Bonjour, Gilles Vidal ! Comment est née l’idée de faire la Renault 4 après la Renault 5 ?
En fait, l’idée est née très tôt. Comme nous avions le duo Clio – Captur en thermique / hybride, avec une citadine plus dynamique et un SUV plus fonctionnel, nous nous sommes dits : pourquoi ne pas jouer la même carte sur le terrain de l’électrique ?
Le défi était pour nous de rendre la Renault 4 plus belle, plus “sexy” en considérant que le modèle des années 60… ne l’était pas vraiment ! C’était facile avec la R5, mais pas avec la Renault 4. Assez vite toutefois, on a eu confiance en cette idée.
Est-ce qu’il y a eu plus de travail à faire sur la Renault 4, donc, que sur la Renault 5 ?
Réinterpréter la R5 était plus évident. C’était plus facile d’être convaincant au premier coup de crayon. Dans le cas de R4, c’était plus laborieux. Il fallait activer les différents “codes esthétiques” de la voiture pour la rendre identifiable, mais aussi les codes plus fonctionnels, comme le seuil de chargement hyper bas qui n’est pas du tout dans les tendances design du moment.
On a néanmoins vu le potentiel très vite.
La Renault 4 semble absorber les codes des SUV. Etait-ce une évidence pour vous, dès le départ ?
On ne cherchait pas spécialement à faire de la R4 un SUV. Certes, comme elle a un côté fonctionnel assez marqué, il fallait le montrer, à travers une certaine robustesse. Cependant, si vous comparez la Renault 4 à un SUV, vous verrez qu’elle ne fait pas véritablement SUV. Pour moi, c’est une proposition à part, malgré quelques codes “SUV-isant”, comme les protections des passages de roues par exemple.
On remarque, sur la R4, la grande calandre rétroéclairée. Etait-ce difficile à mettre au point ? Quid de la réparabilité ?
Ce n’est pas forcément difficile à faire, mais inhabituel je dirais, plutôt, encore aujourd’hui. Objectivement, je trouve que l’exécution est “propre”, cela marche bien d’un point de vue design.
Concernant la réparabilité, on met des “clips fusibles” qui font que la calandre est facilement détachable en cas de chocs ou de nécessité d’ouvrir.
N’avez-vous pas été tentés de dessiner un capot qui descend très bas sur la Renault 4, comme sur la R5 ?
Cela aurait été risqué en termes de réparabilité, justement, même si en termes de design, ça aurait été génial de faire un capot en une seule pièce, incluant les phares, la calandre, etc.
Cela étant, les occasions d’ouvrir le capot sont extrêmement rares sur une voiture électrique.
Il y a eu beaucoup de travail sur les couleurs et matières. Quelle est l’ambiance que vous préférez sur la R4 ?
Cette question est terrible ! C’est très difficile de choisir… j’aime bien le TEP noir, les sangles jaunes… j’aime bien ce côté “mountain wear” que peut avoir la R4, même si elle peut aussi avoir des configurations bien plus chics, avec un motif “pied de poule” notamment à l’intérieur.
Plus largement : est-ce que l’électrique est “facilitateur” dans votre quotidien ?
Oui ! Techniquement, notamment : on peut se permettre d’avancer les roues, d’avoir des planchers plats comme il y a moins d’organes mécaniques, etc. En termes de proportions générales, on peut réduire les porte-à-faux, augmenter les empattements… donc c’est plus simple !
Sur les faces avant, il y a besoin de beaucoup moins d’entrées d’air. La contrainte de refroidissement des moteurs est moins forte. A plein d’endroits, c’est facilitant.
Pensez-vous qu’une R5 ou une R4 serait moins belle en thermique ?
Oui, il y aurait des porte-à-faux plus longs, plus d’entrées d’air…
L’électrique semble être devenu une habitude ?
Oui, même si nous continuons de travailler en parallèle sur des modèles thermiques ou hybrides.
Vous avez révélé le concept-car Emblème, plus rond, plus “enveloppant” en termes de design que les modèles actuels. Y a-t-il une volonté de faire évoluer le design Renault ?
Je suis persuadé qu’il faut évoluer très vite en design : le monde va trop vite pour faire deux fois la même voiture. Pour autant, je pense que l’on commence à avoir une gamme homogène, que l’on peut observer une certaine cohérence.
Déjà, néanmoins, on travaille sur le “coup d’après”. Ce concept en est la preuve, avec un design plus fluide, plus “généreux” dans les formes avec quand même, en dépit des rondeurs, de la tension dans les lignes.
On va prêter un soin tout particulier aux détails également, comme les DRL en forme de losange. Elles ont déjà cette forme aujourd’hui, mais on va plus loin sur le concept Emblème.
Forcément, aujourd’hui, vous imaginez déjà les Renault qui arriveront dans 3, 4, 5 ans. N’est-ce pas trop dur, sur un salon comme le Mondial de l’Auto, de présenter des voitures sur lesquelles vous avez déjà travaillé il y a quelques temps ?
Ah, si, c’est terrible, mais les R5 et R4 sont déjà vieilles pour nous. Pour autant, on les redécouvre, comme ça, sur un salon, et même dans la rue.
Ça fait quand même quelque-chose de voir cet aboutissement.
Propos recueillis par Guillaume AGEZ
Photos : Guillaume AGEZ