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010 Nissan Pulsar

Essai Nissan Pulsar GT : Proposition très décente

Dans la catégorie des compactes en Europe il y a les stars… et il y a la Pulsar. Comment, vous ne connaissez pas encore la Nissan Pulsar ? Allez, je vous accorde que pour le moment elle reste assez discrète dans nos rues compte-tenue de sa diffusion modeste. Pourtant il y a fort à parier que vous soyez amené à la croiser à un moment ou à un autre car chez Nissan on se félicite déjà de ses résultats plus que prometteurs en moins d’un an de commercialisation. Et on a même décidé d’aller un peu plus loin en offrant à cette Pulsar une déclinaison GT qui, sans prétendre aucunement chambouler le marché, vous fait une proposition très décente. Et voici pourquoi…

010 Nissan Pulsar

D’abord parce que c’est une voiture au charme… subtil…

Autant commencer tout de suite par ce qui est sans doute le défaut majeur de cette voiture, mais dont vous verrez qu’il possède un verso nettement plus à son avantage, je veux parler de sa plastique. Disons le tout net et sans ambages cette Pulsar ne fera guère tourner les têtes, car elle affiche effectivement un style pour le moins discret, pas insipide pour autant mais à mon sens un peu déséquilibré et c’est bien là son plus gros problème. Sur ce point la finition GT ne vient que fort peu améliorer les choses car chez Nissan on a volontairement écarté toute suggestion de sportivité ostentatoire, sans doute à raison, et les différences entre une version normale et une version GT sont vraiment de l’ordre du minimalisme.

L’avant présente plutôt bien avec un caractère assez marqué grâce à la calandre en V chromée qu’on retrouve sur toutes les dernières productions de la marque, des optiques LED travaillées et légèrement fumées, un capot nervuré, des ailes bombées, le tout amenant le regard sur de généreuses jantes de 18 pouces bi-tons. Jusqu’ici tout va bien, mais les deux autres tiers de la voiture sont plus discutables à mon goût car la voiture semble clairement hésiter entre la berline classique et le monospace compact, voire même le SUV… Elle est en effet assez haute (1,51 m), aussi bien en ce qui concerne son pavillon (d’où un profil pas particulièrement athlétique) que sur ses pattes. Sur le train avant cela passe correctement avec la monte généreuse mais à l’arrière les passages de roues sont vraiment très apparents. Quant à la poupe outre ses feux trop imposants elle laisse copieusement apercevoir les dessous du véhicule et est agrémenté d’un diffuseur façon carbone et d’une canule d’échappement chromée, l’un comme l’autre donnant la sensation d’une intégration un peu hasardeuse.

Rajoutez à cela un tout petit monogramme GT sur le hayon et vous avez une Pulsar… GT. Discrétion assurée, et ce n’est probablement pas qu’un défaut car nombre de clients ne souhaitent pas forcément se faire remarquer à tout prix en achetant une voiture, même avec une vocation dynamique. Ils auront ici de quoi les satisfaire et ne seront pas non plus trop perturbés par l’habitacle traité dans la même veine.

Ensuite parce que si vous voulez de la place vous allez être servis…

Très sobre extérieurement la Pulsar GT l’est tout autant intérieurement. Une sobriété qui tend même dangereusement vers une certaine austérité… On a visiblement lorgné sur les productions germaniques chez Nissan et on propose un habitacle déclinant pratiquement toute la gamme des noirs et des gris. Ah non, on a également mis un peu de blanc au travers de quelques surpiqûres de cette couleur sur le volant, les sièges en cuir (en option), le soufflet de levier de vitesse ou les contre-portes. Ca n’égaye pas beaucoup mais ça reste élégant et c’est une nouvelle preuve de la volonté du japonais de ne pas tomber dans un excès de zèle ou de prétention en proposant des surpiqûres colorées (rouges par exemple) sans doute trop connotées sportivement. La Pulsar se veut GT et non GTi. Allez, on a quand même pas résisté à la tentation d’un insert au caractère sportif puisque le bandeau central qui se prolonge jusqu’aux poignées de porte reprend un motif évoquant la fibre de carbone. Il manque un peu de contraste avec tout ce noir mais il n’est pas désagréable à l’œil. J’aurais pour ma part préféré de l’aluminium mais si c’est pour arriver à l’espèce d’ersatz en plastique dont est affublé le volant je dis non merci et je reste à mon carbone.

Au final l’ensemble présente correctement, les matériaux ne sont certes pas tous très bien choisis et je pointerai en particulier l’imitation aluminium du volant (ah je l’ai déjà dit ?) les poignées de porte chromées un peu clinquantes ou encore les commandes de vitres électriques (non sérigraphiées et à impulsion uniquement pour le conducteur, comme toute bonne japonaise) vraiment pas terribles, mais les assemblages ne prêtent pas le flanc à la critique, c’est bien construit visiblement sérieux et solide et à défaut d’être particulièrement original c’est tout à fait fonctionnel, rationnel… et incroyablement spacieux !

