Le Nouvel Automobiliste
Essai Skoda Fabia Combi 2015

ESSAI Skoda Fabia Combi 2015 : le bon père de famille

Le droit civil français attache (ou tout du moins attachait… mais je ne suis pas chroniqueur juridique ! 😉 ) une grande place au «bon père de famille» : jouir de ses biens «en bon père de famille», exercer ses droits et libertés «en bon père de famille», et j’en passe. Derrière cette notion, au demeurant assez vague, on imagine volontiers l’homme droit dans ses bottes, prudent, discret, et attentif aux besoins de sa famille. Et s’il fallait retranscrire le terme à l’automobile, la photo de la nouvelle Fabia Combi pourrait très bien illustrer cette définition.

N.B. : suite à un incident technique, les images de l’essai ont été perdues. Pour cette raison, ce sont les photos officielles de Skoda qui illustrent cet article.

En partant de cette hypothèse, on va jouer à un petit jeu : tenter de visualiser ce bon père de famille à travers… une voiture (ouais, c’est un peu tordu). On va alors imaginer un texte qui, sous la forme d’une compilation de commandements, définirait les caractéristiques du bon père de famille. Ainsi, nous allons voir si la dernière Fabia Combi se rapproche ou non de ces règles.

Essai Skoda Fabia Combi 2015

Bien, tu présenteras

On l’imagine mal tout droit sorti du dernier défilé de Karl Lagerfeld, notre bon père de famille, et avoir un style qui attire tous les regards sur lui. Mais d’un autre côté, on ne le voit pas habillé comme un sac pour autant.
Discrète est sans doute le mot qui colle le mieux à la Fabia Combi lorsqu’il s’agit d’évoquer son style extérieur. Il est clair que la dernière réalisation du constructeur tchèque ne va pas faire tourner les têtes sur son passage. Mais comme on est au Nouvel Automobiliste, on va tout de même s’arrêter quelques instants sur son design. En s’approchant de la voiture, on constate que même si la Skoda joue la carte de la discrétion, elle a le mérite de proposer une plastique très harmonieuse : chaque élément est à sa place, rien n’est superflu. Surtout, tout est bien proportionné, et ça, c’est à souligner : quand on se remémore la Renault Clio III Estate, ou encore la Peugeot 207 SW, l’effet «sac à dos» se faisait sentir ; on voyait bien que le break découlait de la berline et qu’il n’a pas été facile de faire quelque-chose d’harmonieux. L’ancienne Skoda Fabia Combi souffrait du même mal (peut-être même plus que les deux autres, à mon sens). Mais la nouvelle génération de breaks citadins semble être en marche : après une Clio IV Estate jugée par beaucoup très réussie, la Fabia Combi cru 2015 propose un design parfaitement cohérent, et qui met le sac à dos au placard. Et compte-tenu de la crise de croissance non négligeable de cette dernière (qui mesure 4 m 26 de long) par rapport à la Fabia berline dont elle dérive (et qui elle, avance un petit 4 mètres), c’est admirable, si bien que le petit break prend même des airs d’Octavia Combi.

En définitive, si le dessin très carré («froid» diront certains) de la Fabia Combi ne déchaine pas les passions, il a la qualité d’être, selon moi, de bon goût. Aussi, si je n’ai pas eu le «coup de cœur», je reconnais avoir été séduit par le design de la voiture. Cela étant, bien que l’on puisse reprocher à la Fabia de manquer de panache, elle est  l’une des seules voitures de la catégorie (et peut-être même du paysage automobile actuel en général) à proposer un aussi large panel de coloris extérieurs : le Jaune Sprint, le Vert Rallye ou encore le Brun Topaze font partie intégrante du teintier de la Fabia Combi. Ça fait du bien, de voir des couleurs un peu flashies !
Pour en terminer avec le style, il y a bien cependant, un point qui me chagrine : les phares, qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à ceux de la Volkswagen Polo, aussi bien dans leur forme que dans leur design intérieur. Je veux bien que les deux marques soient dans le même groupe, mais là quand même, je me suis demandé si les deux voitures ne partageaient tout simplement pas les mêmes optiques !

