Le Nouvel Automobiliste
Wuling LZW 7100

Wuling LZW 7100 : Visa pour la Chine !

Wuling LZW 7100 : Visa pour la Chine !

La Chine regorge d’étrangetés automobiles. La Wuling LZW 7100 est de celle-ci. Derrière sa poétique appellation se cache ce qui ressemble fortement à une Citroën Visa phase 2. Une copie ? Que nenni ! Une production sous licence ? Mauvaise pioche ! Mais que diantre est cette curieuse voiture ? On va le découvrir ensemble.

Visa, la première Peutroën

La genèse de la Visa est du genre contrarié. Celle qui aurait dû naître d’un codéveloppement avec Fiat (projet Y), s’est transformée en une aventure 100% Citroën lorsque Fiat a préféré concevoir la future évolution de la 127 dans son coin et revendre ses parts dans la firme française (la coentreprise Pardevi n’aura vécu que 5 ans). C’est le début du projet TA, sur une base spécifique aux Chevrons. Mais l’aventure n’est que de courte durée : en 1974, Citroën, exsangue, est repris par Peugeot. Pour un temps, s’en sont finies des flamboyantes et parfois coûteuses « citroénades » qui ont donné lieu à de mythiques voitures, le nouveau groupe PSA souhaite rationnaliser sa production.

Et le projet TA se voit sommé d’adopter la plateforme de la nouvelle Peugeot 104 ; il devient le projet VD. Mais rien ne se perd, tout se transforme : c’est en Roumanie que naîtra la dernière « vraie » Citroën : l’Oltcit Club, exportée à l’Ouest sous le nom de Citroën Axel, récupère la plateforme du projet TA, avec son ingénieuse architecture qui dégage un coffre plus spacieux que celui de la Visa. De même, on y retrouve de vraies spécificités Citroën avec les deux satellites PRN en guise de comodos, 4 freins à disques et des moteurs Citroën.

Mais revenons à la Visa. Lancée en 1978, elle déçoit par son design : restylée au bout de 2 ans avec l’aide d’Heuliez, sa carrière retrouve un second souffle, loin cependant des stars du segment et de ses concurrentes françaises. Alors, certes, la Visa a connu une version GT qui décoiffe, un cabriolet Heuliez qui décoiffe vraiment, une déclinaison GTi qui sait décoller des porte-avions pour atterrir sur un sous-marin grâce à la magie de la drogue chez les publicitaires. Mais la Visa a surtout connu un dérivé utilitaire, le C15, dont la réputation a carrément éclipsé celle de la berline dont il a dérivé malgré des ventes à peines inférieures (1 181 471 C15 vs 1 254 390 exemplaires pour la Visa).

Rien ne se perd…

En 1988, alors que sort la version 5 portes de la Citroën AX, cesse la carrière de la Visa dont l’autre remplaçante, la ZX, n’arrivera qu’en 1991. Dès lors, il reste des pièces détachées en France comme en Espagne, la Visa ayant été produite à Rennes et à Vigo. C’est là qu’intervient Wuling. L’entreprise chinoise est née en 1962 et produisait des tracteurs à l’origine. C’est en 1982 que Wuling se lance dans la production de petits utilitaires sous licence japonaise : les Mitsubishi Minicab deviennent Wuling LZ 110. Quelques années plus tard, vient l’envie de produire des véhicules particuliers. Et il semble que pour faire son apprentissage du VP, Wuling cherche d’abord à assembler un véhicule à partir de kits de pièces. Au même moment, la Visa termine sa carrière.

Alors, faute de d’acheter une licence de fabrication ou de reprendre les outillages du modèle (volonté de Wuling, refus de Citroën, difficile à dire, faute d’éléments), Wuling saisit une opportunité : acheter des pièces détachées de Visa, en vidant les stocks des usines. S’agit-il de pièces de Rennes ou de Vigo, là encore, difficile à dire, mais il semble que la quasi-totalité des pièces de Visa ait été approvisionnée par kit vers la Chine, à l’exception notable du vitrage et du GMP (groupe motopropulseur). A la vue de la plupart des images qui circulent, il semble que les pièces provenaient de la Visa Diesel, avec ses extensions d’ailes avant et ses trains roulants à entraxe doté de 4 trous. Une des photos laisse apparaître un entraxe arrière issu des versions essence : bricolage ou manque de pièces ? Qui sait. Mais la jante est bien de chez PSA.

Alors que la Citroën AX se l’est jouée révolutionnaire sur la Grande Muraille de Chine, la Visa écoule quelques stocks de pièces pour vivre une dernière vie, probablement sans que trop de monde ne soit au courant chez les Chevrons. Quant au moteur, faute de sourcing chez Citroën, il proviendra de la future star des taxis chinois, la Xiali (une Daihatsu Charade produite sous licence) fait don de son L3 pour motoriser la Wuling LZW 7100 ; un 993 cm3 de 47 ch. Les chiffres de production, faibles, reflètent le fait que la voiture est basée sur des restes de pièces et qu’elle n’intéresse que peu de monde : les 901 Wuling LZW 7100 se sont écoulées entre 1990 et 1994. C’est malgré tout moins rare que la Safrane Biturbo qui faisait tourner ma tête lorsque j’étais gamin ! Bref, si vous êtes de passage en Chine, vos chances de voir cette Wuling LZW 7100 sont plus qu’infinitésimales…

Via Carnewschina, Citroenet, BR, Chinesecars.net et Citroën Origins.

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