Car il faut bien que la hauteur de la voiture que je critiquais extérieurement ait une contrepartie, et la première est bien l’espace intérieur offert par cette compacte de 4,38m. Dans la norme à l’avant, où l’on se sent à l’aise dans des sièges confortables et plutôt bien dessinés (malgré un manque de maintien latéral et l’impossibilité pour le passager de régler son assise en hauteur), mais bien au-delà de la moyenne à l’arrière où la place, pour trois, est vraiment très impressionnante et où, grâce à la garde au toit et au vitrage généreux, on ne se sent pas enfermé. On regrettera quand même de ne pouvoir disposer d’un toit ouvrant ou d’un toit panoramique, ce dernier aurait été comme un gant à cette voiture dont on peut vraiment profiter en tant que passager. On soulignera encore les nombreux rangements dont dispose l’habitacle, notamment les espaces dans les contre-portes destinés à accueillir des bouteilles d’eau, à l’avant comme à l’arrière, la boîte à gants assez profonde, le vide poche sous l’accoudoir central, les aumônières sur l’arrière des sièges. De quoi satisfaire toute la famille.

Le coffre n’est pas en reste, avec ses 385 litres il n’est pas le plus grand de sa catégorie mais se situe dans la moyenne haute et il peut naturellement bénéficier indirectement de l’espace alloué aux passagers arrière car si vous rabattez les sièges vous obtenez alors une véritable fourgonnette offrant une capacité de chargement de 1395 litres. De quoi vous garantir des déménagements efficaces et en plus dynamiques, car oui c’est une GT et vous allez pouvoir en juger au travers de sa conduite.

Également parce que sur la route elle se débrouille carrément mieux que vous ne l’imaginez !

Sous le capot le bloc installé est le bien connu 4 cylindres essence turbocompressé 1,6 l DiG-T que l’on retrouve avec des puissances plus ou moins élevées dans un Qashqai (163 ch) ou dans un Juke Nismo-RS (218 ch) et qui est ici présenté dans sa déclinaison 190 ch et 240 Nm. Une puissance plus que satisfaisante sur le papier (le 0 à 100 étant annoncé à 7,7 secondes) pour justifier l’appellation GT de cette Pulsar.

Assez mou sous les 2500 tr/mn (ce qui n’empêchera pas l’ordinateur de bord de vous demander de passer la 6eme alors que vous n’êtes qu’en 4eme à 60 km/h) ce bloc est un authentique moteur essence qui aime être cravaché en restant haut dans les tours. Le couple arrive assez brutalement à 2800 tr/mn et à partir de ce seuil on prend vraiment conscience de la cavalerie positionnée sous le capot. L’idéal, surtout sur les routes de moyenne montagne que nous avons parcourues, est de rester le plus souvent possible au-delà de 4000 tours. Pour cela il vous faut jouer de la boîte mécanique (pas de version automatique au programme) mais ce n’est pas un problème puisque cette dernière s’est révèlée bien étagée et agréable à manipuler. Dès lors il est possible d’enchaîner les virages en toute sérénité et même d’aller bien plus loin.

Et là cette Pulsar se révèle diablement efficace, bien plus que ces atours très passe-partout ne pourraient le laisser suggérer. Les reprises sont franches, la motricité excellente même sur revêtement dégradé, la direction très précise et très informative, le roulis parfaitement maîtrisé et le comportement en courbe des trains avant et arrière particulièrement sain. On est par ailleurs bien installé, légèrement en hauteur, avec une excellente vision périphérique, on monte et on descend les cols vosgiens à vive allure avec un plaisir certain et aussi avec le sentiment que les limites de la voiture sont assez largement au-dessus de ce qu’il nous est possible faire. Mais le plus fort est que le confort est vraiment préservé, même avec cette monte de 18 pouces et malgré les réglages de suspensions plus fermes. Un passage sur un tronçon de route en très mauvais état nous permet en particulier d’en juger, le travail de filtrage est efficace dans toutes les situations.

Seules petites ombres au tableau en conduite un peu sportive, le maintien latéral des sièges est à revoir et surtout la sonorité du moteur déçoit. En fait elle s’avère particulièrement banale et au final assez éloignée de ce que la voiture est capable de faire d’un point de vue dynamique. Or, une fois à son volant le caractère GT est bien présent et on aimerait vraiment le voir encore renforcé par un petit « vroum-vroum » plus sympathique. C’est d’autant plus vrai que l’insonorisation globale est assez remarquable pour une voiture haute, les bruits d’airs comme les bruits de roulement sont bien filtrés et, du coup, le bruit moteur se fait d’autant plus présent…

Cerise sur le gâteau la Pulsar sait aussi se montrer fort polyvalente, vous voulez jouer avec en montagne ? Pas de problème on vient de le voir. Vous voulez naviguer paisiblement au régulateur de vitesse dans un confort de bon aloi ? Aucun soucis. Vous voulez rouler à très très vive allure en toute sécurité ? Ach ! Kein Problem aber man muß dafür zuerst in Deutschland gehen [pas de problème mais il faut d’abord aller en Allemagne pour ça]. Nos organisateurs zélés de chez Nissan avaient en effet prévu un petit tour de l’autre côté du Rhin histoire de profiter de l’Autobahn et ainsi voir ce que notre Pulsar pouvait offrir sur ce terrain.