Il semble donc que la Fabia Combi réponde à notre premier commandement, «bien, tu présenteras». Mais ce n’est pas fini…

Bien, tu recevras

Sans être forcément riche ou faire figure de pro de la déco, le bon père de famille doit tout de même avoir un chez soi décent pour bien protéger sa famille et recevoir ses amis.
A partir de là, on va s’accorder une petite pause, délaisser notre cher paternel (sans l’oublier totalement, héhé), allumer la télé et regarder la nouvelle émission top tendance : « Un intérieur (automobile) presque parfait« , avec aujourd’hui, en guest (je vous le donne en mille…)… la Fabia Combi ! Trois critères d’évaluation : le style/l’ambiance intérieure, la qualité, et la place (incluant l’habitabilité, les rangements, le coffre…)

Essai Skoda Fabia Combi 2015

Le style/l’ambiance intérieure : Quand on ouvre la porte de la Skoda Fabia Combi, et qu’on découvre son habitacle, eh bien… on reste un peu sur sa faim. Le modèle que j’ai essayé, en finition Style (le haut de gamme), présentait un intérieur noir bien triste. Même si d’autres couleurs sont proposées (beige et bleu jean), force est de constater que l’ambiance intérieure de la Fabia Combi n’est pas des plus gaies. Soit. Je m’installe à bord, et m’attarde sur la planche de bord. Esthétiquement, c’est sobre, classique, sans fioritures (rayez la mention inutile). Même constat qu’à l’extérieur : quoi qu’il en soit, tout est bien placé, bien rangé et l’ergonomie est relativement bonne. On soulignera également qu’il n’y a pas trop de boutons. Bon point aussi pour les compteurs, très lisibles. Il n’y a guère que l’implantation de l’écran tactile, trop basse à mon sens, qui m’a gênée à l’usage.

La qualité : Plastiques moussés, qualité des matériaux, qualité des assemblages… des mots incontournables aujourd’hui dans le monde automobile ! Et quand on appartient au groupe VAG, qui inclut Audi, considéré par beaucoup comme le maître-étalon en matière de qualité de fabrication, et Volkswagen, qui suit le même chemin à l’échelle des constructeurs généralistes, autant dire qu’on est attendu au tournant.
Mais elle se débrouille plutôt bien de ce côté là, notre Fabia Combi. Les assemblages sont de bonne facture, aussi bien sur la partie haute de la planche de bord que sur la partie basse, et également sur les contre-portes. Les matériaux utilisés sont agréables au toucher, et devraient bien résister aux affres du temps. Gros bémol cependant concernant le fait que TOUTE la planche de bord soit en plastique dur ; aucun revêtement moussé n’étant proposé, même sur le haut de la planche de bord. Ce n’est pas qu’on passe son temps à toucher les plastiques, mais sur une voiture à presque 20.000€, on est, j’estime, être en droit d’attendre une telle chose.

La place : là, la Fabia Combi est dans la place si je puis dire. Jeu de mot facile, mais clairement, l’habitabilité et la vie à bord sont ses domaines de prédilection. A l’avant comme à l’arrière, on ne se sent absolument pas oppressé. A l’arrière d’ailleurs, mon mètre 83 (ou 82, ça dépend de qui me mesure en fait !), avec un siège avant réglé pour un conducteur de la même taille, y était très bien installé. J’avais de la place pour mes jambes, et surtout, au niveau de la tête.

Mais sa véritable botte secrète, c’est son coffre. Dedans, on pourrait s’y perdre : 530dm3 ! Soit 25 dm3 de plus que l’ancienne. En comparaison, la Clio IV Estate (sa seule concurrente directe actuellement sur le marché, avec l’Ibiza ST) est poussée dans les orties avec son « petit » 443 dm3. Pour rester chez Skoda, un Roomster offre un volume de coffre de 480 dm3, une Rapid berline 550 dm3, et une Octavia berline 590 (610 en version Combi).
Et l’avantage en ayant des formes extérieures relativement carrées, c’est que le coffre, du coup, est carré, donc plus facilement exploitable. A ce propos, on appréciera le seuil de chargement relativement bas au moment de poser des objets lourds.

