Vous en avez assez d’entendre parler des voitures hybrides ? Cela tombe bien, nous allons évoquer le vélo hybride d’Anod ! La jeune marque française de mobilité va effectivement proposer d’ici la fin de l’année un nouveau concept de vélo : l’Anod Hybrid. Parler de vélo électrique serait un raccourci : il faudrait plutôt parler de vélo à assistance électrique. Anod a réfléchi à diminuer la taille de la batterie et aussi à récupérer l’énergie au freinage comme le fait une voiture hybride. A l’occasion du salon Vivatech, nous avons pu découvrir l’Anod Hybrid et rencontrer son créateur : Arnaud Malrin.
Anod Hybrid, mieux qu’une simple assistance électrique
Le marché du vélo connait une expansion impressionnante depuis la crise du Covid et les grandes-villes offrent de plus en plus de place à ce moyen de transport. Le vélo à assistance électrique se taille d’ailleurs une part de lion (61 % des ventes en 2023). Pourtant, il n’a pas que des avantages, notamment son poids (+ 10 kg environ par rapport à un vélo classique). Certains modèles ont une batterie intégrée qui oblige de charger son vélo entier à proximité. D’autres ont une batterie lourde (environ 3 kg), avec un transfo spécifique et une charge longue.
Anod se positionne différemment. Déjà, en offrant la possibilité de récupérer l’énergie autrement que par le courant, précisément par le freinage, comme dans le milieu automobile. Plutôt qu’une batterie incorporé au vélo, c’est un super condensateur à base de charbon qui va récupérer cette énergie. Pour compléter cette énergie, l’Anod Hybrid propose une petite batterie complémentaire de 650 grammes, rechargeable via une prise USB-C en 1h30 (le chargeur est fourni avec le vélo). Cette batterie peut également servir à charger votre téléphone ou votre ordinateur.
Anod Hybrid : fabriqué en France
L’autre atout de l’Anod Hybrid, c’est de maximiser la fabrication française, comme l’indique son créateur Arnaud Malrin dans notre interview ci-après. Seul le cadre est aujourd’hui fabriqué à Taiwan, mais Anod ne s’interdit pas de le relocaliser en France prochainement. D’autres pièces, comme la selle, sont fabriquées en Europe, comme la selle par exemple (Italie).
L’Ando Hybrid est déjà disponible en précommande (avance de 99 euros) pour un prix total de 3 499 euros, intégrant un porte bagage en option gratuite (avant ou arrière, le second étant une option à 50 euros). Nous pouvons regretter l’absence du choix de couleur et de suspension, mais attendons un essai pour pouvoir juger de son confort. Place désormais à l’interview.
Interview avec Arnaud Malrin
Le Nouvel Automobiliste : Bonjour Arnaud Malrin, pouvez-vous vous présenter et nous présenter Anod ?
Arnaud Malrin : Bonjour, je m’appelle Arnaud Malrin, j’ai 32 ans et je suis co-fondateur et CEO d’Anod. Anod est une marque de mobilité urbaine et française qui a créé le premier vélo hybride. Qu’est-ce qu’un vélo hybride ? C’est un vélo qui permet d’avoir une assistance électrique, même sans batterie. C’est à dire que vous n’avez pas physiquement de batterie dans le vélo ou que quand la batterie déchargée, vous êtes quand même certain d’avoir un peu d’assistance ! Et le point fort, c’est que la batterie en elle-même est toute petite, elle fait la taille d’un petit livre de poche, qui se recharge en USB-C et vous pouvez même charger votre téléphone avec cette batterie si besoin.
Cette petite batterie utilise 6 fois moins de Lithium qu’un vélo électrique standard. Comment fait-on pour conserver en permanence l’assistance ? Nous avons un moteur qui récupère de l’énergie au freinage et qui dirige l’énergie vers un pack de super condensateurs. C’est un système de stockage d’énergie qui a zéro lithium, a une durée de vie de quinze ans et est 100 % recyclable. L’ensemble du produit a aussi une très haute durabilité, un impact environnemental très différent des batteries actuelles et surtout, 100 % du système est fabriqué en France.
Anod est aussi un projet industriel. Le moteur est fabriqué chez nous, l’assemblage du vélo également et le reste est sous-traité :
- L’électronique est géré en Charente-Maritime ;
- Le pack de super condensateurs est assemblé par un ESAT (Établissement ou Services d’Aide par le travail) en Bretagne, une entreprise qui emploie 95 % de personne en situation de handicap) ;
- La batterie est fabriquée en Auvergne.
Nous nous occupons à 100 % de la conception hardware software en interne, dont sept ans de R&D même si l’entreprise existe depuis un peu moins de deux ans. Comment est-ce possible ? En fait, quand j’ai lancé ce projet, je suis allé chercher des gens, des ingénieurs, des chercheurs qui avaient développé des technologies qui s’insérait parfaitement dans notre projet.
