Si l’appellation Scout était auparavant associée à un niveau de finition, le constructeur Tchèque change la donne en l’associant cette fois-ci à une déclinaison spécifique de son grand SUV : le Kodiaq. Au programme, un véhicule permettant d’envisager les trajets tout-terrain avec les quatre roues motrices de série, tout en se destinant aux grandes familles avec ses 7 places. Afin de mieux juger son utilité ainsi que l’intérêt de cette version TDI 150 DSG7, quoi de mieux que d’aller l’essayer dans les Alpes ?
Lorsque le fonctionnel prime sur la beauté
Face à l’embarras du choix qu’a le client sur le segment des grands SUV, Skoda a pris le parti d’offrir un style assagi, plus proche de celui d’une berline que d’un tel type de véhicule avec cette calandre proéminente angulaire et ses optiques en deux parties.
Sans fausse note mais sans réel parti pris, le style du Kodiaq lui permet de se fondre dans la masse des SUV mais pas de se démarquer, y compris sur la vue arrière. Seul le profil pourra vous faire tiquer, en rappelant le VW Tiguan Allspace avec lequel il partage la même plate-forme. C’est d’autant plus dommage lorsque l’on sait que le premier critère d’achat d’un véhicule est son design.
Cette version Scout se distingue du reste de la gamme avec ses logos ponctuant la carrosserie ainsi que les détails de couleur argent sur la grille de radiateur et les coques de rétroviseurs. Les protections de bouclier avant et arrière lui permettent d’afficher un peu plus de virilité sans pour autant dénaturer les lignes de base.
Le style intérieur fait écho à l‘extérieur et vise avant tout la fonctionnalité ainsi que la qualité de fabrication. Sur ces points, c’est réussi mais si la couleur extérieure – baptisée bleu lave – lui va à ravir, le choix de matériaux en apparence bois vient ternir l’ambiance à bord. Pas de doute : aucun arbre n’a été blessé pour fabriquer cette voiture !
Une fois installé dans les sièges dont la forme rappelle ceux des baquets, la position de conduite est rapidement trouvée et l’ensemble des éléments de la planche de bord tombent aisément sous la main, que ça soit pour explorer les menus de l’écran tactile de 8 pouces, comme les commandes de climatisation.
Non, l’atout du Kodiaq est de se distinguer avec ses nombreux rangements dans l’habitacle. Vous aurez une double boîte à gants, un espace sous l’accoudoir et la console centrale mais également des petites attentions qui facilitent le quotidien, véritable crédo du constructeur tchèque.
Vous trouverez des parapluies dans les portières, des protections de portières qui se déploient à l’ouverture, un grattoir de pare-brise logé dans la trappe à carburant ou encore des options de rangements pour le vaste coffre. Ce dernier dispose d’un volume allant de 270 litres (en configuration 7 places) à 2065 litres, une fois l’intégralité des sièges rabattus. Pas mal pour cette catégorie !
L’accès à ce dernier est pratique mais compte tenu de la taille du hayon, il est dommage de ne pas avoir de série, l’ouverture automatique.
Pour la partie 7 places, les 2 sièges supplémentaires sont avant tout là pour dépanner et assurer de courts trajets. Leur intégration reste avantageuse, avec un plancher de coffre plat lorsque ceux-ci sont rabattus et une installation nécessitant seulement 5 min de votre temps, sans gros efforts. L’accès se fera du coup en avançant l’un des sièges pour ensuite le rabattre et s’y faufiler au prix de quelques contorsions.
Si vous ne craquez pas pour le style du Kodiaq Scout, c’est bien par ses aspects pratiques qu’il pourrait attirer votre attention. Qu’en est-il de cette motorisation ainsi que de la partie 4×4 ?
Le baroudeur du dimanche
Sceptiques quant à la motorisation proposée, nos craintes se sont vite avérées après les premiers kilomètres parcourus sur autoroute. Bien que le 2.0 TDI 150 soit bien insonorisé, celui-ci se montre tellement discret lors des reprises, que ça en est regrettable.
