint 1,85 m et le volume 1 818 litres. En 7 places en revanche, on dispose de 159 litres, soit une contenance digne d’une Fiat Panda.

L’accès au 3è rang est clairement une punition. Déjà, il faut retirer le cache-bagages et on se retrouve, après avoir un peu galéré étant donner la hauteur réduite du plafond, avec cet objet encombrant sur les bras, sans possibilité de le ranger. Il faut se contorsionner, notamment parce que la découpe de la porte est très inclinée.
Et une fois installé, ce n’est pas mieux. L’appuie-tête s’avère inutile puisque le crâne d’un adulte de taille moyenne (1,75 m)… touche le plafond.

C’est donc « assis » au troisième rang qu’on comprend l’intérêt du toit panoramique aux dimensions XL (133 cm de long pour 84 cm de large), accroissant la sensation d’espace. Comme sur un C4 Cactus, celui-ci est toutefois teinté et ne fait pas rentrer la lumière suffisamment pour se croire dans un Avantime. Mais c’est ça de pris pour éviter la claustrophobie !

Renault Espace hayon

Tant que nous parlons de surface vitrée, nous ne manquons pas d’évoquer la lunette arrière, ridiculement basse. D’autant plus ridicule lorsqu’on voit la taille de l’essuie-glace, lui aussi minuscule. La visibilité vers l’avant n’est pas beaucoup plus satisfaisante, avec un rétroviseur intérieur implanté de façon à masquer une partie de la vue… Si l’on se sent bien à bord de cet Espace, il faut toutefois oublier le côté véranda des générations précédentes qui légitimaient le nom du modèle !

Essai Renault Espace E-Tech : l’Espace le plus sympa à conduire ?

Essai Renault Espace E-Tech

A priori, on n’achète pas un Espace en priorité pour son dynamisme. Et pourtant, la conduite est sans doute le point sur lequel cette sixième génération nous a le plus convaincus.

Sous le capot (et le plancher), une seule motorisation prend place : le E-Tech full hybrid de 200 ch, composé d’un moteur thermique 1.2 « HR12 » de 130 ch développé spécialement chez Renault et un ensemble électrique de 50 kW (68 ch) + 25 kW (34 ch), ce dernier étant couplé à la boîte de vitesse « intelligente ». Une motorisation déjà connue sur l’Austral et qui représente 70% des ventes de ce modèle.

L’Espace propose toutefois un amortissement optimisé pour le confort, mais aussi un train arrière multibras de série sur notre version Iconic, quand il est en option sur son petit frère.

En termes de puissance, les 200 ch du groupe motopropulseur suffisent amplement, avec un 0 à 100 km/h effectué en 8,8 secondes. Le poids maîtrisé (1 587 kg vs 1 802 kg pour l’Espace 5) joue également en la faveur de cet imposant véhicule en termes de dynamique de conduite. Notre version haut-de-gamme n’était pas la plus légère avec ses 1 749 kg sur la balance, tout de même.

Mais ce qui change tout, c’est le 4 Control, un système bien connu chez Renault qui permet aux roues arrière de tourner sur 5° dans le sens opposé des roues avant à basse vitesse pour faciliter les manœuvres, ou dans le même sens en conduite dynamique pour favoriser la maniabilité. L’intensité de ce système varie selon le mode de conduite sélectionné et celle-ci est un des paramètres ajustables du Multi Sense, qui agit également sur la gestion du moteur, la direction, le confort thermique ou encore l’éclairage d’ambiance (on vous montre ci-dessous une des très nombreuses teintes proposées).

Renault Espace éclairage d'ambiance

Autrement dit, et en sachant que le mode « perso » permet de tout régler individuellement quand les modes éco, sport et confort proposent des paramétrages déjà pré-spécifiés, il y a plusieurs expériences de conduite. Dans tous les cas, on ne trouve pas grand chose à redire niveau confort, un point fort de ce modèle.

