Tout d’abord, Olivier Pitrat, bonjour ! Pourriez-vous vous présenter rapidement et nous dire ce que vous faites chez BMW ?
Je m’appelle Olivier Pitrat. Je suis designer en interface au centre de design de Munich et je m’occupe principalement de la conception et du pré-développement pour les véhicules de série. Je me situe donc entre 4 ans et 6 ans avant la sortie de la voiture.
On voit sur le concept-car BMW Neue Klasse que côté design, vous faites beaucoup référence aux seventies, un peu à l’intérieur également dans les couleurs. Est-ce qu’on pourra revoir ce style dans les prochains véhicules de la marque ?
Oui, tout à fait. Ce qui a toutefois été important pour nous avec la Neue Klasse, c’était d’apporter de la modernité dans le véhicule, dans la manière dont on va interagir avec, sans oublier d’où l’on vient et l’héritage de notre marque.
L’enjeu était d’interpréter cet héritage d’une manière tout à fait nouvelle, on le voit par exemple dans les proportions. On veut garder cette richesse, ce mix entre ce que les clients retiennent de la marque BMW et la modernité.
Au niveau de l’intérieur, on voit que BMW va plus loin encore en termes d’interface, notamment avec ce bandeau lumineux. Est-ce que c’est une volonté des usagers ou une volonté de BMW ?
Je pense que c’est quelque chose qui est et qui sera extrêmement utile à nos clients. C’est une innovation BMW qui permet de réduire la distraction lorsqu’on conduit. Il ne faut pas oublier qu’il faut designer des interfaces. Il y a beaucoup de fonctions, mais quand on travaille dans un véhicule, il est primordial de se mettre à la place du conducteur. Notre but, donc, a toujours été d’avoir les mains sur le volant et les yeux sur la route.
Évidemment, on a besoin de connectivité quand même. Donc, on a décidé justement d’enlever le compteur qu’on avait derrière le volant et de le mettre un peu plus loin, car c’est une information, et non une interaction. Tout ce qui est « interaction » va se retrouver plus proche du conducteur, avec un écran très particulier qui a été développé spécialement pour BMW, avec sa forme très spéciale et qui permet aussi de réduire la distance entre le volant et l’interaction.
Là aussi, pour réduire la distraction, on a déplacé le rétroviseur au niveau du volant. Tout ça fait qu’on a beaucoup plus de concentration sur la route et qu’on n’a pas besoin de déplacer le regard.
Nous allons bientôt concrétiser cela en série.
Et donc, en termes d’ergonomie, on perd les boutons, ce qui est parfois critiqué ?
C’est encore un concept-car, il y avait une volonté de faire le plus beau et le plus « épuré » possible. Sur la version de série, il y aura des boutons, pour répondre aux besoins des utilisateurs. L’interface des BMW a toujours été multimodale : on laisse le choix des usages aux clients.
Au Mondial de l’Auto, on voit qu’il y a deux concept-cars, une berline et un SUV. Est-ce que d’autres véhicules « Neue Klass » sont prévus ?
Oui, dans différents segments, mais avec toujours le même langage stylistique. Le design très monolithique, minimaliste à l’intérieur a vocation à se concrétiser, dans l’idée, en série.
Dernière question : avec les nouvelles technologies, est-ce que la ligne lumineuse que l’on voit à l’avant et à l’arrière pourra se retrouver un petit peu partout sur le véhicule ?
On veut garder quelque chose de très monolithique au niveau du langage esthétique. Seules les lignes indispensables ont droit de cité. On ne va pas avoir un sapin de Noël roulant ! Par exemple, sur la berline Neue Klass, on reconnaît les traits BMW avec les feux et la calandre. Sur la Neue Klasse X, cette calandre est interprétée de manière étroite et longue en hauteur.
Photos : Christian CONDÉ
Propos recueillis par Christian CONDÉ