En effet, ce dernier fait preuve d’une telle linéarité malgré un couple intéressant de 340 Nm dès 1750 tours/min, qu’il rend très rapidement l’expérience de conduite à la fois déconcertante et fade. Les 1700 kg liés aux sièges supplémentaires, à la motorisation diesel ainsi qu’à la boîte automatique et surtout la transmission intégrale, sont là pour expliquer ce comportement.
Si la boîte DSG excelle dans la transition des rapports, cette dernière couplée à ce moteur rend les reprises trop imperceptibles (un comble) pour mieux ressentir le comportement du moteur. Sa calibration n’est d’ailleurs pas exempte de tous reproches, notamment lors des passages en côtes. En effet, cette dernière se contente de faire tomber un seul rapport et ce malgré le pied au plancher. Il faut alors passer en mode manuel pour effectuer le travail à sa place, sous peine d’engendrer une surconsommation sans avoir le résultat escompté.
Au fil du trajet, d’autres points seront sujets à critiques avec notamment l’emplacement de la recharge de smartphone par induction qui est trop petit. A titre d’exemple, un smartphone de 6.2 pouces ne peut être posé à plat, ce qui est d’autant plus dommage qu’il n’y a qu’une seule prise USB à l’avant.
Si le moelleux des sièges participe au confort global de conduite – au même titre que l’amortissement qui filtre bien la route malgré des jantes de 19 pouces – ces premiers manquent de maintien latéral ainsi qu’au niveau des épaules. Un manque qui se fera notamment ressentir lors des virages serrés.
Le Kodiaq dispose toutefois d’arguments intéressants lors de la conduite, avec une interface tactile réactive et parfaitement compréhensible pour la partie GPS. Bien que pour les compteurs étaient dépourvus de l’affichage numérique (celui-ci étant en option), ces derniers offrent une bonne lisibilité et surtout ne fatiguent pas les yeux lors de trajets nocturnes.
Point d’étape intermédiaire avant d’aller dans les montagnes, le parcours urbain fera tout de même ressortir l’utilité de la boîte DSG. Si la combinaison moteur / boîte est discutable sur route, cette association est bien plus pertinente en ville. Le moteur TDI s’avère être suffisant pour l’environnement urbain, tandis que l’imposant SUV s’est montré malgré tout simple à manœuvrer, du fait d’une bonne visibilité avant comme latérale et à compléter si besoin, par la caméra de recul livrée de série.
Sortis de ville, nous pouvons enfin attaquer les cols de montagnes mais alors que la lumière commence à venir lécher les cimes de certains pans, nous décidons de partir à la recherche de l’endroit parfait afin d’immortaliser le Kodiaq Scout : jugez par vous-même. 😉
C’est d’ailleurs sur ce parcours, que la transmission 4×4 – assurée par un embrayage multi-disques à commande électronique – nous permet d’être aventureux, en allant grimper quelques pistes de ski à l’arrêt.
Baroudeur mais pas destiné au pur off-road, le Kodiaq Scout montrera ses limites sur certaines montées, la faute à un bloc moteur qui aurait nécessité d’avantage de couple. La faute aussi à nos pneumatiques, pas spécialement adaptés ainsi qu’au poids du véhicule.
En descente, le Hill Descent Control maintient la vitesse de la voiture à la même allure que lorsque nous avions abordé la pente tandis que le freinage a offert assez de mordant lors des premiers appuis pour finir de nous ralentir. A la longue, celui-ci s’est avéré manquer d’endurance en fin de parcours.
Lors de franchissement assez marqués et malgré une garde au sol rehaussée ainsi qu’un soubassement équipé de protections spécifiques, il nous faudra tout bonnement rebrousser chemin.
Reste que cette version 4×4 du Kodiaq vous permettra d’aller vous amuser en forêt ou sous la neige, une fois chaussé en pneumatique hiver et en utilisant le mode de conduite dédié.
Le Kodiaq Scout en version TDI150 DS7 n’est certes pas un foudre de guerre mais remplira tout de même sa fonction pour qui préfère se concentrer sur les aspects pratiques et la possibilité de sortir de quelques sentiers battus. Reste à voir si son positionnement tarifaire fait de lui une configuration à envisager…
Seul sur le podium?
L’objectif du Kodiaq Scout, est de s’adresser aux familles vivant dans un cadre naturel soumis à quelques contraintes comme aux pères souhaitant s’aventurer le temps d’un dimanche tout en conservant un niveau de confort décent.
