Le Captur restylé se remarque d’abord
à sa face avant…
Le Nouvel Automobiliste : Bonjour Mme Fabregat ! Présentez-nous ce restylage et votre rôle sur le projet de phase 2 du Captur.
Paula Fabregat : Mon rôle sur ce projet a été de gérer toute la partie design intérieur, extérieur, couleurs & matières, toute la partie design du projet. Toute la face avant est nouvelle y compris les projecteurs. Le changement de capot nous a permis d’horizontaliser la face avant, alors qu’avant on avait un capot plongeant. C’est l’ingrédient principal qui permet de donner plus de caractère à la face avant, plus de présence, ce qui transforme complètement la silhouette de la voiture.
LNA : Cette face avant sera partagée avec le prochain SUV Symbioz, le Captur « long » ?
PF : On le découvrira après !
Dans toute la gamme Renault, vous allez retrouver des « identifiants » qui sont des ingrédients communs, mais chaque voiture doit avoir sa propre personnalité.
LNA : Les signatures en DRL sur les côtés en demi-losanges sont nouvelles : pourquoi un style différent des Clio et Scénic ?
PF : Dans toute la gamme Renault, vous allez retrouver des ingrédients communs, qu’on appelle les « identifiants ». On a parmi ceux-là les DRL qui sont verticales, qui rappellent le logo, qu’on a coupé à moitié, et chaque voiture utilise cette formule. Mais, ensuite, chaque voiture doit avoir sa propre personnalité : sur Clio, on jouait avec un esprit de rythme avec des lignes.
Maintenant avec Captur, on a voulu des DRL plus blocky, plus géométriques, avec un langage différent, tout en gardant cette formule des logos. Pour Scénic, c’est pareil : il a son propre graphisme. Sur le côté, les grilles d’air sont fonctionnelles.
LNA : Autre identifiant, la large calandre horizontale avec des optiques plus fines ?
PF : Oui, on joue aussi sur un style avec des détails à l’horizontal, les plus fins possible, avec une calandre en mouvement, comme pour Clio ou Scénic. Sauf que sur Captur, ce mouvement est traité différemment, avec d’un côté un motif en dégradé, cette fois en 3D puisqu’on a réussi à mettre l’entrée d’air sous la calandre (contrairement à la Clio V, NDLR), et on a créé finalement une « fausse calandre » où on est venu jouer avec les couleurs et les formes en 3D, grâce à la profondeur de la pièce.
C’est une grille en polycarbonate qui mise sur la transparence : on vient la peindre par l’arrière, en commençant par la teinte de caisse de la voiture au niveau des petits cubes, et après on appose le noir.
LNA : Un peu comme Pierre Soulages !
PF : Exactement ! Et en 3D, on voit que la pièce prend la lumière de façon très différente, et cette profondeur donne du mouvement. Matériaux, couleurs, forme : on travaille tous les aspects pour donner un esprit « techno » à la voiture, plus élégante aussi, plus mûre, qui s’affirme avec son capot, qu’on reconnaît par ses DRL de loin comme une Renault, et on renforce le côté sportif avec l’arrivée de la version Esprit Alpine. Grâce à elle, on intègre des jantes 19 pouces qu’on n’avait pas avant, et cela change tout en termes de proportions. La voiture gagne énormément en prestance.
On n’a pas besoin d’un gros logo car la voiture est reconnaissable par elle-même.
LNA : Du côté des pièces qui ne changent pas, on remarque les ailes à la découpe du phare et au détail de carre.
PF : Tout à fait, on l’a gardée.
LNA : Je reviens un instant sur le logo dont la taille diminue, ce qui est à contre-courant de l’industrie automobile où ils ne cessent de grandir à l’image de ceux de l’Austral ou de la Mégane. Pourquoi ?
PF : Toute lesvoitures que nous préparons arrivent avec une personnalité qui est forte. En même temps, on a un nouveau langage de style Renault qui est fort aussi. On essaie toujours de dessiner des voitures qui vont sortir du lot, qui vont avoir une personnalité propre, et qui seront reconnaissables.
Evidemment, on accorde beaucoup d’importance à notre nouveau logo, et grâce à son nouveau design on peut l’utiliser parmi beaucoup de détails. Par exemple, on le fait apparaître dans le motif des sièges à l’intérieur dans la version Techno, en clin d’œil. Mais, en même temps, on n’a pas besoin d’un gros logo car la voiture est reconnaissable par elle-même.
LNA : C’est la voiture qui porte son identité, et pas le logo qui lui en donne une ?
PF : Voilà, c’est ça !
Pour la première fois, le Captur restylé
inaugure une version Esprit Alpine
LNA : La version Esprit Alpine arrive pour la première fois sur le Captur : détails en noir laqué, design des jantes, teinte Bleu Iron, on reprend les codes introduits par la Clio Esprit Alpine ou y a-t-il quelque chose de neuf ?