Sièges rabattus, le volume du coffre atteint des sommets : 1.395 dm3. A ce niveau, on est en droit de se montrer exigeant : aussi, il est dommage que dans cette configuration, le plancher ne soit pas totalement plat.
Petit détail : j’ai été étonné par la petite poignée, qui ressemble plus à une espèce de « tige », assez bizarre esthétiquement, servant à refermer le coffre (voir photo). Elle ne m’a pas semblé très solide… et pourtant, vu la hauteur qu’atteint la porte du coffre une fois ouverte, elle devrait être sollicitée assez fréquemment.
Mais passons. Et intéressons-nous maintenant aux rangements que propose la nouvelle Fabia Combi. Aïe, ce n’est pas terrible à ce niveau-là. Mention spéciale pour la boîte à gants, juste rikiki. Et les vides-poches des contre-portes ne sont pas là pour arranger les choses.

Essai Skoda Fabia Combi 2015

Au demeurant, la Fabia Combi fait son job à l’intérieur : si le design est loin d’être fun, l’ergonomie est bonne, et il y a de la place (beaucoup de place) malgré son manque de rangements, et c’est tout de même le principal pour un break.
Donc oui, exception faite de l’ambiance relativement triste qui règne à bord, « bien, elle reçoit » cette Skoda Fabia Combi.

Agréable, tu seras

Revoilà le bon père de famille (il vous avait manqué ?). On imagine mal un bon père de famille qui serait désagréable avec ses proches. Eh bien là, les proches, ce sont les passagers (et surtout le conducteur), et le bon père de famille, toujours la Fabia Combi, ou plus exactement son comportement routier.

Après avoir découvert tous les recoins de son habitacle, il est donc temps de prendre la place du chef. Et de tourner la clé. Ah non, pardon : notre finition Style est équipée de série du démarrage main libre. Donc on a juste à appuyer sur le bouton stop/start. Pied sur l’embrayage, 1ère : premier constat, la pédale d’embrayage est très souple. Il semble bien difficile de caler avec une Skoda Fabia Combi. Dès les premiers mètres, on se rend aussi compte du guidage plutôt précis de la boîte de vitesse (manuelle, cinq vitesses sur « ma » Fabia Combi), et le levier est agréable à manier. La voiture se révèle donc douce. Une sensation accentuée par le système Stop&start : si on n’y prête pas attention, on ne se rend même pas compte que le moteur est coupé.

Allez, on sort du chaos niçois, pour découvrir… un autre chaos : l’arrière-pays niçois, et ses routes tortueuses ! Un bon test pour notre Fabia Combi, équipée du moteur 1.2 TSI de 90 ch. Pour les fanas de chiffres, ce bloc rejette 107 g de CO2 par kilomètre (ce qui le place dans la zone neutre), « abat » (on parle d’une Fabia…) le 0 à 100 km/h en 10,9 secondes et atteint en vitesse maxi les 182 km/h. EN THEORIE, le 1.2 TSI 90 ne consomme que 4,8 L de sans plomb en cycle mixte. Pour être tout à fait complet, la Fabia Combi 1.2 TSI 90 ch (Style) pèse 1.133 kg.

Les routes montagneuses de Caussols et de Vallauris font faire de l’exercice à la Skoda Fabia Combi. Peut-être un peu trop : très vite, une sensation de lourdeur s’invite. On se dit que le TSI 110 ne serait pas de refus. Son châssis, qu’elle partage avec la Polo (pour rappel, la Fabia ne bénéficie pas de la plate-forme MQB), se révèle pataud. Ainsi, la Fabia Combi oblige souvent à rétrograder, et à faire monter le moteur dans les tours.

Essai Skoda Fabia Combi 2015

Par ailleurs, si le volant est agréable à manier, la direction, elle, manque de précision à mon sens, et ne fait pas assez remonter les informations. Elle incite à faire des corrections.

La Fabia Combi préfère les nationales et l’autoroute. Contrairement à certains confrères, je n’ai pas trouvé le moteur trop bruyant, bien au contraire. De plus, les suspensions de la voiture, relativement souples, sont agréables sur les longues distances (moins sur les routes de montagne et dans les virages, où la voiture a une légère tendance au roulis).
Mais, elle reste pataude, et les relances sont difficiles. Cela étant, la Fabia Combi offre un comportement sain, une bonne tenue de route, des suspensions souples plutôt agréables (notre modèle d’essai disposait de jantes de 16 pouces… à voir avec des montes plus élevées) et, comme dit précédemment, son stop&start est agréable à l’usage, tout comme sa boîte de vitesse.