Renault Espace Le Nouvel Automobiliste Thibaut Dumoulin 74

Avec des paramétrages typés confort, sans jamais perdre son caractère volontaire, l’Espace propose un feeling très souple…et un roulis assez prononcé. En revanche, en profitant des 4 roues directrices en forte intensité et de la direction raffermie, l’agilité de l’Espace devient autrement plus appréciable ! On peut également personnaliser encore plus loin l’expérience de conduite en réglant la puissance du système de récupération d’énergie, contrôlé par les palettes au volant. Celui-ci s’apprécie particulièrement à forte puissance en conduite dynamique lorsqu’il faut décélérer rapidement, ou en ville pour ne presque plus avoir à toucher aux freins.

Reste des rebondissements sensibles du train arrière, et surtout des variations dans la puissance disponible, celle-ci étant (trop) dépendante de la puissance électrique disponible et de la boîte de vitesse pas si intelligente, hésitant tantôt à rétrograder ou à passer le rapport supérieur. Résultat, des « trous » viennent parfois gâcher le plaisir. Ceci étant dit, sur l’autoroute et les longs trajets en mode « cruising » pour lesquels il se destine, cet Espace ravira les pères et mères de famille ainsi que les professionnels qui en disposeront dans la flotte de leur entreprise !

Monogramme Renault Espace

Satisfaction plus unanime en revanche côté consommation moyenne. Entre les 2 jours d’essai, notre l’ordinateur de bord a oscillé entre 5,7 et 6,4 litres/ 100 km. Un score un peu éloigné de la donnée constructeur (4,6 litres), mais nous n’avons franchement pas ménagé notre Espace sur la route, et le parcours incluait des routes vallonées, de l’autoroute et de la ville. Sur les 118 km du parcours, notons que nous avons effectué 52 kilomètres en électrique. Un joli score, et Renault affirme que 80% des trajets en ville peuvent se faire sur ce mode de propulsion.

Equipements du Renault Espace : et si le vrai luxe, c’était l’Espace ?

Volant Renault Espace 6

La surenchère d’équipements se poursuit au fil des générations de véhicules l’Espace 6 est fier de pouvoir compter sur 32 aides à la conduite… d’après les calculs de Renault, qui comptabilise chacune des différentes fonctions d’un même système ! Sur un véhicule propice aux longs trajets, nous avons d’abord voulu essayer la conduite semi-autonome et avons été agacés de devoir activer le maintien dans la voie via un bouton situé sur la planche de bord du côté gauche de la base du volant avant de pouvoir activer et régler le système via les touches au volant. Une fois en marche, rien à dire en revanche, c’est fluide et efficace.

On peut également disposer d’un avertisseur d’angle mort qui évite également le changement de voie lorsqu’un autre véhicule a été détecté. Le freinage d’urgence agit en marche avant dans les intersections, face à un obstacle (piétons, cyclistes) ainsi qu’en marche arrière. Autre technologie de sécurité peu répandue, la sécurisation de la sortie des occupants du véhicule prévenant de la circulation lorsqu’on souhaite ouvrir la porte. Ou encore les phares Matrix-LED, pour les virées nocturnes dont nous n’avons malheureusement pas pu profiter.

renault espace matrix led

Niveau vie pratique, on retrouve des caméras de bonne définition à 360° et vers l’arrière, couplées aux aides au stationnement avant, arrière et latéral et au parking mains libres pour les plus réticents aux créneaux. Le hayon lui aussi s’utilise sans les mains, électriquement et l’ouverture et le démarrage, sans clé (tirer une poignet et appuyer sur un bouton est toujours dans nos cordes !).

Renault Espace cuir

Côté confort, le conducteur est gâté avec un siège avec fonction massage tandis que son passager se contentera du siège chauffant à réglage électrique. Celui-ci se recule toutefois à l’ouverture de la porte, une petite attention pratique… sauf si un passager est en train de s’installer au troisième rang, puisque le siège rabattu du second rang est alors repoussé !

