Le Nouvel Automobiliste
Renault Pangea 1997

Renault Pangea : le concept hybride qui annonçait le Kangoo

Afin d’annoncer le lancement du premier Kangoo, Renault présente en 1997 un showcar stylisé en laboratoire mobile : le Pangea. Derrière son apparence d’utilitaire à remorque, cette étude de style nous replonge vingt années en arrière, en 1997. Souvenez-vous, c’était l’année de sortie de Jurassic Park – Le monde perdu…

Le Kangoo s’habille en Pangea

Renault Pangea 1997

Dans les années 1990, le tempo du design battait au rythme des concept-cars signés Renault. Sous la direction de Patrick Le Quément, le constructeur au Losange sortait pléthore d’études, révolutionnait les concepts, et contredisait les lignes en vogue. Avec le concept-car Pangea présenté en 1997, Renault agissait comme souvent en 2 temps : d’abord en annonçant l’arrivée du projet X76 bientôt appelé Kangoo ; ensuite en imaginant le futur de l’automobile connectée avant l’heure.

Michel Jardin, le responsable des concept-cars de Renault, explique à l’époque : « nous voulions travailler sur l’idée de l’expédition scientifique. Les designers sont très sensibles à l’environnement. De plus, nous croyons chez Renault en l’avenir des moteurs hybrides et alternatifs au pétrole ». La dernière phrase pèse aussi ses 20 ans, hélas. Quant au choix d’une teinte grise, iridescente, et à effets, il est voulu pour fondre le Pangea dans la nature.

Autre élément de contexte, celui du marché des années 90. Le concept du monospace secoue le landerneau avec le lancement du Scénic, puis du Zafira, du Multipla et en toute fin de siècle du Xsara Picasso. Mais, ce n’est pas la seule innovation : au milieu de la décennie, Citroën dépose le substantif « ludospace » et lance le Berlingo. Hélas, comme souvent avec les Chevrons, l’idée d’origine est plus aboutie que le produit fini, et le Berlingo mis sur le marché n’est qu’un van avec banquette arrière, loin d’une « voiture à vivre »… Ça tombe bien car c’est plutôt le domaine de Renault.

Une histoire de porte coulissante

A la fin 97, Renault met sur le marché le Kangoo. Sur le papier, il arrive avec un an de retard sur le Berlingo. Mais dans les concessions, il le surpasse. Pas pour sa finition, celle ni plus ni moins d’un utilitaire ; pas pour ses motorisations, poussives. Non, pour sa carrosserie, dotée d’une portière coulissante. Malin ! L’accès au rang 2 est ainsi bien plus facile que dans le Berlingo, et l’esprit « famille » est instantanément compris par le client. Citroën –et Peugeot avec son Partner- mettent 18 mois à réagir, et le Berlingo avec portière latérale voit le jour en 1999. Trop tard : au même moment, le Kangoo s’équipe d’une seconde porte coulissante !

Revenons à notre Pangea qui, sur le flanc droit dans le sens de la marche, s’équipe déjà d’une portière à coulissement. La forme de l’ouvrant, le guide de coulissement bien visible ainsi que les poignées seront conservées par le Kangoo de série. De même que les optiques, qui même si elles sont stylisées et présentes également sur la remorque, sont dans l’esprit du futur remplaçant de l’Express, dernier modèle produit sur l’île Seguin. D’ailleurs, les optiques arrière en 3 morceaux seront, avec celles de l’Avantime, la seule application des feux « guirlandes » imaginés par le concept-car Fiftie en 1995.

Hybride avec remorque

Dévoilé au Salon de Genève, le Pangea arbore un style mariant rondeurs et exagérations. Les galbes sont assumés avec les passages des (grosses) roues. Les audaces se retrouvent dans le treuil frontal, ou encore l’idée de la remorque. Cette dernière renferme une turbine et un réservoir de GPL suffisant pour assurer 500 Km d’autonomie… à 80 km/h de moyenne.

Un second moteur est présent sous le capot avant, électrique, d’une puissance de 21 kW (28 ch), dont les batteries sont dans le plancher. Peut-être faut-il y voir une anticipation des futurs Kangoo ElectriCité et ElectRoad, des Kangoo électriques et hybrides lancés au début du XXIe siècle.

Vingt ans plus tard, le choix de cette remorque évoque le projet français EP Tender, soutenu par Renault : il s’agit d’une remorque de batteries que tire une Zoé comme « container d’énergie » supplémentaire.

Bureau mobile connecté

La planche de bord annonce bien celle du Kangoo avec ses aérateurs ronds au côté ludique. Cependant, en s’associant à Philips, Renault a eu l’idée d’ajouter une tablette graphique, la possibilité de faire des visioconférences… et des « stylophones » ! Oui, Renault les présentait comme des micros communiquant à l’ordinateur de bord des informatiques données par la voix.

L’intérieur du Pangea dissimule en effet un véritable laboratoire scientifique, pensé pour l’exploration environnementale. Un écran d’ordinateur et son clavier sont suspendus au mur, tandis que le fauteuil pour s’installer n’est autre que le siège du passager qui coulisse ! L’ordinateur est relié à Internet mais aussi à la télévision, via une antenne satellite disposée sur le côté de la remorque, et deux mini haut-parleurs renvoient fidèlement les sons reçus. Également embarqués, des capteurs d’humidité et de température ainsi que de qualité de l’air.

Au sommet de la voiture trône une tourelle vitrée, que coiffe une caméra panoramique pivotant à 360°. Ses images sont retransmises sur un écran qui remplace le rétroviseur intérieur central. La voiture est enfin dotée d’un système de navigation par GPS, dont l’écran est installé… côté passager (ergonomie bonjour ?), ce qui nous rappelle que l’année 97 est aussi celle du James Bond Demain ne meurt Jamais, qui met en scène les manipulations du GPS nouvellement mis sur le marché… L’agent secret britannique n’est toutefois pas la seule analogie cinématographique possible avec le Pangea.

Le Pangea ou Le Monde Perdu ?

Suite du film Jurassic Park, Le Monde Perdu sort dans les salles de cinéma en 1997. Au programme, une escouade d’explorateurs à l’assaut de l’île parc d’attraction laissée à l’abandon, après la révolte des dinosaures à la fin du premier film. Les scientifiques arrivent munis de longues remorques laboratoires, tirées par un modèle qui profitait du film pour faire sa promo : le Mercedes Classe M. Sa puissance était notamment mise à rude épreuve après la révolte d’une Tyrannosaure femelle…

Cet esprit d’exploration, sous une taille plus modeste, se retrouve bien sur le concept Pangea. Et jusqu’à son nom grec, qui se traduit en français par Pangée, et qui signifie le premier continent, celui qui réunissait toutes les terres émergées avant la dérive des continents. La Pangée n’est rien d’autre que les premiers temps de notre monde perdu.

Quant au Kangoo, si ses premières études de style remontent à 1990, il connaît de 1997 à 2008 une longue et fructueuse carrière, mariant un design jovial à des prétentions familiales et baroudeuses, attisées par des versions Pampa et même 4×4 pour passer partout. La Pangea était donc un showcar fidèlement annonciateur du Kangoo final.

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