Fabien LegrandC’est donc au sein de l’ambassade d’Italie située à deux pas de l’hôtel de Matignon, que nous avons pu approcher la belle (mais sans les Ferrero Rocher), y a-t-il du potentiel avec cette Ypsilon ?
La Lancia Ypsilon est-elle une Peugeot 208 de luxe ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la marque cherche à lisser les relations entre Stellantis et le gouvernement italien. Après le couac de l’Alfa Romeo « Milano » Junior (ne l’appelez plus Milano), Lancia dont les racines sont également liées au drapeau latin, voit son modèle symbolisant le retour de la marque sur différents marchés, produit en Espagne…
Pour autant, il semble que le courant passe mieux car Lancia revient avant tout de très loin. Néanmoins, en présentant cette Ypsilon à l’ambassade d’Italie (et donc en territoire italien), Stellantis semble faire amende honorable.
Passé le contrôle de passeport, c’est donc deux modèles de la nouvelle compacte qui nous attendent, que sont les versions Cassina et LX. La première est une édition spéciale limitée à 1906 exemplaires, symbolisant la date de création de la marque. Pour la seconde (en doré sur les photos), il s’agit de la version haut de gamme dont les tarifs démarreront à partir de 37 800 euros (la version de base étant affichée à 34 800 euros).
Basée sur la plateforme CMP servant déjà à la Peugeot 208, la Lancia Ypsilon tranche d’un point de vue stylistique avec sa cousine malgré quelques petits airs de ressemblance sous certains angles et des proportions semblables.
A commencer par la signature lumineuse inédite introduite sur les différents concepts-cars, nommée Calice car évoquant cette coupe évasée. L’arrière fait toutefois honneur à l’ADN de la marque, avec des feux circulaires, inspirés directement de la Lancia Delta.
A l’intérieur, l’ambiance est visuellement complètement différente et lorgne plus vers le cossu que vers le premium. La Lancia Yspilon se pare de matériaux inspirés de l’univers de l’ameublement à image de l’effet cuivré ou encore du faux velours des sièges faisant son petit effet.
Le plateau intégré à la planche de bord intrigue plus qu’il ne se montre pratique. Certes il est bien placé mais sa faible hauteur de rebord devrait difficilement maintenir son contenu en place dans les virages.
Partage des ressources oblige, cette ambiance contraste avec des matériaux plus quelconques notamment au niveau des contre-portes. On retrouve également sur la planche de bord des composants déjà vus tels que l’écran tactile de 10,25 pouces équipant déjà les Fiat 600 et Jeep Avenger.
Néanmoins, la marque Italienne a travaillé l’ambiance intérieure grâce au système d’infodivertissement nommé S.A.L.A (Sound Air Light Augmentation), pouvant s’adapter à l’humeur du moment, en modifiant immédiatement la musique, l’air ainsi que la lumière dans l’habitacle et représenté par un cylindre surplombant la planche de bord.
Malgré un effet nouveauté, le système conserve les défauts connus avec quelques lenteurs lors du changement de fonction ou de (trop) nombreux menus. Il faut toutefois souligner le travail accompli pour que le conducteur soit à l’aise avec une bonne visibilité des compteurs et des commandes physiques facilement accessibles.
Malheureusement, l’espace aux places arrière reste toujours sommaire avec une découpe de portière peu pratique, un léger manque d’espace aux jambes ou encore une assise très (trop ?) verticale. L’habitacle manque également de lumière et il faudra voir s’il est possible d’opter pour un toit panoramique ou ouvrant en option.
Avec 352 l, le volume de coffre est identique à celui de la Peugeot 208, offrant une valeur dans la moyenne de la catégorie.
La Lancia sera lancée en novembre 2024, en France avec deux motorisations : l’Elettrica, 100 % électrique de 156 ch et 403 km d’autonomie (et recharge de 20 à 80 % en 24 min) et Ibrida, avec le trois-cylindres micro-hybride de 100 ch.
Ce dernier choix surprend pour une marque dite premium étant donné que ce même bloc existe également en version 136 ch et équipe déjà la Peugeot 208. A voir s’il ne sera pas également disponible par la suite, étant donné que l’autre marque Premium de Stellantis, à savoir DS, l’utilise déjà pour son DS 3.
Rentabilisée à 300 %, vous ne croyez pas si bien dire
Mais ce qui nous a surpris le plus, c’est l’arrivée de deux variantes musclées de cette nouvelle Lancia Ypsilon, à commencer par la HF. Lancia ressuscite le label HF rappelant les Delta et Integrale Evolution à travers une version musclée 100 % électrique
Avec son bouclier avant, ses ailes spécifiques ainsi que son logo historique remis au goût du jour, la version HF se veut plus « badass » que les versions normales. Et en l’approchant, elle se montre bien posée sur ses roues.
Pour autant, la Ypsilon HF fait encore trop sage, notamment au regard de la concurrence que sont les Alpine A290 et Alfa Romeo Junior. Mais peut-être que cette teinte blanche choisie pour la présentation n’a pas aidé.
La fiche technique, bien que dévoilée partiellement, est similaire à celle que l’on connait pour les Fiat et Alfa Romeo avec une puissance de 240 ch et un 0 à 100 en 5,8 s. Reste à connaître la capacité de la batterie ainsi que les consommations et puissance de recharge.
Si à l’extérieur, la HF se montre assez neutre, l’intérieur se pare de couleur avec un bleu vif sur les sièges spécifiques à cette version. Beaux visuellement, il est dommage que pour une telle version, ils ne soient pas plus enveloppant. Est-ce pour laisser de la marge à une version encore plus délurée, à l’image des anciennes Peugeot 208 GTi et GTi by BPS ?
Pour couronner le tout, la marque Italienne revient en Rallye… mais par la petite porte avec une version « Rally4 » conçue avant tout pour les catégories de tractions légèrement préparées et abordables.
Exit donc le bloc 100 % électrique et la compacte se retrouve animée par le 3 cylindres de 1.2 l boosté, associé à une boîte 5 rapports ainsi qu’un différentiel à glissement limité et mécanique. Impossible pour le coup de ne pas la remarquer avec sa livrée rappelant les heures de gloire de la marque en Rallye, également ornée de jantes blanches à rayon.
Si en soi, nous sommes content de voir revivre Lancia, étant donnée son histoire passionnante, il faut faire preuve de prudence au regard de la stratégie adoptée par Stellantis afin de relancer la marque. Lancia devra vivre avec DS sur le segment des Premium et devrait adopter une stratégie plus sportive.
Dans ce cas, c’est un choix étonnant compte tenu du positionnement de Peugeot qui flirte avec le Premium et qui est aussi doté d’une histoire riche en compétition automobile (hormis depuis son retour aux 24h du Mans en 2023).
Il ne faut pas oublier que DS Automobiles lutte encore pour se tailler une part de marché intéressante car aujourd’hui, sur 4 véhicules animant la gamme, seul le DS 7 apporte satisfaction en terme de ventes aux côtés de la DS3 première du nom. Le bilan n’est pas à la fête et on espère surtout que Lancia saura rapidement trouver son public avec l’Ypsilon avant de pouvoir monter en gamme avec les Gamma et Delta à venir respectivement en 2026 et 2028.
Thibaut Dumoulin
Celia Huart
Guillaume Billaroch