Hélas le trafic s’est révélé trop dense pour vraiment en profiter et il ne nous a guère été possible de dépasser des vitesses proches de celles connues en France. Tout de même, une pointe à 207 km/h au compteur et quelques kilomètres aux alentours de 160/170 km/h nous ont permis de mettre en relief deux autres qualités de la voiture : d’une part son assez bonne vélocité car on atteint ces vitesses aisément (et on sent bien qu’il est encore possible de monter), et d’autre part sa tenue de cap absolument imperturbable. Et je rajouterai une fois encore son excellente insonorisation même à très haute vitesse.

Et enfin parce qu’en prime elle vous permettra (presque) de vous acheter une Porsche/Bentley/Ferrari/Lancia/Lamborghini/Jaguar (rayez la mention inutile, sans médisance s’il vous plait 😉 ) comme deuxième voiture…

Bon, ok, il faudra acheter plusieurs Pulsar GT pour additionner les gains générés par la différence de prix avec la concurrence 😀 (Ah au final on me dit que ça va vous coûter un bras… bon tant pis vous pourrez toujours vous offrir une voiture autonome d’ici peu).

Mais en attendant voici bien un autre argument de poids en faveur de cette Nissan : son prix ! Cette Pulsar GT s’affiche en effet à 25 640 € et nos véhicules équipés du pack Premium (pratiquement la seule option possible) comprenant la sellerie cuir étaient affichés à 27 290 € qu’il convient de bien mettre en perspective pour en saisir tout l’intérêt. Raisonnons d’abord de manière sommaire, que trouve-t-on en face de cette japonaise ? Des poids lourds du segment naturellement qui ne sont pas toujours en position réellement frontale : la Golf en version GTi ou GTD (voire GTE) et dont les puissances sont assez nettement supérieures débute à 33 750 €. La Peugeot 308 GT, un peu plus puissante également, à 30 650 €. La Renault Mégane en fin de vie n’offre plus rien de comparable, idem chez Opel ou la nouvelle Astra arrive. Mais il y a d’autres concurrentes sérieuses comme la Ford Focus ST nettement plus puissante ou encore la Kia Cee’d GT. Sauf que toutes ces compactes commencent au mieux 2000 € au-dessus de notre Pulsar et que, pour beaucoup d’entre elles, le surcroit de puissance qu’elle propose ne signifie pas forcément de meilleures performances. Dans ce comparatif mené rapidement je vous le concède (vous trouverez certainement d’autres concurrentes) la Nissan tire indéniablement son épingle du jeu.

D’autant plus que son équipement est également très complet. On regrettera l’absence de sièges électriques, de toit ouvrant ou de boîte automatique mais pour le reste il ne manque pas grand-chose à cette Pulsar en termes d’équipements, même high-tech. Elle dispose par exemple du système safety shield (surveillance des angles morts, alerte de franchissement de ligne, détection des objets en mouvement) du freinage d’urgence autonome, d’un système multimédia avec écran tactile de 5,8 pouces ou encore du très pratique système bird view permettant de faire ses manœuvres sans rien voir au dehors. Ce que Nissan nous a fait découvrir au travers d’un petit atelier ludique nous permettant, dans une voiture aux vitres totalement opaques qui vous fait comprendre un minimum la dure vie de Gilbert Montagné, de vous garer au millimètre.

Enfin, et c’est aussi une bonne nouvelle, la consommation est restée très mesurée durant cet essai où nous n’avons pourtant pas particulièrement ménagé la voiture. Le chiffre officiel de 5,7 l. n’est bien entendu pas réaliste mais nous sommes restés en dessous des 8 litres en moyenne sur la journée. Au quotidien il apparait aisé de consommer un bon litre et demi de moins ce qui rapporté à la puissance du véhicule est un score plus qu’honorable.

Alors je ne vais pas vous mentir, la Pulsar ne me séduit pas d’un point de vue stylistique et je ne serais donc pas client puisque c’est pour moi un critère majeur. Mais voila, je ne suis pas tout le monde, je ne suis pas vous derrière votre écran et je n’aurai surtout pas la prétention de faire de mes goûts des caractères universaux. Car cette voiture plait à d’autres personnes (au moins 3600 autres depuis le lancement en France il y a moins d’un an, ce qui la place dans le top 15 du segment, pas si mal) et avec cette version GT abordable qui se la joue modeste et qui ne galvaude pas le moins du monde son appellation par ses aptitudes routières elle est vraiment une proposition très décente à étudier de près.

Un très grand merci à la sympathique équipe de Nissan France pour leur excellent accueil et leur excellente organisation de cette journée d’essai.

Photos : Eddy P.

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