Et pour les férus d’écrans et de technologie, le système Renault Open R-Link propose l’écran le plus grand du marché avec Google intégré (notamment Google Maps) et un catalogue d’applications comme Waze. Renault n’a pas manqué de nous présenter l’appli 3song Pop for Renault », bientôt disponible, une sorte de blind test et un prétexte pour vanter le système audio Harman & Kardon à 12 haut-parleurs (en option). L’instrumentation de bord s’étale de manière lisible sur la dalle située derrière le volant, mais aussi sur l’affichage tête haute projeté sur le pare-brise sur une diagonale de 9,3 pouces, là encore si vous avez choisi l’option…

Prix Renault Espace : ni populaire, ni élitiste

Renault Espace bleu

Renault Espace à partir de 44 500 € (finition Techno), 47 500 € (Esprit Alpine) et 49 500 € (Iconic).
Modèle essayé à 54 450 € incluant les options pack advanced driving assist (400 €), pack Harman Kardon (1 000 €), phares LED matrix vision (1 000 €), toit panoramique ( 1 000 €), affichage tête haute (800 €) et peinture métallisée bleu nocturne (750 €).

Le Renault Espace n’est pas soumis au malus écologique, et le malus au poids, selon version et équipements, n’atteint au maximum que 250 € (pour l’instant).

Concurrence du Renault Espace

Avec ce nouvel Espace, Renault vise un marché pas si restreint des SUV 7 places, à commencer par le Peugeot 5008, à peine plus petit. Proposé à 43 820 euros en finition GT, hors options celui-ci n’est toutefois pas disponible en hybride.

En dehors de nos frontières on trouvera face à l’Espace le Volkswagen Tiguan Allspace, toujours pas en hybride mais bien proposé avec 200 ch… en diesel, et contre pas moins de 62 000 € !

Pour des SUV 7 places hybrides, il faut se tourner vers les spécialistes en la matière, les constructeurs japonais ! On peut alors considérer le Nissan X-Trail, qui propose deux types d’hybride, le e-Power, un hybride dont le moteur essence sert de générateur au moteur électrique, et le e-4orce, qui propose une transmission intégrale grâce au deuxième moteur électrique sur l’essieu arrière. Seul ce dernier est disponible en finition haute Tekna +, à partir de 46 100 €. Comptez 10 000 € de moins pour un Connecta e-Power.

Si on vise plus grand, le Toyota Highlander offre près de 25 cm supplémentaire pour plus d’espace mais aussi une motorisation hybride rechargeable. Il faut aussi viser plus grand niveau budget : 68 000 € minimum.

Renault compte également un concurrent SUV 7 places parmi les premiums : le Mercedes-Benz GLB. Mais à partir de 49 000 € en version de base avec une motorisation essence de moins de 180 ch, il fait facturer lui aussi bien plus cher ses prestations.

A près de 55 000 €, notre Renault Espace Iconic paraît donc presque une bonne affaire !

Bilan essai Renault Espace

Renault Espace matrix LED

Est-on obligé de rentrer dans le rang ? Est-on obligé de plaire à tout le monde ou peut-on se satisfaire de combler un public restreint, mais fidèle et attaché à notre personnalité ? Ces questions peuvent se poser qu’on soit un être humain ou une voiture. En l’occurrence, c’est le cas du Renault Espace qui nous intéresse. Pionnier des monospaces en France, celui-ci a muté au fil du temps, significativement lors du passage à la 5è génération… et encore plus en devenant SUV compact rallongé avec cette 6è et toute nouvelle interprétation.

Mais qu’est-ce qui qualifie l’Espace ? Ses 7 places ? Encore faut-il qu’elles soient accueillantes. Ce n’est pas le cas ici. Sa modularité ? Elle n’a rien d’extraordinaire. Des sièges indépendants, pivotants, des rangements et aspects pratiques… rien de tout ça, un Berlingo a plus le sens de la famille ! Des motorisations nobles, notamment le V6 présent depuis la 2è génération ? On oublie, même si la motorisation hybride est convaincante et adaptée aux règles fiscales actuelles.

En bref, Renault nous a sorti un bon SUV bien équipé, valorisant et agréable à conduire, un rival plus que sérieux au Peugeot 5008… en enterrant le concept du monospace, en voie d’extinction depuis longtemps. Il plaira sans doute plus aux professionnels qu’aux familles nombreuses et, indiscutablement, aux fans de l’Espace de la première heure !

Album photos Renault Espace 6

Crédit photo : Thibaut Dumoulin pour Le Nouvel Automobiliste

Thibaut Dumoulin

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