Je suis allé chercher Laurent Gicquel, notamment, qui avait développé ce moteur à très haut rendement, qui utilise deux fois moins d’énergie qu’ailleurs et permet de récupérer l’énergie au freinage de manière vraiment différente. Je suis allé chercher également Edgard Tournon qui est un peu le grand chercheur français des systèmes à base de super condensateurs qui a passé cinq années dans la R&D.
Nous avons regroupé ces briques autour de ce projet, et la conjonctions de ces briques technologiques créent l’innovation. Ces compétences nous ont permis de gagner du temps, car depuis l’idée, aller vite dans l’exécution est un des facteurs clé du succès.
LNA : Vous êtes donc un aimant à technologie pour vous aider à développer ce projet !
AM : En effet, j’avais la vision de produit. Je suis allé chercher les technologies pour développer et réaliser ce produit.
LNA : d’où vient cette idée de créer une nouvelle marque de vélo ?
AM : Pour moi, Anod n’est pas une marque de vélo, c’est une marque de mobilité globale. Pas seulement pour le client final, notre objectif est aussi de proposer notre technologie à d’autres acteurs de la mobilité, vélo ou autres solutions. Proposer des produits de mobilité de manière globale nous est essentiel, nous ne voulons pas être réduit à une marque de vélo. Alors pourquoi on commence par le vélo ? C’est pour nous le marché où notre produit peut avoir le plus d’impact sur les changements de transport. Le vélo a peu évolué depuis 30 ans. La dernière grande évolution dans le vélo électrique c’est d’avoir un produit connecté. C’est un plus mais ça ne change pas radicalement l’expérience utilisateur. Créer un vélo, c’est la voie la plus rapide et la moins risquée pour pourvoir rapidement ancrer l’entreprise.
LNA : entre la diffusion des premières images et le vélo présent à VivaTech, votre vélo a évolué, pourquoi ?
AM : Il y a eu quelques modifications de design, basé sur les premiers retours principalement. La plus grosse évolution visible est le feu arrière déplacé sur le garde-boues (il était sous la selle avant). Beaucoup de gens nous disait qu’il ne serait pas visible avec un porte bagage et ils avaient raison. C’est aussi à ça que servent les prototypes. Une autre modification, c’est le guidon qui est plus large car le prototype ne correspondait pas tout à faire à notre cahier des charges sur ce point précis.
LNA : Autre point, vous avez conservé une manette de commande sur le guidon, sans passer nécessairement par un smartphone :
AM : Notre vélo est en effet un produit connecté avec une application qui permet de verrouiller, déverrouiller le vélo, avoir la géolocalisation, gérer le système antivol. Mais pour nous il était aussi très important qu’il s’utilise sans l’application. Nous avons donc ce qu’on appelle un IHM (Interface Homme Machine), qui permet notamment de changer le niveau d’assistance électrique souhaitée.
LNA : Et un petit mot sur le mode de distribution. Aujourd’hui, on peut le commander en ligne. Comment ça va se passer après ?
AM : La précommande se passe actuellement en ligne. Nous avons différents partenaires qui s’occuperont alors à la fois de la réparation, de la maintenance, de la mise à la route aussi, et on va bientôt annoncer un certain nombre de distributeurs. L’idée, c’est d’avoir une distribution omnicanal : à la fois en ligne et en magasin
LNA : Vous aviez annoncé les premières livraisons au printemps, où en êtes-vous ?
AM : Nous avons un tout petit peu de décalage, mais nous ne communiquons pas encore sur la date des premières commandes.
LNA : La marché du vélo est concurrentiel, avec le dépôt de bilan récent de plusieurs marques (VanMoof, WSF Bicycle Technology…), n’avez-vous pas de craintes ?
AM : Alors ça ne me fait pas peur dans le sens où c’est la vie du marché : les projets qui se font et se défont, avec de très belles réussites et des échecs. Nou,s on part du de ce qu’on a produit qui est très différent par rapport à ce qui existe aujourd’hui. On a une proposition de valeur qui est vraiment très différente. Notre produit est différenciant. Et surtout, l’autre point, c’est que notre modèle d’entreprise fait qu’on a une rentabilité rapide : nous concevons, nous industrialisons et nous vendons en omnicanal.
Notre confiance est renforcée par le fait de vouloir vendre nos systèmes aux autres. C’est un positionnement d’entreprise qui existe dans beaucoup d’autres industries dans d’autres domaines. Renault qui vend des voitures et des moteurs à d’autres, ou Samsung qui vend des écrans à ses concurrents. Nous apportons cela au monde du vélo.
LNA : Avez-vous déjà des pistes pour ces partenariats et leur calendrier ?
AM : On a un calendrier et on a des gens qui veulent travailler avec nous, mais je n’en dirai pas plus !
LNA : Merci Arnaud Malrin pour cet échange
AM : Merci à vous !
Photos : Guillaume AGEZ, Anod