Le Nouvel Automobiliste
Matra M580

Matra M580 : la révolution urbaine n’a pas eu lieu

Évoquer Matra, c’est tout à la fois entendre vrombir des moteurs V12 aux 24 Heures du Mans que se remémorer les voyages en Renault Espace sur la route des vacances. Mais derrière ces deux réussites indiscutables, Matra a surtout été le laboratoire d’une inextinguible curiosité, au service de la réinvention de la voiture. Preuve en est avec le prototype M580.

Matra M580 : le premier minispace français

1976. Nous sommes deux ans après le choc pétrolier et les villes se couvrent de puces urbaines. Elles ont pour noms Renault 5, Simca 1100 ou encore Peugeot 104 et tentent chacune de marier sobriété, compacité avec praticité. Du côté de Romorantin, la production de la Bagheera bat son plein et en apparence, rien ne relie Matra aux citadines. En apparence seulement, car les équipes de Philippe Guédon réfléchissent à une petite voiture. Après avoir tenté de réduire les porte-à-faux de la Bagheera, le bureau d’études donne naissance au prototype M580.

Sa création est le symbole même de la prise de conscience chez Matra Automobile que l’ère de la sportive populaire, des 530 et Bagheera, touche à sa fin. Ou en tout cas qu’elle ne saurait suffire à assurer l’avenir de l’entreprise. La M580 ne jette cependant pas aux orties les marottes Matra : sous une carrosserie courte et taillée à la serpe, la mini-Matra possède 3 places de front, un pare-brise tridimensionnel, une silhouette monocorps ou encore un moteur central en position transversale. De quoi lui assurer, seize ans avant la Twingo, le titre de premier minispace français.

Esprit urbain, apparence miliaire

A bord, l’habitabilité est maximale. Aussi large qu’elle est courte, cette mini-Matra est mue par le « Moteur Poissy », comme la Simca 1100, à une époque où les deux entreprises collaborent pour la diffusion et la motorisation de la Bagheera. Elles lanceront même, l’année suivante, le premier SUV de l’histoire avec la Rancho. Le prototype 580, lui, sera également testé sur route ouverte afin d’en mesurer le potentiel, mais pour ne pas éveiller de soupçon ni se faire remarquer, les équipes Matra ont l’idée de le déguiser en militaire !

Un peu de peinture kaki, un antenne radio rabattue de l’arrière vers l’avant, un bidon de carburant et une pelle : voici comment s’acheter une discrétion à l’époque ! La proximité entre Matra et l’armée, de surcroît, n’était pas une légende, l’entreprise fournissant missiles et matériel militaire à la défense française notamment.

Après ces premiers essais, une seconde étude 580 voit le jour avec carrosserie synthétique et une teinte bleu ciel plus chatoyante. Mieux, à bord, une quatrième place est ajoutée comme siège de secours, au-dessus de la boîte de vitesses. Le projet est présenté à Chrysler, maison-mère de Simca, qui ne le retient pas.

Si la M580 n’a jamais connu la production, elle inaugure une longue lignée de prototypes exploratoires Matra sur la parfaite citadine. D’abord avec le prototype P19, un mini-Espace de 3,10 m en 1981, puis plus tard la P41 et la P55 dans les années 1990. Des prototypes que vous pouvez découvrir au musée Espace Automobile Matra, à Romorantin-Lanthenay (41).

Crédit photos : François Mortier – Le Nouvel Automobiliste
Plus d’informations : Matra, La Passion de l’innovation automobile, Hachette

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