Du fait d’une telle segmentation cliente (à savoir restreinte), rares sont les constructeurs à pouvoir proposer une telle alternative en dehors du marché haut de gamme. On peut toutefois y trouver le Nissan X-Trail ainsi que le Tiguan AllSpace. Le Kodiaq Scout étant uniquement proposé en diesel et boîte auto, nous nous concentrerons avant tout sur ces configurations.
Déclinaison spécifique, le Skoda est proposé à partir de 40 380 euros auxquels il faudra ajouter un malus de 1740 euros pour notre version d’essai.
Pour ce niveau de prix, le Scout est correctement équipé avec les radars AV/AR, la climatisation auto bi-zone, les barres de toit ou encore GPS sur écran tactile de 8 pouces et la reconnaissance des panneaux. Quelques petites mesquineries sont toutefois à noter, telles que les banquettes rabattables depuis le coffre, l’ouverture mains-libres de ce dernier ou encore la détection des angles morts, qui sont en option.
Et si vous souhaiter agrémenter ce Kodiaq 7 places de quelques technologies, il faudra là encore piocher dans le catalogue des options afin de pouvoir l’équiper avec le régulateur de vitesse adaptatif, le Digital Cockpit ou encore la caméra 360° et le contrôle de l’amortissement.
Cousin technique du Kodiaq avec qui il partage le TDI 150 et la DSG7, le Tiguan Allspace est disponible en version 4×4 à partir du second niveau de finition (Confortline), pour des tarifs allant de 43 580 euros à 49 640 euros en haut de gamme (Carat Exclusive). Il faudra ajouter en fonction du niveau de finition, un malus allant de 1373 à 1740 euros.
Plus cher de base, le Vokswagen fait payer le surcoût en justifiant un niveau de qualité au-dessous ainsi que des équipements de sécurité et de conduite, de série, tels que le freinage d’urgence Front Assist, la caméra de recul ou encore les aides au parking Park Pilot / Park Assist.
Enfin, le Nissan X-Trail est une autre alternative mais avec une qualité de finition en retrait par rapport aux deux autres et dispose de tarifs allant de 35 400 euros en finition de base (Visia), à 41 900 euros en haut de gamme (Tekna). Mais si les premiers tarifs sont contenus, le malus 2019 ne jouera pas en sa faveur, occasionnant des surplus allant de 2153 à 4460 euros en fonction des finitions et équipements.
La finition intermédiaire N-Conneta démarrant à 39 300 euros, permet d’avoir des tarifs de base inférieurs à ceux du Kodiaq et proposant de série les aides à la conduites telles que la reconnaissance des panneaux de signalisation, le freinage d’urgence, le système de stationnement ou encore la détection de fatigue ainsi que la surveillance des angles morts.
Reste que plombé par son malus, le X-Trail perd de son intérêt, laissant le Kodiaq Scout comme la meilleure synthèse entre aspects pratiques et rapport qualité / prix, pour peu que cette offre moteur vous convienne. Auquel cas, le faible surcoût de 1200 euros pour la version TDI190 DSG7 peut se justifier, permettant de gagner plus de 1.5 secondes au 0 à 100 ainsi que 60 Nm de couple.
Sachez que si la transmission intégrale ne présente que peu d’intérêt pour vous, le fait d’opter pour un Kodiaq traction en version Sportline (finition intermédiaire), ne vous fera pas gagner de temps sur le 0 à 100 mais vous permettra d’économiser 750 euros à l’achat et 980 euros de malus, soit un total de 1730, offrant une meilleure synthèse pour les clients en France.
Bien qu’un peu juste en terme d’agrément de conduite, le Kodiaq Scout reste néanmoins un véhicule pratique au quotidien et représentant un bon compromis entre qualité de finition et correctement équipé (sous réserve d’y ajouter quelques options), pour un bon positionnement tarifaire. Reste que cette version va s’adresser en premier lieu pour qui a besoin de 7 places de 4 roues motrices permettant de se déplacer sans trop d’efforts au quotidien. Pour les autres, la version TDI190 devrait aisément gommer ces défauts.
Article et crédit photos : Fabien LEGRAND