Le Nouvel Automobiliste
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Alpine A390_β : interview de Marc Poulain, Chief Designer Advance chez Alpine

Alpine s’apprête à commercialiser son premier « SUV » en 2025. La marque présente en amont un show-car, nommé A390_β. Nous nous sommes entretenus avec Marc Poulain, Chief Designer Advance chez Alpine, pour parler, justement, de son design.

Retrouvez ICI notre article de présentation détaillé de l’Alpine A390_β

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Bonjour Marc Poulain, est-ce que vous pouvez nous présenter rapidement votre parcours ?

Oui, c’est un parcours un peu atypique que j’ai. J’étais un gamin qui rêvait d’être designer automobile. Et puis à l’école, on m’a dit d’arrêter de dessiner pendant les cours parce que sinon, je n’arriverais à rien… ça m’a finalement boosté ! J’ai continué de dessiner et je suis rentré, à 18 ans, dans une école de design dans le Nord de la France, à Valenciennes précisément, l’ISD. 

Je suis rentré, j’étais le dernier et je suis ressorti major de promo, donc c’était un bel élan ! J’ai fait mon stage de fin d’études chez Seat, en Espagne. Il n’y avait pas de possibilité d’embauche, donc je suis allé en Italie, dans une petite boîte de consulting, pendant trois mois, avant d’être embauché chez Ferrari, où je suis resté plus de 10 ans. Puis, en 2022, j’ai rejoint Anthony Villain et Alpine. Mon premier projet a été le concept-car Alpenglow. Un projet court, puisqu’il n’a duré que cinq mois. Or, je n’avais jamais créé de concept-car !

Pour résumer ma “carrière”, j’ai d’abord commencé en tant que designer intérieur puis je suis allé sur le design extérieur. C’est avantageux d’avoir les deux casquettes car quand on “lead” un projet comme l’Alpine A390_β en l’occurrence, c’est bien d’avoir une vision d’ensemble.

Vous parliez du concept-car Alpenglow. Finalement, on pourrait presque considérer les Ferrari comme des “concept-cars de série”, tant les productions sont limitées. Est-ce que pour autant, c’est difficile de travailler sur un “vrai” concept-car après avoir imaginé des modèles destinés à être vendus, même en petite série ?

Ce qui est difficile, au tout début en tout cas, c’est qu’on vous dit : “vous êtes libres”. Quand on a appris pendant des années à jongler avec des contraintes techniques, c’est déstabilisant, mais on y prend vite goût !

Quoi qu’il en soit, c’est un vrai travail d’équipe. Je suis là pour tirer le meilleur de chacun.

Vous êtes arrivés il y a deux ans. Est-ce que le projet A390 avait déjà démarré ?

C’étaient les prémices, mais avec ce concept-car, on a terminé les choses, “exalté” un peu les premières recherches.



L’A390, c’est le premier véhicule qui ne fait référence à aucun modèle passé. Est-ce que vous n’avez pas peur que les gens soient “déçus” de voir des codes Alpine sur un modèle qui n’a rien à voir avec l’histoire de la marque ?

Une marque comme Alpine, c’est un héritage, qu’une marque chinoise, par exemple, n’a pas. Alpine a une “essence”, sans mauvais jeu de mots, qu’il faut utiliser, retranscrire dans quelque-chose de nouveau. Il s’agissait de créer un nouvel objet tout en réutilisant les codes de la marque.

Quel est l’objectif du show-car A390_β ? Pourquoi ne pas avoir présenté directement le modèle de série ?

L’idée, c’est de faire patienter, de préparer le terrain. C’est un show-car mais ça donne quand même une belle idée de ce que sera le véhicule de série.



Je présume que la conception du show-car a été faite pendant qu’en parallèle, vous travailliez sur le modèle de série. Y a-t-il eu des allers-retours ?

Toujours ! Que ça soit avec la voiture de série qui en découle ou avec d’autres futurs projets. Ce show-car est un vrai laboratoire en interne pour tous les projets d’Alpine.