PF : L’Esprit Alpine a ses identifiants, que vous avez énoncés, mais on essaie toujours d’avoir des touches spécifiques sur chaque modèle. Sur Captur, la touche que je préfère c’est le décor de planche de bord, qui est une pièce très sophistiquée comme la calandre à l’avant, car tout dépend de comment la lumière arrive dessus. C’est un film posé sur un détail en aluminium brossé où les reflets seront différents pour faire ressortir le dégradé, qui va du bleu côté passager au noir côté conducteur.
Cela donne un côté très coloré, comme Captur l’a toujours été, mais avec l’aspect chic de l’Esprit Alpine, qu’on complète avec les drapeaux de la planche, les sièges, les surpiqûres…
LNA : La sellerie abandonne le cuir : vous ne craignez pas que les sièges paraissent trop « simples » pour une version Esprit Alpine ?
PF : Non, car on a des sièges travaillés avec des embossages, et un graphisme qui rappelle la structure du corps. Notre inspiration de départ, c’était les tee-shirts techniques de running, qui font ressortir les muscles ! Des ingrédients qu’on a donc mis un peu partout mais la pièce à retenir, c’est ce décor polychrome qui illustre bien l’idée de mouvement et qui fait le lien avec le dynamisme de la face avant.
LNA : On passe à la partie arrière où les feux deviennent transparents comme sur la Clio ou l’Arkana, mais à la différence du Scénic ou de la R5 : c’est un détail réservé aux modèles thermiques de Renault ?
PF : Non, ce n’est pas du tout pour différencier thermique et électrique. On regarde ces détails par rapport à la voiture elle-même, et on ne parle pas là d’un identifiant. On a considéré que l’arrière avait besoin pour sortir du lot, pour être identifiable, d’avoir des lignes fortes. On est parti des lignes en C qu’on reconnaît sur tous les Captur, on a voulu garder cette signature lumineuse pour capitaliser et continuer de le reconnaître, mais on a voulu les moderniser en retirant le rouge et en choisissant du transparent, ce qui donne plus de modernité à tout l’arrière.
On a aussi changé les skis en bas de pare-chocs arrière : ils prennent notre nouveau langage avec des formes plus fines, plus géométriques, très ciselées en contraste avec les volumes sculptés de la caisse. Vous voyez, on a travaillé la pièce presque en facette. Cette partie basse est très visible, et cela suffit à transformer l’arrière avec le logo et les nouveaux feux.
LNA : Ces nouveaux feux, c’est juste la glace qui passe du rouge au cristal ?
PF : Oui, c’est uniquement un changement de couleur.
LNA : Côté jantes, on parlait de l’arrivée d’une monte en 19 pouces : y en aura-t-il d’autres ?
PF : On commence en 17 pouces puis 18 et 19 pouces.
On arrive à la maturité de Captur, qui reste une citadine SUV, mais qui devient sophistiqué.
LNA : Vous parlez de lignes tendues, mais le Captur II est peut-être le dernier représentant du style Van den Acker, avec des formes très organiques, généreuses, en plus des signatures en C. Cela n’a pas été un défi de réussir à marier ces deux langages formels ?
PF : Non parce qu’on parle aussi de volume sculpté. Ce n’est pas une opposition, juste il faut travailler toutes les parties notamment techniques à l’avant d’où le changement de capot ou de projecteurs. Cela donne plus de contraste entre la partie sculptée, l’habitacle, et la partie techno, la face avant. On arrive à la maturité de Captur, qui reste une citadine SUV, mais qui devient sophistiqué. On le voit aussi dans les couleurs, avec des toits beige champagne, noir, ou gris, qui donnent un esprit techno et sportif.
LNA : L’esprit du restylage, avant même de lui donner la nouvelle identité de marque, c’était aussi l’analyse des remontées client. Que vous disaient les clients par rapport à un Peugeot 2008 ?
PF : Je pense que Captur a fait une courbe classique des ventes, montée d’abord, descente ensuite, et selon la descente on choisit ce qu’on fait. Captur a été très bien reçu quand on l’a sorti, un peu plus arrondi, alors que la tendance est d’être aujourd’hui plus percutant, ciselé en termes de lignes, plus structuré… tel que l’est notre nouveau langage. On n’a pas fait de langage spécifique pour Captur, on l’a intégré au langage de marque et on pense que c’est ce qui va fonctionner.
LNA : Terminons par une question plus personnelle : le design des segments A et B est particulièrement riche en lancements, depuis la Clio jusqu’à la R5 et la Kardian en attendant les Symbioz et R4… Vous arrivez à dormir la nuit ?
PF : (Rires) Eh bien R4 arrive et surtout, maintenant on travaille sur Twingo, vous avez vu le showcar, maintenant on est en train de préparer la vraie ! Mais heureusement pour Kardian, c’est un autre directeur de projet qui est en charge des modèles à l’international. Même si à un moment donné j’ai quand même travaillé dessus mais maintenant c’est Bruno Raspail qui prend les projets internationaux, et je me concentre sur les projets hybrides et EV des segments A et B, aux côtés de ma collègue Agneta Dahlgren pour les segments C et D.
Mais si je peux me permettre, c’est un peu « notre » année pour mon équipe, et juste avant c’était celle d’Agneta ! C’est par période. Et on continue bientôt avec Symbioz !
LNA : Rendez-vous est pris alors et merci pour cet échange.