Ce qui était moins agréable à l’usage, c’était la partie multimédia. Le système MirrorLink qui permet de transposer sur l’écran tactile le contenu d’un smartphone n’est pas exempt de défauts. Si là encore l’ergonomie est bonne, et l’écran intuitif (mais placé trop bas à mon sens, comme je l’avais évoqué), j’ai perdu plusieurs fois la connexion avec le smartphone sans raison apparente (non, le cable n’était pas débranché !), et j’ai surtout été déstabilisé par « Sygic », l’appli GPS compatible avec le MirroLink. Il n’est pas forcément très lisible, et surtout, il m’a semblé bien lent. Et ça, quand on a un sens de l’orientation aussi peu aiguisé que le mien, c’est stressant.
Dernière critique : la consommation. J’étais loooooiiiiin des 4,8 l annoncés en cycle mixte. Sur notre parcours, constitué de ville, de routes de campagnes, de nationales et d’autoroute, je n’ai réussi à atteindre que les 7,1 l/100 km (chiffre au moment de rendre la voiture). Bon, je n’avais pas le pied forcément très léger, mais je n’ai pas conduit comme un bourrin non plus. Ceci dit, il y a un fossé entre les consos théoriques et réelles chez tous les constructeurs…

Mais au final, la Skoda Fabia Combi correspond à nouveau au schéma du bon père de famille sur le point du comportement routier, et se révèle ASSEZ agréable à conduire (« assez » car vraiment, le comportement est quand même pataud… mais qui a dit que le bon père de famille était un grand sportif ?).

Pour son argent, tu en offriras (à ton propriétaire)

Le bon père de famille est honnête (enfin j’imagine). Et à vrai dire, la Fabia Combi, en finition haut de gamme Style, en offre quand même pas mal : système de démarrage sans clé, Mirrolink, clim’ auto, jantes alu de 16 pouces, aide au stationnement avant et arrière font partie des équipements de série. En option, cette version propose le toit en verre panoramique et un « vrai » système de navigation/GPS, deux éléments qui ne sont pas disponibles pour le moment sur la berline.

La gamme de la Fabia Combi se divise en trois niveaux de finitions : Active (sur laquelle la clim’ est en option), Ambition et Style. Toutes proposent un « petit truc » bien pratique : un racloir à vitre.
Deux moteurs essences sont disponibles : 1.0 MPI (60 et 75 ch), et 1.2 TSI (90 et 110 ch, ce dernier pouvant être accouplé en option avec la boîte automatique), et un diesel (1.4 TDI 90 et 110 ch, le premier pouvant également se prévaloir de la boîte auto).
Les prix, eux, s’échelonnent entre 14.110€ (Fabia Combi 1.0 MPI 60 ch Active ) et 21.220€ (Fabia Combi 1.4 TDI 90 ch DSG7). « Notre » Fabia (1.2 TSI 90 ch finition Style) vaut 18.020€. En comparaison, une Clio Estate 0.9 TCE 90 ch en finition haute Intens coûte 18.200€, et la cousine hispanique de la Skoda, la Seat Ibiza ST… 15.305€, mais c’est à relativiser car seule l’Ibiza ST finition Style (qui est, chez Seat, l’équivalent de la finition Ambition de chez Skoda) est disponible avec le 1.4 TSI 85 ch.

Essai Skoda Fabia Combi 2015

Conclusion

La voiture « bon père de famille » se définirait donc à travers plusieurs éléments : un design valorisant sans pour autant créer le coup de cœur, un intérieur bien fini, habitable mais qui ne brille pas forcément par son dessin, un comportement routier sain, à défaut d’être enjoué, un lot suffisant d’équipements, dans un prix contenu sans être donné. La Fabia Combi, malgré quelques défauts, répond très bien à ces critères, et paraît être un achat raison. A mes yeux, elle en offre clairement pour son argent.

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