L’arrière du véhicule apparaît assez conceptuel, avec beaucoup d’appendices aérodynamiques. Est-ce qu’on peut espérer en revoir certains sur le modèle de série ?

Les excroissances seront sur la voiture de production. L’aérodynamique était un élément très important : la silhouette a été dessinée “pour ça”. Je ne peux pas en dire plus ! Il y a en tout cas beaucoup de projets en cours chez Alpine, pas que l’A390, je peux vous l’affirmer.

Ces projets sont fatigants “positivement”, j’imagine ?

Oui, il y a une vraie bonne ambiance au sein de l’équipe. Une vraie “émulsion”.


Parlons un peu de l’intérieur. Vous êtes allés beaucoup plus loin dans l’aspect “concept” qu’à l’extérieur. C’était quoi, la volonté ?

L’idée c’était de montrer que l’on peut faire une voiture “plaisir” avec une silhouette plus haute que l’A110. L’intérieur est très peu rationnel, en atteste le cockpit de Formule 1 dans ce show-car. Il y a une dualité entre le cockpit avant et la partie arrière, censée évoquer la “poudreuse de la montagne”, très confortable.

Il y a plein de choses où on se dit : “ça ne passera pas le stade de la série”. Mais y a-t-il quand même un peu du “vrai” Alpine A390 dans cet intérieur ?

Je ne vais pas donner de faux espoirs, mais on est en train de travailler aujourd’hui pour tirer de cet intérieur un maximum de choses sur la version de série.

En termes de proportions, on est très proche de la série. C’est une ligne plus complexe, toutefois, que ce qu’on connaît avec l’A110 par exemple. N’y a-t-il pas un contraste, finalement, entre la simplicité relative de l’A110 et la plus grande “complexité”, dans le design, de l’A390 ?

On avait l’objectif de créer un objet en mouvement, une “œuvre d’art” en mouvement. Ça passait à travers les gestes et les coups de crayon. Aucun coup de crayon n’a été mis au hasard. Chaque ligne sert à balancer, équilibrer la voiture. La dimension des roues, par exemple, à l’arrière, est légèrement plus grande que celle de devant pour équilibrer les masses. Les proportions sont idéales.

Les artifices seront bien sûr “calmés” sur la version définitive, qui malgré tout, restera semblable.

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Alpine, dans l’esprit de beaucoup de gens, c’est un véhicule thermique et léger. Or, l’A390 de série sera 100 % électrique, ce qui ne plaira sans doute pas à tout le monde. Qu’est-ce que vous pourriez répondre aux détracteurs de l’électrique ?

C’est un nouveau terrain de jeu, l’électrique, pour nous. Ça a des avantages : l’électrique permet d’avoir des véhicules beaucoup plus sleek, fins. Sur la face avant, on n’a plus besoin de prises d’air donc on peut se permettre d’améliorer tout le système de “passage de l’air”. On peut davantage sculpter les lignes.

L’électrique permet peut-être même plus de choses, en termes de design. Même si les cotes augmentent. Il y a en revanche des pré-requis à respecter chez Alpine : l’agilité (dans sur la route qu’en termes de design), notamment. Le véhicule de série va être aussi habile qu’une A110, malgré sa taille plus grande.

Si on avait eu un moteur thermique, l’avant aurait été plus “proéminent” ?


Oui, le porte-à-faux aurait été plus grand, plus avancé. Il y aurait eu moins de place à l’intérieur, aussi.

On pense, cela dit, chez Alpine, que chaque technologie répond à un besoin, tant d’un point de vue technique que utilisateur. C’est pour ça qu’on travaille aussi sur l’hydrogène, par exemple.

Vous roulez en quoi, tous les jours ? Et le week-end ?

Tous les jours, en Renault Arkana (même pas Esprit Alpine) ! Mais j’adorerais pouvoir le remplacer bientôt par un A390. Pour le week-end… joker !

Photos : Guillaume AGEZ
Propos recueillis par Guillaume AGEZ

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